74.

« Mon Seigneur, Tu sais que je suis victime de doutes constants.
Dis-moi, je T’en prie, T’est-il jamais arrivé de douter de Toi-même ? »

« Mon très doux enfant, je n’ai eu, au cours de ma vie sans fin, qu’une seule fois l’occasion de douter de moi-même. »

« Une seule fois, mon Seigneur, quand cela ? »

« Mon enfant, cela s’est passé lorsque, ayant achevé ma création, je l’ai vue s’attacher complètement à moi.
Je suis le Créateur, éternel, libre et détaché.
Comment ma propre création pouvait-elle se lier, s’attacher ainsi, irrémédiablement ?
Crois-moi, mon enfant, je n’ai jamais pu en trouver la cause et j’ai bien été forcé de douter de ma propre capacité. »

« Pardonne-moi, mon Seigneur.
Je ne puis Te donner raison.
Tu m’as créé.
Je suis Ta création.
Comment pourrais-je vivre sans être attaché à Toi ? »

« Mon enfant, je ne veux pas que tu me sois attaché.
Je veux que tu aies de la dévotion pour moi. »

« Mon Seigneur, quelle est la différence ? »

« La différence, mon enfant, est la suivante :
l’attachement entraîne la frustration et la frustration entraîne la destruction.
La dévotion, c’est la lumière de la sagesse et la lumière de la sagesse, c’est la hauteur de la réalisation. »