La vie sur terre et au ciel d’un amoureux de Dieu, 3ème partie

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65 Question : Le plaisir peut-il être pur ?

Sri Chinmoy : Non, le plaisir ne peut pas être pur. La joie peut être pure, l’extase aussi. La joie appartient au fini, alors que l’extase est quelque chose d’infini. La joie est de ce monde, mais elle est empreinte d’une certaine divinité. L’extase appartient au monde supérieur et elle possède la divinité en abondance. Aller du plaisir à la joie est comme se diriger de l’obscurité vers la lumière. L’obscurité peut être transformée en lumière, en aspiration. On n’y parvient que par l’aspiration et le dévouement.

*66 Question : Est-il possible de s’abandonner entièrement à Dieu et de garder cependant ses responsabilités face aux nécessités et aux exigences de ce monde ?

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Sri Chinmoy : On peut être tout à fait soumis à Dieu et demeurer responsable face aux nécessités de ce monde, mais seulement en accord avec la Lumière de Dieu. Si Dieu sent qu’un besoin est réel, celui-ci pourra facilement être satisfait. Nous avons une multitude de besoins et d’exigences imaginaires, mais nous n’avons qu’une seule véritable nécessité intérieure : l’illumination. Si quelqu’un éprouve réellement la nécessité de l’illumination, Dieu, naturellement, y pourvoira.

67 Question : Comment la souffrance de l’homme peut-elle se transformer en joie ?

Sri Chinmoy : La souffrance de l’homme ne peut se transformer en joie que lorsqu’il considère que sa souffrance est une expérience nécessaire, mais non inévitable, qui survient tandis qu’il gravit les degrés menant au faîte de la transcendance de soi.

68 Question : Se plaindre avance-t-il à quelque chose ?

Sri Chinmoy : Non, se plaindre n’avance jamais à rien. Chaque fois que nous émettons une plainte, nous ne faisons que nous limiter et nous enchaîner. Notre vie d’aspiration est une expansion de soi pour la manifestation de Dieu. Nos plaintes agissent contre nous. Chaque plainte est une véritable ennemie ; elle représente une chute de l’arbre de réalité qui aime et qui étreint toute chose, et dont nous sommes les fruits aimants, rayonnants et comblants.

69 Question : Quelle est la connaissance la plus élevée ?

Sri Chinmoy : La connaissance la plus élevée est celle de notre unité consciente, constante et en même temps perpétuellement transcendante avec le Pilote Intérieur.

70 Question : Comment puis-je pénétrer dans le Jardin de Lumière d’Amour ?

Sri Chinmoy : Vous pourrez pénétrer dans le Jardin de Lumière d’Amour en demeurant toujours fidèle à votre promesse envers le Suprême qui est en vous.

71 Question : Que veut dire le Guru lorsqu’il dit : « Plongez profondément en vous- même » ?

Sri Chinmoy : Ces mots signifient qu’il veut que vous réalisiez que vous et lui ne faites qu’un, et que le Suprême et vous êtes aussi éternellement un.

72 Question : Le fait d’avoir la foi est-il la réponse parfaite à toutes les questions ?

Sri Chinmoy : Avoir foi en Dieu et avoir foi en soi-même est en effet la réponse parfaite à toutes les questions. Mais cette foi doit être intérieure et très profonde. Elle n’a rien à voir avec la simple confiance en soi, tout extérieure, qui est d’ordre vital. Cette foi est la rivière qui se jette dans la mer d’une réalité toujours grandissante, toujours radieuse. Si telle est la foi que nous avons en nous-même et en Dieu, elle est la réponse parfaite à toutes les questions.

73 Question : L’âme peut-elle elle aussi faire l’expérience de l’ignorance ?

Sri Chinmoy : Oui, l’âme peut connaître l’expérience de l’ignorance, mais elle n’est pas asservie par l’ignorance. Vous pouvez faire quelque chose qui vous salit les mains, mais vous savez qu’avec du savon et de l’eau vous pourrez les nettoyer. De même, si l’âme pénètre dans l’ignorance, elle sait qu’il lui suffit de regarder le Visage du Suprême pour immédiatement se libérer des filets de l’ignorance. La plupart des êtres humains ne savent pas où se trouve le Suprême, mais l’âme le sait. Même lorsqu’elle est dans l’ignorance, elle voit son unité lumineuse avec le Suprême. L’âme n’est pas enchaînée par l’ignorance.

