Les secrets de la vie intérieure — Recueil d'écrits 1964-1974

Return to the table of contents

Invocation

Suprême, Suprême, Suprême, Suprême !

Je m’incline devant Toi, je m’incline.
Ma vie, Ta charrue dorée ;
Le but de mon voyage, Ton Rêve fervent.
Suprême, Suprême, Suprême, Suprême !
Je m’incline devant Toi, je m’incline.

Suprême, je suis Ta Grâce rayonnante,
Mon univers, Tes Pieds de Lumière,
Mon souffle, le cerf-volant de Ta Vision.
Tu es une seule Vérité, une seule Vie, un seul Visage.
Suprême, Suprême, Suprême, Suprême !
Je m’incline devant Toi, je m’incline.

I — LA CONSCIENCE

La Lumière-Conscience

La conscience est l’étincelle de vie qui nous relie à la Vie Universelle. Elle est le fil conducteur qui nous met en harmonie avec l’univers. Si vous voulez voler dans le Transcendantal, vous avez besoin du fil conducteur de la conscience.

La conscience est une étincelle qui nous fait entrer dans la Lumière. C’est notre conscience qui nous relie à Dieu. Elle est le lien entre Dieu et l’homme, entre le Ciel et la terre.

Dans le monde physique, la mère dit à l’enfant qui est son père. Dans le monde spirituel, notre aspiration nous dit qui est Dieu. Qui est Dieu ? Dieu est une Conscience infinie. Il est également la Lumière qui illumine de manière intrinsèque. Tout être humain possède en lui-même cette Conscience infinie et cette Lumière intrinsèque.

Notre But est en nous. Pour l’atteindre, nous devons entrer dans la vie spirituelle. Dans la vie spirituelle, la conscience est essentielle. Sans elle, tout n’est qu’un désert aride. Lorsque nous entrons dans un endroit obscur, nous prenons une lampe de poche ou tout autre moyen pour nous éclairer. Si nous voulons découvrir notre vie obscure, nous devons nous aider de la conscience.

L’homme, que ce soit dans sa vie extérieure ou ses accomplissements extérieurs, est très limité. Mais le même homme, lorsqu’il entre dans les profondeurs de son coeur, y ressent quelque chose qui essaye constamment de s’y développer. C’est la conscience. Cette conscience le relie à l’Absolu le plus élevé.

La conscience est notre véritable professeur, notre ami très cher et notre esclave le plus sûr. En tant qu’esclave, la conscience emporte notre immense ignorance à Dieu. En tant qu’ami, la conscience nous dit ce qu’est la Connaissance suprême. En tant que professeur, la conscience nous révèle cette vérité incontestable : l’homme imparfait et non accompli d’aujourd’hui est le Dieu parfait et comblé de demain.

La conscience chante : elle chante l’Unité universelle. La conscience joue : elle joue le jeu de la Manifestation cosmique. La conscience danse. Intérieurement, elle danse avec la Vision de Dieu qui comble et extérieurement, elle danse avec la Réalité comblée de Dieu. La conscience agit. Elle agit à travers l’aspiration de l’homme qui implore, grimpe et s’abandonne, et à travers la Compassion de Dieu qui descend, protège et illumine.

Lorsque la conscience est toute activité, elle s’incline devant Dieu, la Mère, sa Source. Lorsque la conscience est tout silence, elle s’incline devant Dieu le Père, sa Source. Elle obtient la Force la plus puissante de la Mère pour faire le sacrifice suprême pour la terre inconsciente. Elle obtient la Lumière la plus élevée du Père pour illuminer la terre dans l’obscurité. La conscience est à la fois Lumière et Force. Lumière, elle s’identifie à l’inspiration pure et à l’aspiration profonde de notre monde intérieur. Puissance, elle exerce sa souveraineté divine sur les servitudes les plus obscures et sur l’ignorance la plus sauvage de notre monde extérieur.

La conscience qu’utilise le corps dénué d’aspiration se nomme la conscience porteuse d’espoir. La conscience qu’utilise le vital inflexible se nomme la conscience blessante. La conscience utilisée par le mental sans concession est la conscience incrédule. La conscience utilisée par le coeur qui découvre est la conscience sincère. Enfin, la conscience utilisée par l’âme illimitée s’appelle la conscience fructueuse.

Aum Anandamayee Chaitanyamayee Satyamayee Parame.

« Ô Mère absolue de l’Existence-Conscience-Félicité ! » Cette triple conscience est la longueur la plus longue, la largeur la plus étendue et la profondeur la plus profonde. La longueur la plus longue est l’Infinité. La largeur la plus étendue est l’Eternité.La profondeur la plus profonde est l’Immortalité. Lorsque la conscience vit dans l’Existence, l’humanité reçoit avec dévotion ce que la Divinité offre avec ferveur. Lorsque la conscience vit à l’intérieur de son propre domaine, l’humanité et la Divinité partagent avec amour, et non sans surprises, leurs expériences mutuelles.Lorsque la conscience vit dans la Félicité, l’humanité se réalise et se transforme, et la Divinité se manifeste et se comble.

Celui qui ne voit pas la lumière de la Conscience est aveugle.Celui qui n’obéit pas au droit de la Conscience est sourd. Celui qui ne peut goûter au fruit de la Conscience est pauvre. Celui qui nie l’existence de l’océan de la Conscience est stupide.

Question: La conscience et la pensée sont-elles la même chose ?

Sri Chinmoy: Non. Si l’on voit la conscience comme une table et les pensées comme des mouches, les mouches se posent constamment sur la table, ou bien elles volent d’un endroit à l’autre. La table n’en sera pas affectée de manière permanente, mais elle cleaned. doit être nettoyée. Comment nettoyer votre conscience ? Avec la lumière de votre cœur.

Question: Le mental peut-il nous aider à maintenir un niveau élevé de conscience ?

Sri Chinmoy: Non, le mental ne peut jamais nous aider à maintenir un niveau élevé de conscience. Si le mental a une recherche Intérieure et s’il pleure, il peut aider la conscience à s’élever. Mais le mental ne peut pas aider à maintenir un niveau élevé de conscience. Seule la lumière de l’âme en a la capacité. L’âme a également donné cette capacité au coeur, qui peut le faire de la part de l’âme. Si l’âme elle-même nous aide, notre conscience reste parfaite, mais si l’aide vient du coeur, qui n’est pas encore complètement illuminé, notre conscience ne peut pas rester au même niveau élevé. Le coeur est cependant bien plus capable de nous aider à maintenir une conscience élevée que le mental.

Question: Comment un novice en méditation peut-il savoir si sa conscience s’élève, descend ou bien est stable ?

Sri Chinmoy: Un novice en méditation peut facilement savoir si sa conscience s’élève, descend ou bien est stable. Lorsqu’il ressent de la pureté dans son coeur, dans son être tout entier, c’est que sa conscience est stable. Lorsqu’il ressent de la sincérité, sa conscience s’élève. Mais dès qu’il est en proie au doute à propos de ce qu’il ressent ou observe, sa conscience descend.

Question: Comment pouvons-nous élever notre conscience lorsque nous nous sentons menacés par des forces négatives ?

Sri Chinmoy: Lorsque nous sommes menacés par des forces négatives, nous devons ressentir que nous avons en nous l’amie la plus forte, et cette amie est l’âme. Abritons-nous sous les ailes de l’âme. Invoquons l’âme et prions afin qu’elle nous guide. Si nous pouvons faire appel à cette amie, elle combattra naturellement les forces négatives pour nous ; l’âme nous sauvera, nous protégera, nous illuminera et nous perfectionnera.

Question: Faut-il réaliser ou atteindre la conscience la plus élevée avant de fréquenter des personnes qui n’aspirent pas ?

Sri Chinmoy: Vous devez d’abord réaliser le Plus-Haut avant d’oser fréquenter des gens qui n’aspirent pas. Lorsque vous fréquentez des personnes qui n’aspirent pas, c’est comme si vous alliez dans un hôpital psychiatrique. Si vous n’êtes pas vous-même très fort, vous serez affecté.

Si vous aspirez, vous n’avez pas besoin d’atteindre le Plus-Haut pour aider d’autres personnes qui aspirent. Pendant que vous vous élevez haut, très haut, vous pouvez aider vos jeunes frères qui aspirent mais qui ne sont pas encore arrivés à un niveau aussi élevé que vous. Mais il est stupide d’essayer d’aider des gens qui n’aspirent pas du tout. Vous ne pourrez pas changer leur nature parce qu’ils n’ont pas envie de changer.

D’habitude, Dieu dit au chercheur qui n’est pas encore réalisé : « Aspire, et pendant que tu grimpes, si tu vois quelqu’un qui se trouve un peu derrière toi, aide-le, inspire-le, guide-le pour qu’il puisse te rejoindre là où tu es. Mais ne fréquente pas de personnes qui n’aspirent pas du tout, parce que si tu le fais, tu n’aspireras jamais. Et si tu n’aspires pas, comment Me réaliseras-tu ? »

Soyons donc raisonnables. Commençons par atteindre une certaine hauteur et fréquentons ceux qui aspirent. Lorsque nous doit être nettoyée. Comment nettoyer votre conscience ? Avec la lumière de votre coeur.

Question: Qu’est-ce que l’inconscience ?

Sri Chinmoy: L’inconscience est un état de conscience sans la moindre lumière, sans le moindre rayon de lumière.

Question: Lorsque vous parlez de la conscience minérale, végétale, humaine et divine, qu’entendez-vous exactement ?

Sri Chinmoy: Dans la conscience minérale, il n’y a pratiquement pas de lumière, dans la conscience végétale, il n’y a qu’un rayon de lumière. Il y a ou bien il peut y avoir une lumière limitée dans la conscience animale. Mais la conscience humaine est capable de contenir une lumière illimitée, comme c’est le cas pour les aspirants très avancés. Enfin, la Conscience divine contient une Lumière illimitée et infinie.

Question: Y a-t-il une conscience ultime ou bien la conscience peut-elle toujours être transcendée ?

Sri Chinmoy: Du point de vue strictement spirituel, il n’y a rien d’ultime. Tout peut se transcender. Le Suprême Lui-même transcende constamment Sa Hauteur la plus élevée. Le Suprême est Celui qui chante constamment le Chant de la Transcendance de soi.

Nous parlons de quelque chose d’ultime par rapport à notre réalisation actuelle. Ce qui est ultime aujourd’hui n’a pas besoin d’être ultime demain et ne peut pas l’être. Le but d’aujourd’hui est le point de départ de demain. Il n’y a pas de réalité ultime.

La réalité ultime vaut pour aujourd’hui, pour l’accomplissement pré-sent d’aujourd’hui. Mais demain, nous pourrons grimper et dé-passer la réalité que nous considérions ultime hier. La conscience ultime d’aujourd’hui doit être transcendée par l’aspiration plus intense de demain.

Question: Quelle est la relation entre l’âme et la conscience ?

Sri Chinmoy: On peut comparer l’âme à un morceau de glace et la conscience à l’eau.

Question: Quelle est la relation entre la conscience et la réalisation ?

Sri Chinmoy: La conscience est comme un champ vert tout simple et la réalisation est comme le sommet le plus élevé de l’Everest. Le champ est directement relié à la montagne et le pied de la montagne est directement relié au sommet de la montagne. Mais la conscience et la réalisation font toutes deux partie du même flot ininterrompu de la Conscience universelle.

Question: Quelle est la relation entre l’intuition et la conscience ?

Sri Chinmoy: L’intuition est la flèche et la conscience est l’arc. Lorsque la flèche est décochée, elle entre dans la cible. Sans arc, la flèche ne peut jouer son rôle et vice-versa. Les deux sont indispensables.

Question: L’âme est-elle reliée d’une certaine manière à ce que l’on appelle la conscience ?

Sri Chinmoy: La conscience est toujours reliée à l’âme, mais ce que nous appelons conscience dans la vie humaine n’est pas du tout la véritable conscience ; c’est un simple sentiment. Lorsque nous percevons quelque chose de subtil que nous n’arrivons pas à définir, nous appelons cette perception la conscience, mais cela n’est en fait pas du tout notre véritable conscience. C’est plutôt un désir très subtil dans lequel nous entrons, et que nous pensons immédiatement être notre conscience. Mais la véritable conscience est la Lumière qui relie le Ciel et la terre. Le Ciel même se trouve dans notre conscience.

La conscience et l’âme ne peuvent jamais être séparées, tan-dis que le corps peut facilement être séparé de l’âme, comme de la conscience. Lorsque nous parlons de « conscience physique », nous nous référons à la conscience finie. C’est une portion de la Conscience infinie qui est entrée dans le physique ordinaire et qui est à présent possédée et utilisée par le physique même. La même chose peut se produire avec la conscience vitale et la conscience mentale. Mais la conscience divine est une immense unité qui abrite le silence et la puissance. Lorsqu’elle abrite le silence, elle abrite sa forme véritable. Lorsqu’elle abrite la puissance, elle manifeste sa réalité intérieure.

L’âme qui est éternelle, et la conscience qui est infinie, vont ensemble. Elles ont une source commune : la vie, la vie éternelle. L’âme possède la vie éternelle, tout comme la conscience. Elles se complètent. L’âme exprime sa divinité à travers la conscience, et la conscience exprime son silence qui règne partout à travers l'âme.

Question: Il m’arrive de me réveiller le matin avec un sentiment d’allégresse très élevée et d’unité, mais sans être conscient de ce qui s’est passé. Y a-t-il un travail pendant la nuit qui se fait sur le plan spirituel et dont nous ne sommes pas conscients ?

Sri Chinmoy: Vous êtes en partie conscient de ce travail. Si vous n’en étiez pas conscient à un certain point, vous n’auriez pas pu me dire ce que vous venez de me dire. Vous n’en êtes pas conscient sur le plan mental, mais il y a de nombreux autres ni-veaux de conscience. Lorsque vous vivez une expérience, votre âme en est consciente.

La conscience est comme une échelle. Vous pouvez mon-ter ou descendre les différents échelons. Pour l’instant, il n’y a pas de lien entre l’échelon où vous vous trouvez actuellement et l’échelon où vous avez vécu l’expérience. Si vous restez dans la conscience physique, ce que font la plupart des êtres humains au cours de la journée, l’expérience que vous avez eue dans les mondes intérieurs ne peut pas porter ses fruits correctement. La conscience physique n’a pas libre accès au niveau particulier de conscience où vous avez eu votre expérience. La conscience physique doit être éclairée par de la lumière divine pour accéder librement à tous les niveaux de conscience.

Pendant le sommeil, lorsque l’âme se déplace d’un niveau à l’autre, elle est comme un oiseau libre. Si la conscience physique veut savoir ce que fait l’âme vingt-quatre heures sur vingt-quatre, elle doit être modelée et guidée par la lumière de l’âme. Dans votre cas, au moment de l’expérience de votre âme, vous étiez conscient, mais plus tard, vous n’avez pas pu vous en souvenir parce que vous n’avez pas connaissance de tous les plans de conscience qui existent entre la région de l’âme et la conscience physique.

Question: Quelle est la différence entre la conscience humaine et la conscience divine ?

Sri Chinmoy: La conscience humaine est faite avant tout de limitations, d’imperfection, d’enchaînement et d’ignorance. Cette conscience veut rester ici sur terre. Elle trouve sa joie dans tout ce qui est limité : dans la famille, dans la société et dans les mondanités. La conscience divine est faite de Paix, de Béatitude, de Puissance divine, et ainsi de suite. Sa nature est constamment en expansion. La conscience humaine pense qu’il n’y a rien de plus important que le plaisir terrestre. La conscience divine pense qu’il n’y a rien de plus important et significatif que la Joie et la Béatitude célestes sur terre. La conscience humaine essaie de nous convaincre que nous sommes loin de la Vérité ou de l’accomplissement. Elle essaie de nous faire ressentir que Dieu est ailleurs, à des millions de kilomètres de nous. Mais la conscience divine nous fait ressentir que Dieu est ici même, à l’intérieur du moindre souffle de vie, du moindre battement de cœur, à l’intérieur de tous et de toute chose autour de nous.

La conscience humaine nous fait ressentir que nous pouvons exister sans Dieu. Lorsqu’elle est dans l’ignorance profonde, la conscience humaine pense que Dieu n’est absolument pas nécessaire. Nous voyons des millions et des milliards de gens qui ne prient pas ni ne méditent. Ils se disent que si Dieu existe, tant mieux, et que s’Il n’existe pas, ils ne perdront rien. Bien que prêts à utiliser le nom de Dieu à tout moment, ils ne s’intéressent pas à la réalité, ni à l’existence de Dieu, que ce soit au Ciel ou dans leur vie quotidienne.

Mais la conscience divine est tout à fait différente. La conscience divine, même limitée, nous fait ressentir qu’à chaque instant, Dieu est une nécessité suprême. Elle nous fait ressentir que nous sommes sur terre précisément parce qu’Il existe. Et lorsque nous chérissons des pensées divines, la conscience, divine nous fait ressentir que c’est Lui qui nous pousse à chérir ces idées divines. La conscience divine nous fait ressentir qu’il y a une raison divine, un but divin, un idéal divin, une poursuite di-vine à toute chose. Dans la conscience humaine ordinaire, il n’y a aucune motivation, aucun but positif. C’est comme un éléphant déchaîné qui court dans tous les sens. Dans la conscience divine, il y a toujours un but qui se transcende constamment. Aujourd’hui, nous considérons quelque chose comme notre but, mais dès que nous atteignons le seuil de notre but, nous sommes aussitôt inspirés à dépasser ce but. Ce but devient la pierre de fondation d’un but plus élevé, et cela est possible parce que Dieu Se transcende constamment. Dieu est illimité et infini, mais Il transcende Sa propre Infinité. Comme Dieu fait toujours des progrès, nous en faisons également lorsque nous sommes dans la conscience divine. Dans la conscience di-vine, tout s’étend et grandit dans une Lumière plus élevée qui enrichit davantage.

I — Le corps

Mon corps

Ô mon corps, tu es un cadeau du Suprême. Tu possèdes un potentiel inépuisable enfoui tout au fond de toi. Ne pas te com-prendre signifie ne pas comprendre l’instrument choisi de Dieu.

Tu ne dois pas, tu ne peux pas conquérir le monde entier avec ta seule force physique. Offre ton cœur grandissant aux cœurs qui sont autour de toi. Offre ton âme rayonnante aux âmes autour de toi, au-dessous de toi et au-dessus de toi. Alors seule-ment deviendras-tu le conquérant et le possesseur de l’univers entier de Dieu.

Ô mon corps, invoque toujours ton âme pour qu’elle te guide. Invoque ! Ne laisse jamais la monotonie de la vie sans histoire s’emparer de toi. Ta marche sera une marche incessante qui, à la vitesse de l’éclair, montera au Plus Haut, descendra au plus profond et avancera au plus loin.

Chante ! Chante le chant de la béatitude dans l’Immortalité. Respire ! Respire le souffle de la conscience dans l’Immortalité. Vis ! Vis la vie de l’existence dans l’Immortalité.

La mort ? Tu ne dois pas mourir. Parce que ta mort sera une grande perte pour l’humanité et de loin une plus grande perte pour la Divinité. Lutte, ô mon corps ! Lutte jusqu’au bout contre l’ignorance. Ne permets jamais à l’ignorance de t’envelopper, de recouvrir ton enveloppe extérieure. Tes combats et tes efforts seront couronnés de succès.

Ô mon corps, je te souhaite bonne route pour l’Éternité. Que chacune de tes années sur terre vaille un milliard d’années enrichissantes.

Dieu, le Rêveur éternel, rêve en toi, à travers toi, avec toi. Dieu, la Réalité éternelle, vit pour toi, avec toi et en toi.

18

Avant la réalisation, le corps, en vertu de son existence même sur terre, aide inconsciemment l’âme. Après la réalisation, le corps aide l’âme non seulement consciemment, mais aussi inconditionnellement.

19

L’homme, conscience-corps qui désire, est le seul mur qui se dresse entre l’imploration la plus profonde de l’homme et la Compassion la plus puissante de Dieu.

20

Un Yogi n’est pas dans le corps. Il ne provient pas du corps. Mais il est pour le corps — pour la transformation du corps et la perfection du corps.

Le corps et l'âme

Nous pouvons appeler le corps un temple. À l’intérieur du temple se trouve l’autel, le cœur. À l’intérieur de l’autel se trouve la divinité, l’âme. À présent, contentons-nous de ne parler que de l’âme et du corps. Le corps et l’âme sont comme une maison et son propriétaire. L’âme est le propriétaire et le corps est la mai-son. L’âme et le corps sont complémentaires. Sans l’âme, sans le propriétaire, une maison ne sert à rien. L’âme travaille à l’intérieur du corps, de même qu’avec le corps, à travers le corps et pour la conscience-corps. Par ailleurs, sans le corps, l’âme n’au-rait pas d’endroit où vivre et ne pourrait pas manifester ses qualités sur terre. En présence du propriétaire et avec un corps en par-faite condition, le message de l’âme peut être révélé et accompli.

Nous devons savoir ce que l’âme peut nous offrir et ce que le corps peut nous offrir. L’âme peut nous offrir la réalisation ; le corps peut nous offrir la manifestation. Pour se manifester, l’âme a besoin du corps. Pour se réaliser, le corps a besoin de l’âme. Le corps offre sa capacité dans le service ; l’âme offre sa capacité dans la méditation. De cette manière, ils vont parfaitement bien ensemble.

La terre est le champ de la réalisation, et en même temps, le champ de la manifestation. La réalisation de Dieu ne peut être achevée qu’ici sur terre, et dans nulle autre sphère, sur nulle autre planète ou dans nul autre monde. Ceux qui s’intéressent à la réalisation de Dieu doivent accepter un corps humain et doivent accepter de venir dans ce monde. De plus, ce n’est que sur terre et à travers le corps physique que l’âme peut manifester sa propre divinité, qui consiste en la Paix infinie, la Lumière infinie, la Béatitude infinie. Le corps a besoin de l’âme, comme l’âme a besoin du corps. Le corps a besoin de l’âme pour réaliser la Vérité la plus élevée, l’âme a besoin du corps pour manifester la Vérité la plus élevée et la plus profonde.

Si l’âme n’essaye pas d’inspirer et d’illuminer le corps, celui-ci restera aveugle, ignorant, obscur et impur. Et sans la coopération du corps, l’âme ne se manifeste pas, elle est pratique-ment bonne à rien. Nous voyons souvent que l’âme implore la réalisation et la manifestation à travers le corps, mais le corps reste indifférent. Le corps peut être physiquement fort, mais s’il n’aspire pas à la lumière et à la vérité intérieures que l’âme peut lui offrir, l’âme ne peut pas se réaliser.

Le corps et l’âme ne sont pas inséparables mais complémentaires. L’âme peut exister sans le corps, même si elle ne peut pas se manifester. Le corps ne peut pas exister sans l’âme plus de quelques heures. Le corps et l’âme ont besoin l’un de l’autre pour leur réalisation mutuelle

Question: J’ai des difficultés à rester assis dans la position du lotus.

Sri Chinmoy: Cela n’est pas nécessaire du tout. La seule chose que vous devriez faire, c’est de maintenir le dos droit. Il y a des personnes qui s’appuient sur le dossier de leur chaise ou bien qui s’affaissent en avant, mais cela n’est pas bien. La position du lotus est bonne parce qu’elle maintient le corps calme. Mais il y a des gens qui peuvent rester en position du lotus pendant trois ou quatre heures avec un mental toujours agité, et d’autres qui peuvent être assis sur une chaise avec un mental calme et tranquille. L’essentiel est de garder le dos droit et le mental sans pensées.

Question: J’ai l’impression de ne pas très bien méditer lorsque je mange de la viande ; je me sens agité. Mais par ailleurs, si je ne mange pas de viande, je me sens très faible.

Sri Chinmoy: Vous savez bien que les animaux sont agités, agressifs, destructeurs et pas évolués. Nous avons transcendé la conscience animale dans une certaine mesure, et nous sommes sortis du royaume animal. Sur l’échelle de l’évolution, nous ne sommes qu’un échelon au-dessus des animaux, mais la différence entre un animal et un être humain est immense. Lorsque vous mangez quelque chose, vous absorbez naturellement les qualités de ce que vous mangez. Ce que vous avez en vous se manifestera inévitablement sur le plan extérieur, d’une manière ou d’une autre.

Lorsque vous mangez de la viande, vous avez immédiatement des impulsions et des pensées agitées, agressives et destructrices, et le niveau de votre conscience descend. Et par ailleurs, dire que vous perdez des forces, de la puissance ou de l’énergie lorsque vous n’en mangez pas n’est pas exact. Il y a des millions de gens sur terre qui ne mangent pas de viande et sont physiquement très forts et en bonne santé. Vous pouvez dire que votre constitution est différente de la leur, mais je vous dirai que dans la création de Dieu, il y a quelque chose que l’on appelle la nourriture intérieure. De quoi se compose-t-elle ? De la Paix, la Lumière et la Béatitude, et bien d’autres qualités di-vines qui nous comblent. Lorsque vous aspirez correctement et que vous méditez correctement, vous êtes en mesure de procurer cette nourriture intérieure à votre corps. Il pourra vous falloir de nombreuses années pour atteindre cette capacité intérieure, mais en attendant, essayez d’aller au fond de vous-même et voyez ce qui vous procure vraiment la plus grande partie de votre énergie. J’ai connu des personnes qui affirmaient que c’était la viande qui leur donnait de l’énergie, mais s’ils cherchaient en eux, ils se rendraient compte que ce sont leur ressenti personnel et leur concept personnel de la viande qui leur donnent des forces. Vous pouvez modifier votre concept et ressentir que ce n’est pas la viande, mais l’énergie spirituelle qui circule dans votre corps qui vous donne des forces. Cette énergie provient de votre méditation et de votre aspiration autant que de votre nourriture. La force que vous tirez de l’aspiration et de la méditation est infiniment plus puissante que celle que vous tirez de la consommation de viande et de poisson, aussi pouvez-vous facilement écarter ces aliments de votre régime.

Vous pratiquez la méditation avec la plus grande sincérité et la plus grande dévotion. Ce que vous devez faire, c’est vous débarrasser de l’idée que la viande vous donne des forces. Cette idée est tellement ancrée dans votre mental que vous ne pouvez pas vous en séparer. Mais dès que vous pourrez vous en libérer, vous verrez que ce qui vous procure votre force n’est pas principalement la viande, c’est plutôt une alimentation saine et complète ainsi qu’une bonne attitude mentale et une aspiration spirituelle.

Question: Sommes-nous en meilleure relation avec le Divin lorsque nous jeûnons, en ne buvant que des jus et de l’eau ? Le jeûne aide-t-il à réaliser Dieu ?

Sri Chinmoy: Si vous buvez des jus, vous ne jeûnez pas. Beaucoup disent : « Tôt le matin, je bois une tasse de café, à midi, je prends un verre de jus, et le soir, uniquement un verre de lait. » C’est là leur conception du jeûne. Mais pour moi, ce n’est pas un jeûne. Dans le véritable jeûne, vous ne pouvez boire que de l’eau et puis c’est tout.

Si vous décidez de jeûner, vous devez commencer par savoir pourquoi vous le faites. Si vous pensez réaliser Dieu en jeûnant, c’est une idée saugrenue. Le véritable nom de Dieu est Félicité et Joie. Si votre Père est toute Joie, pourquoi vous demanderait-Il de vous torturer pour venir à Lui ? Dieu possède une Joie infinie, et nous savons qu’Il est également rempli d’une Compassion infinie. Il vous a donné le corps — Son Corps —, alors si vous commencez à torturer Son Corps, pensez-vous qu’Il sera content ? Jamais ! Si vous commencez à jeûner pour atteindre la réalisation de Dieu, Dieu vous dira que vous avez pris le mauvais chemin.

Cela dit, le jeûne peut vous aider à perdre du poids, soigner certains de vos maux et purifier vos nerfs et votre mental. Nous mangeons très souvent une nourriture malsaine, et le pauvre corps a besoin de repos et de purification. Par ailleurs, lorsque nous regardons les personnes et les choses non divines, leurs vibrations pénètrent en nous depuis l’atmosphère et affectent notre corps physique : notre peau, nos muscles et nos nerfs. On peut recommander le jeûne un jour par mois pour purifier notre système. Nous avons besoin de pureté pour apprécier l’existence de Dieu sur terre. C’est dans la pureté — dans les pensées pures, les actions pures et la conscience pure — que Dieu réside. Le jeûne peut beaucoup nous aider à nous purifier. Mais cela n’est qu’un premier pas ; le jeûne à lui seul ne peut pas nous donner la réalisation de Dieu.

Vous pouvez donc jeûner une fois par mois pour vous purifier, en ne buvant que de l’eau. Maintenant, je parle d’un point de vue spirituel. Je ne connais pas votre constitution physique. Vous pouvez jeûner à condition d’être fort et en bonne santé, si-non, cela n’est pas recommandé. Mais même sans jeûner, si vous êtes un aspirant sincère, vous pouvez manger moins une fois par semaine. Cela peut se faire surtout le dimanche, lorsque vous n’avez pas trop d’activités. Le dimanche, la plupart des gens se lèvent tard le matin, aussi peuvent-ils facilement se passer de petit-déjeuner. À midi, ils peuvent se dire : « Je mange tous les jours. Si je mange un peu moins aujourd’hui, cela ne va pas me faire de mal. » Et puis le soir, au dîner : « Je n’ai pas mangé autant que d’habitude au déjeuner, et cela ne m’a pas fait de mal, j’ai tout de même de l’énergie. Pourquoi ne pas en faire autant pour le dîner ? » Ainsi, si vous pouvez alléger vos repas une fois par semaine, surtout le dimanche, cela vous aidera beaucoup. Et vous n’avez pas besoin de vous soumettre à la torture d’un jeûne sévère qu’aucun maître spirituel authentique ne recommande.

Question: Lorsque nous sommes fatigués ou malades, devrions-nous dormir davantage ?

Sri Chinmoy: Si nous sommes très fatigués ou malades, nous devons dormir selon la nécessité réelle de notre corps et non pas selon ce que notre corps nous réclame, parce que le corps in-conscient et ignorant peut demander plus de sommeil qu’il n’en a vraiment besoin.

Question: Quelles sont les qualités prédominantes du corps, du vital et du mental ?

Sri Chinmoy: Le physique non éclairé aime rester inactif. La nature même du physique est l’inactivité. Le vital non éclairé est agressif. Il aime faire étalage de sa force. Et le mental non éclairé doute et soupçonne tout le monde et toute chose.Si nous acceptons la vie spirituelle, le corps doit être actif. Même s’il commence par courir dans la mauvaise direction, il est au moins en mouvement. Le corps doit être énergique mais pas agité, sinon, même si le corps physique ne dort pas vingt-quatre heures par jour, la conscience du corps continuera à dormir. Un corps aspirant est un corps actif et énergique. Nous dormons lorsque nous n’aspirons pas.

Le vital doit devenir dynamique au lieu d’agressif. Il devrait essayer de donner de l’énergie aux autres et de les inspirer au lieu d’essayer de les dominer et les détruire. Il devrait dire aux autres : « Ne perdez pas votre temps précieux. Levez-vous et faites quelque chose pour vous-même et pour l’humanité. »

Le mental clair, pur et divin, le mental illuminé par la lumière de l’âme, deviendra vaste. Il dira : « Je ne peux pas être li-mité par quoique ce soit ; je ne soupçonnerai personne, je ne mépriserai personne, au contraire, j’élargirai ma propre conscience et j’aiderai les autres à élargir leur conscience. »

En pratiquant la vie spirituelle, nous développons ce genre de corps actif, de vital dynamique et de mental illuminé. En n’acceptant pas la vie spirituelle, nous devons nous contenter d’un corps profondément endormi, d’un vital agressif et destructif et d’un mental limité qui veut douter de soi et du monde, et critiquer et soupçonner le monde et soi-même.

27

Le possesseur de mon âme est la Divinité.
Le possesseur de mon cœur est la sincérité.
Le possesseur de mon mental est la clarté.
Le possesseur de mon vital est la capacité.
Le possesseur de mon corps est la pureté.

Ne pense pas, ne dors pas

Enfant,
Son père lui dit un jour :
« Ne pense pas, mon enfant,Dieu ne pense jamais.
»
Depuis ce jour, il n’a jamais été intéressé
Par l’art de penser.
Enfant,
Sa mère lui dit un jour :
« Ne dors pas, mon enfant,Dieu ne dort jamais.
»
Depuis ce jour, il n’a jamais été intéressé
Par l’art de dormir.

CieL-vision

Le corps
Aime beaucoup être distrait par le vent de
L’émotion.
   
Le vital
Aime beaucoup les pincements du désir.
Le mental
Aime beaucoup les confins du fini.
Le cœur
Aime beaucoup se trouver dans la galaxie des saints.
   
L’âme
Aime beaucoup la vie du ciel-vision sans horizon.

Transformation, Transcendance et Au-delà

Son corps,
Une image de l’austérité.
Son vital,
Une image de l’humilité.
Son mental,
Une image de la sérénité.
Son cœur,
Une image de la pureté.
Son âme,
Une image de la noblesse.
Son But,
Une image de la Réalité,
Et lui-même est
L’image de la transformation d’hier,
De la transcendance d’aujourd’hui,
Et de l’Au-delà-Perfection de demain

31

J’offre mon corps endormi à la Compassion de mon Dieu.
J’offre mon corps rêveur à l’Amour de mon Dieu.
J’offre mon corps en larmes à la Sollicitude de mon Dieu.

II — Le vital

32. Mon vital

Ô mon vital, tu es celui que je choisis en premier. Sans ton ardeur intérieure étonnante et dynamique, rien ne peut être incarné, rien ne peut être révélé ici sur terre.

Ô mon vital, lorsque tu tombes profondément endormi, la frustration immortelle de mon mental s’empare de mon existence extérieure ; la soumission désespérée de mon corps au prince de la morosité empoisonne mon existence intérieure.

