Quatrième partie — Le désir

Question: Si nous ne sommes pas capables d’éteindre nos désirs, cela sert-il à quelque chose d’essayer de méditer ?

Sri Chinmoy: Certainement, tant que nous voulons vraiment méditer et non pas accueillir les désirs ! Personne ne peut dire au début de sa vie spirituelle qu’il n’a pas de désirs. Au moment même où nous naissons, nous entrons dans le monde de l’ignorance. Si nous attendons que nos désirs soient éteints avant de commencer notre vie spirituelle, nous ne commencerons jamais, ni dans cette incarnation, ni dans aucune autre.

Considérons notre but : si notre but est la réalisation de Dieu et que nous commençons à courir vers ce but avec une aspiration unidirectionnelle, les désirs et les passions qui nous retiennent se dissiperont petit à petit. En nous efforçant de concentrer toute notre attention à notre méditation, nous éliminerons bientôt le désir. Mais si nous décidons de donner cinquante pour cent de notre attention au désir et cinquante pour cent de notre attention à notre aspiration et à la vie divine, nous ne surmonterons jamais le désir.

Si nous méditons régulièrement aujourd’hui, nous pourrons encore avoir des désirs demain, mais après-demain, le désir nous lâchera parce que, comme cela arrive tout le temps dans ce monde, il deviendra jaloux de son rival. Lorsque nous accordons davantage d’attention à notre aspiration, le désir se met à nous torturer sans merci pendant un certain temps. Mais si nous l’ignorons, il finit par abandonner et nous quitter. Lorsqu’on fait sentir à quelqu’un que l’on n’a pas besoin de lui, il cesse de venir. Ainsi, le désir dira : « Très bien, laissons-le avec sa méditation et son aspiration. S’il n’a pas besoin de moi, je peux également me passer de lui. » Par contre, si la présence du désir dans notre cœur ou dans notre mental nous perturbe trop, le désir ne nous quittera jamais.

Il faudrait que nous méditions sans faute, tôt le matin, et également le soir. Ressentons qu’il y a un enfant divin en nous : l’âme. De même que nous prenons le temps de nourrir notre corps trois fois par jour, de même devons-nous nourrir l’enfant divin en nous. Si nous voulons vraiment prendre soin de l’enfant divin qu’est l’âme, et grâce à qui nous nous identifions consciemment à l’Absolu, nous devons régulièrement nourrir cet enfant lumineux qui est en nous. Si nous ne méditons pas, notre vie intérieure sera affamée et nous ne serons jamais consciemment un avec Dieu. Plus nous nourrissons l’âme, plus vite nous progressons et plus nous nous approchons de notre réalisation de Dieu. Alors ne perdons pas de temps à nous inquiéter de nos désirs terrestres. Dès que nous nous concentrerons sur notre aspiration et sur notre méditation, le désir se sentira rejeté et nous quittera automatiquement.