*74 Question : Est-il essentiel d’être dénué de désirs pour atteindre l’illumination ?

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Sri Chinmoy : Oui, l’absence de désirs est essentielle pour l’illumination. Et ce n’est pas l’absence d’un grand nombre de désirs qui est nécessaire, mais l’absence totale de tout désir. L’illumination exige la transformation intégrale du désir.

75 Question : Quelle est l’essence de l’homme ?

Sri Chinmoy : L’essence de l’homme est Dieu, le Dieu d’Amour et le Dieu de Félicité. Dans le monde extérieur, on peut dire que c’est le Dieu d’Amour. Dans le monde intérieur, l’essence de l’homme est le Dieu de Félicité.

76 Question : Quel est le secret de l’âme ?

Sri Chinmoy : L’âme n’a pas de secret. Simplement vous ne comprenez pas ses messages ; vous avez donc l’impression qu’elle détient un grand nombre de secrets. C’est seulement parce que vous ne comprenez pas les messages de Dieu et de l’âme que vous vous imaginez qu’ils vous cachent quelque chose. C’est notre ignorance de la Lumière et de la Hauteur de Compassion de Dieu qui nous fait croire qu’Il détient des secrets.

*77 Question : Comment puis-je être plus créatif ?

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Sri Chinmoy : Vous pouvez être plus créatif en sentant que la créativité est l’enfant du monde de l’imagination, lequel est la réalité même sur un autre plan de conscience. Faites descendre cette réalité et laissez-la agir en vous.

78 Question : Quelle est la qualité essentielle dont un chercheur spirituel a besoin afin d’entrer dans votre voie ?

Sri Chinmoy : La qualité essentielle pour un chercheur spirituel, qu’il souhaite entrer dans cette voie ou une autre, est la sincérité. Il doit se demander s’il a vraiment besoin de quelqu’un pour combler sa vie. A présent une aide lui est nécessaire car il n’a pas encore accès à sa vie intérieure, où il est totalement et inséparablement uni à Dieu. Si le chercheur a le sentiment que Dieu est représenté par quelqu’un, quelque part, il devra donc se rendre en ce lieu pour trouver cette personne qui représente Dieu.

Un jour viendra où la propre hauteur transcendantale du chercheur atteindra l’unité consciente avec Dieu ; mais pour le moment il n’est pas en mesure d’affirmer sa possession du Plus -Haut, car il est la plupart du temps en train de nager ou de se noyer dans la mer de l’ignorance. Il doit ressentir qu’Il a besoin de l’aide de quelqu’un pour atteindre l’illumination. Mais où est ce quelqu’un, où est ce quelque part ? Tout d’abord, l’endroit n’est autre que l’intérieur de son propre cœur. C’est là qu’il lui faut commencer à chercher. Comment regarder en lui-même ? Avec sincérité, uniquement. S’il peut sentir que sa vie toute entière - corps, vital, mental, cœur et âme - est tissé de sincérité, alors il est prêt pour cette voie, ou pour toute autre voie, et il accomplira les progrès les plus rapides.

Il existe de nombreuses voies spirituelles et de nombreux maîtres, et chaque voie possède une qualité qui lui est propre. Toutes les voies et tous les maîtres mènent les chercheurs au But promis, mais chaque voie possède une particularité différente et unique. La nôtre est caractérisée par l’amour divin, la dévotion et l’abandon au divin. Pour acquérir ces qualités, il faut donner de soi-même. En donnant de soi-même, on éprouve un sentiment d’unité, et on satisfait par là sa nécessité d’être illuminé et comblé. Ainsi celui qui désire suivre notre voie devra-t-il ressentir la nécessité de réaliser la Vérité la plus Haute à travers l’amour, la dévotion et l’abandon au divin. Si l’on possède ces qualités en plus de la sincérité, on est alors plus que qualifié pour suivre cette voie.

*79 Question : Quel est le meilleur remède à la frustration humaine ?

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Sri Chinmoy : C’est un état de conscience où l’on n’attend rien de personne, y compris de soi-même. Dès lors que l’on attend quelque chose, on est amené à être soit satisfait, soit frustré. Si une personne voit son désir exaucé, elle sera satisfaite pendant quelques jours. Mais cette satisfaction ne durera pas bien longtemps, car d’autres désirs viendront remplacer le premier. Tantôt c’est un désir passager qui est satisfait, tantôt c’est un autre désir qui est frustré. Ce jeu-là est sans fin.