L’imagination la plus puissante de l’homme ne réussit pas à te cerner, ni à cerner ta profondeur. La sagesse lointaine et la plus brillante de l’homme ne réussit pas à te déterminer, à déterminer ta grandeur.

Ton courage qui jaillit de la fontaine d’émotion infinie est invincible. Ne tue jamais ton émotion. Jamais ! Une émotion tuée sur le plan intérieur tarit un accomplissement sur le plan extérieur. Une émotion divinement nourrie sur le plan intérieur révèle Dieu, la Félicité éternelle, sur le plan extérieur.

Ô mon vital, tu ne connais pas de lendemain. Tu veux naître, grandir et te réaliser dans l’immédiateté d’aujourd’hui. Tu marches en avant avec les Bénédictions infinies du Suprême à travers la route de la floraison de l’Infinité, de la lumière de l’Éternité et de l’éclat de l’Immortalité.

Ta vie est verte, d’un vert qui aspire et grandit à jamais. Ton souffle est bleu, d’un bleu qui englobe et transforme à jamais.

Ô mon vital, en toi rayonne l’espoir de l’humanité. Avec toi, résonne le clairon de la Divinité.

Le vital incarne soit un dynamisme divin, soit une agressivité hostile. Lorsque l’aspirant fait venir en avant la lumière de son âme, l’agression hostile se transforme en dynamisme divin et le dynamisme divin devient la réalité suprême qui accomplit toute chose.

Leurs opinions diffèrenT

Le mental dit :
L’amour est le sexe.
Le vital dit :
Le sexe est l’amour.
Le cœur dit :L’amour est l’amour.
Le corps dit :L’amour n’existe pas.
L’âme dit :Il n’y a rien d’autre que l’amour.

Question: Question : Comment pouvons-nous savoir si notre amour est vital ou pur ?

Sri Chinmoy: Vous pouvez facilement savoir si votre amour est vital ou pur. Lorsqu’il est vital, il y a une demande consciente, ou tout du moins une attente inconsciente de l’amour que vous offrez aux autres. Lorsque votre amour est pur ou spirituel, il n’y a aucune demande, aucune expectative. Il n’y a que le sentiment le plus doux d’unité spontanée avec l’être humain ou les êtres concernés.

Question: Est-il possible d’éviter de donner un amour vital im-pur et d’offrir plutôt l’amour pur du cœur ? Comment donner consciemment un amour pur ?

Sri Chinmoy: Il est non seulement possible, mais également indispensable d’éviter de donner un amour vital impur. Autrement, on se retrouve constamment confronté aux forces gigantesques de l’ignorance. Il faut utiliser l’amour, non pas pour attacher ou posséder le monde, mais pour libérer et élargir sa propre conscience et celle du monde. Mais on ne doit pas essayer de substituer l’amour pur du cœur à l’amour impur du vital. Ce qu’il faut, c’est amener l’amour du cœur qui purifie et transforme dans le vital impur. Le vital, en tant que tel, n’est pas du tout mauvais. Lorsqu’il est contrôlé, purifié et transformé, le vital devient un instrument de Dieu très important.

Vous voulez savoir comment donner consciemment un amour pur aux autres : vous pouvez consciemment offrir un amour pur aux autres en ressentant que vous offrez une partie de votre souffle de vie lorsque vous parlez aux autres ou lorsque vous pensez à eux. Et vous offrez ce souffle de vie précisément parce que vous ressentez que vous êtes totalement et inséparablement uni au reste du monde. Là où se trouve l’unité, tout est pur amour.

La transcendance du sexe

N’essayez pas de supprimer le sexe. Grâce à votre sagesse intérieure, votre expérience intérieure et votre lumière intérieure, le sexe peut être transcendé, et il doit l’être. Mais il ne peut être conquis par la lutte, les efforts et la suppression. La meilleure manière de transcender quelque chose, c’est en n’y prêtant aucune attention, et en considérant cette chose inutile. Si vous considérez que quelque chose est nécessaire, celle-ci viendra vous tenter et vous serez pris au piège.

Si vous voulez conquérir vos désirs, il n’y a qu’une seule chose à faire ; vous devez accorder davantage d’attention à la lumière, mais de manière positive, et non à tout prix. Si vous tentez de contenir vos instincts vitaux de la moindre manière répressive, vous ne parviendrez jamais à conquérir ces besoins physiques. Vous devez vous ouvrir à la lumière et tendre à la lumière ou encore ressentir la lumière en vous. En pensant constamment à vos désirs, à votre vital et à votre vie sexuelle, vous ne parviendrez jamais à les conquérir. C’est impossible. Même si vous voulez y penser dans l’objectif de les conquérir, vous faites une erreur. Au lieu de cela, pensez aux qualités dont vous avez besoin, comme la lumière et la joie, et que vous voulez vraiment obtenir. Vous pouvez trouver la joie et la lumière intérieures à travers la concentration et la méditation. Vous essayerez de les amener dans votre physique grossier, et votre être physique ressentira également de la joie et de la lumière divines. À ce moment, la vie de plaisirs destructeurs vous abandonnera et la vie de la joie qui comble vous embrassera.

Question: J’ai lu quelque part que lorsqu’on utilisait l’énergie sexuelle, on dépensait en même temps de l’énergie spirituelle. Est-ce exact ? Dans ce cas, que faire si on veut mener une vie spirituelle ?

Sri Chinmoy: Ce que vous avez lu est absolument vrai. La vie humaine animale et la vie divine et destinée à Dieu ne vont pas et ne peuvent aller ensemble. Pour atteindre la Vérité la plus élevée, l’aspirant a besoin d’une purification et d’une transformation complètes de son vital inférieur. Si l’on veut trouver une joie véritable, une joie durable, il faut transcender le besoin de sexe. Le chercheur qui veut être inondé de Paix, de Lumière et de Béatitude infinies, doit un jour ou l’autre transcender ce besoin physique, sinon la Paix, la Lumière et la Béatitude transcendantales resteront un rêve lointain pour lui.

Mais vous ne pouvez pas réaliser Dieu en un jour, c’est im-possible. Vous n’obtenez pas une maîtrise en un jour, ni en un an. Cela peut demander vingt ans d’études. Et la réalisation de Dieu est une matière bien plus difficile. Elle demande de nombreuses incarnations d’aspiration et de discipline spirituelle, et ceci est valable pour tous. Dans chaque vie, la possibilité de votre réalisation dépend à la fois de votre aspiration actuelle et de votre vie spirituelle précédente.

Si vous dites à un débutant qu’il devra renoncer instantanément à sa vie vitale inférieure, sa vie sexuelle, il dira : « Impossible, comment puis-je faire cela ? » S’il doit le faire en un clin d’œil, il n’entrera jamais dans la vie spirituelle. Mais il peut se diriger lentement et sûrement vers son But. S’il essaie de courir trop vite alors qu’il n’en a pas la capacité, il tombera tout simplement sur le terrain. Il perdra toute l’aspiration limitée qu’il possède.

Transformer sa vie sexuelle, c’est comme quitter une mauvaise habitude, mais pour beaucoup, c’est plus difficile et cela prend plus de temps. Prenons quelqu’un qui boit beaucoup ; s’il boit six ou sept fois par jour, il devrait commencer par comprendre que c’est quelque chose qui nuit à sa réalisation de Dieu. Et puis, il devrait s’efforcer de boire moins. De six fois par jour, il devrait passer à cinq fois, et puis, au bout d’un certain temps, à quatre fois, puis trois fois. Progressivement, il réduira son désir d’alcool.

Dans notre vie humaine ordinaire, nous avons beaucoup de faiblesses. Si nous essayons de les conquérir toutes à la fois, le corps résiste et se brise. Le corps se révolte et nous nous sentons déchiquetés. Nous devons avoir une véritable volonté intérieure, la volonté de l’âme, pour conquérir nos désirs lentement et sûrement. Nous devons diminuer nos besoins sexuels progressivement, par la force de notre aspiration. Un bras de fer se jouera entre l’aspiration et le désir physique grossier, et petit à petit, notre nature sera purifiée.

La force de notre sentiment d’urgence intérieure doit nous faire courir vers la Lumière. Nous verrons alors la grande différence entre le plaisir et la joie. Le plaisir est toujours suivi de frustration et la frustration est inévitablement suivie de la destruction. Mais la joie est suivie de davantage de joie et d’une joie abondante, et nous y trouvons un véritable accomplissement.

Une personne qui entre dans la vie spirituelle en disant : « Aujourd’hui, je vais conquérir toutes mes pulsions inférieures » se fait tout simplement des illusions. Demain, son mental physique la torturera de doutes. Son vital impur et cruel tentera de la punir de toutes les manières possibles. Elle sera frustrée et verra sa propre destruction dans sa frustration. Le domaine du vital inférieur doit complètement être transformé avant que la réalisation de Dieu ne puisse avoir lieu, mais je recommande à mes élèves de le faire progressivement et avec une détermination sincère.

Question: Comment peut-on élargir notre cœur et utiliser davantage de nos qualités divines dans nos actions quotidiennes et nos relations avec les autres ?

Sri Chinmoy: La vie spirituelle n’est pas une vie d’indifférence. Cependant, il faut avoir une certaine discrimination lorsqu’on a affaire au monde. Si vous donnez votre cœur à tout venant, quel qu’il soit, vous risquez de vous faire exploiter. Si un voleur veut acheter des outils pour voler et qu’une personne au cœur magnanime lui donne de l’argent sans se demander quel genre de personne il est ni pourquoi il a besoin d’argent, lequel des deux sera partiellement responsable des futurs délits du voleur ? L’homme qui lui a donné l’argent. Une personne spirituelle peut avoir un cœur vraiment immense, mais utiliser les qualités de son cœur avec sagesse est plus important que de pleurer pour avoir un cœur plus grand.

Dieu a déjà donné un grand nombre de qualités divines à notre cœur, mais nous ne les utilisons pas, ralentissant ainsi notre croissance spirituelle. Je dois dire que très peu de gens savent vraiment ce qu’est le cœur spirituel. Ce que nous prenons pour le cœur est en fait le vital émotionnel. À un moment, nous voulons tout donner à quelqu’un, mais le moment suivant, nous voulons tout garder pour nous-mêmes. À un moment, sans aucune raison, je suis prêt à tout vous donner, et le moment suivant, toujours sans aucune raison, je suis prêt à mettre fin à votre vie. Ce genre de sentiments ne provient pas du tout du cœur. C’est le jeu de notre vital exigeant et non éclairé.

Lorsque notre vital essaie de jouer le rôle du cœur, il essaie de dominer les autres ou de leur donner l’impression qu’ils ont terriblement besoin de nous parce que nous avons de la sagesse ou de la lumière, alors qu’ils n’en ont pas. Mais l’existence même du cœur est basée sur l’identification. L’identification est lumière. Le cœur spirituel ne peut s’identifier qu’à de la lumière et de la félicité, parce qu’il reçoit continuellement ces qualités de l’âme. Nous pouvons nous identifier à la tristesse de quelqu’un, mais ce à quoi nous nous identifions est en fait la lumière qui se trouve dans cette tristesse. Il y a de la lumière à l’intérieur de la souffrance, de la douleur, de l’obscurité même. Ultimement, le cœur s’identifie à la lumière intrinsèque. Si nous pleurons chaque jour pour notre propre lumière intérieure, nous verrons notre cœur grandir. Mais si nous voulons élargir le cœur sans lumière, nous ne ferons qu’agrandir notre ignorance. Ce n’est qu’en implorant le Plus-Haut que notre cœur s’élargit vraiment.

Nous devons comprendre qu’il faut mettre de côté le vital qui nous trompe et nous exploite. Il arrive très souvent que des forces issues du vital impur, en dessous du nombril, entrent dans notre cœur et nous fassent souffrir. Une purification du vital est absolument nécessaire si le vital veut agir divinement, en accord avec le cœur. Sinon, le cœur devra jouer son rôle tout seul. Alors soyez prudents lorsque vous traitez avec l’humanité, de ne pas offrir la fausse lumière de votre vital exigeant et possessif. Nous offrons très souvent des soucis, des anxiétés et des impuretés au nom de notre sollicitude.

Il n’est pas difficile du tout de faire venir en avant les bonnes qualités du cœur telles que la sympathie et la sollicitude. Nous pouvons faire venir en avant ces bonnes qualités grâce à notre aspiration. Nous aspirons pour Dieu, qui, sans nul doute, a davantage de Sollicitude, d’Affection et d’autres qualités de cœur nous. Notre aspiration sincère peut faire descendre ces qualités de Dieu sur nous.

Question: Chaque fois que je vois une belle femme, des pensées sexuelles envahissent mon esprit. Je m’efforce de les détruire, mais elles persistent.

Sri Chinmoy: Il existe deux méthodes pour résoudre ce problème. Dès que vous voyez une belle femme, essayez simple-ment de projeter tout son corps dans le ciel, par l’effet de votre volonté. Regardez-la, concentrez-vous, et faites-la monter afin qu’elle vole comme un cerf-volant. L’autre manière, la plus facile, consiste, lorsque vous voyez une femme, à ne regarder que ses pieds. Les sadhus indiens disent de ne regarder ni les yeux, ni le visage, mais seulement les pieds. Si vous voulez être immédiatement libéré de la tentation, regardez les pieds. Puis essayez de plonger en vous-même, avec toute votre conscience. Cela ne prend qu’une seconde. Soit vous projetez cette femme vers le ciel, soit vous regardez ses pieds. Cela doit avoir pour effet le contrôle des pensées du vital inférieur. Bien des hommes ont fait cela avec succès. Il y avait un grand Avatar indien qui s’appelait Sri Chaitanya. Il disait à ses disciples : « Même s’il s’agit de votre propre mère, ne regardez pas ses yeux ; ne regardez que ses pieds. »

Mais de telles méthodes ne sont destinées qu’à des débutants. Un jour viendra où il vous faudra regarder les femmes les yeux grands ouverts et, grâce à vos expériences intérieures, grâce à votre propre réalisation intérieure, dépasser le sentiment du masculin et du féminin. Il n’y a qu’une seule Conscience universelle ; elle n’est ni masculine ni féminine. Il n’y a qu’une seule conscience, qui se déploie sous deux formes différentes. Seul notre développement intérieur personnel peut nous permettre de ressentir cela. Il s’agit d’un état très avancé. Peut-être ne ressentons-nous même pas d’unité avec nos propres membres pour l’instant. Si je suis capable de lancer le poids plus loin de la main droite, j’accorderai plus d’importance à ma main droite et ignorerai ma main gauche. J’ai vu bien des athlètes qui maudissaient leur main gauche car, bien qu’elle ne soit pas aussi puissante que la droite, ils en avaient quand même besoin. Si nous ne sommes pas capables de ressentir une unité ne serait-ce qu’avec nos deux mains, comment nous sentirions-nous unis à autrui ? Par notre aspiration et notre développement spirituel intérieur, la création tout entière devient nôtre. À ce moment, toute difficulté disparaît.

Question: Quel est le sens de l’union entre l’homme et la femme?

Sri Chinmoy: Lorsqu’un homme et une femme s’unissent, chacun trouve un sens – important ou non – à cet acte. Mais dans la vie spirituelle la plus élevée et la plus profonde, lorsque l’uni-té avec l’humanité se réalise, cette union humaine ordinaire n’a plus aucun sens. On peut avoir des relations physiques avec quelqu’un des centaines de fois sans qu’ait lieu l’union véritable, l’union intérieure. Seule l’union de notre âme avec autrui peut nous combler. Et cette union véritable ne peut se produire que lorsqu’on parvient à se libérer des entraves de l’ignorance et que l’on comprend que la terre entière, l’humanité entière, nous appartient. L’union physique n’est rien en comparaison avec l’union que l’on peut connaître dans l’unité spirituelle, celle qui englobe toute chose.

Je vous dis cela du strict point de vue spirituel. Il faut avoir atteint un certain niveau avant de pouvoir rejeter les relations humaines ordinaires. En Inde, il arrive souvent que des disciples viennent trouver leur Maître pour lui dire qu’il n’y a pas de joie dans l’union humaine. Ces élèves entrent alors dans une profonde vie spirituelle et trouvent dans l’union intérieure avec leur Bien-Aimé Suprême la plus haute forme de joie et la félicité la plus pure. La félicité et le plaisir sont deux choses bien différentes. Celui qui a soif de vie spirituelle intérieure recevra la félicité. Celui qui ne recherche que la vie humaine ordinaire trouvera le plaisir. Or le plaisir est fatalement suivi de frustration car le plaisir n’offre pas de plénitude permanente. En revanche, la félicité est une plénitude en soi. Cette félicité ne s’obtient que par l’union spirituelle avec le Divin, avec notre être intérieur. Il faut savoir ce que l’on veut. Si l’on recherche le plaisir, l’union entre l’homme et la femme suffit pendant un certain temps. Mais si l’on recherche la félicité, qui est le nectar de l’Immortalité, la Béatitude immortelle, il faut s’engager dans la voie de la spiritualité et établir l’union céleste entre l’homme et Dieu.

Question: Pouvez-vous nous parler du mariage par rapport à la vie spirituelle ?

Sri Chinmoy: Chaque âme étant une portion divine de Dieu, le mariage peut être quelque chose de très spirituel. Lorsque le mari et la femme ont le même Guru et qu’ils ont une très grande foi en lui, ils peuvent faire ensemble des progrès très rapides. Comme ils ont la foi en leur Guru, celui-ci fait descendre la Force Suprême pour les aider, les guider et les former, et tous deux s’entraident mutuellement. Mais, dans de nombreux cas, on constate que le mari est spirituel et la femme ne l’est pas, ou l’inverse. En ce cas, ils sont pris dans un conflit. L’un ne peut accomplir de progrès intérieurs satisfaisants, et l’autre ne peut progresser extérieurement.

Dans certains cas, le mariage n’est pas nécessaire. Ceux qui sont passés par la vie de famille et qui l’ont trouvée misérable et frustrante ne devraient pas refaire la même erreur. Mais ceux qui sont jeunes et inexpérimentés, ceux qui veulent trouver un pont entre le monde intérieur et le monde extérieur ne feront pas d’erreur en entrant dans la vie maritale avec le partenaire spirituel qui leur convient. Si la nécessité intérieure se fait ressentir, ils pourront renoncer à ce lien à tout moment. Le mariage ou le célibat dépendent entièrement de la volonté de Dieu. Aucun célibataire ne devrait se sentir supérieur aux personnes mariées. Dieu peut les conduire à Lui vite, très vite, à travers une vie maritale aussi bien qu’à travers une vie de célibat.

Question: Qu’est-ce qu’une exigence vitale ?

Sri Chinmoy: D’habitude, une exigence vitale est un désir qui vient d’un plan de conscience très inférieur. Ce plan n’est pas éclairé, il est impur, effrayant et menaçant. Il nous tente de vivre une vie absolument pas divine et corrompue. Ceux qui vivent ce genre de vie doivent ressentir que leur heure pour la vie spirituelle n’a pas encore sonné. De plus, une exigence vitale est toujours destructrice. D’une part, elle n’incarne aucune lumière, et d’autre part, elle ne s’intéresse pas à la lumière.

Question: Y a-t-il une différence entre l’émotion et le vital ?

Sri Chinmoy: Ce sont deux choses différentes. On peut dire que
le vital est une maison et que l’émotion en est le locataire. Certes,
l’émotion prédominante est l’émotion vitale ; mais l’émotion
peut aussi se trouver dans le corps, dans le mental et dans le cœur.
L’émotion du corps a généralement pour effet de dégrader notre conscience. L’émotion du cœur impur ne fait que nous enchaîner, tandis que celle du cœur pur nous illumine et nous libère. Il existe une certaine émotion dans le mental, mais comme il est sec de nature, il n’est pas sujet au genre d’émotion exubérante ou incontrôlée, enfantine ou infantile qui caractérise le vital. Quand on dit de quelqu’un qu’il est émotionnel, on fait allusion à son émotion vitale indisciplinée et non éclairée. Ce genre d’émotion
a habituellement pour origine les deux centres qui se trouvent en
dessous du centre du nombril.

Si aucun effort n’est accompli pour transformer votre vie vitale émotionnelle en une vie spirituelle extrêmement pure,toutes vos activités spirituelles seront une sorte d’auto-illusion, et vous ne pouvez trouver la réalisation de Dieu dans l’auto-illusion. Nombreux sont les soi-disant aspirants spirituels qui s’imaginent pouvoir tromper leur Maître spirituel. Ils font semblant d’être les vierges les plus pures ou de parfaits célibataires. Or Dieu a doté les Maîtres spirituels authentiques d’un troisième œil
entièrement ouvert qui leur permet d’être toujours parfaitement
conscients des travers et des imperfections des aspirants.

Si vous pouvez transformer vos émotions vitales en joie divine, cette émotion divine n’a rien de mauvais. Lorsque vous cherchez à tirer de vos émotions une jouissance ou un plaisir, vous ne faites que gâcher votre vie intérieure. Mais si vous utilisez votre émotion à des fins de détermination intérieure, de libération de soi, elle sera votre plus grande force. Voilà l’usage que vous devez en faire ; qu’elle soit votre assistante intérieure.

Question: Question : Comment puis-je exprimer et manifester l’amour dans

le monde physique ?

Sri Chinmoy: Si vous souhaitez exprimer et manifester l’amour divin dans le monde physique, vous devez utiliser votre volonté spirituelle. Ce n’est pas une volonté agressive ; elle est pleine de soumission. Et c’est votre unité consciente avec la Volonté
du Suprême qui vous permettra de faire venir votre volonté spirituelle en avant. Une fois que le Suprême aura approuvé cette unité, vous aurez automatiquement et spontanément un moyen d’utiliser votre volonté divine afin d’exprimer votre amour pour l’humanité. Lorsque vous posséderez vraiment cette volonté divine, votre amour pur rayonnera jusque dans vos mouvements inconscients. Votre entourage ressentira sans aucun doute l’amour divin et recevra les plus grands bienfaits de votre présence divine.

Vous pouvez aussi exprimer et manifester l’amour dans le monde physique par votre méditation pure. Lorsque vous êtes dans votre méditation la plus profonde, essayez de ressentir votre amour le plus pur. Pensez alors à la personne que vous aimez. En vous concentrant sur elle, vous pouvez verser en elle votre amour divin pur. Vous pouvez exprimer l’amour dans le monde physique en regardant une personne avec les yeux de votre âme.

Une fois de plus

Viens et apparais une fois de plus devant moi.
Autour de moi, tout n’est qu’obscurité dans un flot de larmes.
Viens et apparais une fois de plus devant moi.
Ce cœur qui est mien est à présent une couronne d’abandon.
Viens et apparais une fois de plus devant moi.
Ce souffle vital obscur, agité, sauvage et indomptable quiest mien
Restera muet.
Viens et apparais une fois de plus devant moi.
Donne-moi le droit de T’adorer, de n’adorer que Toi.

Tu dois apprendre

Un seul corps,
Tu dois l’éduquer.

Un seul vital,
Tu dois le guider.

Un seul mental,
Tu dois le parfaire.

Un seul cœur,
Tu dois l’utiliser.

Une seule âme,
Tu dois la chérir.

Un seul But,
Tu dois le devenir.

III — Le mental

Le mental physique et le mental spirituel

Il y a deux sortes de mental : le mental humain ou physique
et le mental spirituel. Le mental physique est imbriqué dans la
conscience physique grossière et ne voit pas, ou ne peut pas voir
la vérité réelle dans son propre monde. Le mental spirituel, qui
est le mental illuminé ou illuminant, a la capacité de vivre dans le
cœur aspirant, aussi peut-il voir la vérité la plus élevée, la vérité
de l’Au-delà qui se transcende à jamais, et aspirer à devenir cette
vérité.

Le mental humain n’aime pas rester dans la conscience humaine mais par ailleurs, ce mental a peur de l’Immensité infinie. Lorsque l’immensité veut apparaître devant le mental physique, celui-ci est pétrifié de peur. De plus, il voit sa propre insuffisance, sa propre capacité limitée et se dit : « Comment est-ce possible ? Je suis tellement faible et impuissant ; je suis tellement insignifiant. Comment l’immensité peut-elle m’accepter comme sien ? »

Il commence par avoir peur de l’immensité, puis il doute.
Il doute de l’existence même de l’immensité. Puis, par la Grâce infinie de Dieu, la peur quitte le mental et le doute quitte le mental. Hélas, c’est au tour de la jalousie d’entrer en jeu. Le mental regarde autour de lui et voit ce qui est accompli dans l’immensité, alors que rien n’est accompli dans sa propre existence privée de joie. Alors la jalousie commence à agir. La peur, le doute et
la jalousie, ces trois forces non divines attaquent le mental et
le rendent inutile, désemparé et désespéré dans nos efforts pour
nous élever. Lorsque le mental est attaqué par la peur, le doute et
la jalousie, un intrus entre consciemment et délibérément en lui
pour le nourrir : l’ego. L’ego marque le commencement de notre
fin spirituelle.

Le mental humain a besoin de beauté esthétique, d’assurance
et d’équilibre. Le mental humain cherche la Vérité, la Lumière et la Réalité. Malheureusement, il veut voir la Vérité la plus élevée à sa propre manière limitée. Il ne veut pas se dépasser pour atteindre la Vérité ultime. De plus, le mental physique veut examiner la Vérité la plus élevée, ce qui est absurde.

L’importance capitale du mental humain a toujours été indéniable. Le mental humain nous a séparés du royaume animal dans le processus de l’évolution cosmique. Sans l’éveil du mental humain, la vie humaine consciente n’aurait pu s’épanouir depuis le royaume animal. Mais l’animal en nous a joué son rôle. L’humain en nous, l’humain qui n’aspire pas, va bientôt terminer le sien. Le divin en nous a commencé, ou bien va bientôt commencer à jouer son rôle.

Le mental spirituel obtient l’illumination de l’âme avec
l’aide du cœur. Et dans le processus de sa propre illumination
intérieure, il veut aller loin, loin au-delà du domaine de la raison
pour voir, ressentir et devenir la Vérité transcendantale.

Mon mental

Ô mon mental, nulle chaîne terrestre ne peut t’entraver. Tu
es toujours en vol. Nulle pensée humaine ne peut te contrôler. Tu
es à jamais en mouvement.

Ô mon mental, il t’est difficile de croire en l’accomplissement
constant de mon âme. Et il est difficile pour moi de croire
que tu es condamné à être l’éternelle victime du doute venimeux.
Hélas, tu as oublié. Tu as oublié le secret doré : rester dans la
Chambre-Silence, c’est ouvrir la Porte-Accomplissement.

Ô mon mental, tes responsabilités sont vastes. Tu dois satisfaire
tes supérieurs, qui sont le coeur et l’âme. Tu ne pourras
conquérir le coeur qu’avec ton admiration la plus chaleureuse. Tu
ne pourras conquérir l’âme qu’avec ta foi la plus profonde. Tu
dois aussi satisfaire tes subordonnés : le corps et le vital. Seule
ta sollicitude la plus pure pourra faire sourire le corps. Seuls tes
encouragements sincères pourront aider le vital à courir infailliblement
vers le bien et non vers le plaisir.

Ô mon mental, débarrasse-toi de ta raison aride que tu chéris
depuis longtemps. Accueille la foi à jamais vierge. Possède le
sabre nu de la conscience. Tu es destiné à grimper bien au-delà
des tempêtes. Ne reste plus dans les ombres obscures et illusoires
de la mort. Revêts le manteau doré de la simplicité, de la
sincérité et de la pureté. Ne permets pas aux orages de l’incrédulité
d’éteindre ta flamme intérieure qui s’élève. La flèche de
la concentration t’appartient. Le terrain de l’intuition fulgurante
t’appartient. La paix sans horizon t’appartient.

Voici le Suprême ! Il te couronne, ô mon mental, des lauriers
de Sa Bonté infinie.

Question: Lorsque j’essaye de réfléchir à un problème pour définir un plan d’action, je suis incapable de me décider. Comment expliquer cela ?

Sri Chinmoy: Dès qu’ils utilisent le mental, les gens souffrent de confusion. Ils pensent sans cesse et au moment où ils pensent atteindre la vérité, ils s’aperçoivent qu’ils n’ont fait que franchir une nouvelle étape dans la confusion. La difficulté, c’est que lorsque nous pensons à quelqu’un ou à quelque chose, nous formons une conception positive que nous pensons être absolument vraie. Mais l’instant d’après, le doute survient et change notre pensée. À un moment, vous pensez que je suis un homme gentil,
l’instant d’après, vous pensez que je suis méchant. Et puis plus
tard, vous penserez encore quelque chose d’autre, jusqu’au jour
où vous comprenez que vos questions sont sans fin et qu’aucune
solution satisfaisante ne peut leur être apportée.

Chaque fois que nous pensons, nous sommes perdus. La réflexion
se fait dans le mental, mais celui-ci n’est pas encore libéré. Seule l’âme est libérée. Le problème, c’est que nous voulons nous libérer par la réflexion. Mais le mental est lui-même détenu dans la prison de l’obscurité, de la confusion et des contraintes. Dans ces
conditions, comment en attendre la libération ?

Celui qui planifie n’est souvent récompensé que par une amère frustration, et cela parce qu’il n’envisage pas la vérité dès
le début. Il planifie dans l’espoir d’atteindre un résultat donné.
Mais entre la gestation du projet et son exécution, tant de pensées et d’idées diverses viennent s’immiscer qu’elles ne font qu’ajouter à la confusion. Le projet s’étire alors sans fin et ne débouche jamais sur l’action. D’une manière générale, un fossé béant existe
toujours entre un projet au stade mental et sa concrétisation.

Mais si l’on possède la volonté intérieure, la volonté de l’âme — telle qu’elle nous vient durant la méditation —, l’action, aussitôt conçue, s’accomplit. Il ne persiste alors plus le moindre hiatus entre notre volonté intérieure et l’action extérieure. Lorsque nous
pénétrons dans la chambre complètement sombre, obscure et
sans la moindre lumière de l’activité extérieure avec les plans de
notre mental, c’est comme si nous portons une bougie. Mais si
nous entrons dans cette pièce avec la lumière de notre âme, elle
se trouvera inondée de lumière spirituelle.

Pour l’instant, c’est le mental qui préside à nos choix.
C’est lui qui nous persuade qu’un plan préalable est nécessaire à l’aboutissement de toute intention. Mais Dieu procède autrement. Il englobe le passé, le présent et le futur d’un seul coup d’œil. Par conséquent, celui qui s’unit à Lui, et qui, grâce à son aspiration constante, s’identifie à la Conscience Divine, accomplit tout spontanément. Au lieu d’employer son mental, il agit en permanence avec sa conscience intérieure, avec ses facultés intuitives. Il fait alors aisément fi de tout plan. À chaque instant,
un projet de manifestation complète se concrétise sous ses yeux.

Nous gardons toujours en nous le fragile espoir de voir nos
aspirations porter leurs fruits dans un proche avenir. Mais pour
celui qui s’unit à la Conscience Divine, il ne s’agit plus d’un
espoir, mais d’une inévitabilité, d’une réalisation immédiate et
inéluctable. Pour lui, vision et accomplissement ne font qu’un,
au contraire de l’être humain ordinaire, pour qui ce sont deux
entités séparées.

Question: Puisque vous évoquez la vision et l’accomplissement,

pouvez-vous me dire comment l’on peut savoir si la vision que
l’on a est authentique ?

Sri Chinmoy: Faites-vous allusion à votre cas personnel où parlez-
vous en général ? S’il s’agit de vous-même, je puis aisément vous répondre.

Je sais qu’il y a des moments dans votre méditation où vous plongez très profondément en vous, et où votre voix intérieure vous dit que vous avez déjà accompli un certain nombre de choses. Votre mental ne vous impose alors plus son opinion sur
ce que vous dit cette voix, en disant : « Si tu fais ceci, ce sera
peut-être une erreur ; ne fais pas cela, sinon il t’arrivera quelque
chose ; si tu fais ci, si tu ne fais pas ça…» et ainsi de suite. Le mental n’intervient tout simplement pas. Dans ce cas, soyez assuré que ce type de vision — obtenue au plus profond de la méditation — est authentique et vous offrira spontanément son propre accomplissement.

Nous construisons notre journée tous les matins et nous prenons des décisions en pensant que les choses doivent se passer d’une certaine façon. « J’agirai comme ci avec celui-ci, comme ça avec celui-là, je dirai ceci, j’offrirai cela. » Tout n’est que « je,
je, je ». Mais si au lieu de tout programmer de la sorte, nous pouvions maintenir le calme et le silence absolu dans notre mental, nous connaîtrions mieux la Volonté de Dieu. Ce silence dont nous venons d’évoquer la nécessité n’est pas un silence de mort,
mais le silence dynamique et progressif de la réceptivité.

C’est grâce à un silence complet, combiné à une réceptivité croissante du mental que nous pouvons percevoir la Volonté Divine. Elle ne peut être connue par un mental humain en pleine action, elle ne peut l’être que par un mental en veilleuse. S’il se
transforme en un réceptacle parfait de la Divinité, celle-ci sera
à même de verser en lui Sa Paix, Sa Lumière et Sa Béatitude infinies.

Nous ne cessons de construire et de détruire l’édifice de notre
mental. Mais si, au lieu de faire cela, nous pouvons vider notre
mental, le rendre calme et silencieux, Dieu peut alors construire
Son Temple ou Son Palais en nous à Sa propre Manière. Et une
fois qu’Il aura construit Sa Demeure en nous, Il dira : « Je l’ai
construite pour que toi et moi, nous y habitions ensemble. Je ne l’ai pas construite pour moi tout seul. Cette Demeure t’appartient aussi, alors viens, entre. »

En résumé, le meilleur moyen d’approcher la Volonté
Suprême est d’être l’instrument et non l’instrumentiste. Si l’on
devient l’instrument grâce auquel Dieu mène à bien Ses projets,
Sa Volonté peut agir en nous et à travers nous. Dieu est tout à la
fois l’acteur et l’action. Il est tout. En vérité, nous ne sommes que
des observateurs.

Question: Selon certains, il faudrait toujours écouter la voix de

la raison. Qu’en pensez-vous ?

