dévots, dans la mesure où c’est par la Grâce de Dieu
que le Maître et l’aspirant se retrouvent un jour oul’autre. Mais Sri Ramakrishna avait l’habitude d’aller
au dernier étage de sa maison pour implorer la venuede disciples spirituels. Il demandait à Mère Kali pour-
quoi les disciples qui lui étaient destinés n’étaient pasarrivés à lui. Maintenant, vous pouvez vous demander
pourquoi il n’attendait pas l’Heure de Dieu. L’Heure deDieu avait sonné pour Ramakrishna, mais l’ignorance
du monde bloquait la route. Dieu lui avait demandéde faire quelque chose et lui en avait donné la capa-
cité, mais l’ignorance se tenait juste devant lui et nefaisait que retarder sa manifestation. Sri Ramakrishna
ne pleurait pas pour des disciples qui viendraient tou-cher ses pieds. Il implorait des disciples qui seraient
ses bras et ses mains, qui travailleraient pour lui etdonc pour Dieu.
Personne n’est indispensable, certes, mais en
même temps, chacun est indispensable aussi long-temps qu’il est absolument sincère dans son aspiration et dans son service pour la Mission du Suprême.
Par fierté et vanité, personne ne peut se croire nécessaire, mais tous ceux qui sont des instruments choisis de Dieu, sincères et dévoués, sont nécessaires. LeMaître a besoin d’élèves parce qu’ils sont comme ses
mains, ses membres, l’expansion même de sa propreconscience. Et lorsqu’il en reçoit l’ordre du Plus-haut,
il doit essayer de trouver ceux qui feront partie intégrante de sa conscience pour l’aider à exécuter l’ordrequ’il a reçu.
Traditionnellement, les Maîtres spirituels
disaient : « Si vous avez quelque chose, les gens viendront forcément à vous. L’étang ne va pas vers la per-sonne qui a soif, c’est la personne qui a soif qui va à
l’étang. » C’est absolument vrai lorsqu’une personnea soif. Mais si vous avez l’impression que la personne
assoiffée n’est encore qu’un tout petit enfant, c’est unesituation différente. Le bébé pleure dans sa chambre et
la mère doit courir à lui pour le nourrir. La mère nedira pas au bébé : « Tu dois venir me trouver si tu veux
que je te donne quelque chose. » Non, la mère laissetout de côté pour aller vers l’enfant.
Dans le monde spirituel également, certainsMaîtres ressentent qu’ils doivent aller dans le monde
parce que le monde extérieur a la conscience d’unbébé. Ces Maîtres ressentent qu’il y a beaucoup d’enfants qui pleurent pour trouver la lumière spirituelle,
la sagesse spirituelle et la perfection spirituelle, maisqui ne savent ni où ni comment la trouver. Ces Maîtres
vont alors d’un endroit à l’autre et offrent leur lumièrepour servir la divinité dans l’humanité. Il se trouve que
je fais partie de ces Maîtres. Je me déplace parce queje sens qu’il y a des enfants sincères qui ont besoin de
la lumière que le Suprême m’a donnée pour l’offrir aumonde. C’est la raison pour laquelle je vais dans autant
de pays dans le monde entier, parce que je ressens lemonde extérieur comme mon enfant.
Lorsque le monde pleure, nous devons le nourrir
si nous en avons la capacité. Si j’ai la capacité de vousdonner quelque chose et que j’ai aussi la capacité de
venir jusqu’à vous, pourquoi devrais-je vous demanderde venir à moi ? Si j’ai la capacité à la fois d’aller jusqu’à
vous et de vous donner la lumière que vous voulez,alors je dois le faire.
Si une personne qui se dit une âme réalisée ressent
la nécessité de prouver l’existence de Dieu et en a lacapacité, qu’elle aille dans le monde pour le faire. Si elle
a la capacité mais n’en ressent pas la nécessité, qu’ellereste là où elle est. Si elle ne ressent pas la nécessité et
n’a pas la capacité de montrer Dieu au monde, qu’ellen’essaye pas de prouver son aspiration. Pourquoi ?
Parce que Dieu ne veut pas qu’elle le fasse. Elle nesatisfait pas Dieu à la manière de Dieu, mais ne fait que
se pavaner devant l’humanité et se vanter devant Dieu.Aux yeux du monde, elle est indésirable ; aux Yeux de
Dieu, elle est impardonnable.Le monde extérieur est très limité en comparaison au monde intérieur. L’étendue du monde extérieur ne dépasse pas quelques milliers de kilomètres,
tandis que le monde intérieur n’a pas de limites. Envertu de sa réalisation, une personne spirituelle considère que tous les mondes lui appartiennent parce que
son Maître, le Suprême, englobe tout. Et si le Suprêmeenglobe toute chose, pourquoi Son fils ne serait-il pas
digne d’aller d’un endroit à l’autre ?Il y a de nombreuses manières de nourrir le
monde. Écrire des livres spirituels est une manière,donner des conférences en est une autre. Si quelqu’un
a de nombreuses capacités, pourquoi ne pas les utilisertoutes ? Certains Maîtres spirituels n’ont pas toutes ces
capacités extérieures. Sri Ramakrishna, par exemple,n’écrivait pas. Mais cela ne l’a pas empêché de réaliser
le Plus-Haut. En même temps, ceux qui ont la capacité d’écrire et de donner des conférences n’en sont paspour autant privés de leur réalisation.
Dieu joue de manières différentes. Si Dieu donne
à un Maître spirituel la capacité d’écrire, de donner desconférences, de rencontrer des gens, de voyager d’un
endroit à l’autre, c’est l’affaire de Dieu. C’est la Volontéde Dieu que le Maître satisfait. Et si Dieu ne donne pas
au Maître la capacité d’écrire et de parler, on ne peutpas se permettre de critiquer celui-ci ou de dire qu’il
est inférieur. Nous devons savoir ce que Dieu attend denous. Si Dieu veut que j’écrive, Il m’en donnera la capa-
cité. Si Dieu ne veut pas que vous écriviez, Il ne vousen donnera pas la capacité. Dans un cas comme dans
l’autre, il n’y a rien à redire.From:Sri Chinmoy,Les sommets de la vie spirituelle : Samadhi et Siddhi, Agni Press, 1974
Sourced from https://fr.srichinmoylibrary.com/sgl