L’attente engendre la frustration. Mais s’il y a en nous une unité intérieure avec tout ce qui existe dans la création de Dieu, ce sera une source d’inspiration. Ce qui ne veut pas dire que nous allons devenir léthargiques ou nous vautrer dans les plaisirs de l’ignorance. Mais nous ressentirons que nous ne sommes pas celui qui agit, car Quelqu’un d’autre agit en nous et à travers nous. Ce n’est que lorsque nous croyons agir par nous-mêmes que nous attendons quelque chose. Si ce n’est pas nous qui agissons, nous n’attendons rien. Lorsque nous pourrons nous considérer comme des instruments divins, nous comprendrons que c’est Dieu qui fait une expérience en nous et à travers nous.

Dans notre vie humaine il nous semble que si nous réussissons, tout nous appartient, tandis que si nous échouons, nous sommes démunis de tout. Dans la Vie divine, nous ne perdons rien, nous ne gagnons rien, nous ne faisons que redécouvrir qui nous sommes. Notre unique préoccupation doit être de redécouvrir que l’Éternité et l’Immortalité sont notre droit de naissance, et de faire venir à la surface de notre être ce que nous sommes réellement. Tout ce que Dieu possède et tout ce qu’Il est est en nous ; alors à quoi bon avoir des attentes ? Ce n’est que parce que nous nous sommes séparés de la Lumière divine que nous attendons quelque chose. Si nous savons comment redécouvrir en nous-même la Paix et la Lumière infinies, nous n’aurons pas à attendre quoi que ce soit : il nous suffira de les revendiquer comme notre authentique possession.

Nos attentes ne peuvent être qu’une source de frustration. Il nous faut agir uniquement parce que Dieu nous demande de le faire, en sentant que nous sommes Son instrument et qu’Il opère en nous et à travers nous. Ce n’est que lorsque nous agirons ou parlerons seulement pour satisfaire Dieu à Sa manière, sans rien attendre en retour, que cessera pour nous l’expérience de la frustration.

80 Question : Est-il possible pour un disciple d’apprendre d’un chercheur spirituel plus avancé ?

Sri Chinmoy : Il n’est pas du tout nécessaire d’accumuler les erreurs pour atteindre la vérité. Si un disciple qui débute rencontre un chercheur spirituel avancé — réellement avancé, pas seulement qui est disciple depuis de nombreuses années — ce chercheur avancé sera en mesure de conseiller le débutant en vertu de sa propre expérience. Leur relation sera comparable à celle d’une mère et de son enfant. La mère dit à l’enfant de ne pas toucher au feu parce qu’elle sait par expérience que cela brûle les doigts. Si l’enfant ne croit pas sa mère, il ne bénéficiera pas de son expérience.
Ainsi, de même que l’enfant peut aller demander à sa mère ce qui se passe lorsqu’elle touche au feu, le débutant en spiritualité peut demander conseil au chercheur avancé. Il le reconnaît en tant que tel car il voit qu’il mène une vie divine et disciplinée. Le chercheur avancé est un exemple.

Si un débutant rejette les conseils d’un chercheur avancé, il lui faudra plus longtemps pour atteindre son but. Tout comme les bons conseils donnés par les parents à leurs enfants aideront ceux-ci à avancer plus vite et à devenir un jour de meilleurs adultes, les conseils d’un chercheur avancé, qui est comme le père ou le grand frère de ceux qui viennent tout juste d’entrer dans la vie spirituelle, aideront les débutants à progresser plus vite. Si le débutant devait tout faire par lui-même et traverser toutes les expériences, il perdrait beaucoup de temps et n’atteindrait son but que bien plus tard.

81 Question : Comment puis-je entendre la voix du silence ?

Sri Chinmoy : Vous ne pourrez entendre la voix du silence que lorsque vous sentirez que le monde de vacarme et de tumulte n’a rien de précieux à vous donner. Seul le monde de l’existence intérieure, le monde de paix, de lumière et de béatitude est à même d’apaiser votre soif et votre faim éternelles. Mais lorsque vous verrez et ressentirez cette réalité intérieure, il vous faudra aussi la devenir. Vous devez faire venir la réalité intérieure à la surface afin de changer la face du monde extérieur, sans quoi celui-ci demeurera imparfait.