Sri Chinmoy: Il y a beaucoup de choses qui peuvent nous aider
au début, et qui, plus tard, deviennent des obstacles. Le désir
nous aide lorsqu’il nous extirpe du monde de la léthargie, mais
il devient un obstacle lorsque nous voulons entrer dans le monde
de la spiritualité. Pour ceux qui n’ont pas du tout d’intelligence
ou une intelligence à peine supérieure à celle des animaux et qui
sont incapables de saisir la moindre vérité, il est nécessaire de
développer un mental de raison. Mais une fois que nous avons
acquis une certaine capacité mentale, nous devons commencer
à transcender notre servitude au mental en faisant descendre la
Grâce, la Paix et la Lumière d’en haut pour illuminer le mental.
Nous devons aller plus loin, plus profondément et plus haut que
le monde de la raison, loin au-delà du mental qui raisonne ou
de l’intellect. Le mental qui raisonne doit être transformé en un
instrument dévoué au Suprême.

Le mental qui raisonne est vraiment un obstacle pour l’aspirant. L’utilisation du mental devient une limitation dans la mesure où le mental ne peut pas saisir l’Infini. En vivant dans le mental, nous voudrons toujours cerner la Vérité. Nous ne serons
jamais capables de voir la Vérité dans sa forme réelle. Ce n’est qu’en vivant dans l’âme que nous serons capables d’embrasser la Vérité comme un tout. La Vérité est au-delà de la raison. La Vérité, la Réalité et l’Infini sont au-delà des frontières du mental
qui raisonne. La raison n’a qu’une Lumière très limitée, tandis
que ce que nous recherchons et ce dont nous avons besoin a une
Lumière infinie. Lorsque la Lumière infinie point, la raison vole
en éclats.

Question: Est-il souhaitable de faire ressortir des éléments du

subconscient dans la conscience mentale ?

Sri Chinmoy: Il y a tant de choses dans le mental qui n’ont pas besoin de remonter à la surface. Le subconscient n’est qu’obscurité, impureté et négativité. Tous ces éléments doivent être purifiés, transformés et perfectionnés de l’intérieur et non pas amenés au niveau physique ou dans le mental conscient. Il est préférable de ne pas du tout déranger le subconscient.

Question: Mais la psychologie traditionnelle ne prétend-elle pas

que le subconscient doit d’abord être amené à la surface pour
être ensuite illuminé ?

Sri Chinmoy: C’est là l’erreur. Il suffit que vous fassiez descendre
la Lumière d’en haut ou que vous fassiez remonter à la surface celle de l’âme pour que le subconscient soit immédiatement illuminé. Il se présentera de lui-même au niveau conscient. Mais si vous tentez de le faire remonter à la surface sans l’avoir auparavant illuminé, il ne fera que créer des problèmes supplémentaires.

Question: Y a-t-il une méthode spirituelle d’analyse personnelle ?

Sri Chinmoy: Sri Chinmoy : Non, il n’y en a pas. Du point de vue le plus élevé, l’auto-analyse psychologique n’est pas bonne chose. Dans ce genre d’analyse, on se sert du mental physique pour tenter d’examiner le passé obscur et le subconscient. Dans l’analyse
personnelle, nous disons « j’ai bien fait » ou bien « j’ai mal fait ».
Il nous faut toujours, soit un aspect positif, soit un aspect négatif.
Mais nous devons aller au-delà du positif et du négatif. Dans
les Upanishads, il est dit que nous devons accepter l’ignorance
et la connaissance pour les dépasser toutes deux et arriver là où tout est sagesse divine. Lorsque nous suivons une analyse personnelle, nous nous trouvons à un moment dans la connaissance, et le moment suivant, dans l’ignorance. Nous nous identifions
constamment, d’une part à la connaissance ou à l’ignorance et
d’autre part, à notre mental qui doute. Mais si nous sommes bien
avancés sur le chemin spirituel, lorsque nous entrons dans la méditation spirituelle profonde, nous sommes au-delà de l’ignorance et de la connaissance. Nous n’implorons que la Paix infinie, la Lumière infinie et la Béatitude infinie.

Lorsque l’aspirant ne cesse de s’examiner avec son mental,
il voit celui-ci constamment influencé par les forces négatives qui l’attirent comme un aimant alors qu’il s’efforce de se débarrasser, avec ce mental, de ce qu’il pense être mauvais. La difficulté, c’est que dans l’analyse personnelle, la lumière de l’âme n’est pas utilisée pour renforcer la puissance de la volonté. Une
personne qui a envie de faire quelque chose de bien n’est pas
forcément capable de le faire. Les faibles penchants et les forces
négatives ont une force immense qui se déclare sous la forme de
tentation. Dès que nous y cédons, nous sommes complètement
perdus.

Celui qui veut atteindre le domaine de la Paix la plus élevée et de la Lumière infinie, là où il n’y a plus aucune tentation, celui-là doit dépasser l’analyse mentale. Il doit aspirer. Cela dit, tant qu’il n’a pas accepté la vie spirituelle, il vaut mieux qu’il fasse une analyse personnelle plutôt que de vivre comme un animal sauvage. Pour lui, dans une certaine mesure, c’est une bonne chose. Sans une analyse personnelle, il ne verra absolument aucune différence entre la lumière et l’obscurité. Mais si vous voulez trouver la manière la plus rapide et la plus convaincante pour transformer votre nature en une nature divine, vous devez aspirer. L’aspiration est la seule solution ultime à tous les problèmes de faiblesses humaines.

Question: Quelle est la meilleure manière d’éviter d’être assailli

par de mauvaises pensées ?

Sri Chinmoy: Les pensées que nous devons contrôler sont les
pensées qui ne sont pas productives, les pensées qui font du mal et qui sont destructives, les pensées stupides, les pensées négatives. Toutes ces pensées peuvent venir de l’extérieur, ou bien se trouver déjà en nous et simplement venir à la surface. Les pensées qui viennent de l’extérieur sont plus faciles à contrôler que les pensées qui sont déjà en nous. Devant une pensée qui vient de l’extérieur, nous devons ressentir la protection d’un bouclier tout vautour de nous ou bien juste devant nous, surtout devant le front. En voyant notre front comme quelque chose de vulnérable, délicat, exposé, nous serons toujours victimes de mauvaises pensées. Mais dès l’instant où nous pouvons considérer consciemment ce front comme un bouclier, un mur solide, les mauvaises pensées ne peuvent plus pénétrer en nous. Nous devons nous sentir consciemment protégés par un mur solide ou par une forteresse gardée par de nombreux soldats. Nous devons toujours être vigilants et lorsqu’une attaque ou des forces hostiles surviennent, nous devons être conscients d’avoir en nous des soldats plus forts qu’elles. Ces soldats sont notre pureté, notre sincérité, notre aspiration et notre enthousiasme pour Dieu. Ces soldats divins en nous sont sur leur garde dès qu’une mauvaise pensée survient et ils nous servent de gardes du corps.

Quant aux pensées qui sont déjà en nous et nous créent des
problèmes, elles sont plus difficiles à évacuer, mais il est possible
de le faire en élargissant sa conscience. Nous avons un corps
dans lequel des forces négatives ont pris la forme de pensées ;
ce qu’il faut faire, c’est élargir notre conscience physique par un
effort conscient et par notre aspiration, comme si on étirait un
élastique, jusqu’à ce que nous ressentions notre corps tout entier
étiré jusqu’à l’infini et semblable à un drap blanc de conscience
se déployant jusqu’à l’infini. Si nous y arrivons, nous verrons
notre conscience devenir toute pureté.

Chaque pensée pure, chaque goutte pure de conscience agit
comme un poison sur l’impureté ou les mauvaises pensées en
nous. Nous avons peur des pensées impures, mais celles-ci ont
encore plus peur de notre pureté. Ce qui arrive souvent, c’est que nous nous identifions à nos pensées impures au lieu de nous identifier à nos pensées pures. Mais dès que notre existence physique peut s’identifier à la pureté, et que nous pouvons dire : « cette pensée me représente », l’impureté meurt aussitôt. Les mauvaises pensées ne sont en nous que parce que nous nous identifions à elles. Si nous nous identifions à quelque chose d’autre, elles ne pourront faire autrement que nous quitter immédiatement.

Une seule pensée

Une seule pensée traverse mon esprit,
Une seule pensée :
Qui m’a donné une capacité aussi impure de volubilité
Et de bavardage insensé ?
Ô Mère, je le sais, mon seul compagnon était le silence.
Qui m’a dérobé ce silence, Mère,
Et qui m’a dérobé la gaieté de mon cœur ?

Question: Hier, pendant que je méditais, j’ai reçu un message

du silence qui me disait : « Aimons-nous les uns les autres ».
Lorsqu’on reçoit ce genre de message dans notre méditation,
faut-il méditer dessus et l’assimiler ?

Sri Chinmoy: Lorsqu’on reçoit un message au niveau du mental pendant notre méditation, il faut se demander si c’est dans le mental inférieur, le mental physique — le mental agité, agressif destructeur et sceptique —, ou bien dans le mental calme, vide, silencieux. Lorsque nous recevons un message dans le mental silencieux, nous pouvons l’accepter et ressentir qu’il est une pierre angulaire sur laquelle nous pouvons construire le Palais de la
Vérité, de l’Amour, de la Divinité et de la Réalité. Ce message
naît en fait dans l’âme ou dans le cœur avant d’entrer dans le
mental. Nous pouvons entendre ce message lorsque le mental est
complètement tranquille, calme et en paix.

Supposons que vous méditiez, et puis au bout de quelques
minutes, une pensée ou une idée vous vient à l’esprit, par exemple
de faire un sacrifice pour un ami ou une bonne cause. Cette idée
n’est pas simplement une idée ; c’est un idéal. Lorsque vous acceptez une idée comme votre bien propre, elle ne reste pas une
simple idée, elle devient un idéal.

Chaque fois qu’une pensée divine entre dans votre esprit, essayez de la développer. Lorsqu’une pensée non divine vous vient à l’esprit, rejetez-la, ou bien, si vous avez suffisamment de force intérieure, transformez-la. Je vous donne un exemple : quelqu’un frappe à votre porte. Si vous vous sentez assez fort pour obliger le visiteur à bien se conduire chez vous, vous pouvez ouvrir la porte et le faire entrer. Mais si vous n’avez pas la force de l’obliger à
bien se conduire, il est plus sage de garder votre porte fermée.
Laissez-la fermée pendant un jour, un mois, ou un an. Lorsque
vous aurez plus de force, acceptez le défi et ouvrez la porte. Parce
que tant que ces forces mauvaises ne sont pas conquises, elles continueront à revenir et à vous ennuyer. Commencez par rejeter, puis acceptez et transformez ; finalement, vous transcenderez complètement.

Nous devons être un potier divin devant l’argile sale de nos
pensées. Si le potier a peur de toucher l’argile, s’il refuse de la
toucher, l’argile restera argile, et le potier ne pourra rien offrir au
monde. Mais le potier n’a pas peur. Il touche l’argile et la forme
comme il veut en quelque chose de beau et d’utile. Notre devoir
est de transformer les pensées non divines, mais quand ? Lorsque
nous sommes en mesure de le faire en toute sécurité. Si je ne suis
pas un potier, que ferais-je d’une masse d’argile ? Si je la touche,
je ne ferai que me salir.

Dans la vie spirituelle, un débutant ne devrait laisser aucune
pensée entrer dans son mental. Il aimerait laisser entrer ses amis,
mais il ne sait pas qui sont ses amis. Et même s’il sait qui ils sont,
s’il leur ouvre la porte, il pourra se trouver nez à nez avec des
ennemis qui se sont interposés juste devant ses amis, et qui seront
déjà au milieu de son appartement avant même que ses amis aient
pu franchir la porte. Une fois que les ennemis sont entrés, il est très difficile de les chasser. Pour cela, nous avons besoin de la
force d’une discipline spirituelle solide.

Un jour viendra, dans votre cas, où vous pourrez construire
à partir de vos pensées divines. Construire votre vie d’amour à
partir de cette idée qui vous est venue à l’esprit. L’amour est
absolument nécessaire dans la vie spirituelle. C’est l’amour qui
nous permet de voir tous les êtres humains comme Dieu. Si nous aimons vraiment Dieu, nous aimons également toute l’humanité. Nous ne pouvons séparer l’Amour divin de l’homme ni de Dieu. L’homme et Dieu sont comme un arbre. Si vous allez vers l’homme, le pied de l’arbre, avec votre Amour divin, à partir de
là, il vous sera très facile de vous élever vers Dieu, le sommet de
l’arbre.

58

Gardez votre mental concentré sur Dieu. Vos pensées futiles seront transformées en idées fertiles, vos idées fertiles en brillants idéaux et vos brillants idéaux en l’Infinitude qui satisfait toute chose.

Chaque Pensée

Chaque pensée
Dans le monde vital :
Un petit enfant vif.

Chaque pensée
Dans le monde physique :
Un orphelin désespéré.

Chaque pensée
Dans le monde mental :
Un adolescent sceptique.

Chaque pensée
Dans le monde psychique :
Un Dieu grandissant.

60

La paix est la perfection de notre mental et la divinisation de
nos pensées.

61

Une pensée oisive indique un mental en grève. N’attendez
pas, réprimez le mental rapidement et fermement.

62

N’essayez pas d’approcher Dieu avec votre mental pensant.
Vous ne ferez que stimuler vos idées, vos activités et vos
croyances intellectuelles. Essayez d’approcher Dieu avec votre
cœur en larmes. Vous éveillerez votre conscience fervente et
spirituelle.

63

Lorsque nous vivons dans le mental, nous vivons dans l’usine de la forme. Lorsque nous vivons dans l’âme, nous entrons dans l’informe et nous finissons par dépasser à la fois le formel et l’informel. Nous devenons à ce moment l’âme individuelle universalisée et l’Âme Universelle individualisée.

Le mental est synonyme du monde extérieur. Le cœur est
synonyme du monde intérieur. L’âme est synonyme du monde de
l’Au-delà éternel. Le monde extérieur a un passé, un présent et
un futur. Le monde intérieur a un futur brillant qui nous comble.
Le monde de l’Au-delà n’a que le Présent éternel. Lorsque nous
vivons dans le monde extérieur, le Je ignorant nous détruit.
Lorsque nous vivons dans le monde intérieur, le Je illuminé nous
satisfait. Lorsque nous vivons dans le monde de l’Au-delà, le Je
infini nous embrasse avec affection et nous immortalise.

64

Mon âme est responsable de mes actes brillants. Mon cœur est responsable de mes sentiments élevés. Mon mental est responsable de mes pensées transformatrices. Mon vital est responsable du flot de mon énergie. Mon corps est responsable de ma vie d’efforts.

Je dépends

Lorsque je suis dans le corps,
Je dépends du désespoir et de l’impuissance.
Lorsque je suis dans le vital,
Je dépends de l’agression et de la régression.
Lorsque je suis dans le mental,
Je dépends du doute et de la peur.
Lorsque je suis dans le cœur,
Je dépends de l’insécurité et de l’incertitude.
Lorsque je suis dans l’âme,
Je dépends de l’amour et de la joie.
Lorsque je suis en Dieu,
Je dépends de Son Pardon et de Son Assurance.

Ma vie transcende

Mon âme commença son vol descendant
Depuis le bleu du ciel.
Ma vie dort et dort
Dans le noir de mon corps.
Ma vie s’efforce et se bat
Dans le vert de mon vital.
Ma vie cherche et cherche
Dans le rouge de mon mental.
Ma vie devient et devient
Dans le blanc de mon cœur.
Ma vie transcende et transcende
Dans le doré de mon âme.

Il pense - il ressent - il sait

Son vital pense
Qu’il est ridicule
De vivre avec Dieu le Disciplinaire.
Son mental pense
Qu’il est ridicule
De vivre avec Dieu le Simplet.
Son corps pense
Qu’il est ridicule
De vivre avec Dieu l’Inconsidéré.
Son cœur ressent
Qu’il est ridicule
De vivre sans Dieu le Bien-Aimé.
Son âme sait
Qu’il est ridicule
De vivre sans Dieu l’Amant.

68

Ma richesse repose dans les pensées divines de mon mental,
dans le pur sacrifice de mon cœur et dans l’unité consciente de
mon âme avec le Suprême.

69. Mon Krishna n’est pas noir

Mon Krishna n’est pas noir.
Il est d’or pur.
Il est Lui-même tissé
En la Beauté, la Lumière et la Splendeur universelles.
Il semble noir
Parce que j’ai renversé
L’encre de mon mental sur lui.
Sinon, mon Bien-Aimé est toute Lumière.
Il a créé la Lumière et l’obscurité.
Il est dans le Cosmos et hors du vaste Cosmos.
Riche de cette connaissance,
Je commencerai une nouvelle relation
Avec le monde tout entier.

70

Lorsque je transformerai mon mental en empressement,
Dieu transformera Son Cœur en disponibilité.

71

Apprenez à aimer votre mental dérangeant et dérangé avec
la lumière de votre âme.

Vous verrez votre mental écouter les nécessités de votre
cœur.

72. Je suis heureux

Je suis heureux
Parce que mon mental
A oublié comment calculer.
Je suis heureux
Parce que mon cœur
A oublié comment hésiter.
Je suis heureux
Parce que ma vie
Sait toujours comment tolérer.

Le bateau-espoir et le bateau-vie

Mon bateau-espoir navigue
Entre l’incertitude et la frustration.
Mon bateau-pensée navigue
Entre le désastre et la destruction.
Mon bateau-volonté navigue
Entre le silence et le bruit.
Mon bateau-vie navigue
Entre le Rivage de la beauté et le But du devoir.

IV — Le Cœur

My Mon cœur

Ô mon cœur, je suis divinement fier de toi. Tu ne souffres
pas de cette maladie honteuse et effrontée : l’inquiétude ! Tu ne
bois pas de ce venin mortel, le doute ! Rien n’est plus simple que
ton aspiration pure. Rien n’est plus spontané que tes sentiments
radieux. Rien n’est plus satisfaisant que ton amour désintéressé. Rien n’a plus immédiatement accès au Suprême que ton imploration la plus profonde.

Ô mon cœur, ton jour céleste à l’intérieur de chaque jour terrestre est consacré à la réalisation de Dieu. Ta minute immortalisante à l’intérieur de chaque minute éphémère est consacrée à l’incarnation de Dieu. Ta seconde révélatrice à l’intérieur de chaque seconde évanescente est consacrée à la manifestation de Dieu.

Ô mon cœur, les autres membres de la famille ont peur de Dieu ; toi, tu n’as jamais peur ! Leur crainte sans lumière et récurrente est une paralysie inerte et persistante. Au cours du voyage de la vie, les autres font leurs propres choix ; Dieu choisit pour toi. Ils veulent sauver l’humanité avec la nuit la plus obscure de leur ego ; tu veux servir l’humanité dans le jour le plus lumineux de ta consécration. Leur victoire est une victoire sur l’humanité ;
ta victoire est une victoire sur toi-même.

Ô mon cœur, ô mon cœur à moi, tu es le bateau de ma vie.
Tu navigues sur les eaux inconnues de l’ignorance et tu atteins le
rivage doré de l’Au-delà.

Je ne suis pas seul, ô mon cœur. Je suis avec ton aspiration
qui s’envole. Tu n’es pas seul. Le souffle de ma vie est en toi et
pour toi sans réserve.

Ta volonté est inébranlable et ta foi en le Suprême infaillible. Chaque pétale du lotus qui rayonne au fond de toi baigne perpétuellement dans la Félicité transcendantale.

Ô mon doux cœur, mon cœur plus doux, mon cœur le plus doux, non seulement tu appartiens à Dieu, mais Dieu t’appartient également.

L’émotion

L’émotion est un don de Dieu. Elle remplit nos jours de pensées aimantes et d’actions brillantes.

L’émotion nous dit que l’énergie vitale circule constamment
à travers nous, renouvelant et revitalisant notre être intérieur.
L’émotion non seulement adoucit et intensifie notre vie intérieure,

mais éveille également notre vie extérieure afin qu’elle expérimente la perfection dans tous les domaines de la manifestation.

Il y a une urgence créative éternelle dans l’émotion. Cette
urgence créative doit finir par entrer dans l’idéal de Dieu qui est
l’Immortalité incarnée et la Perfection révélée.

L’émotion a une perception intérieure de l’unité divine.
La connaissance de l’intellect aime l’émotion en secret. La compréhension du mental aime l’émotion en silence. La sagesse du cœur aime l’émotion ouvertement et avec ferveur.

Nous devons nous efforcer de découvrir en nous la plus grande profondeur de l’émotion afin de devenir les meilleurs instruments de l’expression divine de la beauté, de la joie, de la puissance et de la vérité.

Si notre pensée confuse nous conduit à une mauvaise utilisation de l’émotion, celle-ci n’est cependant pas une confusion dans l’expérience. Elle est une réalité qui devient la perfection.
Elle est la plénitude dynamique de l’accomplissement.

L’émotion n’est pas une victime de la frustration. L’émotion
n’est pas une démonstration. Elle est la joie intérieure spontanée à travers laquelle nous nous exprimons dans le monde dans lequel nous vivons.

Lorsque l’inspiration et l’aspiration sont soutenues par notre
émotion psychique, nous entrons consciemment en contact avec
le Suprême, et la Réalité parfaite peut alors régner dans notre
existence extérieure et à travers elle.

L’émotion psychique est la fontaine de l’abondance avec la-
quelle nous entrons dans le monde de la pensée révélatrice, de l’action épanouissante et de la réalisation transformatrice.

Je ne veux qu’un seul étudiant : le cœur (anecdote)

Il était une fois un Maître spirituel qui avait des centaines de disciples et de partisans. Le Maître donnait souvent des conférences dans divers endroits : églises, synagogues, temples, écoles et universités. Où qu’il soit invité, et où que ses élèves organisent des événements pour lui, il parlait. Il prononça ainsi des discours pour des enfants aussi bien que des adultes, des étudiants d’universités et pour des femmes au foyer. Il parla aussi devant des érudits et des aspirants avancés.

Cela dura ainsi pendant une vingtaine d’années. Un jour, le
Maître décida d’arrêter ses conférences. Il dit à ses disciples :
« Cela suffit ! J’ai fait cela pendant des années. Je ne donnerai
plus de discours. Je veux à présent garder le silence. »

Pendant dix ans, le Maître ne donna plus aucun discours. Dans son ashram, il gardait le silence, et partout où il allait, il restait silencieux. Il avait répondu à des milliers de questions, aussi ne voulait-il même plus méditer devant un public. Au bout de dix ans, ses disciples le supplièrent de reprendre les conférences, de
répondre aux questions et de donner des méditations publiques.
Ils le supplièrent tant qu’il finit par consentir.

Les disciples organisèrent aussitôt des rencontres à de nom-
breux endroits. Ils firent de la publicité partout pour annoncer que leur Maître allait reprendre ses conférences et ses méditations publiques. Le Maître se rendit à ces endroits avec ses disciples préférés, ceux qui lui étaient les plus dévoués et serviables. Des centaines de personnes affluèrent pour écouter le Maître et lui poser des questions. Mais à leur grande surprise, le Maître ne dit pas un mot. Du début à la fin de la rencontre, pendant deux heures, il garda le silence.

Parmi le public, certains des aspirants mécontents quittèrent la salle. D’autres restèrent tout au long des deux heures avec l’espoir que le Maître finirait par parler, mais celui-ci clôt la méditation sans un seul mot. Certaines personnes ressentirent une joie intérieure. D’autres ne restèrent que par crainte d’être jugés peu spirituels et incapables de bien méditer. Ainsi, certains partirent, d’autres restèrent à contrecœur, d’autres encore pour se prouver à eux-mêmes et aux autres, et enfin une poignée d’entre eux restèrent avec la plus grande sincérité, la plus grande dévotion et la plus grande aspiration.

Ce manège dura trois ou quatre ans. Beaucoup de gens critiquaient le Maître sans merci et mettaient les disciples dans l’embarras en disant : « Votre Maître est un menteur. Comment pouvez-vous justifier vos publicités dans les journaux annonçant une conférence de votre Maître, et annonçant qu’il va répondre aux questions et tenir une méditation ? Il ne fait que tenir une méditation, et nous n’en apprenons rien. Qui peut méditer pendant deux ou trois heures ? Il se moque de nous et il se moque de lui-même. »

Certains des proches disciples étaient très gênés. Ils étaient
très mal à l’aise de voir leur Maître insulté et critiqué de la sorte
et ils le supplièrent à nouveau de donner, ne serait-ce qu’un très
court discours et de répondre juste à quelques questions à la fin
de la méditation. Le Maître finit par accepter.

Au cours de la rencontre suivante, le Maître n’oublia pas sa promesse de parler, mais il changea d’avis. Il continua de méditer, mais au lieu de deux heures, cette fois-ci, il médita quatre heures. Même ses plus proches disciples étaient désolés. Ils ne pouvaient pas être fâchés contre leur Maître, parce que ce serait une grave erreur karmique, mais ils craignaient que quelqu’un dans le public ne se lève et insulte le Maître. Ils se préparaient mentalement à protéger leur Maître au cas où une calamité se
produirait.

Au bout des quatre heures, ne voyant toujours aucun signe
que le Maître allait parler ou clore la réunion, l’un des très
proches disciples du Maître se leva et dit : « Maître, n’oubliez
pas votre promesse, s’il vous plaît. »

Le Maître répondit aussitôt : « Ma promesse, ah oui, je vous
ai fait une promesse, alors je dois tenir ma promesse et parler.
Mon discours aujourd’hui sera très bref. J’aimerais vous dire
que j’ai donné des centaines et des milliers de discours. Mais qui
a entendu mes discours ? Des milliers d’oreilles et des milliers
d’yeux. Mes étudiants étaient les oreilles et les yeux de l’audience — des milliers et des milliers d’oreilles et d’yeux. Mais je n’ai pas réussi à leur apprendre quoi que ce soit. Maintenant, je voudrais avoir des étudiants différents. Mes nouveaux élèves seront des cœurs. J’ai offert mon message dans des milliers d’endroits. Ces messages sont entrés par une oreille pour ressortir aussitôt par l’autre oreille. Les gens m’ont vu donner des discours et répondre à des questions. Leurs yeux ont aperçu quelque chose en moi pendant une petite seconde, et l’ont aussitôt complètement perdu. Pendant que je parlais de la Vérité, de la Paix, de la Lumière et de la Béatitude sublimes, leurs oreilles ne pouvaient rien recevoir parce qu’elles étaient déjà pleines de toutes sortes de rumeurs, de doute, de jalousie, d’insécurité et d’impureté accumulés tout au long de nombreuses années ; les oreilles étaient complètement polluées et ne pouvaient recevoir mon message.
Et les yeux ne recevaient pas ma Vérité, ma Paix, ma Lumière
et ma Béatitude parce qu’ils voyaient tout à leur propre manière.

Lorsque les yeux humains voient quelque chose de beau, ils commencent tout de suite à comparer. Ils disent : « Comment se fait-il qu’il soit si beau, que son discours soit beau, que ses questions et ses réponses soient belles ? Pourquoi ne puis-je être pareil ? » Et aussitôt la jalousie s’installe. L’oreille humaine et l’œil humain répondent tous les deux par la jalousie. Dès que l’oreille entend quelque chose de bien à propos de quelqu’un, la jalousie apparaît. Dès que l’œil voit quelque chose de beau chez quelqu’un, la personne devient jalouse. Les oreilles et les yeux ont joué leur rôle ; ils se sont montrés comme des élèves non divins, et je n’ai pas pu les instruire.

Leur progrès a été des plus insatisfaisant. Maintenant, je veux
de nouveaux élèves, et j’ai de nouveaux élèves. Ces élèves sont
les cœurs, là où l’unité va grandir ; l’unité avec la vérité, l’unité
avec la lumière, l’unité avec la beauté intérieure, l’unité avec ce
que Dieu possède et ce que Dieu est. C’est l’élève-cœur qui a la
capacité de s’identifier à la sagesse, la lumière et la béatitude du Maître. Le cœur est le véritable auditeur ; le cœur est le véritable
observateur ; le cœur est le véritable élève qui devient un avec la
lumière, la vision et la réalisation du Maître. Dorénavant, le cœur
sera mon seul élève. »

Je t’ai vu maintes fois

Je t’ai vu maintes fois
Dans les profondeurs mêmes de mon cœur.
Ma force intérieure invincible
M’a permis de briser l’obscure léthargie.
Tu m’appartiens entièrement ; ce secret
Ne cesse de germer dans mon esprit.
Et pourtant, je ne sais pourquoi,
La nuit de la laideur
Continue d’habiter mon cœur.

L’oiseau bleu sourit dans les profondeurs

de mon cœur

L’oiseau sourit dans les profondeurs de mon cœur
Et l’oiseau bleu joue.
Le festival de la brillance incarnée et de la félicité céleste
Invite tout le monde.
Le soleil, la lune, les montagnes et les océans,
Tous sont venus.
Aujourd’hui, nous écouterons l’appel de l’Infini.
Nous courrons vers l’Infini.
L’échelle de la Lumière est devant nous.
Nos cœurs sont devenus la fleur de la Lumière Divine.
Nous sommes l’espoir de notre Seigneur Suprême.
Notre amour n’est autre que le Créateur du monde.

Mon univers est pour Tes Pieds

Mon univers est pour Tes Pieds.
Ma vie est pour Ton Rêve.
Ô Silence de l’Infini,
Ô Immortalité du Ciel,
Venez, venez, venez,
Ce cœur reste éveillé.

Brise tous mes espoirs

Brise tous mes espoirs,
Ne me laisse qu’un seul espoir,
L’espoir d’apprendre
Le langage de Ton Silence intérieur
Dans ma soumission la plus inconditionnelle.
Je serai calme et parfait
Dans Ton Ciel clair et libre.
L’oiseau de mon cœur danse aujourd’hui
Dans le festival de la Lumière céleste.

Mon cœur impatient m’appelle

Mère, dis-moi,
Comment puis-je supporter davantage de souffrance ?
Si tu ne te réveilles jamais
Dans mon cœur,
Je sais que la nuit de mes souffrances
Ne verra jamais de fin.
Ô Mère, viens vite.
Mon cœur impatient t’appelle.

Ô Beauté sans pareille

:PROPERTIES:
:id:
:genre: poem
:cite-key: BW:82-fr
:END:

Ô Beauté sans pareille, Ô Bien-Aimé,
Allume le feu de la beauté et de la splendeur
Dans mon cœur.
En T’aimant, je serai éternellement beau.
Puisse la danse-destruction du Seigneur Shiva
Détruire toutes les chaînes du monde fini.
Puisse la Lumière du Suprême m’inonder,
Mon cœur, mon cœur, mon tout.
Empli de l’amour de l’Infini,
Le cœur trouble implore l’éclosion de la Lumière.
Ô Vie infinie, donne-moi la faim éternelle,
Les larmes de l’aspiration.
La goutte la plus infime perdra sa raison d’être
Dans le cœur
De l’Océan infini.
Dans le feu et dans l’air, je contemple Ta vie de l’Esprit,
Ô Beauté, Or de Beauté,
Ô Lumière du Suprême !

Question: Pourquoi nous demandez-vous de rester dans le cœur

plutôt que dans le mental ?

Sri Chinmoy: Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles je de-
mande aux gens de rester dans le cœur et non pas dans le mental. Le cœur sait comment s’identifier au Plus-Haut, au plus lointain
et au plus profond. Ce n’est pas le cas du mental, qui essaie de
s’identifier à un objet, une personne ou encore à quelque chose
de limité. Mais cette identification n’est ni pure ni complète.

Lorsque le mental tente de s’identifier à quelque chose, il regarde
cette chose d’un œil hésitant, voire suspicieux. Mais lorsque le
cœur veut s’identifier à quelque chose ou à quelqu’un, il le fait
avec un sentiment d’amour et d’unité. Lorsque le cœur veut voir
quelque chose, il le voit sans réserve. Lorsque le mental veut
voir quelque chose, il essaye de retarder et de séparer. Le cœur simplifie, tandis que le mental complique. Le mental prend inconsciemment plaisir dans ce qui est compliqué et confus, tandis que le cœur trouve de la joie dans ce qui est simple.

Le mental humain, physique et terre à terre est ce que nous
avons à notre disposition pour l’instant. Le mental plus élevé, le
surmental, ou le mental intuitif, le supramental, n’est pas à notre portée. Dans notre vie quotidienne, nous utilisons le mental physique terre à terre, qui ne cesse de se contredire. Nous utilisons malheureusement très rarement le cœur, qui est tout amour, toute sympathie, pureté, harmonie et unité.

Pourquoi demander aux gens d’accorder plus d’attention au cœur et moins au mental ? Parce que le cœur grandit. L’âme représente notre illumination, et elle réside dans le cœur. Dans la vie spirituelle, notre trésor est notre âme. Ce n’est qu’avec l’aide de l’âme que nous pouvons progresser le plus rapidement dans la vie intérieure, et nous ne pouvons contacter l’âme qu’en méditant sur notre cœur. Toutes les voies mènent au But, mais il y a une voie en particulier qui nous conduira plus rapidement que les
autres, et cette voie est celle du cœur. Elle est plus rapide, plus
sûre et plus certaine que toute autre voie.

Nous possédons deux chambres. L’une est celle du cœur, l’autre celle du mental. Pour l’instant, la chambre-mental est obscure, sans lumière, impure et pas disposée à s’ouvrir à la lumière. Nous devons donc rester autant que possible dans la chambre-cœur, la chambre de la lumière. Lorsque nous sentirons notre être tout entier surchargé de la lumière intérieure, nous pourrons alors entrer dans la chambre-mental pour l’éclairer. Mais si nous entrons dans cette chambre-mental, qui est toute obscurité, sans avoir suffisamment de lumière, nous nous y perdrons et nous serons victimes des forces ignorantes du mental, ces forces non divines et pleines de doute. C’est pourquoi je demande à mes élèves de commencer par renforcer leur être intérieur en méditant sur le cœur.