Plongez profondément en vous-même. Il vous sera impossible de changer la face du monde si vous ne commencez pas par acquérir quelque lumière de sagesse. Avant d’essayer de guérir un malade, il vous faut devenir docteur. Le monde de l’ignorance doit être transformé, mais avant de pouvoir le faire vous devez entrer dans le monde de la lumière de sagesse. Et là, vous ne manquerez pas d’entendre la voix du silence, qui illumine et transforme toute chose.

*82 Question : Comment puis-je apprendre à nager dans l’océan de lumière ?

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Sri Chinmoy : Vous apprendrez à nager dans l’océan de lumière si vous savez pleurer comme un enfant qui désire sa mère. Dès qu’elle commence à lui manquer, il pleure de tout son cœur pour la retrouver. Si le Suprême vous manque vraiment, appelez-Le avec les larmes de votre cœur ; Sa présence est l’océan de lumière dans lequel vous pourrez facilement nager si vous l’implorez vraiment.

83 Question : Laquelle de ces qualités est la plus grande : la pureté, l’amour ou l’unité ?

Sri Chinmoy : La pureté est essentielle pour l’être tout entier. Si l’amour est impur, il n’est que destruction. L’amour vital humain est totalement destructeur. La pureté est donc nécessaire. Mais l’amour est essentiel pour parvenir au sentiment d’unité. Un saint est pur, mais il a souvent peur du contact avec le monde, qui risquerait de le rendre impur. Mais s’il aime vraiment le monde, aussi impur soit-il, il ira le toucher afin de l’aider à devenir pur. Lorsque la sagesse suprême voit le jour, nous nous apercevons qu’il ne peut y avoir d’impureté là où est l’unité. La réelle unité divine est une perpétuelle expansion ; elle est la conscience permanente de la réalité universelle qui est en nous et autour de nous. L’impureté ne se rencontre que dans la limitation. L’unité est donc indiscutablement la plus grande de ces trois qualités divines ; mais elle est inaccessible à qui ne possède pas à la fois amour et pureté. On ne peut voir la perfection de l’amour et de la pureté que dans l’unité.

84 Question : Existe-t-il une relation entre le troisième œil et l’intuition ?

Sri Chinmoy : Il y a en effet une relation, mais le troisième œil est infiniment supérieur à l’intuition. Le troisième œil est comme le soleil, tandis que l’intuition est comparable à quelques flammes. L’intuition peut nous procurer une réponse immédiate à une question. Mais avec le troisième œil, nous pouvons voir devant nous et derrière nous ; notre vision englobe le passé, le présent et le futur. Tout est à notre disposition. Le troisième œil possède le pouvoir de transformer le passé par sa volonté inflexible. L’intuition n’a pas un tel pouvoir, mais les deux font bon ménage.

85 Question : Comment le Suprême peut-il devenir plus réel à mes yeux ?

Sri Chinmoy : Le Suprême peut devenir plus réel à vos yeux si vous pouvez Le considérer comme quelqu’un de personnel, avec qui vous pouvez établir une amitié éternelle, et qui vous voit à chaque instant. Pensez au Suprême avec l’idée que Lui seul est réel. Tout ce que vous avez, tout ce que vous voyez, est irréel. Lui seul est nécessaire dans votre vie. De cette manière, Il deviendra plus réel pour vous.

86 Question : À quel moment un sourire est-il le plus efficace ?

Sri Chinmoy : Un sourire du Guru est le plus efficace seulement lorsque le chercheur est réceptif.

87 Question : Le mot « échec « figure-t-il au dictionnaire de Dieu ?

Sri Chinmoy : Un tel mot est introuvable. Ce que l’on voit dans le dictionnaire de Dieu est le mot expérience. L’échec est une expérience. Le succès est une expérience. Nous pouvons et nous devons les accueillir l’un comme l’autre avec une joie égale. Lorsque Dieu accomplit quelque chose sur un plan extérieur, nos propres idées préconçues font que nous appelons tel résultat un succès et tel un autre un échec. Mais Dieu n’utilise pas Son mental. Dieu manifeste une expérience par laquelle doivent passer les êtres humains. Il accorde le type d’expérience qui est nécessaire. Mais les êtres humains ont des idées toutes faites sur ce qu’est le succès. Ils s’attachent aux résultats extérieurs. L’échec détruit aussitôt leur inspiration, tandis que le succès les porte aux nues. Mais en ce qui concerne Dieu, tout cela n’est qu’une expérience. Du début à la fin, ce n’est pour Lui qu’une série d’expériences.

88 Question : Peut-on transformer un échec extérieur en un succès intérieur ?

Sri Chinmoy : Tout à fait, à condition que vous considériez cet échec extérieur comme une expérience. Ou, à défaut, comme un essai, une « expérimentation ». Vous avez expérimenté quelque chose, mais cette tentative ne vous a pas apporté la satisfaction espérée. Mais si vous pouvez offrir joyeusement cette tentative même au Suprême, son résultat sera automatiquement placé à Ses Pieds.
On peut comparer votre « expérimentation » à une maison. Si vous offrez cette maison au Suprême, tout ce qu’elle contient Lui sera également offert. En même temps que vous offrez votre expérience au Suprême, vous Lui offrez les résultats — comme les meubles de la maison. Par votre offrande, vous vous unissez au Suprême, et dans votre unité avec le Suprême, cette tentative devient un succès intérieur.

Mais si vous pouvez considérer votre échec extérieur comme une expérience, ce qui est infiniment supérieur à une simple expérimentation, ce sera un succès à la fois dans le monde intérieur et dans le monde extérieur. Car chaque expérience contient, consciemment ou non, la Lumière divine que le chercheur reçoit ou fait venir à la surface en vertu de sa capacité et de sa réceptivité.

89 Question : Arrive-t-il parfois que la générosité soit un défaut spirituel ?

Sri Chinmoy : La générosité ne peut jamais être un défaut ; encore faut-il savoir ce qui nous pousse à être généreux. Est-ce notre vital, ou bien notre cœur spontané ? Et Dieu nous l’a-t-Il demandé ? Si notre générosité est fondée sur le plaisir du vital, ou si elle est motivée d’une manière ou d’une autre par le vital, il ne s’agit pas d’une véritable générosité. Ce n’est qu’une manœuvre subtile de mettre en avant notre ego. Si notre générosité est un don du cœur à une personne dans le besoin, elle peut être bonne. Mais elle ne l’est pas nécessairement dans tous les cas. Cette perosonne peut nous paraître dans le besoin, alors que peut-être, aux Yeux de Dieu, il en est autrement : la personne n’a pas vraiment besoin de notre cadeau.

Il peut même arriver que ce que nous donnons, au lieu d’aider une personne, devienne un véritable obstacle dans sa vie d’aspiration. Pensant que quelqu’un est très pauvre alors que nous sommes très riches, nous avons envie de lui donner une importante somme d’argent afin qu’il ne soit pas contraint de travailler très dur et qu’il puisse passer tout son temps à méditer. Mais une fois que nous lui avons donné beaucoup d’argent, il ne fait que se vautrer dans les plaisirs de l’ignorance ; il laisse tomber son travail, il quitte le monde de l’aspiration, et la léthargie devient sa compagne. Il a gagné de l’argent, mais voilà que son pouvoir d’aspiration a disparu. C’était donc une erreur.

Notre cœur n’est pas toujours en unité totale avec la réalisation de notre âme. Mais si le cœur fait don de quelque chose, et si nous savons que c’est la Volonté de Dieu, cette générosité-là est alors absolument une vérité spirituelle, une lumière spirituelle, une perfection spirituelle. À ce moment-là, elle n’est plus seulement une générosité. Elle est l’achèvement du voyage de notre vie, notre voyage universel ; elle est notre propre accomplissement dans de nombreux cœurs, sur de nombreux visages, dans de nombreux rêves, et dans de nombreuses réalités.

90 Question : Y a-t-il quelque chose de plus beau que l’humilité véritable ?

Sri Chinmoy : Oui, la gratitude. La gratitude de l’âme, la gratitude du mental, la gratitude du vital, la gratitude du corps, sont bien plus belles que l’humilité. On peut être humble, mais dépourvu de gratitude. On peut aussi avoir de la gratitude sans être humble pour autant. Cependant, il est tout à fait possible que celui qui est empli d’une gratitude sincère soit amené, par le fait même de sa gratitude, à reconnaître que quelqu’un lui est supérieur. C’est pour cela que l’autre personne a pu lui offrir quelque chose. Lorsque quelqu’un nous offre quelque chose, il nous paraît aussitôt supérieur. C’est ainsi que le pouvoir de la gratitude peut nous rendre humbles.