La lumière de l’âme se trouve dans notre cœur. Lorsque nous
nous concentrons sur le cœur, la lumière de l’âme finit forcément par venir en avant. Nous savons à ce moment-là que nous possédons la lumière intérieure, et nous sommes capables de l’utiliser à notre guise. Nous pouvons alors entrer dans la chambre-mental pour l’éclairer. Mais nous faisons très souvent l’erreur himalayenne d’entrer dans la chambre-mental simplement parce que nous voyons qu’elle est pleine de confusion et d’obscurité. Nous
devons d’abord savoir si nous avons suffisamment de lumière à
notre disposition pour éclairer cette obscurité. Si nous ne l’avons
pas, nous ne devons entrer que dans la chambre-cœur, où nous
pouvons méditer et recevoir la lumière intérieure de l’âme jusqu’à
ce que nous soyons intérieurement forts. Il vaut donc mieux ne
pas entrer dans la chambre-mental au tout début de notre voyage
spirituel. Pour y entrer en toute sécurité, nous avons besoin de confiance intérieure, de lumière intérieure et d’assurance intérieure venant du Suprême.

Question: Comment pouvons-nous intégrer le mental et le cœur ?

Sri Chinmoy: Il y a deux manières. Soit le cœur entre dans le mental ; soit le mental entre dans le cœur. Comparons le cœur à la mère et le mental à l’enfant. Soit l’enfant doit aller vers la mère, qui est calme, tranquille et pleine d’amour, soit la mère doit aller vers l’enfant, qui est encore incertain, sceptique et agité.

Lorsque la mère vient à l’enfant, l’enfant — le mental — doit ressentir que la mère — le cœur — est venue pleine de bonnes intentions : calmer le mental, le libérer, le satisfaire de manière divine. Si le mental sceptique et agité pense que le cœur est venu pour l’ennuyer, et s’il trouve que son agitation est une très bonne chose à laquelle il tient, il est perdu. Devant un enfant agité, sceptique, qui doute et qui chérit toutes ces qualités non divines en les considérant ses meilleures qualités, que peut faire la pauvre mère ? Le cœur a la bonne intention de transformer le doute du mental en foi, et ses autres mauvaises qualités en qualités divines. Mais pour cela, le mental doit être préparé ; il doit ressentir que le cœur est venu avec l’intention de le rendre meilleur.

L’autre manière consiste à permettre à l’enfant de traverser tout ce qui est négatif et destructif — la peur, le doute, le soupçon, la jalousie, l’impureté — jusqu’au jour où l’enfant comprend qu’il est grand temps pour lui de se tourner vers quelqu’un qui peut lui donner quelque chose de mieux. Qui est-ce ? La mère, le cœur. La mère est plus que prête à illuminer son propre enfant. Si le mental aspire, il ressentira immédiatement que le cœur est la mère, la véritable mère. Et le cœur ressentira toujours que le mental est un enfant qui a besoin d’être instruit.

Les deux manières sont efficaces. Si le mental est prêt à apprendre du cœur, il trouvera celui-ci toujours prêt à l’instruire. La mère est prête à aider l’enfant, à servir l’enfant vingt-quatre heures par jour. C’est l’enfant qui est parfois irrité, désobéissant ou têtu, ou bien qui pense savoir tout et ne rien avoir à apprendre de quiconque. Mais même la mère, le cœur, reçoit sa connaissance de quelqu’un d’autre, de l’âme, qui est toute lumière. Appelons l’âme la grand-mère. La mère reçoit son éducation de sa grand-mère, et l’enfant reçoit son éducation de sa mère. L’âme enseigne le cœur et le cœur enseigne le mental. Si nous pouvons comprendre la relation entre le cœur et le mental comme celle d’une mère et de son enfant, c’est la meilleure façon de les intégrer tous les deux.

Dans le cœur universel, tous les cœurs sont un

Dans le cœur universel, tous les cœurs sont un et inséparables,
Je le sais.
Pourtant, fort de cette connaissance, je heurte le cœur des autres
Jour et nuit.
Nous sommes tous les esclaves du destin ;
Il danse sur notre front.
Le sommeil-extinction du destin repose dans la paix sublime.
Je connais ce secret.
Ô Trésor de mon œil, verse Ton Silence doré
Dans mon cœur.

Visions De L’Au-Delà Emeraude

Je ne suis plus l’amateur insensé
D’une brise intellectuelle sèche et stérile.
Je n’accepterai plus que
Les visions entrelacées de l’Au-delà émeraude.

La tapisserie de mon cœur
Capturera les sourires himalayens
De mon Pilote Suprême.
Ma vie embrassant toute chose
Célèbre sa fête dans les funérailles
De mon mental défunt
Et dans la renaissance
De mon cœur qui s’élève.

Question: Lorsque vous parlez du cœur comme le centre de l’amour et l’endroit où réside l’âme, est-ce que vous entendez le cœur physique, ou bien est-ce un autre concept ?

Sri Chinmoy: Je ne parle pas du cœur humain, ni du cœur physique, qui n’est qu’un organe, ni du cœur émotionnel, qui est en fait le vital. Je parle du cœur pur, du cœur spirituel. Certains Maîtres spirituels disent que le cœur spirituel se trouve au centre de la poitrine ; d’autres disent qu’il se trouve un peu à droite, et d’autres encore un peu à gauche. Il y a même un Maître spirituel qui dit que le cœur se trouve un peu au-dessus du centre des sourcils, à l’endroit que l’on appelle le troisième œil. Comment un Maître spirituel peut-il dire ceci ? Parce que le troisième œil illuminé est lumière, et le cœur illuminé est également lumière. Mais selon ma propre réalisation, le cœur spirituel se trouve au centre de la poitrine, au centre de notre existence.

Le cœur est comme un commandant en chef, et l’âme est le roi. Lorsque l’âme vient au monde, son premier souci est d’illuminer le cœur. Lorsque l’âme se retire du corps, le commandant en chef perd automatiquement tout son pouvoir. Le cœur veut que nous restions avec son roi. Il ne veut pas s’en aller pour rejoindre un autre roi ou une autre armée. Dans le monde extérieur, nos amis peuvent nous tromper ; mais dans le cas de l’âme et du cœur, leur intimité est plus forte que tout. Le mental et le vital peuvent l’ignorer. Mais le cœur est toujours fidèle à l’âme. Le cœur sait également comment s’identifier au cœur des autres. La mère n’a pas besoin de montrer son amour à son enfant en lui disant : « Je t’aime, je t’aime », parce que l’identification de la mère à son enfant lui fait ressentir qu’il est aimé. Le véritable cœur n’a pas besoin de convaincre ; il a la puissance de l’unité.

Question: J’ai souvent beaucoup de questions importantes en moi, mais je n’arrive pas à les exprimer. Comment pouvons-nous être suffisamment conscients intérieurement pour saisir les questions que nous nous posons ?

Sri Chinmoy: Vous devez connaître la source de vos questions. Si la source de vos questions se trouve dans votre mental intellectuel et sophistiqué, ou bien dans votre mental physique, ces questions n’ont aucune valeur ultime. Même si elles trouvent une réponse adéquate, ces réponses ne vous serviront à rien dans votre vie intérieure. Lorsqu’il s’agit de votre cœur, il n’y a qu’une seule question qui peut provenir du cœur, des profondeurs mêmes de votre cœur, et cette question est : « Qui suis-je ? ». C’est la seule question qui mérite d’être posée et qui mérite une réponse. On doit se poser cette question chaque jour, chaque seconde de notre existence. Si vous avez des millions de questions sur Dieu et sur vous-même, vous pourrez recevoir les meilleures réponses à toutes ces questions en trouvant la bonne réponse à cette seule question : « Qui suis-je ? » Toutes les autres questions tournent autour de celle-ci. Une fois que vous connaissez la réponse à cette question, tous les problèmes de votre vie sont résolus. Vous entrez dans la libération, dans le salut et dans la réalisation de soi. Vous devenez entièrement et consciemment un avec Dieu le Tout-Puissant, Dieu l’Omniscient et Dieu le Parfait en toute chose.

Ne cherchez pas de questions au fond de vous. La plupart des questions sont comme des fourmis et des insectes. Elles ne nous aident d’aucune manière à nous approcher du But. Au contraire, elles sont des obstacles sur notre chemin. Les questions qui éclairent, les questions qui viennent du fin fond de notre cœur, celles qui concernent notre progrès intérieur et notre accomplissement intérieur, notre réalisation de soi ou notre réalisation de Dieu, toutes ces questions sont très rares. En dehors de vous demander « Qui suis-je ? », vous pouvez vouloir connaître la réponse à la question : « Que suis-je venu faire ici ? » Vous aurez aussi certainement des questions particulières sur votre progrès spirituel. Mais la seule question vraiment importante est : « Qui suis-je ? »

89

L’homme ne peut être heureux et en sécurité que lorsque son cœur ressent plus vite que son mental ne pense.

90

La nature humaine ne changera que lorsque notre cœur aura besoin de Dieu, et non pas tant que notre mental veut Dieu et que notre mental exige Dieu.

Maintenant, je vais m’appeler

Maintenant, je vais m’appeler.
Je vais maintenant appeler.
Dans la forêt de mon cœur, me regardant,
Je m’aimerai et m’aimerai.
Je serai ma propre quête,
Ma richesse absolue.
Le voyage de la Lumière suprême va commencer
Dans le cœur de la liberté.

92

Ô aspirant ! L’imploration de ton cœur est un véritable trésor. Ne permets pas à ton mental obscur, sans lumière, décourageant et néfaste de la prendre à la légère. L’imploration de ton cœur vole comme un aigle pour atteindre le but le plus élevé de ton âme la plus pure.

V — L'âme

De quoi votre âme a-t-elle besoin ?

L’âme naît pour vivre une expérience, et cette expérience sera complète lorsqu’elle aura fait descendre toute la perfection du Divin dans la matière.

Chaque âme a besoin d’une involution et d’une évolution. L’involution de l’âme, c’est lorsque l’âme descend, et l’évolution de l’âme, c’est lorsqu’elle monte. L’âme entre dans les abîmes les plus bas de l’inconscience. Puis elle remonte vers Satchidananda — Existence-Conscience-Béatitude —, la triple Conscience.

L’âme entre dans l’inconscience, et y reste profondément endormie pendant des millions d’années. Puis, soudain, une étincelle de conscience de l’Au-delà en perpétuelle transcendance la réveille, et c’est l’heure de l’examen de soi. « Qui suis-je ? » demande-t-elle. La réponse est : « Tat twam asi : tu es Cela. »

L’âme est ravie. Puis elle se rendort et entre à nouveau dans l’oubli de soi. Au bout d’un certain temps, d’autres questions surgissent : « De qui suis-je ? — Je procède de Cela. » « D’où viens-je ? — De Cela. » « Où vais-je retourner ? — Vers Cela. » « Pourquoi suis-je ici sur terre ? — Pour Cela. »

L’âme est alors satisfaite. L’âme est tout à fait prête pour son voyage vers le haut — en haut, plus haut, au plus haut. L’évolution de l’âme peut à présent commencer correctement. Depuis la vie minérale, l’âme entre dans la vie végétale, puis elle passe du végétal à la vie animale, de l’animal à la vie humaine, et enfin de l’homme à la vie divine. Pendant sa vie humaine, l’âme fait descendre la Paix, la Lumière et la Béatitude d’en haut. Elle commence par offrir ces qualités au cœur, puis au mental, puis au vital, et enfin au physique ordinaire. Lorsque l’illumination a lieu, nous la voyons dans le cœur, dans le mental, dans le vital et dans le corps physique.

De quoi votre âme a-t-elle besoin ? Votre âme a besoin d’un accomplissement absolu. Elle veut réaliser son accomplissement absolu ici sur terre, et non pas au Ciel. Si vous pensez que c’est impossible, vous pouvez continuer à dormir pendant quelques siècles, il n’y a aucun mal à cela. Mais si vous pensez que la vie divine est possible, l’âme murmure alors à votre oreille : « Lève-toi, réveille-toi ! » Et si vous pensez que c’est à la fois possible et réalisable, l’âme vous dit en souriant : « Marche, avance, cours. » Finalement, si vous pensez que la réalisation absolue de la vie divine est non seulement possible et réalisable, mais également inévitable, alors et alors seulement, l’Immortalité vous appellera. Le But vous appartient, le Royaume de la Vérité et de la Félicité vous appartient.

D’après votre niveau de connaissance actuelle, vous me dites qu’il n’y a pas d’âme. S’il y en avait une, comment se fait-il que vous n’en ayez pas eu la moindre perception pendant votre vie tout entière ? Je vous dirai humblement que votre expérience n’apporte aucune preuve de l’inexistence de l’âme. Pouvons-nous voir les microbes de nos yeux nus ? Non, jamais. Tant que nous n’avons pas de microscope, l’existence d’un microbe est une pure imagination. Mais le microscope nous oblige à réviser notre fière opinion. En un rien de temps, elle détruit notre ferme conviction et éclaire notre ignorance obscure. De même, tant que notre conscience n’est pas éclairée ou que nous n’avons pas la capacité de la vision spirituelle, l’existence de l’âme peut sembler une gigantesque hallucination mentale.

Vous pouvez vous demander si l’âme est une portion de votre cœur. Non, elle ne l’est pas. Une portion de votre mental ? Ridicule. Une portion de vos organes sensoriels ? Absurde. Une portion invisible de votre corps physique ? Impossible. Alors quoi, qu’est-ce que l’âme enfin ?

Elle est le messager rayonnant de Dieu en vous. Elle ne connaît ni naissance, ni décomposition, ni mort. Elle est éternelle et immortelle.

Votre âme est unique. Dieu veut Se manifester et Se réaliser en vous de manière sans précédent. Dieu a une Mission divine particulière à réaliser uniquement à travers votre âme. Et afin de remplir cette Mission particulière, Il utilise votre âme et nulle autre âme comme Son instrument choisi.

Voulez-vous que votre vie soit au service de Dieu afin de pouvoir remplir Sa Mission ? Si oui, alors rendez son trône à votre âme ici et maintenant. Vous avez éconduit l’âme et placé l’ego sur le trône de votre vie. Accueillez l’âme avec chaleur et unissez-vous à elle. Dès cet instant, la peur vous quitte, l’ignorance vous quitte, et enfin, la mort vous quitte. L’éternité vous accueille. L’infinité vous accueille, et finalement, l’immortalité vous accueille.

Lorsque je suis dans l’âme

Lorsque je suis dans le physique, le monde m’attire et je tente le monde.

Lorsque je suis dans le vital, j’attrape le monde et le monde me déteste.

Lorsque je suis dans le mental, je néglige le monde et le monde m’ignore.

Lorsque je suis dans le cœur, j’aime le monde et le monde m’embrasse.

Lorsque je suis dans l’âme, je sers Dieu dans le monde et le monde me comble avec joie.

Question: Avez-vous un concept de salut pour l’âme ?

Sri Chinmoy: Dans le monde occidental, nous utilisons le terme « salut », mais dans le monde oriental, nous utilisons les mots « libération », « illumination » et « réalisation ». L’âme a elle-même déjà accompli l’illumination la plus élevée qui soit. Ce dont elle a besoin à présent est de révéler sa divinité, c’est-à-dire la Lumière, la Paix, la Béatitude et la Puissance, ici sur terre. Elle commence par se révéler, mais la révélation seule ne suffit pas. L’âme pense que la manifestation est également nécessaire. Vous avez quelque chose de précieux ; vous pouvez me le révéler, mais tant que vous ne le manifestez pas effectivement, et que vous ne me l’offrez pas, je ne peux pas le recevoir. L’âme veut manifester sa divinité ici sur terre et cette manifestation est la libération et l’accomplissement de notre être tout entier.

L’oiseau-âme

Ô ignorance du monde,
Bien que tu aies entravé mes pieds,
Je suis libre.
Bien que tu aies enchaîné mes mains,
Je suis libre.
Bien que tu aies asservi mon corps,
Je suis libre.
Je suis libre parce que je ne suis pas le corps.
Je suis libre parce que je suis l’oiseau-âme
Qui vole dans le Ciel-Infini,
Parce que je suis l’enfant-âme qui rêve
Sur les genoux du Roi Suprême immortel.

97

Chaque fois que l’âme entre dans le champ de la création et de la manifestation, elle fait une promesse très solennelle à Dieu, le Suprême Pilote, de faire de son mieux pour révéler Dieu sur terre. Mais malheureusement, lorsqu’elle vient au monde, le monde de l’ignorance essaie d’envelopper l’âme. Alors, le corps, le vital, le mental et le cœur prennent consciemment ou inconsciemment plaisir à s’identifier à l’océan d’ignorance. Mais l’âme pardonne tout. Elle ne peut rejeter le corps, le vital, le mental et le cœur. Elle a une patience infinie.

Si le corps, le vital, le mental et le cœur s’identifient à l’âme, et s’ils veulent voir la Vérité avec les yeux de l’âme, si telle est leur promesse, leur seule promesse, leur promesse intérieure, alors le jour de leur réalisation de Dieu, de leur révélation de Dieu et de leur manifestation de Dieu sur terre n’est pas loin.

98. Lorsque je vis

Lorsque je vis dans le monde physique
Je trouve plus facile de dormir que de travailler.

Lorsque je vis dans le monde vital,
Je trouve plus facile de détruire que de construire.

Lorsque je vis dans le monde mental,
Je trouve plus facile de douter et de soupçonner
Que d’aimer et d’embrasser.

Lorsque je vis dans le monde psychique,
Je trouve qu’il est plus facile de travailler que de dormir,
Je trouve plus facile de construire que de détruire
Je trouve plus facile d’aimer et d’embrasser
Que de douter et de soupçonner.

Contrairement aux autres mondes,
Dans mon monde psychique,
Je veux ce dont j’ai besoin,
J’obtiens ce que je veux.

Six confidents

Le corps prend le confort
Comme confident.
Le vital prend l’arrogance
Comme confidente.
Le mental prend la fierté
Comme confidente.
Le cœur prend le bonheur
Comme confident.
L’âme prend le calme
Comme confident.
Dieu prend l’Unité
Comme confidente.

100

En vivant dans le corps, vous serez trop faible pour empêcher quoi que ce soit d’arriver. En vivant dans le vital, vous serez trop autoritaire pour permettre quoi que ce soit. En vivant dans le mental, vous serez trop indifférent pour aimer quoi que ce soit. En vivant dans le cœur, vous serez trop indulgent pour contrôler quoi que ce soit. Vivez dans l’âme ; Dieu dira, fera et deviendra tout pour vous.

101

Le mental dissimule ses idées dans le corps du fini.
Le cœur révèle ses idéaux dans la vision de l’Infini.
L’âme accomplit son but dans la Conscience de l’Absolu.

Immortalité

Je ressens Sa Grâce infinie dans tous mes membres ;
La vérité de la vie rayonne d’une blancheur éclatante dans mon cœur.
Mon âme gravit à présent les hauteurs secrètes de Dieu ;
Nulle oisiveté, nulle souffrance obscure, nulle mort en vue.
Nul jour mortel, nulle nuit mortelle, ne peut ébranler mon calme ;
Une Lumière au-dessus de moi soutient mon âme secrète.
Tous les doutes douloureux sont bannis de mes profondeurs,
Mes yeux de lumière perçoivent mon But chéri.

Bien que dans le monde, je vis au-dessus de ses misères ;
Je nage dans un océan de soulagement suprême.
Mon mental est le nid de pensées sans mesures vers l’Unique,
Le vaste firmament étoilé embrasse la paix de mon esprit.

Mes jours éternels accélèrent leur rythme,
Je joue de Sa Flûte rhapsodique.
L’impossible ne semble plus impossible,
L’Immortalité brille à présent dans les chaînes de la naissance.

Question: : L’âme reçoit-elle de nouvelles instructions au cours de son développement, ou bien ne fait-elle que découvrir ce qu’elle a toujours su ?

Sri Chinmoy: Si vous parlez d’expériences plutôt que d’instructions, votre question serait plus exacte. Seul Dieu, ou le Soi Cosmique, peut instruire l’âme.

L’âme découvre ce qu’elle a toujours su. Mais par ailleurs, elle grandit et s’enrichit en absorbant l’essence divine de ses expériences terrestres. En même temps, la conscience physique devient de plus en plus consciente de la capacité divine illimitée de l’âme.

Question: Comment l’âme communique-t-elle avec nous ? Quel langage utilise-t-elle ?

Sri Chinmoy: L’âme utilise le langage de l’âme, qui est la lumière. Elle s’exprime à travers la lumière. Lorsque la lumière de l’âme se manifeste au mental physique, celui-ci reçoit un message qu’il peut comprendre. En fait, l’âme n’utilise pas de mots ; elle offre et répand sa lumière, et le mental la reçoit de la manière qu’il trouve la plus convaincante. Tant qu’il n’est pas convaincu, le mental n’est pas satisfait. Quand nous entendons l’âme parler en langage humain, c’est en fait notre mental qui reçoit la lumière de l’âme d’une manière convaincante.

Question: L’âme ressent-elle de la solitude ?

Sri Chinmoy: L’âme ne fait l’expérience de la solitude que lorsque le corps, le vital, le mental et le cœur, censés coopérer avec l’âme dans l’accomplissement de leur mission divine sur terre, ne coopèrent pas. À ce moment-là, elle se sent seule. Mais elle ne réagit pas comme un être humain. Elle ne perd pas son temps comme un être humain qui pense que ce sentiment disparaîtra en parlant simplement avec d’autres personnes. L’âme, dans sa solitude, aspire plus intensément pour faire descendre la Paix, la Lumière et la Puissance d’en haut dans le physique, le vital et le mental afin que l’être tout entier puisse coopérer avec l’âme et combler le Divin. Lorsque la Paix, la Lumière et la Puissance descendent sur elle, la personne devient consciente de sa vie intérieure et de son véritable bonheur. Une conscience supérieure descend en même temps que la Paix, la Lumière et la Puissance, et grâce à cette conscience supérieure, la personne répond naturellement aux besoins de l’âme.

Question: Que fait notre âme pendant que nous dormons ? Est-ce que le sommeil agit sur elle ?

Sri Chinmoy: Pendant notre sommeil, l’âme peut se rappeler ses accomplissements passés et essayer d’envisager tout ce qu’elle peut faire à l’avenir pour la manifestation de Dieu. Dans le sommeil intérieur profond, l’âme a en quelque sorte confiance que les tourments extérieurs de la vie n’affectent pas l’être intérieur du chercheur.

Question: Toutes les âmes sont-elles bonnes ?

Sri Chinmoy: L’âme est toujours bonne ; elle ne peut pas être mauvaise. Cela dit, les âmes plus développées ont davantage de lumière et de sagesse. Les jeunes âmes ont beaucoup moins à manifester sur terre. L’âme est comme le soleil. Pour certains, il est couvert par de nombreux nuages et sa lumière ne peut être manifestée. Le vital inférieur tente de retarder le progrès de la manifestation de l’âme. Mais le vital dynamique, le vital aspirant essaye de donner une impulsion supplémentaire à l’âme. Au début de leur voyage spirituel, toutes les âmes ont le même potentiel. Mais à un moment donné, un sentiment d’urgence intérieure pousse certaines âmes à manifester leur capacité avec davantage de force. Elles courent plus vite dans la course spirituelle. En Inde, les parents prient souvent Dieu de leur donner un enfant avec une âme forte qui sortira rapidement de l’ignorance et manifestera le divin sur terre.

Question: : Un jour, vous nous avez montré un homme dont vous disiez que l’âme avait quitté son corps. Comment pouvait-il être physiquement encore vivant si son âme avait quitté son corps ?

Sri Chinmoy: L’âme quitte le corps de très nombreuses fois pendant qu’il est vivant. Votre âme a quitté votre corps plusieurs fois pendant votre sommeil pour venir me voir. L’âme peut quitter le corps pendant quelques secondes seulement, mais ces secondes de temps humain peuvent sembler des mois, voire des années. Une âme ordinaire peut rester en dehors du corps au maximum entre onze et treize heures. Si l’âme quitte le corps et ne revient pas au bout de onze, douze ou treize heures, en général, elle ne peut plus revenir dans la cage de son corps. La corde qui la relie au corps se rompt. Par contre, l’âme peut facilement quitter le corps pendant une demi-heure ou une heure, et pendant ce temps, le corps continue à fonctionner automatiquement.

Le corps est comme une machine ; le mécanicien peut la laisser tourner et s’absenter un moment. Parfois, pendant notre sommeil, notre âme peut se rendre dans des mondes différents ou dans une partie éloignée de ce monde, mais elle revient dans son corps au bout d’une demi-heure ou trois quarts d’heure. Cela peut arriver pendant le sommeil, mais aussi pendant les heures d’éveil. Très souvent, pendant ma méditation profonde, mon âme s’envole comme un oiseau vers mes Centres spirituels. Mes disciples peuvent m’y voir aussi clairement que vous me voyez maintenant devant vous. Cela prend quelques minutes ou quelques secondes.

Pendant qu’elle est à l’extérieur du corps, l’âme peut vivre en une seconde une expérience qui demanderait une heure pour être racontée. Ici sur terre, vous voyez avec vos yeux ordinaires, et il faut du temps pour observer une expérience. Mais si vous regardez avec la lumière de l’âme, vous pouvez tout voir en une seconde et lorsque vous voulez exprimer l’expérience de cette petite seconde avec votre mental, il peut vous falloir au moins une heure pour donner tous les détails. Ainsi, lorsque nous avons une conversation avec une autre âme, même si cette conversation n’a duré que quelques petites secondes, nous recevons pendant ces secondes une multitude de vagues de pensées qui sont absolument réelles. En une minute, l’âme peut faire le travail de dix ou onze heures.

Naturellement, si l’âme quitte le corps de façon permanente, le corps ne sera pas capable de rester sur terre. Si l’oiseau s’échappe de sa cage, celle-ci ne sert plus à rien. Ce n’est que lorsque l’oiseau est dans la cage que nous nous occupons de la cage.

Question: : Est-ce que l’âme peut exiger d’une personne qu’elle change d’attitude ?

Sri Chinmoy: L’âme n’a pas d’exigences à proprement parler. Ce n’est pas comme une mère qui demande sans cesse quelque chose à son enfant, en affirmant que « c’est pour son bien. » En fait, l’âme envoie une inspiration divine. Cette inspiration peut être parfois si vivante et spontanée que la personne peut la ressentir comme quelque chose d’imposé par son soi intérieur à sa personnalité extérieure. Mais l’âme ne donne pas d’ordres. Au contraire, elle sympathise avec les faiblesses et les imperfections humaines auxquelles elle s’efforce de s’identifier, pour ensuite essayer d’aider la personne à changer à l’aide de sa Lumière intérieure.

Question: L’âme peut-elle choisir les expériences que son être incarné vivra dans le monde manifesté ?

Sri Chinmoy: Normalement, c’est l’âme qui détermine les expériences que l’individu vivra durant son séjour terrestre. En réalité, si l’individu entre consciemment dans le flot des expériences que l’âme veut lui donner, il finit par grandir dans la paix, la joie et la satisfaction. Malheureusement, comme il est victime de l’ignorance, l’individu est souvent inconscient des expériences choisies par son âme, ou bien, s’il en est conscient, il ne s’y intéresse pas.

Question: : À quel endroit du corps, approximativement, peut-on ressentir l’âme ?

Sri Chinmoy: C’est dans le cœur spirituel. Le véritable cœur spirituel, d’une largeur d’environ quatre doigts, se trouve approximativement douze doigts au-dessus du nombril et six doigts juste au-dessous du centre de la gorge. C’est là que l’on peut trouver ce que vous appelez le « ressenti » de l’âme.

Question: Les âmes ont-elles des caractéristiques différentes ?

Sri Chinmoy: Il n’y a en fait pas grande différence entre les âmes, mis à part leur niveau de manifestation. Toutes les âmes possèdent les mêmes possibilités, qu’elles se trouvent dans la forme de vie la plus inférieure ou la plus développée.

Nous devons cependant nous rappeler que le Suprême Se manifeste à travers les différentes âmes de manières infinies qui expriment les aspects divers de Sa Divinité. Une âme manifestera par exemple la Lumière, une autre la Puissance, une troisième, la Beauté, et ainsi de suite.

C’est en manifestant leur potentiel caché à travers le processus de la réincarnation que certaines âmes sont devenues de grands Maîtres spirituels. Et toutes les âmes les suivront un jour ou l’autre.

Mon nom, mon âge, ma demeure

Je connais enfin mon nom.
Mon nom est le Jeu éternel de Dieu.
Je connais enfin mon nom.

Je connais enfin mon âge.
Mon âge est la page de l’Infini.
Je connais enfin mon âge.

Je connais enfin ma demeure.
Ma demeure se trouve dans les mondes de ma flamme.
Je connais enfin ma demeure.

Révélation

Mon cœur ne connaîtra plus ni larmes ni chagrins.
Mes jours et mes nuits se dissolvent dans la propre Lumière de Dieu.
Au-dessus du théâtre de la vie, mon âme
Est un Oiseau de Feu, parcourant l’Infini.

J’ai connu l’Unique et Son Jeu secret
Je suis passé au-delà de l’océan du Rêve-Ignorance.
En accord avec Lui, je danse et je chante ;
Je possède l’Œil doré du Suprême.

Profondément ivre d’Immortalité,
Je suis les racines et les branches de l’immensité.
Je connais ma Forme et l’ai réalisée.
Le Suprême et moi sommes un — nous survivons à tout.

My soul’s victory

Before my fantasies were all vague.
Slowly they have now taken shape.
My golden tomorrows are dawning fast.
No more I’ll be a human ape.

I snatched my Goal out of death’s embrace.
Ecstasy unbarred shoots through my life.
My glance has pinned falsehood to the ground.
God’s own Breath now beats against my face.

Question: Comment expliquer le concept de l’âme à un enfant ?

Sri Chinmoy: Je suis très heureux de répondre à cette question, car seul l’enfant peut aborder ce sujet avec une certaine spontanéité. L’âme est une portion consciente de Dieu. Elle provient directement de Dieu, reste en relation avec Dieu et retourne à Dieu. L’âme est la lumière que l’on appelle la conscience. Un enfant ne comprendra pas le mot conscience, alors vous pouvez lui expliquer que l’âme est quelque chose qui mène ses pensées, ses idées et ses prières à Dieu. Elle est sa messagère, car elle comprend notre langue aussi bien que celle de Dieu.

Dites-lui que lorsqu’il accomplit une bonne action, lorsqu’il dit la vérité ou bien qu’il fait quelque chose qui vous fait plaisir, c’est l’âme qui l’y incite. Enseignez-lui également que l’âme est la véritable propriétaire du corps. De même qu’il s’amuse avec ses jouets, l’âme joue avec lui. Il sait qu’il peut les briser, les abandonner, en faire ce que bon lui semble, sans que cela tire jamais à conséquence. De même, si l’âme désire rester dans son corps et jouer en sa compagnie, elle est libre de le faire. Mais si elle est fatiguée et préfère retourner vers son Père, rien ne pourra l’en empêcher.

Question: Nos désirs sont-ils contrôlés par notre âme ?

Sri Chinmoy: Pour l’instant, nos désirs ne sont pas contrôlés par l’âme. Seule notre aspiration l’est. Lorsque nous aspirons et que notre âme nous demande de faire quelque chose, nous le faisons. Mais lorsque nous sommes victimes d’innombrables désirs et que l’âme nous dit de faire quelque chose, nous n’écoutons pas. Cependant, l’âme finit par gagner sa suprématie.

Lorsqu’un nouveau chef de service arrive dans un bureau, les employés se moquent de lui, ne l’écoutent pas et ne font pas ce qu’il leur demande. Mais petit à petit, le chef de service comprend la situation et commence à exercer son autorité. Les employés de bureau ont alors peur de se faire renvoyer et le respectent comme il se doit. Dans la vie spirituelle également, l’âme commence par tout tolérer. Le physique, le vital et le mental sont les membres indisciplinés de la famille et se moquent de tout, désobéissent et font tout de travers.

L’être physique est comme un enfant indiscipliné qui ne veut pas prendre son bain. Il trouve que l’eau est trop froide et il ne veut pas entrer dans l’eau. Mais un autre enfant, le cœur, entre dans l’eau de lui-même, se baigne comme il faut et il est content. La mère — dans ce cas, l’âme — observe la situation et voit que le coquin ne va pas entrer dans la baignoire. Alors, elle finit par l’empoigner et le faire entrer de force dans son bain.

L’âme attend que son heure sonne. Le monde est plein d’ignorance, mais la Lumière infinie de Dieu et Sa Volonté intransigeante se trouvent dans l’âme. Il vient un moment où l’âme exerce la Volonté divine, même si au début, elle ne fait que jouer le rôle d’un témoin, comme le Purusha. L’âme observe simplement les bons côtés et les mauvais côtés de la personne. Lorsque les bons côtés veulent bien écouter l’âme, elle les accueille et les invite à courir vers le But. Et puis elle rend compte au Suprême des parties de l’être qui dorment encore dans l’ignorance et créent des problèmes. Un jour, le Suprême utilisera Sa Toute-Puissance et dira que le temps est venu de montrer la Lumière divine à travers l’Autorité divine. À ce moment-là, à l’Heure choisie de Dieu, lorsque l’âme voudra libérer quelqu’un des mailles de l’ignorance, l’obscurité millénaire sera expulsée.

Question: L’âme est-elle toujours assurée de trouver sa véritable mission à chaque nouvelle incarnation sur terre ?

Sri Chinmoy: Avant de prendre une incarnation humaine, l’âme reçoit le message intérieur à propos de son objectif sur terre. Elle est pleinement consciente de sa mission et descend avec l’approbation ou la sanction directe du Suprême. Mais au cours de sa vie, les agissements du mental physique recouvrent parfois l’inspiration divine et le véritable objectif de l’âme, et empêchent la mission de l’âme de se manifester. Cependant, si nous commençons à aspirer avec le mental, le cœur et l’âme, nous pouvons découvrir les raisons de notre existence ici sur terre.