Nous pouvons ressentir de la gratitude du fait de ce que nous avons nous-même accompli, ou parce que quelqu’un nous a offert quelque chose ; dans ce cas, nous nous sentons obligés d’être humbles. Sinon, nous semble-t-il, la personne ne sera pas tentée de nous venir en aide une prochaine fois. Mais si celle-ci ne nous a rien donné, nous n’avons aucune raison de lui être reconnaissants. Nous pouvons nous sentir humbles en sa présence, sans pour autant en éprouver la moindre gratitude.

91 Question : Comment puis-je acquérir une plus grande compassion ?

Sri Chinmoy : En observant ceux qui font preuve de compassion envers vous. Vous savez combien de sottises vous avez faites étant enfant, et vous vous souvenez de la compassion de vos parents à votre égard. Ils vous étaient supérieurs tant en âge qu’en sagesse, mais ils vous ont pardonné. Ils ont fait preuve de compassion. Lorsque quelqu’un exerce sa compassion envers vous, cela implique que dans une certaine mesure il est plus parfait que vous. C’est précisément pour cela qu’il peut avoir de la compassion.

Vous devez sentir qu’il existe un être infiniment plus parfait que vous, à savoir, Dieu. Dieu est votre supérieur et Il fait montre à votre égard d’une Compassion constante, d’une infinie Compassion. Vous commettez très souvent des fautes, mais Il ne fait que pardonner et pardonner. Puisque Dieu possède des millions de dollars de Compassion, Il vous en donne des milliers au moment où vous en avez besoin. Ainsi, si quelqu’un vous est inférieur et commet bien plus d’erreurs que vous, il mérite au même titre votre compassion. Vous pouvez aisément lui donner en termes de compassion, l’équivalent de cent ou deux cents dollars.

Il est bon de toujours essayer de personnifier son idéal, de voir son but en quelqu’un. Tant que nous n’aurons pas réalisé qu’une personne est ce qu’il y a de plus élevée en nous-même, la partie de nous-même qui est illuminée et comblante, nous devrons sentir qu’elle est meilleure ou supérieure. Lorsque je regarde une fleur, j’essaye de devenir aussi pur qu’elle. Lorsque je contemple la flamme d’une bougie et que je ressens sa pureté, je m’efforce de devenir aussi pur qu’elle. Mais ensuite, lorsque je parviens à pénétrer dans les profondeurs de mon cœur, j’y vois brûler cette même flamme, la flamme intérieure. Alors il ne m’est plus nécessaire de penser à la bougie ou aux fleurs qui sont auprès de moi, car je découvre que mon être intérieur est toujours empli de parfum, de pureté et de lumière.
De même, nous pouvons au début acquérir davantage de compassion en pensant à Dieu, qui en possède infiniment plus que nous. Mais un jour nous finirons par prendre conscience de la présence de Dieu à l’intérieur de notre propre cœur. Alors il ne nous sera plus nécessaire de considérer que Dieu est notre supérieur et que nous sommes Ses subordonnés. Au lieu de cela, nous verrons que Dieu n’est autre que notre soi le plus haut, le plus lumineux. Ayant compris cela, les notions de supériorité et d’infériorité se fondront dans l’unité, et nous pourrons alors revendiquer la Compassion infinie de Dieu comme notre bien propre.

92 Question : Comment puis-je connaître concrètement l’essence de Dieu ?

Sri Chinmoy : En sachant et en ressentant que vous avez toujours, de toute éternité, été la substance de Dieu. Si vous êtes la substance de Dieu, il y a bien quelqu’un qui est votre essence. La substance ne peut exister par elle-même ; une essence lui est nécessaire. Si donc vous êtes la substance, Dieu est l’essence. Vous devez savoir qu’il y a une origine, et que cette origine est l’essence. Je ne suis que le produit ; si j’existe, c’est que quelqu’un est responsable de mon existence. Si je suis la fleur, Dieu est le parfum. Si je suis le fruit, Dieu est la graine.