Dans chaque être humain, il y a un combat constant entre le divin et le non divin. L’ignorance du monde tente de dévorer l’aspiration humaine. À notre stade actuel d’évolution, la plupart des hommes vivent dans le vital non divin, là où tout est désirs, anxiété et excitation. C’est pour cela qu’ils sont inconscients des besoins de l’âme.

L’âme révèle, le but comble.

Si Tu savais,
Père, ce que j’ai fait pour Toi :
J’ai planté et élevé un arbre grimpant
Pour que Tu danses à son sommet,
Et que Tu souries, libre.

Si Tu savais, Père,
Ce que j’ai fait pour Toi :
Je suis devenu l’esclave le plus humble du monde
Pour servir Ton Souffle en l’homme, la tombe.

Si tu savais, mon enfant
Ce que je pense toujours de toi :
Tu es l’Âme révélatrice de ma Vie.
Tu es le But qui comble ma Vision.

Question: Les expériences que vit l’âme sur terre lui assurent-elles une sorte d’expansion ?

Sri Chinmoy: Les expériences conduisent naturellement à son expansion. Lorsqu’on parle de l’expansion de l’âme, on entend par là la manifestation de la divinité qui se trouve dans l’âme. Lorsque nous avons l’expérience de l’âme, nous élargissons notre conscience qui progressivement s’étend sur tout. En même temps, nous manifestons la divinité qui est en nous.

121

L’homme n’est pas laid, dans son essence. Mais il est difficile pour l’homme d’être beau, parce qu’il a perdu le contact avec son âme, l’enfant de la Toute-Beauté.

Après tout, qu’est ce qui donne à l’enfant son charme et sa beauté, si ce n’est l’éclat de l’âme ? Plus tard, lorsque cette qualité pâlit pour finir par se perdre, l’enfant devient un adulte terne et circonspect.

Question: Comment peut-on savoir si on est en contact avec son âme et si on travaille depuis le plan de l’âme ?

Sri Chinmoy: C’est à travers la méditation et l’aspiration qu’on peut le savoir. Comparons un être humain à un appartement de trois pièces, et disons qu’il a libre accès à ces trois pièces. Il entre dans une première pièce et voit qu’elle est tout obscure, et remplie de bric-à-brac et de déchets ; tout est en désordre, non divin et impur. Il doit comprendre immédiatement qu’il s’agit de la chambre du mental. Le mental dépourvu d’aspiration, plein de doutes, le mental sophistiqué et suspicieux habite cette chambre sale et non divine.

Il entre dans une autre chambre. Il y ressent une forme de sensation réconfortante, et un sentiment d’espoir y règne. Tout porte à l’espoir, le succès, et tout lui donne de la joie. Tout ce qu’il regarde lui donne de la joie, l’encourage, lui plaît et l’inspire. Il doit comprendre que cette chambre est celle de son cœur. Le cœur y trouve l’inspiration, l’aspiration, l’encouragement et un sentiment d’accomplissement.

Enfin il entre dans la troisième chambre. Tout y est parfait, lumineux, comblant. Il y ressent qu’il a tout accompli et cela lui procure une joie infinie. Cette chambre est celle de l’âme. Lorsque vous regardez la chambre de l’âme, vous ressentez au premier coup d’œil que c’est votre chambre. Puis vous ressentez qu’au lieu de la posséder, vous êtes en fait devenu cette chambre. Cette chambre, votre âme, est en elle-même parfaite, mais comme tout ce qui en fait partie reste à l’intérieur, sans en sortir, elle devra se manifester à travers l’être extérieur.

Question: Une belle âme choisit-elle toujours un bel être extérieur ?

Sri Chinmoy: À l’origine, toutes les âmes sont belles. Mais dans le cas d’une âme très spéciale, on pourra observer de la douceur, de la beauté, de la sérénité, de la pureté et toutes sortes d’autres qualités divines dans son expression extérieure. Ce que nous sommes au-dedans, nous le sommes également au-dehors.

Certaines personnes ont de très belles âmes, des âmes merveilleuses, et pourtant, dans leurs manières extérieures, elles sont malheureusement très grossières, obscures et impolies. Pourquoi ? Parce que le mental et le vital n’ont pas été convenablement touchés par la lumière de l’âme. Ces individus ne s’intéressent pas à la lumière de l’âme et ont envie de rester à l’état brut, ce qui explique le manque d’harmonie dans leur vie. Ils sont absolument malheureux et misérables dans leur expression extérieure.

Il y a une autre raison qui explique le manque d’harmonie entre la vie extérieure et la vie intérieure. Si nous semons les graines d’un manguier, nous récoltons bien sûr des mangues. Mais il peut arriver que d’autres arbres poussent autour du manguier et détruisent sa beauté. De la même façon, si des membres d’une famille ne s’intéressent pas du tout à la vie spirituelle, s’ils manquent complètement de lumière et d’aspiration, ils peuvent tout simplement écraser les plus belles qualités d’un enfant. Comment ce merveilleux enfant est-il arrivé dans une famille aussi peu divine ? C’est son destin. Mais en général, une personne qui a une belle âme aura également un bel aspect extérieur.

les pèlerins du Seigneur Suprême

Nous sommes les pèlerins du Seigneur Suprême,
En route pour l’Infini.
Nous avons fait voler en éclats
La porte de l’obstruction.
Nous avons vaincu
La nuit d’obscures ténèbres, l’inconscience,
Ainsi que l’éternelle, invincible peur de la mort.
Le Bateau de l’aube de la Lumière céleste
Nous appelle
Et le Pilote-Monde
Du lien sacré de l’Amour divin
Nous appelle.
Les Mains du Libérateur nous attirent
Vers l’Océan du grand Inconnu.
Ayant conquis le souffle-vie
Du Monde de l’Immortalité
Et brandissant l’Étendard
Du Seigneur Suprême,
Nous reviendrons,
Nous, les gouttes et les flammes
De la lumière-transformation.

I — MORT ET REINCARNATION

LA MORT EST-ELLE LA FIN ?

La mort n’est pas la fin. La mort ne sera jamais la fin.

La mort est la route. La vie est le voyageur. L’âme est le guide.

Lorsque le voyageur est las et épuisé, le guide lui conseille de goûter à un repos plus ou moins long, avant que son voyage ne reprenne son cours.

Dans la vie ordinaire, lorsqu’un homme sans aspiration se vautre dans la boue de l’ignorance, cela représente une victoire véritable pour la mort. Dans la vie spirituelle, lorsqu’un aspirant n’implore pas une lumière, une béatitude et une puissance supérieures, cela marque la naissance de sa mort.

Que peut-on apprendre de la vie intérieure, cette vie qui désire l’anéantissement de la mort ? La vie intérieure nous enseigne que la vie est fervente et précieuse, que le temps est fertile et précieux. La vie sans l’aspiration du temps est dénuée de sens. Le temps sans l’aspiration de la vie est dénué d’intérêt.

Notre mental songe à la mort. Notre cœur songe à la vie. Notre âme songe à l’immortalité. Le mental et la mort peuvent être transcendés. Le cœur et la vie peuvent être déployés. L’âme et l’immortalité peuvent être comblées.

Après tout, qu’est-ce que la mort ? Un enfant qui dort. Et qu’est-ce que la vie ? Un enfant qui, à chaque instant, joue, chante et danse devant le Père. La mort est l’enfant endormi dans le cœur du Pilote Intérieur. La vie est inspiration. La vie est aspiration. La vie est réalisation. La vie n’est pas le mental raisonneur. La vie n’est pas le mental intellectuel. La vie n’est pas un jeu de frustration. Non, la vie est le message de la divinité sur terre. La vie est le canal conscient dont dispose Dieu pour réaliser la divinité en l’humanité sur terre.

Un jour viendra où ce repos lui-même ne sera plus nécessaire. Seule la Vie régnera suprêmement, la Vie de l’Au-Delà, d’un Au-Delà en perpétuelle transcendance. Cette Vie-là n’est pas et ne saurait être le monopole d’un seul individu. Chaque être humain devra être inondé par cette Vie de l’Au-Delà en perpétuelle transcendance, car c’est ici, en cette Vie Divine, que Dieu Se manifestera Lui-même, sans réserve, ici même, sur cette terre.

MORT, PARLE-MOI DE TOI, JE T’EN PRIE

Mort, parle-moi de toi,
Je t’en prie.

« Je te dirai
Ce qui compte le plus
À mon sujet :
J’aime Dieu parce qu’Il est suprêmement grand.
J’aime l’homme parce qu’il est désespérément éperdu.
»

Question: : En quoi la mort est-elle nécessaire ? Pourquoi l’âme ne peut-elle continuer à progresser et à évoluer dans un même corps ?

Sri Chinmoy: Pour l’instant, la mort est nécessaire. Nous ne pouvons rien accomplir pendant une période prolongée sans prendre de repos. Nous jouons trois quarts d’heure ou une heure, et cela nous fatigue ; il faut alors marquer une pause. Il en est de même avec notre aspiration. Supposons que nous vivions sur terre soixante ou soixante-dix ans. Sur ces soixante ou soixante-dix années, nous ne méditerons peut-être que vingt ou trente jours, et ce, durant quelques heures à peine. Un être humain ordinaire ne peut, lors de sa méditation, aspirer quatre heures, deux heures, voire une heure d’affilée. Comment pourrait-il posséder l’aspiration, la réalité ou la conscience qui l’emmèneront d’un seul trait vers la Vérité éternelle ou vers la Conscience immortelle ?

Pour l’instant, la mort nous aide, en un sens ; elle nous permet de goûter au repos. Lorsque nous revenons sur terre, nous sommes porteurs d’un nouvel espoir, d’une nouvelle lumière, d’une nouvelle aspiration. Mais si nous avions une aspiration consciente, une flamme ascendante brûlant constamment en nous, nous constaterions que la mort physique peut aisément être vaincue. Le jour viendra où la mort n’aura plus de raison d’être. Mais pour l’instant, nous ne sommes pas dotés de cette capacité ; nous sommes faibles. Les maîtres spirituels, les âmes libérées, ont acquis la maîtrise sur la mort ; cependant ils n’abandonnent leur corps que lorsqu’ils en reçoivent l’ordre du Divin.

« Je suis las ; j’ai besoin de repos. » Ainsi s’exprime l’homme ordinaire qui a supporté le poids d’une famille pendant vingt, trente ou quarante ans. Pour lui, la mort a un sens véritable ; l’âme retourne dans la région de l’âme où elle jouira d’un bref repos. Mais pour le guerrier divin, l’aspirant de la Vérité ultime, la mort n’a aucun sens. Il souhaite que ses progrès soient continus, incessants. Il s’efforce donc de vivre une aspiration constante, une aspiration éternelle. Et à l’aide de cette aspiration éternelle, il tente de triompher de la mort, afin de devenir une manifestation extérieure éternelle du Divin qui réside en lui.

Question: Dans une réflexion tirée de l’un de vos livres, vous dites que la mort est un obstacle. J’ai toujours cru que vous considériez la mort comme une transition nous permettant de renaître et d’accomplir des progrès continus.

Sri Chinmoy: Parfait. J’ai dit que la mort était une transition. J’ai dit que la vie et la mort étaient semblables à deux pièces : la vie est mon salon, et la mort ma chambre à coucher. Lorsque je dis que la mort est un obstacle, je me place d’un point de vue différent. Qu’est-ce qu’un obstacle ? C’est quelque chose qui nous empêche d’avancer. C’est une limite que nous ne parvenons pas à dépasser.

Cette vie est une opportunité précieuse qui nous est offerte par le Suprême. L’opportunité est une chose, l’accomplissement en est une autre. Notre évolution spirituelle, notre progrès intérieur, sont à la fois très réguliers, très lents, et des plus riches de sens. Bien entendu, il y a des gens qui, durant des centaines ou des milliers d’incarnations, suivront le cycle normal, naturel, de la naissance et de la mort. Puis un jour, au sein de l’Éternité de Dieu, ils réaliseront Dieu. Mais certains aspirants véritables, sincères, authentiques, font la promesse fervente qu’en cette incarnation, ici et maintenant, ils réaliseront Dieu. Ils parlent ainsi tout en sachant que cette vie-ci n’est ni leur première, ni leur dernière vie. Mais ils savent aussi qu’il existe des gens qui ont réalisé Dieu, alors ils ne veulent pas attendre une incarnation future trop lointaine ; ils veulent atteindre à leur tour cette réalisation le plus vite possible parce qu’ils pensent qu’il est vain de vivre sans elle. Dans de tels cas, si la mort survient avant qu’ils n’aient atteint la réalisation, elle constitue effectivement un obstacle. Si une personne destinée à mourir à l’âge de cinquante ans aspire avec ferveur et parvient à faire reculer la date de sa mort d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, avec l’approbation bienveillante du Suprême, comment utilisera-t-elle cette prolongation ? Elle continuera à vivre son aspiration sincère, sa méditation la plus profonde, sa contemplation la plus élevée. Elle sera comme un athlète qui court vers son But sans rencontrer d’obstacle sur son chemin. Durant ces vingt ou trente années supplémentaires, elle atteindra le point ultime, celui de son But.

Mais si la mort survient entre-temps, cela l’empêchera de réaliser Dieu en cette vie. Très peu d’âmes parviennent, dans leur nouvelle incarnation, à renouer immédiatement avec le fil de leur aspiration passée. Dès que nous venons au monde, les forces cosmiques non divines nous attaquent, et l’ignorance, les limites et les imperfections du monde tentent de recouvrir l’âme. Lors des années de formation de l’enfance, on ne se souvient de rien. Un enfant est innocent, ignorant et impuissant. Ce n’est que quelques années plus tard que son mental commence à fonctionner.

Entre l’âge de huit et douze ans, le mental complique tout. Pratiquement toutes les âmes, aussi élevées et spirituelles soient-elles, oublient leurs accomplissements passés et leur imploration intérieure la plus profonde durant les onze, douze ou treize premières années de la vie. Il existe bien des maîtres spirituels ou de grands aspirants qui vivent quelques expériences élevées au cours de l’enfance, ou qui commencent à penser à Dieu ou à chanter Ses louanges dès leur plus jeune âge, mais d’habitude, il n’y a pas de lien très fort entre les accomplissements terrestres de l’âme dans sa dernière incarnation et les années d’enfance de l’incarnation suivante. Un lien existe, un lien très subtil, mais il ne fonctionne pas de manière significative durant les douze ou treize premières années de la vie.

Certaines âmes ne retrouvent l’inspiration de leur incarnation précédente qu’après l’âge de cinquante ou soixante ans. Du point de vue spirituel, cette période représente une perte de temps. Si un individu perd cinquante ans dans son incarnation actuelle, et qu’il a déjà perdu vingt ou trente ans lors de la précédente, cela revient à dire que quatre-vingts années ont été gâchées. Dans un tel cas, je dis que la mort est un véritable obstacle. Il nous faut déplacer cet obstacle à l’aide de notre aspiration, à l’aide d’une aspiration ininterrompue. L’aspiration doit être pareille à une balle de revolver. Elle doit transpercer le mur de la mort.

Bien que cela puisse demander un certain temps, l’être intérieur finira par apparaître consciemment à la surface, et la personne se mettra à prier et à méditer sur Dieu avec le plus de puissance et de sincérité possible lors de sa nouvelle incarnation. Elle comprendra alors que rien de son passé n’a été perdu. Tout a été préservé au sein de la conscience de la Mère Terre, qui est comme une banque commune à chacun. L’âme saura combien elle a accompli sur terre : tout cela est bien à l’abri à l’intérieur de la conscience de la Terre, de la banque terrestre. Supposez que vous déposiez de l’argent ici dans une banque et que vous partiez en Angleterre pour n’en revenir qu’au bout de six ans ou plus. À votre retour, vous pouvez reprendre votre argent. L’âme agit de la même manière après avoir quitté la terre pendant dix ou vingt ans. Tous ses accomplissements sont précieusement conservés au sein de la Mère Terre. Celle-ci les rend à l’âme lorsqu’elle revient sur terre afin de travailler pour Dieu.

Dans la plupart des cas, rien ne se perd, si ce n’est le temps correspondant aux quelques années de l’enfance. Mais il est préférable de réaliser Dieu en une incarnation, afin de ne pas perdre à nouveau notre aspiration consciente durant cette période transitoire. Si nous parvenons à demeurer sur terre de cinquante à cent ans avec une aspiration immense et sincère, nous pouvons accomplir beaucoup de choses. Si nous recevons l’aide véritable d’un maître spirituel, il nous devient possible de réaliser Dieu en une incarnation, ou en deux ou trois. Mais, sans aspiration ni maître authentique, cette tâche exige des centaines et des centaines d’incarnations.

Question: Pouvez-vous dire quelques mots sur l’Éternité et la vie éternelle ?

Sri Chinmoy: En tant qu’homme spirituel, je peux affirmer, à la lumière de ma propre réalisation intérieure, que l’âme ne meurt pas. Nous savons que nous sommes éternels. Nous venons de Dieu, nous sommes en Dieu, nous devenons Dieu et nous réaliserons Dieu. La vie et la mort sont semblables à deux pièces ; aller de la vie à la mort équivaut à se rendre d’une pièce à l’autre. Je me trouve en ce moment dans mon séjour. Je vous parle, je médite avec vous, je vous regarde. Je dois me montrer avec mon corps physique ; je dois travailler, être actif, faire acte de présence. Et puis il y a une autre pièce, ma chambre à coucher. C’est là que je goûte au repos et c’est là que je dors. Je n’ai besoin de montrer mon existence à personne ; je n’existe que pour moi-même.

Nous provenons de la Vie Infinie, de la Vie Divine. Cette Vie Infinie se déroule sur terre pendant un certain temps, cinquante ou soixante ans. Durant cette période, la vie terrestre est en nous. Mais au sein de cette vie enchaînée à la terre se trouve la Vie illimitée. Au bout d’un certain temps, cette Vie passe à nouveau par le couloir de la mort, pendant cinq, dix, quinze ou vingt ans. Lorsque nous pénétrons dans ce couloir, l’âme quitte le corps pour goûter à un repos plus ou moins long avant de retourner dans la région de l’âme. Si la personne est spirituelle, son âme y reprendra possession de la Vie éternelle, cette Vie Divine qui existait avant toute naissance, qui existe entre la naissance et la mort, qui existe au sein de la mort et qui, en même temps, s’étend au-delà de la mort. Cela dit, nous pouvons, au cours de notre vie terrestre, entrer dans le royaume de la Vie Éternelle, grâce à notre aspiration et à notre méditation. Mais il ne suffit pas de pénétrer dans cette Vie Éternelle pour la posséder ; il faut consciemment devenir cette Vie. En optant pour une vie de méditation, nous devons ultimement faire corps avec la méditation. Et lorsque nous serons en mesure de méditer vingt-quatre heures sur vingt-quatre, nous respirerons au rythme de la Vie sans fin. En notre conscience intérieure, nous serons unis à l’âme.

Pour celui qui vit dans l’âme, la mort n’existe pas. Il n’y a plus qu’une évolution constante de la conscience, de la vie d’aspiration. Mais pour celui qui vit dans le corps, la mort est omniprésente. Il suffit que la peur fasse irruption dans son mental, et le voilà mort. Il suffit que des forces négatives surviennent, et le voilà mort. Combien de fois par jour ne meurt-il pas ! La peur, le doute, l’angoisse tuent en permanence son existence intérieure.

LA MORT ET L’AME

J’ai deux pièces : un séjour et une chambre à coucher. Dans mon séjour, je travaille et je converse avec des amis qui viennent me voir. J’appelle cette pièce la pièce de vie. Dans l’autre pièce, là où je dors, je n’ai pas besoin de travailler ni de parler, parce que j’y vais pour me reposer pendant des périodes plus ou moins longues. La vie, au sens propre du terme, n’a pas besoin d’y être exposée. Je l’appelle donc la pièce de la mort. Pourtant les deux pièces m’appartiennent autant l’une que l’autre.

Vous avez peur de la mort parce que vous avez l’impression que la mort ne vous appartient pas, contrairement à la vie. Vous pensez que la vie est votre foyer, elle vous est familière, et que la mort est un terrain étranger complètement inconnu. Mais ce n’est pas vrai. La vie comme la mort sont en vous.

Dans notre vie intérieure ou spirituelle, nous appelons certaines âmes des âmes « mortes » parce qu’elles n’aspirent pas ou ne font aucun progrès. Que faut-il à ceux qui veulent aspirer et faire des progrès ? La conscience. Il faut être conscient, pleinement conscient, du mental, du vital et du physique, et les orienter vers l’intérieur pour ressentir, voir et devenir la félicité de l’âme qui nourrit et transforme à jamais. La mort est inévitable parce que notre corps actuel est imparfait. Il se refuse à devenir divin et immortel. Il ne s’ouvre pas à la Vie éternelle. Mais nous ne souffrirons pas éternellement de cette limitation. Le corps deviendra plus conscient ; il aspirera à faire descendre davantage de Lumière, de Béatitude, de Paix et de Puissance dans son existence intérieure et dans son existence extérieure, et il finira par devenir parfait. À ce moment, la mort ne sera plus inévitable. En fait, la mort elle-même mourra.

Pour l’instant, le corps meurt et l’âme se repose. Mais l’âme n’oublie pas d’emporter avec elle l’essence des expériences acquises au cours de son dernier passage sur terre. Elle assimile l’essence de son passé pendant qu’elle se repose, et une fois cette assimilation faite, elle se prépare pour un nouveau voyage, et commence à choisir sa nouvelle naissance, son nouvel environnement, ses nouvelles conditions, sa nouvelle personnalité et sa nouvelle mission. Puis, elle va rencontrer le Suprême pour obtenir son approbation divine avant de redescendre dans le monde physique.

La naissance et la mort sont inséparables. La naissance précède la mort ; la mort succède à la naissance. Ce dont nous avons besoin pour relier la naissance à la mort est la Vie. Curieusement, cette Vie existait avant notre naissance, elle existe entre notre naissance et notre mort, et elle continuera d’exister après la mort, étirant ses bras tendus vers l’Éternité, l’Infinité et l’Immortalité.

Un aspirant avancé voit et comprend qu’à chaque instant, il vit une nouvelle naissance et une nouvelle mort au fur et à mesure que son âme passe d’une expérience temporaire à une autre. La Vie éternelle de Dieu ne régnera dans notre existence humaine que lorsque le corps, le vital et le mental vivront dans l’âme et traverseront, ou plutôt deviendront l’expérience permanente du Suprême.

MORT, PARLES-TU SOUVENT A SATAN ?

Mort, parles-tu souvent à Satan ?
« Je ne parle jamais à Satan.
Je le déteste !
Je déteste sa brutalité ;
Je déteste sa réalité-existence-ignorance.
Il est tout simplement impossible !
»

Pourquoi, Mort, pourquoi ?
« Tu sais bien pourquoi :
J’aime à la fois le Ciel et la terre.
J’aime la fleur de beauté du Ciel.
J’aime le fruit du devoir de la terre.
»

Question: L’âme peut-elle vivre des expériences dans les mondes où elle se rend après avoir quitté le corps ?

Sri Chinmoy: Dès que l’âme quitte son corps physique, celui-ci entre dans le plan du physique, le vital entre dans le plan du vital et le mental dans le plan du mental. L’âme traverse le physique, le vital, le mental et le psychique subtils avant d’arriver dans la région de l’âme à proprement parler. Au cours de toutes ces étapes, elle emporte avec elle les expériences acquises sur terre.

Dans ces autres plans, l’âme vit différentes expériences subtiles, mais elles ne se manifestent pas. Ici sur terre, les expériences qu’elle reçoit se manifestent forcément un jour ou l’autre. L’âme peut aspirer dans tous les mondes, mais dans les mondes supérieurs, elle n’a que l’aspiration, qui finit par prendre l’aspect d’une expérience, parce qu’elle est une expérience en soi. Mais les expériences que l’âme traverse sur terre à travers toutes les parties de l’être la conduisent constamment vers une manifestation plus complète du Divin.

Question: L’enfer est-il réellement un lieu précis dans les mondes vitaux, ou bien est-ce un état de conscience ?

Sri Chinmoy: Au niveau du mental physique, l’enfer est effectivement un lieu qui sert d’expérience au vital. Si vous menez une vie corrompue, vous devrez y passer. C’est une véritable torture, une torture inimaginable. Celle-ci est d’une sévérité particulière pour ceux qui attentent à leur vie. Les souffrances qu’endurent les suicidés au niveau du physique subtil et du vital subtil sont inconcevables et insupportables. Ils n’auront pas l’occasion de s’incarner à nouveau avant longtemps. Et lorsque, après avoir souffert de nombreuses années dans le monde vital, ils obtiendront enfin une incarnation, celle-ci sera défectueuse. Et cette situation se prolongera au-delà d’une incarnation, à moins qu’ils ne reçoivent le pardon d’un maître spirituel ou que la Grâce de Dieu n’intervienne. Pis encore, ils créeront d’emblée une perturbation au sein de la famille où ils renaîtront. Si un suicidé s’incarne et souffre de troubles mentaux, par exemple, cela occasionne de graves problèmes pour sa famille. En outre, ce type d’âme aggrave fréquemment son mauvais karma en persistant dans l’erreur et en ne modifiant pas son attitude. Mais il suffit de la Grâce de Dieu ou de l’intervention d’un maître spirituel pour que l’âme reçoive de l’aide.

Ainsi, pour celui qui vit dans la conscience physique grossière ou dans la conscience du corps, l’enfer est-il réellement un lieu. Mais sachez qu’au plus haut niveau spirituel, l’enfer, tout comme le paradis, est un plan de conscience. Le paradis et l’enfer commencent dans le mental. Dès l’instant où nous avons de bonnes pensées, où nous prions, méditons et nous efforçons d’offrir la lumière intérieure acquise lors de nos méditations et de nos prières, nous commençons à vivre au paradis. Dès l’instant où nous pensons du mal des autres, les critiquons et entretenons de mauvaises pensées à leur sujet, nous pénétrons en enfer. Nous créons le paradis, nous créons l’enfer : nous créons le paradis par nos pensées divines, et nous créons l’enfer en nous-même par nos pensées négatives. Le paradis et l’enfer sont tous deux des états de conscience profondément ancrés en nous.

En plongeant profondément en nous-même, nous découvrons que nous contenons l’univers tout entier. À l’intérieur de ce corps physique se trouve le corps subtil ; et dans le corps subtil, dans le cœur, nous découvrons l’existence de l’âme. De là, en plongeant encore plus profondément, nous apercevons l’univers tout entier.

MORT, DE QUOI PARLES-TU AVEC DIEU ?

Mort, parles-tu souvent à Dieu ?
« Je parle constamment à Dieu. »

Peux-tu me dire
De quoi vous parlez ensemble ?

« Nous parlons de nos accomplissements
Et
De nos déceptions.
Je parle à Dieu de mes accomplissements
Sur terre
Et de mes déceptions au Ciel.
Dieu me parle de Ses accomplissements
Au Ciel
Et de ses déceptions sur terre. »

Je vois.
Merci, Mort.

Question: Quel est le propos de la réincarnation ?

Sri Chinmoy: Il est impossible de tout accomplir en une seule vie terrestre. Et en demeurant dans le monde du désir, vous ne parviendrez jamais à trouver satisfaction. Enfant, vous éprouviez des millions de désirs. Si, à l’âge de soixante-dix ans, l’un de vos désirs n’est pas assouvi, vous ressentez la même frustration. Plus vous satisfaites vos désirs, plus ils se multiplient. Vous commencez par désirer une maison, puis deux ; une voiture, puis une deuxième, et ainsi de suite. Ce processus est sans fin. Même après avoir comblé vos désirs, vous vous apercevez que vous êtes toujours insatisfait. Vous devenez alors la proie de nouveaux désirs ou de désirs accrus.

Il se trouve que notre ami le plus cher est Dieu. Croyez-vous que Dieu permettra que vous demeuriez insatisfait ? Non ! Le dessein même de Dieu est de réaliser chaque individu, tout en Se réalisant Lui-même à travers chacun. Il vous fera revenir jusqu’à ce que vos désirs soient satisfaits. Une personne qui souhaite à tout prix devenir un millionnaire dans cette incarnation et qui ne l’est toujours pas devenue au terme de son voyage, devra, si son désir est vraiment intense, revenir jusqu’à ce qu’il le devienne vraiment. Mais, une fois millionnaire, il se rendra compte qu’à un certain niveau, il n’est toujours qu’un mendiant, dans la mesure où la paix de l’esprit lui échappe. Or s’il entre dans le monde de l’aspiration, même sans un sou, il accédera à cette paix. Et c’est là que se trouve la véritable richesse.

Si vous empruntez la voie des désirs, vous constaterez que leur cortège est interminable. Mais si vous lui préférez la voie de l’aspiration, vous verrez le Tout, vous entrerez dans le Tout, pour finalement devenir le Tout. Vous savez que si vous pouvez réaliser Dieu, vous trouverez tout en Dieu, car tout réside en Lui. Aussi délaisserez-vous finalement le monde du désir pour entrer dans le monde de l’aspiration. Là, vous diminuerez vos désirs et penserez davantage à la Paix, à la Béatitude, à l’Amour divin. Il vous faudra peut-être de nombreuses années pour recevoir un peu de Paix, une goutte de Nectar. Mais une personne spirituelle est disposée à attendre indéfiniment que l’Heure de Dieu vienne combler son aspiration. Et son aspiration à atteindre cette Paix, cette Lumière et cette Béatitude n’aura pas été vaine. Toutefois, si votre but est d’entrer dans le Plus Haut, l’Infini, L’Éternel, l’Immortel, le bref intermède d’une seule vie ne vous suffira naturellement pas. Mais là non plus, Dieu ne vous laissera pas demeurer insatisfait. Vous poursuivrez votre voyage lors de votre prochaine incarnation. Vous êtes un éternel voyageur. Il vous faudra continuer, continuer, jusqu’à ce que vous ayez atteint votre But. La perfection est le but de tout aspirant. Vous vous efforcez de vous parfaire au sein d’un monde imparfait. Mais la perfection absolue ne s’atteint pas en une seule vie.

C’est par l’aspiration et l’évolution que l’âme acquiert la pleine possibilité de réaliser le Plus Haut et de combler le Divin. C’est d’abord au physique, à l’humain en nous, d’aspirer à s’unir au Divin en nous, qui est l’âme. Pour l’instant, le corps n’obéit pas aux injonctions de l’âme, autrement dit, le mental physique se révolte. Les agissements du mental physique recouvrent le propos divin de l’âme, empêchant celle-ci de faire surface. Au stade actuel de l’évolution, la plupart des gens sont inconscients et ignorent ce que souhaite l’âme ou ce dont elle a besoin. Ils éprouvent des désirs, s’inquiètent de leur succès, et sont en proie à une intense excitation. Tout cela provient du vital ou de l’ego, alors que ce qui est accompli avec la conscience de l’âme n’est que joie. Il arrive parfois que l’on entende les ordres de l’âme ou le message de la conscience, sans pour autant agir comme il faut ou parler justement, car le mental physique est faible ; nous sommes faibles. Toutefois, si nous commençons à aspirer avec le mental, puis le dépassons pour atteindre l’âme, il nous sera facile d’entendre les injonctions de l’âme et de lui obéir.

Un jour viendra où l’âme sera en mesure d’exercer ses qualités divines et de faire ressentir au corps, au mental et au cœur la nécessité de la découverte de soi. Le physique et le vital souhaiteront alors consciemment écouter l’âme et être instruits, guidés par elle. Notre nature sera immortalisée et nous posséderons une vie immortelle au sein même du monde physique, car notre âme se sera intégralement et inséparablement unie au Divin sur terre. Il ne nous restera plus qu’à offrir notre richesse intérieure au monde et à manifester le potentiel de notre âme. Il arrive fréquemment que la réalisation puisse s’établir en une incarnation, mais en ce qui concerne la manifestation, l’âme doit revenir sur terre encore et encore. Tant que nous n’aurons pas révélé et manifesté la Divinité la plus élevée qui se trouve en nous, notre jeu ne sera pas achevé. Nous devons revenir en ce monde d’innombrables fois, parce que nous n’avons pas fini de jouer notre rôle dans le drame cosmique. Mais dans le processus de l’évolution, lors d’une de ses incarnations, l’âme finira par réaliser et manifester pleinement le Divin dans le physique et à travers lui.

Question: Combien de temps devrons-nous encore nous réincarner ?

Sri Chinmoy: Celui qui aspire accélère sa réalisation. Autrement, un être humain ordinaire a besoin de centaines et de centaines d’incarnations avant d’atteindre sa réalisation. Les aspirants qui entrent consciemment dans une voie spirituelle et s’efforcent de se discipliner grâce à leur imploration intérieure atteindront bien sûr leur réalisation plus tôt que ceux qui dorment encore et ne sont pas encore conscients de leur vie intérieure.

Maintenant, une fois qu’elle a réalisé Dieu, et si telle est Sa Volonté, une personne n’a plus besoin de s’incarner. Si elle est fatiguée, elle pourra dire : « Non, je ne veux plus aider l’humanité, je ne veux que réaliser Dieu. Après ma réalisation, je voudrais rester dans un autre plan de conscience. » Mais certaines âmes réalisées voudront continuer à retourner dans la conscience terrestre et servir l’humanité aspirante. Tout dépend de l’individu et de la Volonté de Dieu.

Question: Pouvez-vous, s’il vous plaît, nous expliquer comment la loi du karma nous affecte dans notre vie présente et dans nos vies futures ?

Sri Chinmoy: Nous transportons le passé à l’intérieur de nous. C’est un flot continu. « On récolte ce que l’on a semé » dit le proverbe. Lorsque nous faisons quelque chose de mauvais, nous devons être conscients que, tôt ou tard, que ce soit dans le monde physique ou dans les mondes intérieurs, nous en subirons les conséquences. Si je vole souvent, je finirai par être attrapé et jeté en prison. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera peut-être demain, mais un jour, je serai pris. Et de même, si je fais quelque chose de bien, si je prie, je médite et fais des choses divines, je récolterai aussi le résultat de ces actions. Maintenant, nous pouvons également voir une personne vivre une vie confortable alors qu’elle fait du mal autour d’elle : il est possible qu’elle ait fait des choses extraordinaires dans sa précédente incarnation et qu’elle récolte à présent le résultat de ses bonnes actions passées, le résultat de ses mauvaises actions présentes n’ayant pas encore commencé à porter ses fruits. Mais à la fin de sa vie, ou dans une vie future, elle sera punie.