93 Question : Qu’elles sont les limitations dont souffre le mental ?

Sri Chinmoy : La plus grande limitation réside dans le fait que le mental voit et ressent toute chose et tout être — y compris son propriétaire lui-même — d’une manière séparative. Le mental ne fait que séparer. Considérant une personne en tant qu’individu, le mental essaie de la voir de centaines de manières, sous des formes et des aspects différents. Il ne voit pas l’être humain dans son entier, des pieds à la tête. Il ne voit pas la personne comme une réalité intégrale unique. Tel un chirurgien, il passe son temps à disséquer et à découper. Il prend un malin plaisir à voir les choses d’une manière fragmentée, morcelée. Cette tendance séparative, qui fait constamment les délices du mental, constitue la plus déplorable de ses faiblesses.

L’autre faiblesse majeure du mental est le doute. Il doute consciemment ou inconsciemment. Il lui semble que le doute le fortifie. Il a l’impression que sa capacité de douter lui confère l’autorité suprême. Mais cela est absurde. Ce n’est pas celui qui doute qui détient l’autorité suprême. C’est celui qui aime et qui atteint l’unité. On devient une autorité suprême en aimant et en devenant un avec autrui, et non pas en jugeant, ou en prononçant un verdict pour prouver sa suprématie. L’affirmation d’une suprématie, c’est la disparition de tout sentiment d’unité. Dans le sentiment d’unité, la réalité est vaste, infinie. Celui-ci absent, la réalité devient finie, infinitésimale. Alors la Réalité sans fin, ou transcendantale, n’a plus cours ; tout n’est plus que limitation. Ici, là, en-dedans, au-dehors, partout, on ne voit plus que limitation et asservissement.

94 Question : Quelle est la meilleure manière d’être un éternel débutant ?

Sri Chinmoy : La meilleure manière de devenir un éternel débutant consiste à se considérer comme une aube en perpétuel épanouissement. L’aube est le commencement de la journée ; elle symbolise donc l’espoir, l’illumination, la réalisation et la perfection. Pensez que votre être tout entier, corps, vital, mental, cœur et âme représente l’aube, ou inversement. Chaque jour, l’aube joue le rôle d’un débutant. Elle commence son voyage au point du jour et l’achève dans le soleil infini. Ce genre de sentiment vous fera toujours ressentir que vous êtes un éternel débutant.

L’aube invite et elle invoque. Qui invite-t-elle, qui invoque-t-elle ? Le soleil, la sagesse éternelle, infinie, immortelle. Lorsqu’on répond à l’invitation de l’aube, on se fond dans la Lumière infinie et dans l’infinie sagesse du soleil, pour ne faire plus qu’un avec lui.

95 Question : Comment trouver la joie et le sourire dans les moments de découragement ?

Sri Chinmoy : Il convient ici de comprendre le rôle de l’imagination, et de lui donner toute son importance. Comme je le dis toujours, l’imagination est une réalité ; elle appartient à un monde de réalité. Mais ce monde-là ne se trouve pas devant nos yeux. Et parce qu’il n’est pas facilement à notre portée, nous avons l’impression que l’imagination n’est qu’une simple hallucination mentale.
Lorsque vous vous sentez découragé, essayez d’imaginer les moments de bonheur que vous avez connus maintes fois. Il ne s’agit pas de notions fausses ; vous avez vraiment éprouvé du bonheur hier ou il y a quelques jours. Alors identifiez-vous simplement à ces moments. Vous pouvez considérer le découragement comme la nuit. À l’approche de la nuit, vous ne perdez pas tout espoir, vous ne vous sentez pas totalement perdu.

En effet, vous savez bien que demain, le jour poindra à nouveau. Il y a douze heures il faisait jour, et dans douze heures vous entrerez une fois de plus dans le jour. Ainsi, vous imaginerez soit la satisfaction d’hier, soit ce qui se passera demain. Soit vous entrerez dans votre passé immédiat pour y prendre refuge, soit vous irez trouver consolation dans votre avenir immédiat. De cette manière, vous pourrez dissiper le découragement. Le présent vous a noyé dans un océan de découragement ; tout est devenu futile. Souvenez-vous alors qu’il y a à peine douze heures, beaucoup de choses et beaucoup de gens vous ont inspiré et se sont réclamés de vous. Et dites-vous que dans douze heures à nouveau il en sera de même. Lorsque vous verrez les choses ainsi, le découragement disparaîtra de lui-même.