Dans le cas d’une personne ordinaire et sans aspiration, le fonctionnement du karma est totalement inévitable. La loi du karma enchaîne toujours ; elle s’enroule comme un serpent autour de cette personne. Elle doit payer un péage, une taxe, parce que la loi du karma est sans merci. Cependant, il y a ce que l’on appelle la Grâce divine : j’étais ignorant et j’ai fait quelque chose de mal, mais j’ai versé des larmes amères et imploré le pardon, alors la Compassion de Dieu est descendue sur moi. Lorsqu’une personne entre dans la vie spirituelle, son karma peut facilement être annulé par un Maître spirituel si telle est la Volonté de Dieu. La Grâce infinie de Dieu peut lentement annuler les résultats de son mauvais karma et accélérer les résultats de son bon karma. Un aspirant qui, non seulement veut mener une vie spirituelle, mais pratique également sa vie spirituelle avec sincérité, peut se placer au-dessus de la loi du karma, car Dieu ne manquera pas de déverser Sa Grâce infinie sur sa tête et son cœur dévoués. Bien sûr, je ne peux pas continuer de faire quelque chose de non divin en comptant sur le pardon permanent de Dieu. Non. Mais si Dieu voit une imploration fervente venir du fond de moi, s’Il voit que je suis sincère, j’aspire et je veux être libéré des chaînes de l’ignorance, non seulement me pardonnera-t-Il, mais Il me donnera également la force nécessaire pour ne pas recommencer les mêmes erreurs.

Lorsque nous revenons dans notre prochaine incarnation, nous devons bien sûr commencer notre voyage conformément aux résultats de notre karma passé. Si nous avons fait beaucoup de mal, nous ne pouvons nous attendre à réaliser la Vérité la plus élevée dans notre prochaine incarnation. Cependant, avec la Grâce de Dieu, nous pouvons facilement annuler le mal que nous avons fait au cours de cette vie passée.

LE RAPIDE SE SOUMET, LE COURAGEUX COMBAT

Le vieil homme
Entre dans le Hall de la Mort
Lentement, désespérément
Et paisiblement.

La mort
Entre dans la chambre de Vie
Du jeune homme
Fièrement, délibérément
Et triomphalement.

Ô Mort, j’aime la soumission rapide
Du vieil homme,
Et
J’aime, j’admire et adore
Le combat courageux
Du jeune homme.

I — LES PROBLEMES DE LA VIE

L'ignorance

Nous savons tous ce que sont l’ignorance et la lumière. L’ignorance ou l’obscurité nous apparaissent sous forme de tentation, contrairement à la lumière, qui elle, apparaît sous forme d’unité absolue. La lumière nous dit : « Toi et moi sommes un », tandis que l’obscurité nous dit : « Non, toi et moi sommes deux. »

L’obscurité nous tente en disant : « Ce que je possède est très doux, très joli et fascinant. Je suis venu te l’offrir. » Nous demandons alors à essayer, puis à voir, sentir et goûter. C’est ainsi que nous sommes pris au piège et nous sommes perdus. Lorsqu’elle nous apparaît, la lumière nous dit : « Nous sommes unis. Toi et moi sommes un. Ce que je possède en moi, tu le possèdes également. » La lumière nous dit qu’elle possède la paix, la béatitude, la félicité et la puissance et que nous trouverons également tout cela en cherchant au fond de nous-mêmes.

Mais notre mental, qui vit dans une conscience limitée, préfère acquérir quelque chose qui ne se trouve pas déjà en lui. Il se dit : « À quoi bon chercher quelque chose que j’ai déjà ? » C’est pourquoi, lorsque l’obscurité le tente avec quelque chose d’extérieur à lui, il s’en empare, que ce soit bon ou non. Il veut cette chose uniquement parce qu’il ne la possède pas. C’est pour cela que nous aimons tant l’ignorance. Pourquoi chérissons-nous l’ignorance ? Premièrement, parce que nous avons envie de ce que les autres possèdent. La vue de quelqu’un de très riche nous donne aussitôt envie d’être riche. Une personne heureuse nous donne immédiatement envie d’être heureux. Nous regardons constamment autour de nous pour voir ce que les autres font et puis nous essayons de les imiter. Nous nous trouvons stupides de ne pas avoir ce que les autres ont. Tout le monde a de l’ignorance. Nous en avons également, mais nous pensons être inférieurs si nous n’en avons pas une bonne quantité.

Un enfant possède un ballon, et pour lui, ce ballon est ce qu’il y a de mieux sur terre. Il n’a pas envie de se dire que ce ballon ne va pas durer longtemps, et qu’il va bientôt éclater. Pour lui, la seule chose qui compte est que ce ballon lui appartient et il ne veut pas s’en séparer. L’ignorance est comme un ballon. Nous avons l’impression que si nous étions privés de ce jouet, nous serions complètement perdus et démunis. Mais lorsque nous entrons consciemment dans la vie spirituelle, nous voyons que l’ignorance ne cesse de nous tenter et ne nous satisfait jamais. Nous comprenons que plus nous jouons avec le ballon, plus nous sommes frustrés et abattus. Il faut savoir ce que l’on veut : la tentation ou bien la satisfaction. Si nous choisissons la satisfaction, la tentation doit être rejetée.

Dans notre vie quotidienne ordinaire, l’ignorance est comme un chameau qui mange des épines qui lui blessent la bouche, mais qui continue parce qu’il en a pris l’habitude. Lorsque l’âme entre dans le corps, elle y exerce sa domination pendant un, deux, trois, quatre, cinq ou six ans. Tant que le mental n’est pas encore puissant, l’âme peut garder le dessus. Mais l’enfant commence progressivement à apprendre beaucoup de mauvaises choses de ses parents, de voisins, d’amis et du monde en général. En grandissant, il voit beaucoup de faiblesses chez ses parents, sans savoir encore que ce sont des faiblesses. Il pense que ce sont des qualités dont il a besoin pour vivre sur terre, alors il commence à chérir, au niveau de son mental, son vital ou son physique, toutes les pensées que ses sens reçoivent du monde extérieur. Dès qu’il commence à utiliser ses sens physiques sans être inspiré par le cœur, l’obscurité entre dans ses yeux et l’aveugle, et le mensonge entre dans ses oreilles et les empoisonne. Toutes les qualités négatives du monde entrent en lui et il les apprécie, consciemment ou inconsciemment.

Comment conquérir l’ignorance ? En ce monde, nous ne connaissons que deux choses : « je veux » ou bien « je ne veux pas ». Nous acceptons ou bien nous rejetons. Dans le Jeu cosmique de Dieu, il n’y a que deux choses : l’ignorance et la sagesse. Toute pensée est composée d’ignorance et d’obscurité, ou de sagesse et de lumière. Il n’y a rien entre les deux. C’est soit l’obscurité, soit la lumière qui remplit le réceptacle. C’est pourquoi nous devons encourager la lumière à entrer dans le réceptacle.

De même qu’il n’y a pas de limites à l’obscurité, il n’y en a pas à la lumière. Il dépend de nous de vivre dans l’obscurité et l’ignorance ou bien dans la lumière. Aujourd’hui, il est difficile pour l’homme de vivre dans la lumière. Il lui est plus facile de vivre dans l’obscurité parce qu’il s’y est habitué. Mais il trouvera extrêmement difficile de vivre dans l’ignorance et dans l’obscurité après avoir commencé à aspirer sincèrement à vivre dans la lumière.

Question: La souffrance est-elle nécessaire ?

Sri Chinmoy: Les gens pensent en général que la traversée de souffrances, de difficultés et de maux physiques purifie notre système. Cette idée n’est pas fondée sur la réalité. Beaucoup de gens souffrent en raison de leur karma passé ou bien parce qu’ils sont attaqués par des forces non divines et on ne peut pas dire pour autant qu’ils sont proches de leur destination. Non ! Pour atteindre leur destination, ils doivent aspirer avec sincérité. Nous ne devons pas accueillir la douleur ; lorsqu’elle apparaît, nous devons essayer de la conquérir, parce que très souvent, la souffrance, qu’elle soit physique, mentale ou émotionnelle, ne fait qu’interférer dans notre aspiration.

La douleur physique, vitale ou mentale doit être, soit conquise, soit transformée en joie grâce à notre imploration intérieure constante de ce qui va nous apporter une satisfaction réelle et permanente. Dans la vie spirituelle, la meilleure chose à faire est de considérer une douleur inévitable comme une expérience qui doit être transformée en une expérience de joie. La joie est la seule réalité éternelle, la seule réalité permanente et perpétuelle. Il est faux de penser que chaque fois que nous souffrons, nous nous rapprochons de notre but.

Il n’est pas du tout nécessaire de passer par la souffrance avant d’entrer dans le Royaume de la Félicité. Beaucoup de gens ont réalisé Dieu à travers l’amour. Le Père a de l’amour pour son enfant, et l’enfant a de l’amour pour le Père. Cet amour nous conduit vers notre but. Notre philosophie met l’accent sur la voie positive pour approcher la Vérité. Nous avons une lumière limitée, alors augmentons-la. Puis progressons de davantage de lumière à une lumière abondante jusqu’à la Lumière infinie.

La plus grande découverte est ceci : nous provenons de la Félicité, nous grandissons dans la Félicité, et à la fin de notre voyage, nous retournons à la Félicité. La Félicité se trouve dans le monde intérieure, tandis que le monde extérieur est plein de souffrance. Nous voyons les gens se disputer et se battre. La peur, le doute, la colère, la jalousie et toutes sortes d’autres éléments non divins nous torturent. Mais si nous allons au fond de nous-mêmes, avec la force de notre méditation la plus élevée, nous découvrons que la Félicité est notre origine, notre Source. Nous comprenons que c’est dans la Félicité que nous jouons le Jeu cosmique et qu’à la fin de ce Jeu cosmique, nous retournerons à la Félicité.

Question: Pourquoi devons-nous traverser des expériences comme la souffrance et la tristesse ?

Sri Chinmoy: Pourquoi vivons-nous l’expérience de la souffrance ? Dans ce monde, nous faisons tout le temps des erreurs, que ce soit consciemment ou inconsciemment. Lorsque nous les faisons consciemment, nous savons très bien ce que nous avons fait de mal. Mais malheureusement, nous ne réalisons pas tout ce que nous faisons de mal inconsciemment. Ces erreurs inconscientes se manifestent dans le monde physique, et leurs résultats s’imposent à nous sous forme de souffrances. Dans le cas de personnes ordinaires qui n’aspirent pas, la sincérité finit par apparaître après d’immenses souffrances, et leur âme les mène à la connaissance et à la sagesse. Ceux qui ont fait des erreurs répétées mais dont l’aspiration sincère les pousse à comprendre la raison de leurs souffrances seront éclairés par leur âme qui se manifeste et leur donne l’explication. Les personnes spirituelles s’efforcent de ne pas faire d’erreurs consciemment, mais elles n’échappent pas aux erreurs inconscientes. Celles-ci peuvent être évitées uniquement à travers l’aspiration, la prière et la méditation. La Grâce et la Compassion de Dieu protègent ceux qui aspirent.

Il y a une autre chose que nous devons savoir à propos de ce que nous appelons la souffrance. Nous pensons souvent à Dieu, nous prions Dieu et méditons sur Dieu, et puis nous voyons toutes sortes de problèmes nous arriver. Certains disciples m’ont dit : « J’étais très heureux avant d’entrer dans la vie spirituelle. Maintenant, j’ai davantage de problèmes qu’avant. » Mais si nous sommes vraiment sincères, nous admettrons que nous avions les mêmes difficultés avant d’entrer dans la spiritualité, mais nous n’en étions simplement pas conscients. La spiritualité est la voie de l’éveil et de la conscience. Auparavant, il nous arrivait beaucoup de choses, mais nous étions comme un solide rempart, et nous n’en étions pas conscients. Mais à présent, nous sommes des aspirants, et nous sommes affectés chaque fois qu’une bonne pensée ou une mauvaise pensée nous vient à l’esprit. Nous sommes contents s’il s’agit d’une pensée divine, et nous sommes frustrés et déçus s’il s’agit d’une mauvaise pensée. C’est le résultat de notre éveil spirituel. Si nous sommes sincères, nous nous rendrons compte que nous avons toujours eu les mêmes difficultés et les mêmes souffrances, simplement nous n’en étions pas conscients.

Par ailleurs, nous devons savoir que lorsque nous entrons dans la vie spirituelle, nous sommes attaqués par les forces hostiles. Avant, tant que nous vivions dans l’ignorance et que nous étions esclaves de l’ignorance, celle-ci nous laissait dormir. Tant qu’elle nous avait sous son contrôle, tant que nous nous prélassions en elle, elle ne nous dérangeait pas. Mais dès que nous essayons de lui échapper, l’ignorance essaye de nous retenir. C’est pourquoi l’aspirant a parfois l’impression d’avoir des difficultés au début de son voyage spirituel qu’il n’avait pas auparavant, mais en progressant, ces difficultés disparaissent.

Dieu ne veut pas que les hommes souffrent. Il est le Père de l’Amour. Lorsque nous allons voir notre Père, nous n’avons pas besoin de nous couper un bras ou la gorge. Nous allons Le voir avec tout notre amour, parce qu’Il nous attend avec tout Son Amour. Si nous pensons devoir souffrir pour aller voir notre Père, c’est stupide. Dieu, notre Père, ne veut pas de notre souffrance.

Mais lorsque la souffrance arrive, nous devons nous dire qu’il y a une intention divine dans cette souffrance même. Si nous aspirons véritablement, la souffrance même nous donnera une véritable expérience qui nous fera ressentir que nous approchons de notre but. Nous ne devons jamais faire porter le blâme de notre souffrance à Dieu. C’est nous qui avons invité la souffrance à travers nos erreurs conscientes ou inconscientes. Lorsque la souffrance vient à nous, nous devons prier Dieu de nous libérer de cette souffrance. Sachons que la souffrance n’est pas notre but ; le but est la Félicité. Une fois que nous sommes entrés dans la souffrance et que nous l’avons dépassée, nous voyons qu’elle devient Félicité. Nous pouvons alors demeurer dans la Félicité qui se trouve dans la souffrance.

142

Les problèmes ne sont pas des indices de l’incapacité de l’homme. Les problèmes n’indiquent pas l’inaptitude de l’homme. Les problèmes n’indiquent pas l’insuffisance de l’homme. Les problèmes indiquent le besoin conscient de l’homme de se transcender dans les mondes intérieurs, et son besoin conscient de se parfaire dans les mondes extérieurs.

Vous avez un problème. Il a un problème. Elle a un problème. Votre problème est que le monde ne vous touche pas les pieds. Son problème est que le monde ne l’aime pas. Son problème est qu’elle pense ne pas aider Dieu convenablement dans le monde. Pour résoudre votre problème, vous devez conquérir votre fierté. Pour résoudre son problème, il doit conquérir son avidité. Pour résoudre son problème, elle doit conquérir son ego prétentieux, arrogant et empli de désirs.

Chaque problème est une force, mais lorsque nous voyons le problème, nous ressentons une plus grande force au fond de nous ; lorsque nous faisons face au problème, nous lui prouvons que non seulement nous avons la plus grande force sur terre, mais que nous sommes cette force.

Un problème augmente lorsque le cœur hésite et que le mental calcule. Un problème s’atténue lorsque le cœur brave le problème et que le mental encourage le cœur. Un problème diminue lorsque le mental utilise sa lumière qui cherche et que le cœur utilise sa lumière qui illumine.

Si notre problème est la peur, nous devons ressentir que nous sommes les soldats choisis de Dieu Tout-Puissant. Si notre problème est le doute, nous devons ressentir que nous possédons l’Océan de la Lumière de Dieu au fond de nous. Si notre problème est la jalousie, nous devons ressentir que nous sommes l’unité de la Lumière et de la Vérité de Dieu. Si notre problème est l’insécurité, nous devons ressentir que Dieu n’est autre et ne peut être autre que l’assurance constante et ininterrompue d’être revendiqués par Dieu comme Son propre bien.

Si le problème vient du corps, il peut être résolu par notre vigilance et notre attention constantes. Si le problème vient du vital, il peut être résolu par notre imagination débordante. Si le problème vient du mental, il peut être résolu par notre inspiration qui apporte la lumière. Si le problème vient du cœur, il peut être résolu par notre aspiration qui apporte la perfection. Si le problème est la vie, il peut être résolu par notre découverte de soi qui nous conduit à la réalisation.

Un problème individuel naît lorsque l’être humain fini veut posséder l’humanité infinie. Un problème universel naît lorsque l’Infini veut mouler, guider, façonner, transformer et satisfaire divinement et suprêmement le fini, mais que le fini ne veut pas écouter les ordres de l’Infini.

Un problème n’annonce pas un échec ou une défaite. Un problème peut être transformé en Mains du Suprême qui nous appellent pour nous emmener vers notre But destiné, le But de l’Au-Delà qui se transcende et se réalise à jamais.

Question: Vous avez dit que lorsque nous pouvions voir un problème et lui faire face, nous trouvions automatiquement une force plus grande que le problème. Est-ce que cela veut dire qu’un problème n’en est pas un dès lors qu’on sait comment le regarder?

Sri Chinmoy: Si on sait comment regarder un problème, la moitié de la force du problème disparaît. Mais d’habitude, nous essayons d’éviter le problème, nous partons en courant. Avoir un problème n’est pas un crime, alors pourquoi avoir peur de lui faire face ? Notre difficulté est que lorsqu’il nous arrive quelque chose de désagréable, nous avons tout de suite le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal, d’avoir fait une erreur. Nous devons savoir qu’il y a également de mauvaises forces, des forces non divines ou hostiles autour de nous. Nous croyons en la loi du karma, qui dit que nous devons souffrir plus tard des erreurs que nous commettons. Mais l’ignorance du monde peut venir nous torturer même lorsque nous ne faisons rien de mal. Regardez le Christ. Il était un grand Maître spirituel, qui n’avait pas de mauvais karma et n’avait rien fait de mal ; pourtant, l’ignorance du monde L’a crucifié. Certes, on ne peut se comparer au Christ, mais à notre niveau, nous devons nous dire que nous n’avons pas forcément tort.

En s’accusant et en essayant de se cacher, on ne résout pas le problème. Nous devons faire face à la situation et voir si nous sommes vraiment coupables. Si quelqu’un d’autre crée le problème, nous devons résister comme un solide rempart et ne pas permettre à ce problème d’entrer en nous. S’il s’agit de ma maison, de mon rempart, je ne permettrai à personne de passer. Mais si je suis le problème en soi, ce problème sera infiniment plus difficile à résoudre. Pour le résoudre, je dois pratiquer la vie spirituelle et développer une force intérieure, une aspiration et un détachement intérieur. Lentement et progressivement, je deviendrai intérieurement fort et serai capable de résoudre tous les problèmes causés par moi-même, par mes propres faiblesses intérieures.

144

Dès que vous avez conquis une difficulté, vous la verrez se répéter à un niveau plus élevé et plus subtil. Il s’agit de la même faiblesse essentielle qui est en vous et à laquelle vous êtes confronté sous une forme plus subtile.

145

Un problème n’existe que dans votre propre conscience. La même situation extérieure devient un problème pour moi, mais pas pour vous. Pourquoi ? Parce qu’elle dérange certains éléments de mon harmonie intérieure, alors qu’elle n’affecte pas la vôtre.

146

Il n’y a pas d’autre moyen d’accéder au succès spirituel que de s’asseoir aux pieds de la Patience, en faisant confiance à ses seigneurs, le Temps et le Progrès.

147

L’adversité vous rend dynamique. L’adversité vous force à garder les yeux ouverts. L’adversité vous apprend le sens de la patience. L’adversité vous donne confiance en vous.

148

La dépression est une volonté malade que l’on s’impose.

149

Comment conquérir le désespoir ? N’implorez jamais la consolation. Implorez toujours la compassion intérieure. La compassion intérieure est un flot de lumière. Elle est également le flot de la réalisation de la perfection.

150

Qu’est-ce que la misère ? La misère émotionnelle est le résultat d’un désir dans le mental. Il y a également la misère physique. Cette misère est causée par des nerfs trop tendus. La misère commence lorsqu’on n’a pas confiance en soi. Et lorsqu’on n’a pas confiance en son Maître, on ressent intérieurement le souffle nuisible de la misère.

151

L’expérience humaine engendre une frustration après l’autre. L’expérience divine engendre une illumination après l’autre.

Question: Y a-t-il des maladies incurables dans la vie spirituelle ?

Sri Chinmoy: Dans la vie spirituelle, il n’existe qu’une seule maladie quasi incurable : la complaisance envers soi-même. C’est une sorte d’impureté qui peut durer très, très longtemps. Même une fois que l’hypocrisie a disparu, que la peur s’est éloignée et que le doute s’est évanoui, ce type de complaisance peut subsister dans le monde physique ou dans celui des idées et des pensées.

Comparée aux autres obstacles, la complaisance est incurable. Et elle l’est d’autant plus lorsque l’aspirant n’a pas la force de la combattre. Mais cela n’est vrai que dans le cas de l’aspirant ordinaire. L’aspirant qui se trouve proche de la réalisation peut être libéré de la complaisance. Mais à part cela, la complaisance dure très longtemps. Un jour, par la Grâce du Suprême, vous serez soigné de la complaisance, mais pour cela, il vous faut une aspiration immense et constante.

Il est très facile de dire : « Tout est possible, par la Grâce de Dieu. » Nous avons entendu cette vérité de nos parents, de nos aïeux, de tous les Maîtres spirituels. C’est vrai, mais cette Grâce ne descend pas sur n’importe qui. Cette Grâce ne descend que sur ceux qui aspirent vraiment. Lorsque vous dites que tout est possible par la Grâce de Dieu et que rien n’est incurable, vous devez faire attention de ne pas vous contenter de jouer avec les mots.

La complaisance est une maladie incurable précisément parce que le niveau de l’aspiration humaine est très bas. En l’état actuel des choses, l’aspiration humaine est lamentablement basse, et elle est impardonnable. Dieu, avec Son infinie Compassion nous pardonnera tout ce que nous faisons de mal, mais nous ne nous pardonnerons pas ! Lorsque notre sincérité vient en avant, lorsque notre justice divine vient en avant, nous ne nous pardonnons pas. Comment recevoir la vérité lorsque nous nous savons si imparfaits et indulgents dans notre nature physique et vitale ? Chaque aspirant doit ressentir que la complaisance est vraiment une maladie incurable à moins d’être prêt à courir au plus vite et à sacrifier ce qu’il a et ce qu’il est à chaque instant. S’il est prêt à tout donner pour Dieu, rien n’est incurable.

Je ne cherche pas à vous décourager ; je voudrais vous encourager de tout mon cœur. Mais en toute sincérité, je dois dire que la complaisance est quelque chose d’extrêmement difficile à conquérir. C’est la partie la plus difficile du voyage de l’aspirant spirituel. Mais elle sera immanquablement vaincue un jour, tout simplement parce que Dieu ne permettra à personne de rester complaisant. Dieu veut que chaque individu sur terre devienne parfait. Ce n’est qu’une affaire de temps.

153

La prospérité et l’adversité sont les deux yeux que nous avons tous. L’adversité nous mène intérieurement à corriger et parfaire le cours de notre vie. La prospérité nous mène extérieurement à illuminer et immortaliser notre naissance humaine.

154

Dans la prospérité, notre force intérieure reste statique. Dans l’adversité, notre force intérieure devient dynamique.

Personne ne peut nier le fait que chaque étape de progrès accompli par le monde vient à la fois des sourires de la prospérité et des larmes de l’adversité.

L’adversité, comme la pauvreté, n’est pas un péché. L’adversité a un mérite indéniable : elle nous renforce intérieurement. Plus nous sommes forts intérieurement, plus nous sommes brillants extérieurement.

« Sans souffrance, nul salut », dit le professeur-adversité à son élève, l’homme. « Sans félicité de l’âme, nul salut », dit le professeur-prospérité à son élève, l’homme.

Celui qui a peur d’étudier à l’école de l’adversité ne peut jamais espérer une éducation parfaite dans la vie.

La malchance menace la prospérité ; l’espoir ignore l’adversité.

Combien de fois la terrible adversité a-t-elle forcé notre aspiration à jouer ! Par contre, elle n’ose pas montrer le bout de son nez dans la prospérité glorieuse.

Nulle chute, nulle avancée. De même qu’un lutteur ne remporte le prix qu’une fois avoir souffert de nombreuses chutes, il faut faire l’expérience de l’enfer avant de gagner le Ciel.

Qu’est-ce que l’échec, sinon une partie non reconnue de la configuration de notre riche succès tout entier ?

L’échec peut avoir un remède réconfortant pour le libérer de ses douleurs, et ce remède est la consolation. L’échec peut avoir un remède énergétique pour le libérer de ses douleurs, et ce remède est la puissance de volonté.

Le monde est hérissé de difficultés. En un sens, il est couvert d’épines. Mais si vous mettez des chaussures, vous pouvez marcher sur les épines. De quoi sont faites ces chaussures ? De la Grâce de Dieu.

155

La dépression est le sourire le plus efficace d’une mauvaise force. Une fois que nous lui permettons d’entrer en nous, la dépression tente d’écraser la vigueur et la joie de notre force de vie.

156

La maladie n’a souvent pas grand-chose à voir avec la Volonté divine. C’est plutôt une acceptation de l’invasion de l’imperfection.

157

La souffrance du corps est souvent supportable, contrairement à la souffrance du cœur.

158

La tristesse est une flèche pour percer la force. La joie est une nourriture somptueuse pour la force.

159

La tristesse règne sur le monde. Mais la présence même du temps lui fait perdre son aiguillon.

160

Le temps est le meilleur docteur pour soigner la souffrance. Après lui, viennent la patience, puis la tolérance.

161

Autant la déception est une force négative puissante, autant l’attente est une force positive puissante.

162

Les soucis accueillent inconsciemment les troubles. Les troubles accueillent inévitablement l’impuissance. L’impuissance accueille le désespoir avec des larmes.

Question: Quelle devrait être notre attitude face aux erreurs que l’on a faites dans le passé. Que pensez-vous du sentiment de culpabilité ?

Sri Chinmoy: Dites-vous que votre passé est enseveli dans l’oubli. En vous sentant coupable d’erreurs commises jadis, vous êtes sincère : mais en quoi cette sincérité vous aide-t-elle ? Vous avez commis une erreur, c’est un fait. Mais ce n’est pas en la ressassant continuellement ou en vous culpabilisant que vous obtiendrez la sagesse ou la lumière. Si vous avez mal agi, essayez plutôt de ne pas recommencer la même faute. Vous avez employé votre temps à des fins négatives, employez-le dorénavant d’une manière divine. Ce qui est positif en vous — cette volonté que vous utilisez à de justes fins —, dévoilera alors tout son pouvoir. Mais si vous songez au passé avec un sentiment de culpabilité, ce que vous réalisez aujourd’hui perdra la moitié de son efficacité dans l’obscurité et vos actions présentes ne bénéficieront plus que d’une partie de ce qu’elles auraient pu récolter en d’autres circonstances.

En chérissant vos fautes passées, vous ne faites que vous affaiblir. Dites-vous plutôt : « Si j’ai fait quelque chose de mal, je suis prêt à l’assumer. J’ai fait quelque chose de mal, mais j’ai la capacité de faire ce qui est juste. » Concentrez votre attention sur ce qui est juste et vous développerez votre énergie positive.

Hélas, le sentiment de culpabilité, le remords constant, prévaut en Occident. Si ma source est Dieu, la Lumière Infinie et Absolue, je retournerai forcément à Lui. Pendant ma vie sur terre, j’ai malheureusement traversé des expériences malsaines, dénuées d’aspiration et destructives. Pour les éliminer, je dois me concentrer sur ce qui est divin, sur ce qui me procure un épanouissement total, et non sur les expériences qui ont jadis bloqué mon chemin.

Question: Je ne parviens pas à régler les différents problèmes qui se présentent à moi. Ma famille et mes amis ne semblent pas davantage savoir quoi faire.

Sri Chinmoy: Mais quelqu’un le sait : c’est le Suprême. Le Suprême n’est pas une hallucination mentale. On peut Le voir, Lui parler, manger avec Lui. Il n’est pas seulement votre Père, Il est aussi votre Camarade Eternel. Laissez-Lui la responsabilité de votre existence. Chaque fois qu’un problème se présente, offrez-le Lui plutôt que d’essayer de le résoudre à l’aide de votre seule sagesse. Ses yeux ont une meilleure vision que les vôtres. Ses oreilles entendent plus vite. Les hommes n’ont pas le temps de vous écouter, trop occupés qu’ils sont par le monde extérieur. Mais vous oubliez trop souvent qu’il y a quelqu’un qui est prêt à vous écouter.

Le Suprême est toujours prêt à vous entendre. Seulement vous ne Lui adressez jamais la parole. Vous parlez à votre mental, à votre vital insatisfait, et si rarement à l’être intérieur. C’est pourtant la découverte du secret de ce dialogue qui vous permettra de résoudre tous vos problèmes et de découvrir le sens véritable de votre existence humaine. Cette existence humaine est une occasion en or que nous a accordée le Suprême. Nous prétendons que nous n’avons pas d’opportunité, mais ce n’est qu’un mensonge. Le Suprême nous donne l’opportunité, mais nous ne la saisissons pas.

LE BONHEUR

Le bonheur nourrit notre cœur, inspire notre mental, dynamise notre vital et illumine notre corps.

Lorsque le cœur est heureux, il embrasse le monde entier. Lorsque le mental est heureux, il accepte le monde comme son propre bien. Lorsque le vital est heureux, il offre son existence même au monde. Et lorsque le corps est heureux, il sert le monde comme le monde veut être servi.

Notre lune-bonheur sourit avec douceur, charme et ferveur lorsque notre cerf-volant-espoir vole dans le ciel des hauteurs de la Divinité. Notre soleil-bonheur brille au plus fort lorsque notre bateau-rêve touche le rivage de la Réalité. La possession donne naissance au bonheur humain. La renonciation donne naissance au bonheur divin. L’acceptation de la Volonté de Dieu à la manière de Dieu donne naissance au bonheur suprêmement divin.

Dans le domaine de l’espoir inerte, le bonheur est théorique et stérile. Dans l’océan de l’amour désintéressé, le bonheur est pratique et riche. Dans le domaine de la peur, le bonheur verse des larmes amères. Dans l’océan du doute morose, le bonheur meurt instantanément.

L’homme aspirant répand le bonheur partout où il va. L’homme qui n’aspire pas étrangle le bonheur partout où il erre.

La vie de bonheur est l’aspiration.
L’âme du bonheur est la réalisation.
Le but du bonheur est la perfection.

Chaque homme possède une âme. Chaque homme possède un but. Son âme lui dit en silence que sa Source permanente n’est que bonheur. Son but lui dit avec amour que son bonheur se trouve dans sa manifestation constante de Dieu.

Le bonheur est en Dieu. Le bonheur provient de Dieu. Le bonheur est pour Dieu. Une vie de consécration sait que le bonheur se trouve en Dieu. Une vie de transformation sait que le bonheur provient de Dieu. Une vie de libération sait que le bonheur est pour Dieu. L’invention de Dieu est le bonheur. La découverte de l’homme est le bonheur. La possession de Dieu est le bonheur. Les accomplissements de l’homme sont le bonheur. L’homme a tous les droits de réaliser la possession de Dieu, parce que c’est précisément ce que Dieu attend de lui. L’homme a tous les droits de découvrir l’invention de Dieu, parce que c’est précisément ce que Dieu veut qu’il devienne. Qu’est-ce que la possession suprême de Dieu ? La Paix. Qu’est-ce que la suprême invention de Dieu ? L’Amour.

L’homme qui aime la paix est un quart de Dieu. L’homme qui accomplit la paix est un demi-Dieu. L’homme qui révèle et répand la paix est un Dieu entier.

L’homme qui aime la paix est le Dieu qui sert. L’homme qui a réalisé la paix est un Dieu rayonnant. L’homme qui révèle et répand la paix est le Dieu qui comble à l’heure terrestre.

L’invention suprême de Dieu est l’Amour. Celui qui aime consciemment Dieu manifeste la divinité la plus élevée. Celui qui aime Dieu avec ferveur manifeste la divinité profonde. Celui qui aime Dieu inconditionnellement vit dans la divinité de l’Au-Delà qui rayonne à jamais, manifeste à jamais et transcende à jamais.

L’amoureux de Dieu réalise le bonheur constant de Dieu. L’amoureux divin de Dieu incarne Dieu, le Bonheur. L’amoureux humain de Dieu a toujours un sentiment de séparativité, c’est pourquoi il ne peut réaliser le bonheur de Dieu que selon sa capacité et sa réceptivité. Mais un amoureux divin de Dieu incarne Dieu, le Bonheur infini, grâce à son unité inséparable et constante avec Dieu.

SOYEZ HEUREUX !

Soyez heureux !
Vous deviendrez les plus grandes bénédictions de Dieu,
Sa fierté la plus grande.

Soyez heureux !

Le monde d’hier veut que vous appréciiez son souffle en train de se soumettre.
Le monde d’aujourd’hui veut que vous appréciiez son souffle soumis.
Le monde de demain veut que vous appréciiez son souffle comblant.

Soyez heureux !
Soyez heureux le matin avec ce que vous avez.
Soyez heureux le soir avec ce que vous êtes.

Soyez heureux !

Ne vous plaignez pas.
Qui se plaint ?
Le mendiant aveugle en vous.
Quand vous vous plaignez, vous dansez dans la boue de l’ignorance.
Lorsque vous ne vous plaignez pas, toutes les conditions du monde sont à vos pieds, et Dieu vous donne un nouveau nom : aspiration.
L’aspiration est la richesse suprême dans le monde de la lumière et de la félicité.

Soyez heureux !
Voulez-vous ne jamais être pauvre ?
Alors soyez heureux.
Voulez-vous un jour être grand ?
Alors soyez heureux.

Soyez heureux !

Vous obtiendrez ce que vous aimez le plus.
Vous deviendrez ce que vous aimez le mieux.

Soyez heureux !
Dieu voit en vous Sa création qui aspire,
Sa réalisation qui transforme,
Sa relation qui illumine,
Et Sa manifestation qui accomplit.

Soyez heureux !

Dieu voit en vous un autre Dieu.
Dieu vous voit comme un autre Dieu.
Dieu vous voit, vous et Lui, comme un.

II — LA PEUR

167. J’AI PEUR

J’ai peur de parler, j’ai peur de parler.
Ma langue est morte, mon cœur est faible.

J’ai peur de penser, j’ai peur de penser.
Mon mental est sauvage et prêt à sombrer.

J’ai peur de voir, j’ai peur de voir.
Je mange les fruits de l’arbre d’ignorance.

J’ai peur d’aimer, j’ai peur d’aimer.
Un cortège de doutes plane autour et au-dessus de moi.

J’ai peur d’être, j’ai peur d’être,
Ma confiance en moi est morte depuis longtemps.

PEUR

s

De qui ai-je peur ?
Du Seigneur, de l’Unique ?
Faux.
Je suis
Le fils de mon Père.

De qui ai-je peur ?
De mon ignorance immense,
L’épieu inlassable,
La poussière interminable.

Pourquoi ai-je peur ?
Parce que mes yeux
Ne voient pas le Sourire
Des cieux dorés.

Question: Vous dites que lorsque nous avons peur, nous devrions nous sentir comme les enfants choisis de Dieu. Pensez-vous que nous avons été choisis par Dieu pour vivre la peur ?

Sri Chinmoy: La peur est une force négative, une force destructrice, et nous sommes les soldats de Dieu qui la combattent. La peur provient de l’obscurité, de l’ignorance. Si nous entrons dans une pièce complètement obscure, nous avons peur. Mais dès que nous allumons la lumière, l’obscurité est éclairée et notre peur s’évanouit. Nous voyons qu’il n’y a rien à craindre dans l’obscurité, et qu’il n’y a rien à craindre non plus dans la lumière.

170

Comment conquérir la peur ? Asseyez-vous aux pieds de votre lumière-conscience qui vous illumine. Cette lumière a une force de volonté immense pour vous protéger, vous libérer et vous parfaire.

Question: Comment pouvons-nous surmonter la peur ?

Sri Chinmoy: La peur peut se trouver dans le physique, le vital, le mental, et même dans le cœur. Il faut d’abord déterminer à quel endroit la peur se trouve le plus. Si elle se trouve dans le physique brut, il faut se concentrer sur le chakra du nombril. On peut conquérir cette peur en se concentrant sur le centre du nombril et en s’identifiant à la force vitale, la force énergétique du physique.

Si l’on veut surmonter la peur dans le vital, il faut se concentrer sur son être intérieur. Aux débutants qui trouveront cela trop difficile, je recommande d’essayer d’agrandir leur vital dynamique. Nous avons deux formes de vital : l’un est agressif, et l’autre dynamique. Le vital dynamique veut créer le plus vite possible, d’une manière divine et éclairée. En se concentrant sur ce vital, ou en portant toute notre attention sur ce vital, notre conscience s’y étendra, et plus aucune peur ne subsistera.

Pour vaincre la peur dans le mental, il faut vider chaque jour le mental. Le mental est plein de doute, d’obscurité, d’ignorance, de suspicion, et de bien d’autres choses encore. Tôt le matin, pendant environ dix minutes, essayez de n’avoir aucune pensée — bonne ou mauvaise, divine ou non. Si une pensée tente de s’infiltrer, ne la laissez pas entrer. Puis, au bout d’un certain temps, ne permettez qu’aux pensées divines d’entrer, aux pensées qui sont vos amies. Au début, il se peut que vous ne sachiez pas distinguer vos pensées amies de vos pensées ennemies, aussi devrez-vous être prudent. Vos amies sont les pensées divines, les pensées positives, les pensées éclairées qui vaincront sans aucun doute la peur de votre mental. Ressentez que votre mental est comme un réceptacle. Commencez par le vider complètement, puis attendez que la paix, la lumière et la félicité descendent en lui. Mais si vous ne commencez pas par vider le réceptacle, la paix, la lumière et la félicité ne pourront pas y entrer.

Pourquoi avons-nous peur dans le physique, le vital et le mental ? Précisément parce que nous ne voulons pas élargir notre conscience. Je suis distinct de vous. Vous êtes distinct de moi. C’est pourquoi j’ai peur de vous et vous avez peur de moi. Mais lorsque nous réalisons le Plus Haut, nous ressentons immédiatement que toute l’immensité de l’univers nous appartient. Nous pouvons aisément expulser la peur dans cette expansion de notre conscience qui nous permet de nous identifier aux autres. Nous sentons que nous leur appartenons et qu’ils nous appartiennent. Comment alors être effrayés de quiconque lorsque nous représentons la divinité en l’humanité et que les autres représentent cette même divinité en l’humanité ? Il n’y a donc plus de peur possible.

Maintenant, la peur dans le cœur. Le cœur aspirant n’a pas peur, contrairement au cœur qui n’aspire pas. Le cœur aspirant possède une flamme brûlante qui s’élève au plus haut. Il ne peut y avoir aucune peur là où se trouve la lumière. Mais pour conquérir la peur dans un cœur qui n’aspire pas, il faut directement recourir à l’âme. Lorsque vous méditez sur le centre du cœur, essayez, à chaque inspiration, de ressentir que vous creusez en profondeur. Il ne s’agit pas de creuser brutalement, mais plutôt de ressentir de plus en plus divinement et intensément que vous allez profondément, très profondément en vous-même. Chaque fois que vous inspirez, allez plus profondément. En faisant cela régulièrement, au bout de quelques jours ou mois, vous finirez par ressentir un pincement léger ou par entendre un tout petit son. Lorsque vous l’entendrez, essayez de voir si ce son est provoqué par quelque chose ou bien s’il est spontané. Il faut deux mains pour faire un son, mais dans le cœur, le son n’est pas produit par deux choses qui se percutent ; il est automatique, spontané. Si vous pouvez ressentir ce genre de son intérieurement, comme un gong céleste, vous surmonterez inévitablement la peur dans votre cœur dénué d’aspiration.

COMMENT CONQUERIR LA PEUR ?

Notre corps est limité, c’est pourquoi le corps a peur. Notre vital est inconscient, c’est pourquoi le vital a peur. Notre mental est obscur, c’est pourquoi le mental a peur. Notre cœur n’aspire pas, c’est pourquoi le cœur a peur.

Pour libérer notre corps de la peur, nous avons besoin de l’expérience glorieuse de notre âme. Pour libérer notre vital de la peur, ce dont nous avons besoin est de l’expansion dynamique et consciente de notre âme. Pour libérer notre mental de la peur, nous avons besoin de l’illumination transformatrice de notre âme. Enfin, pour libérer notre cœur de la peur, nous avons besoin de la perfection épanouissante de notre âme.

La peur empêche l’homme de voir le visage de la réalité ultime. La peur empêche l’homme d’atteindre les Rivages dorés de l’Au-Delà. La peur empêche l’homme de réaliser Dieu pour l’amour de Dieu.

Mais Dieu, l’Auteur de tout bien, a une Compassion, une Sollicitude et un Amour infinis pour l’humanité.

La Compassion de Dieu sauve l’homme.
La Sollicitude de Dieu libère l’homme.
L’Amour de Dieu comble l’homme.

Lorsque nous pensons inconsciemment à la peur ou que nous la chérissons inconsciemment, la peur nous serre la main en souriant. Lorsque nous pensons consciemment à la peur ou que nous la chérissons consciemment, la peur nous embrasse triomphalement. Mais lorsque nous pensons à notre courage intérieur, Dieu verse Ses Larmes divines, parce qu’Il voit en nous un instrument choisi.

La terre a peur de la Lumière transcendantale du Ciel, et le Ciel a peur de l’ignorance abyssale de la terre. Dieu dit à la terre : « Mon enfant, ne sois pas stupide. La Lumière transcendantale du Ciel ne va pas t’aveugler. La Lumière du Ciel ne va pas t’exposer. Au contraire, la Lumière du Ciel va t’illuminer et te transformer. »

Dieu dit au Ciel : « Ne sois pas stupide. L’ignorance abyssale de la terre ne peut pas t’enchaîner. Elle ne peut pas te détruire. Bien au contraire, l’ignorance de la terre te sera offerte, car c’est toi qui transformeras le visage de la terre. »

Dieu dit : « J’ai besoin de vous deux : du Ciel et de la terre. Ciel, tu devras apporter le message de la réalisation à la terre. Terre, tu devras offrir le message de la manifestation, de ma manifestation divine au Ciel. »

La peur provient de notre ignorance profondément enracinée. Nous ne voyons pas la lumière avec notre vision intérieure. Nous voyons la lumière avec notre compréhension extérieure, humaine, limitée et terrestre.

Je vais vous raconter une petite histoire. Un soir, un vieil homme marchait sur la route, et marcha sur une corde. Comme il n’y avait pas de lumière, il crut que la corde était un serpent. Effrayé, il poussa un cri et s’enfuit aussi vite qu’il put. En courant, il tomba et se cassa une jambe.

Des passants entendirent ses cris et arrivèrent avec des bâtons. Le vieil homme hurlait qu’il y avait un serpent. Dans l’obscurité, les passants crurent également qu’il s’agissait d’un serpent et commencèrent à frapper la corde ; mais en même temps, ils se frappèrent mutuellement.

Les hurlements et les coups continuèrent jusqu’à ce que quelqu’un arrive avec une lampe et découvre qu’il ne s’agissait que d’une corde, et non pas d’un serpent. Lorsque la lumière éclaira la situation, la réalité fut découverte. De la même façon, dans notre vie humaine, lorsque la lumière entre dans notre conscience physique, toute forme de peur disparaît inévitablement. Mais nous manquons de lumière, c’est pourquoi nous avons consciemment et délibérément peur à chaque instant de notre vie.

Cependant, avec suffisamment de sincérité pour aller au fond de nous et en ressentant que nous possédons un courage intérieur, celui-ci peut poindre à tout moment. Il est plus que prêt à venir en avant. En faisant remonter ce courage intérieur à la surface, nous éveillons consciemment notre être intérieur. Tout le monde possède cet être intérieur, mais malheureusement, très peu de gens veulent le nourrir. Nous nourrissons notre corps pour prendre des forces. Nous étudions pour nourrir notre mental. Nous pratiquons toutes sortes d’activités pour donner de l’énergie à notre être extérieur, mais nous ne faisons pratiquement rien pour nourrir notre être intérieur.

C’est dans notre existence intérieure que nous pouvons devenir une volonté intransigeante. Lorsque nous utilisons cette volonté, que nous pouvons facilement avoir à portée de main, nous pouvons conquérir le souffle même de la peur. Ici sur terre, notre volonté intérieure intransigeante et farouche peut régner suprêmement et elle le fera. Nous n’avons besoin que d’une seule chose : une prise de conscience éveillée de la Lumière divine que nous possédons. C’est notre droit de naissance de réaliser et d’incarner cette Lumière interne.

Il ne peut y avoir aucune peur, pas l’ombre même d’une peur, si nous vivons dans la lumière de notre âme. Pour cela, il ne faut qu’une seule chose : une imploration intérieure consciente. Cette imploration intérieure s’appelle l’aspiration, la flamme ascendante qui se trouve au fond de nous, et qui, lorsqu’elle s’élève au plus haut, illumine tout ce qui l’entoure. L’obscurité sera alors transformée en lumière, la peur en force, le courage en certitude, l’ignorance en sagesse et la mort en Immortalité.

173

La différence entre la peur et le doute est la suivante : la peur se chérit elle-même, le doute se nourrit lui-même.

UN PETIT ENNEMI

Il n’y a pas de petit ennemi.
Une peur minuscule
Peut torturer notre existence tout entière.
Un doute minuscule
Peut dévorer notre être tout entier.
Une jalousie infime
Peut détruire notre unité universelle.

Question: Comment puis-je surmonter la peur de l’échec ?

Sri Chinmoy: Pour conquérir la peur de l’échec, vous devez d’abord savoir ce qu’est l’échec et ce qu’il peut faire. La peur disparaîtra aussitôt que vous comprendrez, non seulement que l’échec n’est pas honteux, préjudiciable, destructif ou douloureux, mais également qu’il est tout à fait naturel. Lorsqu’un enfant commence à marcher, il lui arrive souvent de trébucher et de tomber. Il n’a pas l’impression que le fait de tomber est un échec. Pour lui, il est normal de pouvoir se tenir debout pendant un moment et de tomber à nouveau. Si vous considérez l’échec non pas comme l’inverse de la réalité, mais comme sa base et comme ce qui construit et devient cette réalité, alors votre peur disparaîtra. Nous pensons que l’échec est contraire à notre attente, et à notre réalisation de Dieu, mais en fait, il ne l’est pas, il nous pousse en avant. Ce que nous appelons échec est, aux yeux de Dieu, une simple expérience.  Nous devons toujours considérer l’échec, non pas comme un produit fini, ni comme le point culminant d’une expérience, mais plutôt comme une partie de l’expérience. En pensant que l’échec est la fin de notre expérience, nous faisons erreur. Dans une longue course, on peut commencer très lentement, puis progressivement accroître sa vitesse et atteindre son but. Mais si l’on pense être incapable d’atteindre son but parce qu’on a pris un départ lent, on se trompe. Sans échec, on court bien sûr au plus vite. Mais en cas d’échec, prenons-le comme une expérience qui ne fait que commencer. La fin sera un succès. Et qui pourra encore dire que nous avons échoué ?

Qui est le juge ? Si vous êtes le juge, quoi que vous fassiez et quoi que vous accomplissiez, vous aurez toujours l’impression d’avoir échoué. Mais si le juge est un tiers, il saura mieux si votre soi-disant échec est réel. Il n’appellera votre expérience échec que si vous ne voulez pas surmonter ce que vous pensez être mauvais en vous. Si vous abandonnez la vie spirituelle, vous pouvez appeler cela un échec. En dehors de cela, l’échec n’existe pas dans mon vocabulaire.

Le courage

Le courage est le serviteur le plus dévoué de sa foi en lui-même et en Dieu.

La timidité dit : « Dieu ne peut jamais être connu. » Le courage dit : « Dieu est inconnu pour l’instant, mais cela ne saurait durer. »

La lâcheté est un poids supplémentaire à porter dans la marche de notre vie quotidienne. Le courage est un porteur supplémentaire toujours de bonne volonté pour porter notre richesse, intérieure comme extérieure, selon les désirs de notre âme.

Le courage n’est perfection que lorsqu’il jaillit de notre unité avec la Vision de Dieu. Il n’y a aucune autre manière de satisfaire notre soi intérieur que d’être un emblème parfait du courage.

Le courage est l’enthousiasme dans son expression la plus pure.

Sans courage, la vie est une voie sans progrès.

La mort même lutte en vain contre le courage intérieur.

Le courage est l’inspiration réussie de Dieu dans le corps, le mental, le cœur et l’âme de l’homme.

177

Pour triompher de toute épreuve, nous avons besoin de courage intérieur. Qu’est-ce que le courage intérieur ? C’est l’acceptation et la réalisation constantes de la Volonté de Dieu.

178

Le courage intérieur répare notre existence extérieure. La peur extérieure met fin à notre existence intérieure.

179

Le courage est absolument nécessaire dans la vie spirituelle. L’acceptation même de la vie spirituelle demande énormément de courage. Seule une âme divinement courageuse et divinement inspirée peut rapidement atteindre le But le plus élevé.

Ce courage n’est pas le courage d’une personne arrogante et rude qui frappe les autres pour affirmer sa supériorité ; c’est tout à fait différent. Ce courage est notre conscience constante de ce en quoi nous entrons, de ce que nous allons devenir et de ce que nous allons révéler. Nous devons plonger courageusement dans l’océan de la spiritualité, mais nous devons savoir que nous ne plongeons pas dans une mer d’incertitude. L’incertitude et la spiritualité ne vont jamais ensemble. Lorsque nous parlons de courage, nous devons savoir que courage signifie certitude.

Nous n’obtenons pas la réalisation de Dieu coûte que coûte, mais à travers notre don de soi constant. Le don de soi est l’arme la plus puissante, car c’est en lui que repose le véritable courage. Le fait de savoir, ressentir et comprendre que Dieu nous appartient et que nous appartenons à Dieu nous apporte un flot de courage spontané.

180

Les difficultés indiquent la vigueur des forces indésirables. L’endurance indique la victoire inévitable de la Lumière de l’âme qui comble et rayonne à jamais.

181

La confiance en soi révèle la guidance intérieure de Dieu.

PARLER ET NE PAS PARLER

Dans votre vie d’aspiration,
Parlez à la foi.
La foi renforcera votre succès.

Dans votre vie d’aspiration,
Parlez au courage.
Le courage élargira votre horizon.

Dans votre vie d’aspiration,
Ne parlez pas au doute.
Le doute relâchera votre vigilance.

Dans votre vie d’aspiration,
Ne parlez pas à la peur.
La peur affaiblira votre progrès.

III — LE DOUTE

POURQUOI EST-IL PLUS FACILE DE NE PAS CROIRE QUE DE CROIRE ?

Pourquoi est-il plus facile de ne pas croire que de croire ? Parce que ne pas croire est une action descendante, tandis que croire est une action ascendante. Il est plus facile de descendre que de monter.

Il est plus facile de ne pas croire que de croire parce que ne pas croire est un acte de destruction tandis que croire est un acte de construction. Il est plus difficile de construire que de détruire.

Il est plus facile de ne pas croire que de croire parce que ne pas croire est un acte de notre mental égocentrique, tandis que croire est un acte d’offrande de notre cœur. La non-croyance commence son voyage dans le mental suspicieux et le finit dans le vital destructeur. La croyance commence son voyage dans l’âme qui illumine et continue d’avancer dans le vaste royaume du cœur aspirant.

Un non-croyant nous décrit, les yeux fermés, les autres et le monde, et ce que lui-même peut faire pour le monde entier s’il le veut. Un croyant, la porte de son cœur grand ouverte, nous décrit ce que Dieu a fait pour lui, ce que Dieu fait pour lui et ce que Dieu fera pour lui.

La non-croyance a sa propre perfection. La non-croyance trouve sa perfection dans le cyclone de la séparation. La croyance a sa propre perfection. La croyance trouve sa perfection dans la musique de l’unité universelle.

La non-croyance dit au monde : « Fais attention, fais attention, sinon je te dévorerai. »

La croyance dit au monde : « Entre, entre, je t’en prie ! Je t’attendais avec impatience.»

La non-croyance hait le monde. Pourquoi ? Parce qu’elle se dit que le monde n’est jamais un monde de non-croyance et qu’il ne pourra jamais être un monde pour la non-croyance. Un non-croyant pense toujours que ce monde ne lui appartient pas et qu’il ne peut jamais régner sur ce monde. C’est précisément pour cela qu’un non-croyant se permet de haïr le monde.

Un croyant aime le monde. Pourquoi ? Il croit que ce monde qui est nôtre est véritablement le Corps aspirant de Dieu, le Rêve lumineux de Dieu et la Réalité de Dieu qui nous comble. Dans la vie spirituelle, se plaire à ne pas croire nous éloigne tout simplement davantage de notre but ultime. Mais l’aspirant qui a une grande foi en sa vie spirituelle, en sa propre quête de la vérité ultime, raccourcit sans aucun doute cette distance. Enfin, lorsque son être intérieur déborde d’une foi sans limite, il comprend que ce n’est pas lui qui s’efforce d’atteindre le But, mais que c’est le But lui-même, le But de l’Au-delà, qui court vers lui.

Un jour ou l’autre, le non-croyant, complètement frustré et exaspéré, veut tuer le monde. Mais à sa grande surprise, il se voit déjà poignardé par l’ignorance sauvage du monde. Il veut tuer le monde avec son savoir arrogant, mais le monde l’a déjà tué avec son ignorance sauvage avant même qu’il n’ait pu le tuer.

Le croyant veut aimer le monde. À sa grande surprise, il s’aperçoit que son existence entière est au cœur même du monde. Le monde a déjà installé un trône dans les profondeurs les plus intimes de son cœur pour y asseoir le croyant.

Dans notre vie spirituelle, l’incroyance n’est rien de moins qu’un crime. Lorsque nous ne croyons pas, nous déversons un poison lent dans notre système. C’est nous qui tuons notre propre capacité et notre potentiel. C’est nous qui, consciemment et délibérément, nous prélassons dans les plaisirs de l’ignorance.

Pourquoi ne croyons-nous pas ? Nous ne croyons pas parce que nous avons peur de l’unité, peur de l’immensité. Nous pensons qu’aussitôt entrés dans l’immensité, nous perdons notre identité, nous perdons notre individualité, nous perdons notre propre existence. Mais nous oublions une vérité indéniable : notre entrée dans l’immensité n’est autre que l’expansion de notre conscience divinisée.

Pour une personne ordinaire, ou pour celui qui n’aspire pas, il est extrêmement difficile d’éviter l’incroyance. L’aspirant, le chercheur aspirant sait que quelque chose le pousse vers la Lumière, vers la Réalité, parce que sa vie est celle de l’éveil conscient. Celui qui n’aspire pas se sent retenu en arrière par quelque chose d’extérieur qui l’attire dans l’inconnu et dans l’asservissement.

Lorsque nous ne voulons pas croire en quelqu’un, nous ne voyons pas qu’un aimant intérieur en nous attire les mauvaises qualités de cette personne en nous. Qu’arrive-t-il lorsqu’une personne a accompli quelque chose, mais que nous ne voulons pas la croire ? Notre croyance ou notre incroyance ne changeront rien à cette personne, ni à son accomplissement. Mais cette personne possède également des imperfections, des limites et des impuretés, et notre incrédulité agit comme un aimant qui n’attire que ces imperfections. Si par contre nous offrons notre confiance, nous verrons un aimant attirer en nous les bonnes qualités, les qualités divines et pleines de lumière de l’autre.

Que nous croyions ou non en Dieu et en la Réalité, Dieu restera le même. Mais ce qui se passe, c’est que l’ignorance trouve là l’occasion de nous envelopper, nous, les incrédules, avec davantage de force et de manière plus catégorique. Lorsque nous croyons en Dieu, nous offrons la plus grande opportunité à la Compassion de Dieu pour agir avec puissance en nous et à travers nous.

Plus nous entrons profondément dans la vie spirituelle, plus nous prenons conscience des capacités respectives de l’incroyance et de la croyance. L’incroyance n’est autre que la destruction, tandis que la croyance n’est autre qu’une nouvelle création. Chaque fois que nous croyons en quelque chose, nous voyons le visage d’une nouvelle création au-dedans et en dehors de nous. Et lorsque nous faisons un pas de plus et que nous sommes inondés par notre foi intérieure, nous voyons alors au fond de nous-mêmes des hommes parfaits et des âmes libérées.

184

Dans la vie spirituelle, nous voyons le rôle de la peur et celui du doute, le rôle du courage et celui de l’assurance.

La peur. Qu’est-ce que la peur ? Lorsque nous suivons la vie spirituelle, nous comprenons très rapidement que la peur est une véritable ennemie. Que fait-elle ? Elle achète notre cercueil bien avant que notre mort ne soit prévue.

Le doute. Qu’est-ce que le doute ? Il commence à creuser notre tombe pendant que nous sommes encore vivants, en train d’exécuter nos tâches quotidiennes. Le courage. Le courage est l’expression extérieure ou la manifestation de notre volonté intérieure invincible. À chaque instant, si notre existence est inondée de volonté intérieure et de courage extérieur, nous pouvons faire face à la réalité, voir la réalité et devenir la réalité.

La certitude. La certitude nous dit que Dieu nous appartient. Dieu n’est pas le monopole exclusif d’un individu. Même une âme réalisée n’osera pas affirmer que Dieu ne lui appartient qu’à elle seule. Non, loin de là. Chaque individu a le droit de revendiquer la possession de Dieu, et de proclamer qu’il appartient à Dieu. La certitude lui fait ressentir que Dieu et lui sont éternellement unis, et que la réalisation de Dieu est son droit de naissance.

L’univers vivant et l’univers en évolution, l’univers mourant et l’univers périssant. Lorsque nous aspirons, lorsque nous essayons consciemment, spontanément et avec ferveur d’aller au-delà des limites du fini, nous vivons dans l’univers vivant et en évolution. Lorsque nous chérissons consciemment ou inconsciemment le doute, la jalousie, la peur, l’imperfection, l’attachement, les limites et la mort, nous vivons dans l’univers mourant et périssant.

185

Le doute ne nous quittera que lorsque nous nous sentirons destinés à faire quelque chose pour Dieu. Ce seul mot « destinés » nous procure une force immense. Ce mot fait venir en avant un courage sans limites. Cet héroïsme venu des mondes intérieurs peut immédiatement surgir en une personne faible de nature, dès qu’elle peut être convaincue qu’elle est destinée à travailler pour Dieu. Elle combat alors tout obstacle avec une force et une détermination intérieures qui la surprennent. Les obstacles peuvent surgir sous forme d’impureté, d’obscurité, de jalousie, de peur et de doute, mais la seule évocation de notre destinée écrase leur arrogance. Tout ce qui n’est pas divin doit se soumettre à ce mot. Avec cette conviction intérieure et extérieure d’être destiné à servir Dieu, on ne peut manquer d’atteindre son but.

186

Le doute est la pire des impuretés de l’esprit humain.

187

Le doute est une force qui fait chuter l’aspirant à un niveau inférieur et sans aspiration de son évolution.

LA CROYANCE VIENT-ELLE SPONTANEMENT OU PAR L’EFFORT ?

La croyance vient spontanément. Mais elle peut venir par l’effort. Dans la vie spirituelle, un aspirant sincère, avancé et soumis peut avoir et aura une croyance spontanée. La croyance obtenue par un effort personnel, sans la Grâce divine et la Protection inconditionnelle de Dieu, ne peut être aussi efficace que la croyance spontanée.

La croyance spontanée est un don de Dieu qui permet à l’humain en nous de voir, ressentir et devenir l’image même de Dieu. La croyance par effort personnel est une découverte humaine qui peut également être nécessaire dans une certaine mesure.

Croire, c’est voir. Voir, c’est croire. Lorsque la croyance repose sur la vision, l’aspirant devient un instrument parfait que le Suprême utilise selon Sa Volonté. Lorsque la vision repose sur la croyance, l’aspirant fait la promesse solennelle à Dieu et à lui-même qu’il réalisera Dieu et Le satisfera sur terre, mais sans aucune certitude, ni aucune garantie. Il pourra y arriver, mais il pourra également ne pas y arriver. Il se peut qu’il ne tienne pas sa promesse divine, car à tout moment, au cours de son long voyage, il pourra être assailli par d’innombrables doutes, craintes, soucis, anxiétés, et par la nuit d’ignorance.

La croyance résultant de l’effort est l’acceptation, la simple acceptation, de la Vérité et de la Lumière, et cette croyance est en général mentale et intellectuelle. La croyance spontanée, quant à elle, est l’unité consciente et constante avec la Vérité et la Lumière. On ne peut pas dire que la croyance par effort soit inutile, elle a sa propre valeur, mais elle n’est pas aussi solide et sûre que la croyance spontanée.

Les hommes et les femmes ordinaires ne sont pas les seuls à avoir souffert du doute et d’autres qualités non divines propres à leur nature humaine : de nombreux géants spirituels sont également passés par là avant de se lancer avec dévotion et de tout cœur sur la voie spirituelle. Aussi ne faut-il pas se laisser aller au découragement lorsqu’on est soi-même assailli par les doutes dans sa vie spirituelle. La croyance née au fond de soi est à la tête de l’armée spirituelle divine qui détruit nos doutes, ou plutôt qui illumine nos doutes, parfait nos imperfections et transforme notre attachement et nos limitations en une plénitude divine.

Nous avons deux organes principaux ; les yeux et les oreilles. Assez souvent, pour ne pas dire toujours, nos yeux humains ordinaires croient ce qu’ils voient. Et très souvent, nos oreilles croient ce que les autres disent. Mais l’œil divin, le troisième œil, ne croit qu’en la vision de la Divinité, et les oreilles divines ne croient qu’en la vérité de la Réalité. Lorsque nous écoutons les ordres intérieurs et que nous avons la capacité de grandir dans l’obéissance constante à notre Pilote Intérieur, nous ressentons la présence de la croyance spontanée en nous comme à l’extérieur de nous. Notre croyance est la réalité de notre obéissance intérieure. C’est la croyance divine, la croyance spontanée. La croyance par effort est, elle, une compréhension humaine restreinte et disciplinée. La croyance est une force. Le véritable chercheur de la Vérité infinie le sait parfaitement. L’aspirant hypocrite et sans aspiration est également conscient de cette vérité qui affirme que la croyance est une force, mais il ne peut aller au-delà de cette compréhension ou de la connaissance de cette vérité. Le chercheur sincère, authentique, dévoué et soumis sait que la croyance est une force dynamique et qu’il possède cette force.

Un arbre donne des fleurs, puis des fruits. La fleur est le précurseur du fruit. Dans la vie spirituelle, la fleur est la croyance. La croyance est un ange divin qui entre en nous comme l’annonciateur du Seigneur Suprême.

Nous pouvons cultiver la croyance. Si nous ne sommes pas croyants, nous pouvons le devenir en rencontrant des gens sincères et spirituels qui s’intéressent plus à Dieu qu’aux plaisirs mondains, et qui ne se préoccupent que de trouver Dieu en l’autre. Quand nous devenons croyants, nous pouvons marcher avec Dieu dans Son jardin de Lumière et de Félicité.

Cependant, la croyance spontanée n’est pas nécessairement le mot de la fin et elle ne peut l’être. Il y a quelque chose d’infiniment plus élevé et plus profond que la croyance, et c’est la foi. Lorsque nous croyons, nous pouvons faire de formidables progrès pendant un jour, un mois ou un an. Mais ensuite, s’il arrive que nous soyons victimes de forces obscures, consciemment ou inconsciemment, notre croyance perd de sa force et nous ne pouvons plus progresser aussi rapidement dans notre vie spirituelle. La force de la croyance, même spontanée, ne suffit pas à nous conduire au but ultime. La croyance est comme un instrument de musique pour enfants dont nous ne pouvons jouer que pendant un certain nombre d’heures ou d’années. Mais lorsque nous avons la foi, elle nous fait comprendre que nous sommes à la fois des musiciens éternels et des instruments éternels. Plus tard, lorsque nous avançons plus loin et plus en profondeur dans notre vie spirituelle, nous comprenons alors que le musicien n’est autre que le Seigneur Suprême et que nous sommes Ses instruments. Il est le joueur éternel et nous sommes à jamais Ses instruments choisis.

La croyance spontanée nous fera ressentir ce que nous sommes éternellement : des enfants choisis de Dieu. Mais sans la foi, nous n’aurons pas la joie constante et le sentiment d’être éternellement unis à Lui, de représenter le Suprême Absolu et de manifester le Suprême Absolu par notre présence même sur terre. Ce n’est que lorsque notre être extérieur et notre être intérieur déborderont tous deux de foi que nous pourrons manifester Dieu ici sur terre. La foi en nous-mêmes et la foi en Dieu doivent aller de pair.

Si nous disons que nous ne croyons pas en nous mais que nous avons entièrement foi en Dieu, nous n’irons pas très loin. Nous devons avoir foi, d’une foi constante et abondante, non seulement en Dieu, mais aussi en nous, en tant que fils et filles de Dieu. Lorsque nous ressentirons vraiment que nous sommes les enfants de Dieu, nous ne devrons plus oser même nous lier d’amitié avec l’ignorance. La réalité, l’éternité, l’immortalité et l’infinité ne seront plus des termes vagues ; ils seront nos droits de naissance. Une fois que nous aurons cette qualité de foi, Dieu déversera Ses bénédictions choisies sur nos têtes dévouées et dans nos cœurs soumis.

La foi en soi-même ne doit cependant pas dépasser ses propres limites. Certes, il faut avoir la foi, une foi constante et abondante. Mais nous devons aussi nous rappeler la source de notre foi, sinon, nous pourrons attribuer à notre propre fait tous les efforts que nous faisons pour réaliser la vérité absolue et atteindre la perfection. Nous pourrons penser que la Grâce du Suprême a accompli un pour cent de notre travail et que notre effort personnel en a réalisé quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Mais à l’aube du jour propice où nous réaliserons l’Absolu, nous comprendrons que la vérité est inverse ; notre foi nous a permis d’apporter un pour cent d’effort personnel à notre réalisation, et Dieu a fourni les autres quatre-vingt-dix-neuf pour cent par Sa Grâce divine inconditionnelle. Plus tard, lorsque nous arriverons à manifester notre réalisation, une autre vérité, encore plus élevée et plus profonde, poindra en nous. À ce moment-là, nous comprendrons que l’un pour cent de foi que nous possédions, et qui était indispensable, est aussi un don de Dieu.

Vous avez été choisis parmi d’innombrables gens pour courir vers la lumière. Les autres sont encore profondément endormis. C’est la pure Grâce inconditionnelle de Dieu qui vous a inspirés à sortir de l’ignorance et à regarder vers la lumière. Comme c’est Lui qui vous a inspirés et invités à vous joindre consciemment à Son jeu cosmique, vous devez percevoir l’un pour cent de foi que vous aviez au début de votre voyage comme venant aussi directement de Dieu, le Suprême Absolu.