96 Question : Quelle question est sincère ?

Sri Chinmoy : Il existe, non pas une, mais deux questions sincères. L’une sur la terre et l’autre au Ciel.

Au Ciel, la question sincère est : « Qui suis-je ? »

Sur la terre, la question sincère est : « Où suis-je ? »

À « Qui suis-je ? », la réponse est : « Je suis Lui. »

Et à « Où suis-je ? », la réponse est : « Je suis dans le Bateau de Son Cœur. Il est dans le Souffle de ma vie. »

97 Question : Comment puis-je payer en retour mon Guru pour ses cadeaux éternels ?

Sri Chinmoy : Vous n’avez pas à le payer en retour, ni matériellement, ni même spirituellement. Rappelez-vous seulement en permanence, c’est-à-dire vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et pour toute l’éternité, que vous êtes de lui et pour lui. Votre maître est pour vous un représentant du Suprême Absolu et vous êtes un instrument absolument parfait, un instrument choisi du Suprême en lui. Si vous pouvez avoir le sentiment que vous êtes choisi par votre maître pour accomplir sa tâche, pour servir la Mission du Suprême, cette simple prise de conscience sera un cadeau souverain que vous ferez à votre maître et au Suprême. Réaliser qui votre Guru est, voilà le cadeau suprême.

Si quelqu’un veut m’offrir un cadeau de grande valeur, je lui dirai simplement de me réaliser. J’essaie de mon mieux de vous faire monter avec moi dans mon ascenseur le plus rapide lorsque je médite. J’attends, j’attends, mais personne ne vient. Combien de temps puis-je attendre ainsi ? Alors je monte et je renvoie l’ascenseur pour qu’il vous amène à moi. Mais lorsqu’il arrive, vous appuyez sur le mauvais bouton et au lieu de monter, vous descendez, ce qui crée des problèmes. Je reviens donc au rez-de-chaussée, au point de départ, mais même là, je ne vous trouve pas. Je m’aperçois alors que vous êtes au sous-sol. Vous êtes descendu au lieu de monter et vous voilà en train de savourer les plaisirs de l’ignorance. Aussi dois-je aller vous y chercher.

Lorsque vous vous élèverez avec moi jusqu’au Plus Haut et que vous me réaliserez, votre réalisation de qui votre Guru est sera le cadeau suprême. Je ne dis pas cela avec fierté ou vanité, mais avec la plus grande sincérité. Le plus grand cadeau qu’un disciple puisse jamais faire à son Guru est de le réaliser, de réaliser sa hauteur au moins une fois pendant une méditation, avant que le Guru ne quitte le corps. La difficulté réside dans le fait qu’une fois que vous avez réalisé le niveau le plus élevé, celui-ci n’est pas définitif, car le Guru le transcende constamment. Mais si vous atteignez vraiment une très grande hauteur, même si ce n’est pas la cime absolue, et si vous parvenez à vous y maintenir, à y accéder librement à tout instant, votre accomplissement sera le plus cadeau que vous puissiez faire à votre maître.

*98 Question : Arrive-t-il à Dieu de sourire ?

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Sri Chinmoy : Dieu ne fait que sourire. Non seulement Il sourit tandis qu’Il agit, mais Son action même est le sourire de Sa Vision qui se transcende et de Sa Réalité qui se manifeste.

99 Question : Qu’est ce que la musique divine ?

Sri Chinmoy : La musique divine est la musique du cœur qui aspire, de l’âme qui illumine, du corps qui s’éveille, du vital qui s’épanouit, et du mental qui songe.

100 Question : Comment puis-je entendre le son silencieux ?

Sri Chinmoy : Vous pouvez entendre le son silencieux à partir du moment où vous vous concentrez sur le centre de votre cœur et où vous essayez de sentir que votre cœur spirituel est bien plus vaste que l’univers même. Essayez de sentir que le cœur est la maison, que l’univers est une pièce et que le son silencieux est un objet dans cette pièce. Si vous pouvez vous concentrer avec ferveur sur le cœur spirituel et imaginer ce que je vous suggère ici, vous entendrez le son silencieux.