Il y a des gens qui n’ont aucune croyance et qui veulent suivre la voie négative. Quelle que soit la distance qu’ils ont parcourue, leur mental leur dit qu’il n’y a pas de Dieu. Mais fort de mon unité avec Dieu et l’humanité, je tiens à vous dire qu’ils ne trouveront pas la moindre satisfaction, fût-elle temporaire, sur cette terre. Un jour viendra où ils devront comprendre que leur manque de croyance, leur déni de Dieu ne leur apportera pas ce qu’ils veulent. Ils seront obligés de chercher une croyance qui les comble.

Nous qui avons commencé à marcher le long de la voie spirituelle, sommes les précurseurs. Tous courront un jour vers le même but transcendantal. La majorité de l’humanité ne restera pas indéfiniment en arrière. Tous les enfants de Dieu, y compris ceux qui sont actuellement inconscients et qui n’aspirent pas, courront un jour vers le but commun de l’humanité. Ce but est la découverte suprême de notre divinité et la manifestation constante et parfaite de notre réalité éternelle.

189

Nous doutons de Dieu à notre guise. Nous doutons de Dieu précisément parce que nous Le croyons invisible. Nous doutons de Lui parce que nous Le croyons inaudible. Nous doutons de Dieu parce que nous Le croyons incompréhensible.

Mais qu’avons-nous fait pour Le voir ? Qu’avons-nous fait pour L’entendre ? Qu’avons-nous fait pour Le comprendre ?

Pour Le voir, ai-je prié chaque jour avec ferveur ? La réponse est non. Pour L’entendre, ai-je aimé l’humanité avec dévotion ? Non ! Pour Le comprendre, ai-je servi la divinité en l’humanité ? Non ! Nous n’avons pas prié Dieu. Nous n’avons pas aimé l’humanité. Nous n’avons pas servi la divinité en l’humanité. Et pourtant, nous voulons voir Dieu en tête-à-tête. C’est impossible.

Dieu peut être vu grâce à notre imploration intérieure, que nous appelons aspiration, la flamme qui s’élève en nous. Cette flamme s’élève à chaque instant vers les hauteurs les plus élevées. Si nous savons comment implorer, cette flamme s’élèvera toujours plus haut, au plus haut ; et en s’élevant, elle illuminera le monde autour d’elle.

190

Le doute peut être vaincu. Il doit être vaincu. Comment ? La seule réponse repose dans la concentration constante et fervente sur le mental, la méditation sur le cœur et la contemplation de l’être tout entier.

191

Chaque être humain peut être à la fois quelqu’un qui combat et quelqu’un qui pardonne. Lorsque le doute de soi le torture, il doit jouer le rôle d’un combattant. Lorsque sa propre ignorance l’humilie, il doit jouer le rôle de celui qui pardonne.

192

Comment conquérir le doute ? Faites vœu de silence ; pratiquez la méditation intérieure et le service désintéressé. Votre doute n’aura pas la force de crier après vous. Il sera obligé de mourir, et il le fera, définitivement.

PUNITION

Le doute est une auto-punition,
La foi est un auto-enveloppement.

La peur est une auto-punition,
Le courage est un auto-rafraîchissement.

La division est une auto-punition,
L’unité est une auto-illumination.

La haine est une auto-punition,
L’amour est une auto-réalisation.

CONDUCTEURS

Doute, ne viens pas à moi !
Si tu viens,
Je te conduirai à la Foi.
La foi et moi, nous te tuerons.


Peur, ne viens pas à moi !
Si tu viens,
Je te conduirai à la Volonté.
La Volonté et moi, nous te tuerons.
Foi, viens à moi !
Conduis-moi au véritable point de départ.

Volonté, viens à moi !
Conduis-moi au But ultime.

ALTRUISTES

Le doute partage sa capacité
Avec le mental.
C’est pourquoi le doute est altruiste.

L’arrogance partage sa capacité
Avec le vital.
C’est pourquoi l’arrogance est altruiste.

La léthargie partage sa capacité
Avec le corps.
C’est pourquoi la léthargie est altruiste.

L’incertitude partage sa capacité
Avec l’âme.
C’est pourquoi l’incertitude est altruiste.

L’homme partage sa capacité d’ignorance
Avec Dieu
C’est pourquoi l’homme est altruiste.

Question: Si vous me dites que vous pouvez traverser l’océan à la nage, je vous répondrai : « Je voudrais d’abord vous voir le faire. » Je ne croirai pas que vous pouvez le faire tant que je ne vous aurai pas vu le faire, et même après vous avoir vu, je dirai : « Eh bien, maintenant, vous pouvez m’apprendre. »

Sri Chinmoy: Très bien. Mais si vous me demandez de vous prouver ma compétence en natation, vous devrez me laisser nager à ma façon. Si vous me demandez de prouver ma compétence en me liant les mains et les pieds, je ne pense pas pouvoir le faire. Ou bien si vous refusez de me laisser entrer dans l’eau, ou encore si vous fermez les yeux et refusez de regarder ma performance, je ne pourrai rien vous prouver.

Le maître spirituel a une manière bien à lui de prouver la vérité de sa philosophie ou de sa réalisation, mais vous devez lui permettre de le faire à sa propre manière. Je vous demanderai d’abandonner tous vos doutes, votre impureté, vos attachements et vos désirs pendant quelques mois, et de méditer avec moi avec sincérité, dévotion et ferveur. Si vous me permettez de prouver mes compétences de cette manière, vous verrez et ressentirez très vite la vérité. Mais si vous dites : « Non, je ne veux pas que vous me prouviez vos compétences de cette manière, je veux que vous me montriez Dieu, la Vérité et la Lumière ici, devant mes yeux », que voulez-vous que je fasse ? Je serai désemparé. Je peux faire apparaître Dieu, la Vérité et la Lumière devant vous, mais si je le faisais, vos yeux intérieurs seraient hermétiquement fermés et vous ne pourriez rien voir ; alors, vous continueriez de douter de ma capacité et de ma vérité.

Dans le monde extérieur, vous avez besoin de vos yeux pour voir si quelqu’un fait quelque chose. De la même façon, dans les mondes intérieurs, vous avez besoin du troisième œil pour voir ce que quelqu’un fait sur le plan intérieur. Pour voir l’authenticité d’un Maître spirituel, il faut utiliser sa vision intérieure. Les yeux extérieurs qui servent au mental ne sont d’aucune utilité pour voir des choses sur le plan intérieur. Si vous voulez prouver l’authenticité d’un Maître spirituel, méditez et allez profondément en vous, calmez votre mental et essayez d’entrer dans la Conscience universelle. C’est la seule manière de voir si cet homme spirituel vous dit la vérité ou non, et ce n’est qu’à cette condition que vous pouvez être un juge compétent.

Mais ne pensez pas que vous pouvez devenir un juge qualifié en un jour. Si vous voulez apprendre le métier d’électricien, vous vous remettez entre les mains d’un électricien qualifié pendant un an ou deux et vous suivez attentivement ses instructions. Au bout de ce temps, s’il ne vous a pas bien enseigné, vous pourrez lui dire qu’il n’était pas qualifié ou bien qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. La réalisation de Dieu est une discipline infiniment plus difficile. Lorsqu’un homme spirituel vous dit qu’il peut vous conduire à Dieu, vous devez suivre ses instructions à la lettre pendant au moins un an ou deux avant de vivre les expériences préliminaires qui vous montreront que vous êtes sur la bonne voie. Si vous doutez de lui dès le début, vous ne vous accordez aucune chance, et vous ne lui en donnez pas non plus. Si votre Maître vous dit qu’il a vu la Lumière et qu’il vous conduira à la Lumière, vous devez lui permettre de vous conduire à la Lumière. Vous devez être patient, et lui offrir votre obéissance entière. J’utilise souvent le terme de « soumission », mais pour commencer, l’obéissance totale est nécessaire. Pour cela, il vous faut rejeter entièrement le mental qui doute. Vous devez vous forcer à arrêter de douter, même si vous devez vous dire que ce n’est que temporairement, et cela vous demandera une immense auto-discipline. Dites-vous : « Je vais arrêter de douter pendant deux ans et je donnerai à cet homme une chance de me montrer la Lumière. » Mais si vous doutez de ses enseignements en essayant d’apprendre quelque chose de lui, vous détruisez tout simplement votre opportunité.

Si vous voulez voir quelque chose sur le plan extérieur, vous devez vous rendre à l’endroit où cette chose est disponible. Sur le plan intérieur, c’est pareil. Lorsqu’une personne spirituelle vous parle de ses accomplissements, vous devez vous mettre à son niveau, sur son plan de conscience, pour pouvoir les observer. Tout doit être vu, ressenti, ou jugé, dans son propre domaine. Je ne juge pas la science, parce que je ne suis jamais entré dans ce domaine, je ne suis pas compétent pour la juger à son niveau. La vérité physique doit être vue au niveau physique, et la vérité spirituelle doit être vue au niveau spirituel.

Les Occidentaux ont un problème avec ce mental développé. Un mental intellectuel très développé est un véritable handicap dans la vie spirituelle. Mais si vous pouvez le transformer et le transmuter, un tel mental peut devenir un instrument très utile. Je vais vous raconter une histoire indienne très populaire à ce sujet.

Un aspirant qui avait étudié des milliers et des milliers de livres spirituels se rendit chez un Maître et lui dit : « Maître, j’ai étudié tout ce que les livres pouvaient enseigner, et je voudrais maintenant apprendre de vous. »

Le Maître répondit : « Tu n’es pas fait pour devenir mon élève. »

L’aspirant demanda : « Comment se fait-il que je ne sois pas apte à être votre élève ? Vous avez tellement d’élèves ignorants, alors que j’ai étudié tant de livres et tous les grands Ecrits. »

Le Maître répondit : « C’est précisément parce que tu as autant appris, que maintenant tu dois désapprendre, tandis que les autres n’ont rien à désapprendre. Tu as un gigantesque fardeau sur les épaules. Tant que tu ne te débarrasses pas de ce fardeau, tu ne pourras rien apprendre de moi. Mes élèves innocents ne sont pas chargés de toutes ces informations livresques ; ils ont un regard neuf. »

Puis le Maître demanda à l’aspirant de lui apporter un almanach et l’ouvrit au hasard. « Il est écrit ici qu’il va pleuvoir à cette heure-là. Maintenant, froisse le papier, et presse-le. Est-ce qu’il pleut ? Presse le livre tout entier. Est-ce qu’il pleut ? Tu peux presser le livre autant que tu veux, tu ne verras pas une goutte de pluie. La connaissance est une connaissance livresque. Seule l’expérience est une connaissance pratique. Désapprends tout ce que tu as appris pendant tant d’années, et tu seras apte à devenir mon élève. »

Les Maîtres indiens peuvent parfois être très, très stricts, on peut même dire brutaux avec leurs élèves quand ils posent des questions intellectuelles. Ils peuvent les ignorer impitoyablement, pour leur montrer que l’intellectualisation ne fera que créer un obstacle à leur développement spirituel.

NUL AMI TROP PETIT

Il n’y a pas d’ami trop petit.
Une goutte de foi
Dynamise mon être tout entier.

Une petite fraction d’amour
Élève mon existence tout entière
Jusqu’au Ciel.

Une portion insignifiante de soumission
M’unit,
M’unit inséparablement
À l’Infini.

IV — LA PURETE

198. SIMPLICITE, SINCERITE ET PURETE

Simplicité, sincérité et pureté. Ce sont trois qualités dont nous avons besoin dans notre vie intérieure. La simplicité, la sincérité et la pureté.

La sincérité, nous en avons besoin à chaque instant. Avec un mental qui n’est pas simple, qui est compliqué et complexe, on ne peut avoir l’esprit en paix. Un enfant est simple, plein de joie. Malheureusement, dans notre vie quotidienne, nous n’accordons pas d’attention à la simplicité. Si nous avons un esprit simple et une existence simple, nous verrons au fond de nous-mêmes quelle chance et quel bonheur nous avons.

La sincérité est la vie de notre cœur. Si nous sommes sincères, nous saurons que nous sommes déjà en marche vers notre but destiné. La sincérité est notre garde-fou. L’aspirant sincère court vers son but destiné à chaque instant, consciemment ou inconsciemment. Si nous voulons faire des progrès constants ici sur terre, nous avons besoin d’un cœur sincère.

La pureté. La pureté ne signifie pas que nous devons prendre un bain dix fois par jour. Non ! C’est de la pureté intérieure dont nous avons besoin, et non pas de la simple propreté extérieure. Lorsque nous sommes purs, nous pouvons recevoir la Paix, la Lumière, la Béatitude et la Puissance divines en abondance. Si nous pouvons maintenir notre pureté, la Paix, la Joie, la Lumière, la Béatitude et la Puissance peuvent descendre sur terre. Le rôle de la pureté et d’une importance capitale dans notre vie spirituelle.

LA PURETE ET LE POUVOIR

Commencez par avoir de la pureté ; ce n’est qu’à cette condition que vous ne manquerez jamais de pouvoir.

Regardez les miracles qu’exercent une goutte de venin et une goutte de pureté. La première empoisonne le sang dans vos veines. La seconde purifie l’âme humaine dans votre corps.

Le pouvoir n’est pas nécessairement la pureté, mais la pureté n’est rien moins que le pouvoir.

Nul ne peut voler aussi haut que l’être divin qui dispense le pouvoir. Nul homme ne peut détruire son cœur aussi rapidement qu’en abusant de son pouvoir.

Vivre des expériences sans la force de la purification, c’est comme vivre dans la partie la plus dangereuse de la forêt. Cependant, cela ne signifie pas que l’expérience doit toujours attendre une purification complète pour avoir lieu. En fait, ce qu’il faut, c’est une bonne compréhension et un véritable lien entre l’expérience croissante et la purification croissante.

La connaissance est un pouvoir secret. Une fois la connaissance acquise, le pouvoir suit automatiquement.

La pureté est l’averse constante de la Grâce omnipotente de Dieu sur les âmes humaines qui aspirent.

La pureté est le cadeau immédiat du Coffre-fort universel pour les enfants prometteurs de Dieu.

LE ROLE DE LA PURETE DANS LA VIE SPIRITUELLE

Pureté, pureté, pureté ! Nous t’aimons. Nous te voulons. Nous avons besoin de toi. Reste dans nos pensées ! Reste dans nos actions ! Reste dans le souffle de notre vie ! Comment être pur ? Nous pouvons être purs en nous contrôlant. Nous pouvons contrôler nos sens. C’est incroyablement difficile, mais pas impossible.

« Je vais contrôler mes sens. Je vais conquérir mes passions. » Cette approche ne peut pas nous apporter ce que nous voulons vraiment. Le lion affamé qui vit dans nos sens et le tigre affamé qui vit dans nos passions ne nous abandonneront pas si nous nous contentons de répéter : « Je vais contrôler mes sens et conquérir mes passions. » Cette approche sera vaine.

Il n’est pas non plus judicieux de ne penser qu’à notre impureté et de ne cesser de la ruminer. Si nous méditons sur le positif, c’est-à-dire sur la lumière, la lumière descendra sur nous. Mais en pensant constamment à la nuit dont nous avons peur, nous entrons inconsciemment dans le domaine de la nuit. Si par contre, nous pensons toujours à la lumière, qui, après tout, est notre véritable joie et notre salut, nous courons vers notre But destiné.

Ce que nous devons faire, c’est fixer notre mental sur Dieu. À notre plus grand étonnement, le lion et le tigre de notre impureté, dès lors domptés, nous abandonneront de leur plein gré lorsqu’ils se rendront compte que nous sommes devenus trop pauvres pour les nourrir. Mais en réalité, nous ne sommes pas devenus pauvres, pas le moins du monde ! Au contraire, nous sommes devenus infiniment plus forts et plus riches, parce que la Volonté de Dieu dynamise notre corps, notre mental et notre cœur. La concentration de notre corps, de notre mental et de notre cœur sur le Divin est donc la bonne approche. Plus nous nous rapprochons de la Lumière, plus nous nous éloignons de l’obscurité.

La pureté n’arrive pas d’un seul coup. Elle prend son temps. Nous devons plonger profondément en nous et nous perdre avec une foi implicite dans la contemplation de Dieu. Nous n’avons pas besoin d’aller vers la pureté, la pureté vient à nous, et elle ne vient pas seule. Elle apporte une joie qui dure éternellement. Cette joie divine est le seul but de notre vie. Dieu Se révèle Lui-même pleinement et Se manifeste sans réserve uniquement en présence de cette joie intérieure en nous.

Le monde nous donne des désirs. Dieu nous donne des prières. Le monde nous enchaîne. Dieu nous libère : Il nous libère des limitations, Il nous libère de l’ignorance. Nous sommes les joueurs. Nous pouvons jouer au football ou au cricket. Nous sommes libres de choisir. De même sommes-nous libres de choisir de jouer avec la pureté ou avec l’impureté. C’est le joueur le maître du jeu, et non l’inverse.

Ne laissons rien nous perturber. Que l’impureté de notre corps nous rappelle la pureté spontanée de notre cœur. Que nos pensées extérieures limitées nous rappellent notre volonté intérieure infinie. Que les innombrables imperfections de notre mental nous rappellent la perfection illimitée de notre âme.

Le monde actuel est rempli d’impureté. Il semble que la pureté soit la monnaie d’un autre monde. Il est difficile d’obtenir cette pureté, mais une fois que nous l’avons obtenue, la paix nous appartient, le succès nous appartient.

Regardons le monde en face et prenons la vie comme elle vient. Notre Pilote intérieur veille constamment. Les courants profonds de notre vie intérieure et spirituelle continueront toujours d’avancer sans être vus, sans être entravés, ni effrayés.

Question: Quelle est la plus haute forme de pureté à laquelle je peux aspirer ?

Sri Chinmoy: La pureté sur le plan physique. Il faut que le physique inférieur et le vital émotionnel soient totalement purifiés. L’homme possède une certaine pureté dans le cœur. Dans le mental, elle existe en quantité limitée. Dans le vital, elle est totalement mêlée à l’impureté. On y voit le jeu simultané du dynamisme et de l’agressivité. L’un est pureté, l’autre est impureté. Au-dessous du vital se trouve le physique. Là, en raison de l’inertie et de l’indolence qui s’y trouvent, c’est le règne de l’obscurité. Et vous pouvez être sûr que là où il y a de l’obscurité, c’est l’impureté qui fait la loi.

Il faut donc aspirer à la pureté au niveau du physique brut. Comment cela ? Par une prière constante et ascendante et par une aspiration constante à la lumière. La lumière et l’obscurité ne peuvent cohabiter ; c’est impossible. Il en va de même pour la pureté et l’impureté. Lorsque vous priez pour la pureté, sentez que ce dont vous avez réellement besoin est en fait la lumière. Et ne vous contentez pas de répéter le mot « pureté » comme un perroquet. Vous devez méditer sur la Lumière transcendantale. Lorsque la lumière descendra dans votre vital émotionnel et dans votre corps physique, elle purifiera d’elle-même, spontanément, les mondes conscients, supra conscients, et inconscients ou inférieurs qui sont en vous. Tout d’abord, elle purifiera votre conscience qui pour l’instant exprime inconsciemment la réalité du plan physique : le monde de la tentation, de la frustration et de la destruction, puis elle l’illuminera.

Question: Peut-il arriver que l’on soit pris malgré soi dans les vibrations d’une personne impure ?

Sri Chinmoy: Cela est très possible. Bien que l’on soit tout à fait pur soi-même, on peut devenir la proie de l’impureté des autres. La raison est que la personne pure n’a pas suffisamment de force intérieure pour empêcher l’impureté des autres d’entrer en elle. C’est pour cela que les Maîtres spirituels conseillent très souvent aux aspirants de ne pas se mêler au monde extérieur, d’éviter de fréquenter des gens impurs. Les aspirants peuvent eux-mêmes être très purs, mais s’ils ne sont pas également très forts, ils sont impuissants. Leur pureté peut être mise en pièces, comme une rose. La rose est belle à regarder, car elle incarne la pureté ; mais n’importe qui peut aisément la déchiqueter.

Dans la vie quotidienne, il arrive très fréquemment que l’on croise des gens ou que l’on traverse des lieux qui sont très impurs. En marchant dans la rue, une personne spirituelle peut ressentir une impureté considérable en un lieu particulier, là où une personne ordinaire ne remarquera rien du tout. Pour un être ordinaire, tous les lieux sont pratiquement pareils. Mais un être spirituel sait que la pureté et l’impureté varient énormément d’un lieu à un autre et d’une personne à une autre. Ce que vous dites est donc exact. On peut tout à fait être attaqué par l’impureté des autres. Le seul moyen d’éviter cela est de se fortifier avec l’énergie de l’âme. La puissance de l’âme est toujours en éveil ; elle peut aisément venir à notre secours.

LE POUVOIR DE LA PURETE

La pureté est la lumière de l’âme qui exprime sa divinité à travers le corps, le vital et le mental. Celui qui est pur a tout à gagner. Celui qui peut conserver sa pureté ne perdra jamais rien qui mérite d’être gardé. Si l’on n’est pas pur, on peut avoir de grandes idées ou une force intérieure considérable un jour, et les perdre le lendemain. La pureté est le Souffle du Suprême. Lorsque la pureté nous abandonne, le Souffle du Suprême nous abandonne aussi. Il ne nous reste plus que notre souffle humain.

Être pur signifie que l’on suit les ordres de son Pilote Intérieur sans permettre aux mauvaises forces d’entrer en soi. L’obscurité, le précurseur de la mort, règne dans les endroits dénués de pureté. Ce que nous appelons obscurité aujourd’hui sera la mort demain pour nous. La pureté est la seule chose qui puisse nourrir notre divinité. Sans pureté, il n’y a pas de certitude. Sans pureté, il n’y a pas de spontanéité. Sans pureté, il n’y a pas de flot constant de divinité en nous.

La pureté est comme un aimant divin qui attire en nous toutes les qualités divines. Lorsque nous possédons la pureté, le monde est fier de nous. Si la Mère Terre abrite ne serait-ce qu’une seule âme pure, elle déborde de joie. « Voici enfin, dit-elle, une âme sur laquelle je puis compter. »

Une fois la pureté établie, en particulier dans le vital, un grand chemin est accompli, dans la vie intérieure comme dans la vie extérieure. La plus haute Divinité de Dieu réside dans la pureté de l’homme. La pureté de l’homme est le Souffle de Dieu. La pureté est une force considérable. Autant par elle, on peut tout accomplir, autant, si on la perd, on risque à tout moment de s’écrouler, de chuter, même si l’on possède richesse, pouvoir ou influence.

Tous les aspirants spirituels, sans exception, ont constaté et ressenti la nécessité de la pureté. Aujourd’hui ils escaladent le Mont Everest intérieur par la force de leur très grande pureté ; mais demain, s’ils la perdent, ils risquent de tomber dans l’abîme le plus profond. La pureté perdue, tout est perdu ; Dieu Lui-même est perdu. La pureté acquise, le monde est acquis ; l’univers entier est acquis.

LE PREMIER ET LE DERNIER

La première femme
Poussa
Le premier homme
À manger.

La dernière femme
Inspirera
Le dernier homme
À être divin,
À être parfait,
À être suprême.

HOMME, PRENDS GARDE A LA FEMME

Sri Ramakrishna dit :
Homme, prends garde à la femme.

Mère Kali dit :
Fils, ton conseil a besoin d’explications.

Mère, ce que je voulais dire est ceci ;
Homme, prends garde à l’humain en la femme.

Fils, cela n’est toujours pas clair.

Mère, je vais simplifier pour toi.
Voici ce que je voulais dire :
Homme, n’utilise pas tes yeux humains pour voir
Et corrompre
Le divin en la femme.

Fils, maintenant je comprends ta philosophie.
Elle est simplement fascinante.
Elle apporte divinement la lumière.
Elle est suprêmement satisfaisante.

206

La sincérité est
Le protecteur de notre vie.
La pureté est
Celle qui parfait notre vie.

UN HOMME ET UNE FEMME PEUVENT SAUVER LE MONDE

Un homme peut sauver le monde
Qui est cet homme ?
Cet homme est l’homme de Compassion.

Une femme peut sauver le monde.
Qui est cette femme ?
Cette femme est la femme de Perfection.

Où l’homme de Compassion vit-il ?
Il habite au royaume
De la Fierté transcendantale de Dieu.

Où la femme de Perfection vit-elle ?
Elle vit au royaume
De la gratitude éternelle de Dieu.

208

L’aspiration est la première marche vers Dieu.
La soumission est la dernière marche vers Dieu.
Entre les deux, il n’y a que trois marches :
La sincérité du mental,
La pureté du cœur
Et
L’humilité de la vie.

POURQUOI EST-ELLE CHOISIE ? POURQUOI EST-IL CHOISI ?

Pourquoi est-elle choisie ?
Elle est choisie
Parce qu’elle
Implore et implore
Dans son cœur.

Pourquoi est-il choisi ?
Il est choisi
Parce qu’il
Ose et ose
Dans son mental.

Pourquoi est-elle choisie ?
Elle est choisie
Parce qu’elle
Sait ce qu’est la soumission.


Pourquoi est-il choisi ?
Il est choisi
Parce qu’il
Sait ce qu’est le service.

210

Certes, seul mon cœur de pureté peut voir le Visage de Dieu. Certes également, mon cœur d’impureté n’est pas ignoré par Dieu. Au contraire, la Compassion constante de Dieu prend bien soin de l’impureté de mon cœur.

V — QUELQUES QUALITES INTERIEURES

L’OBEISSANCE INTERIEURE ET EXTERIEURE

L’obéissance intérieure, l’obéissance intérieure :
Qu’est-elle,
Sinon une opportunité divine ?

L’obéissance extérieure, l’obéissance extérieure :
Qu’est-elle,
Sinon une beauté rayonnante ?

Mon obéissance intérieure
M’emporte vers mon Seigneur Suprême
Plus rapidement que tout.

Mon obéissance extérieure
M’emporte vers mon Seigneur Suprême
Lentement, sûrement et immanquablement.

La patience

Qu’est-ce que la patience ? C’est une vertu divine. Malheureusement, non seulement manquons-nous sévèrement de cette vertu divine, mais nous la négligeons également de façon insensée.

Qu’est-ce que la patience ? C’est l’assurance intérieure de l’Amour sans réserve de Dieu et de Sa Guidance inconditionnelle. La patience est le pouvoir de Dieu caché en nous pour tempérer les innombrables tempêtes de la vie.

Si l’échec a la force de transformer notre vie en amertume, la patience a la force de transformer notre vie en une joie la plus pure. Ne vous soumettez pas à votre sort après un simple échec. L’échec précède tout au plus la réussite, mais celle-ci, une fois atteinte, vous donne comme nom la confiance.

Soyez patient avec votre corps ; vous pourrez accepter le monde entier. Soyez patient avec votre vital ; vous pourrez tenir le monde entier. Soyez patient dans votre mental ; vous ne pourrez ni oublier ni perdre le monde. Soyez patient dans votre cœur ; vous ressentirez que le monde est non seulement avec vous et en vous, mais également pour vous. Le temps est un oiseau en vol. Voulez-vous le capturer et le mettre en cage ? Alors il vous faut de la patience. Vos rêves les plus chers deviendront des réalités fructueuses si vous connaissez le simple secret qui consiste à faire pousser l’arbre-patience dans votre cœur.

La patience est votre soumission sincère à la Volonté de Dieu. Cette soumission n’implique d’aucune façon l’effacement du soi fini que vous êtes pour l’instant, mais elle conduit à une transformation complète de votre existence finie en Soi infini.

La patience vous parle en silence : « Essaye de vivre la vie intérieure. Non seulement tu verras et tu atteindras ton but, mais tu deviendras également le But. »

La patience ne peut jamais vous être imposée de l’extérieur. Elle est votre propre richesse intérieure, votre propre sagesse intérieure, votre propre paix intérieure et votre propre victoire intérieure.

Question: Comment puis-je accroître ma patience ?

Sri Chinmoy: Considérez que vous avez entrepris un voyage spirituel intérieur vers un but qui a autant besoin de vous que vous de lui. Il est prêt à vous accepter et à vous offrir ce qu’il possède, mais à sa manière et à l’heure qu’aura choisie Dieu. Sachez toutefois qu’en temps voulu, Dieu vous donnera Ses richesses.

La patience ne vous enseignera jamais que votre tâche est désespérée. Elle vous dira plutôt que vous n’êtes pas prêt ou que le moment n’est pas encore venu. Vous pouvez vous sentir mûr pour cette tâche, mais sachez que votre être tout entier, votre être intégral, ne l’est peut-être pas. Si votre âme, votre cœur, votre mental sont parvenus à un stade suffisant pour cela, votre vital et votre physique ne sont pas encore en mesure d’atteindre le But, qui est Lumière et Vérité. Lorsque votre être intérieur tout entier sera prêt, le But lui-même poindra au sein de votre conscience aspirante. Lorsqu’aura sonné l’heure, le But vous attirera à lui, tel un aimant.

Celui qui s’engage dans la vie spirituelle doit savoir que la patience n’est pas quelque chose de passif. Au contraire, elle est quelque chose de dynamique qui accroît notre force et notre volonté intérieures.

Certes, celui qui est doté de volonté intérieure aura plus de facilité à acquérir la patience. Mais il est également vrai que celui qui s’arme de patience accroîtra sa volonté intérieure de manière exceptionnelle.

Question: Dans ma méditation et dans ma vie spirituelle, j’ai l’impression de me battre contre le temps à cause de mon impatience à atteindre mon but. Est-ce une mauvaise habitude ?

Sri Chinmoy: Si vous avez l’impression de vous battre contre le temps, vous faites une erreur déplorable. Cette incarnation n’est pas votre première incarnation, et elle n’est pas la dernière non plus. Supposons que vous avez médité au cours de vos précédentes incarnations, et dans cette incarnation, vous méditez également depuis un certain nombre d’années. Si vous pensez que chaque moment de votre vie vous conduit vers votre destination, ce progrès en soi est une forme de but partiel. On ne peut séparer le progrès divin, le progrès réel, de son but. Plutôt que de se battre contre le temps, il vaut mieux s’efforcer de gagner un bénéfice spirituel, un progrès spirituel à chaque seconde. Chaque fois que vous faites un progrès, ressentez que vous avez touché une partie du But lui-même, tout infime soit-elle. De cette manière, vous aurez toujours l’impression d’avancer.

Si nous voulons voir ou réaliser le But tout entier, nous devons nous soumettre au Temps éternel, au Temps de Dieu. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pour l’instant, nous pensons que notre responsabilité consiste à réaliser Dieu maintenant, en un clin d’œil. Tel est le besoin que nous ressentons. Mais si nous pensons que Dieu a infiniment plus besoin de notre réalisation que nous, nous comprendrons que notre réalisation devient Sa responsabilité. Dieu prend cette responsabilité sur Ses épaules avec la plus grande sincérité. Après tout, c’est Lui qui veut manifester en nous et à travers nous. Et tant que nous ne sommes pas réalisés, comment peut-Il Se manifester en nous et à travers nous ? C’est donc le devoir de Dieu de nous mener à Sa réalisation. Encore faut-il savoir qu’Il a Son Heure choisie, et que l’on ne peut pas avancer cette heure. On ne peut atteindre la réalisation par la force, car elle est Son cadeau. Il nous l’offrira à Son heure choisie. Quant à nous, nous devons simplement être honnêtes, sincères, consacrés, dévoués et soumis à Sa Volonté. C’est ce qu’Il attend de nous : une aspiration et une soumission sincères.

L'humilité

L’humilité ne signifie pas que je souhaite que le monde m’ignore. Cela n’est pas de l’humilité. Mon humilité dit que je ne devrais ni voiler mon ignorance ni étaler ma connaissance. Être complètement insatisfait de soi et maudire son sort ne sont pas des preuves d’humilité. Les signes réels d’humilité sont l’aspiration constante et l’imploration intérieure pour davantage de paix, de lumière et de béatitude.

La graine de l’humilité est exceptionnellement fertile. Elle ne fait pas forcément germer des plantes de pouvoir et de force, mais elle fait naître des fleurs de douceur, de grâce, de modestie et de lumière.

L’amour du divin est, dans son essence, une humilité spirituelle.

L’humilité n’a pas besoin de s’asseoir sur le trône du roi. Mais le roi ne peut s’empêcher d’apporter le trône à l’humilité. Qui est le roi ? La Compassion de Dieu.

Une prière, dans sa définition la plus simple et la plus efficace, est l’humilité qui monte au ciel de la Félicité qui comble toute chose.

Seul un véritable sentiment d’humilité peut nous relever de notre position à genoux aussi haut que notre aspiration.

Nous devons comprendre qu’il n’y a qu’une seule manière d’acquérir d’infinies possibilités futures. Cette manière repose dans le grand pouvoir de l’humilité.

Mon humilité

Dieu est mon Supérieur, mon seul Supérieur. Je suis humble devant Lui. Tel est mon devoir suprême. Les enfants de Dieu sont mes égaux. Je suis humble devant eux. Telle est ma plus grande nécessité. La fierté est ma subordonnée. Je suis humble devant la fierté. Telle est ma plus grande sécurité.

Mon humilité n’est pas un déni de soi. Mon humilité affirme en silence ce que je possède véritablement dans mon monde extérieur et ce que je suis avec assurance dans mon monde intérieur.

Mon humilité n’est pas l’abstinence de mon amour-propre. Je m’aime. Je m’aime parce que la divinité la plus haute respire fièrement en moi.

La vanité me dit que je peux facilement détruire le monde. Elle me dit que le monde est à mes pieds. Mais mon humilité me dit que je n’ai ni la capacité, ni le désir de détruire le monde. Mon humilité me dit que le monde et moi avons la capacité réelle et le désir sincère d’implorer la perfection parfaite. Mon humilité me dit encore que le monde n’est pas à mes pieds, loin de là. J’emporte le monde avec dévotion vers sa réalisation. Le monde m’emporte avec amour et ouvertement vers ma manifestation.

Lorsque je suis toute humilité, je ne sous-estime ni ne surestime ma vie. Je juge ma vie de manière exacte, comme mon Seigneur Suprême estime ma vie.

L’humilité n’est pas une vertu que l’on s’impose volontairement. C’est un état intérieur de conscience qui s’exprime avec une joie pure.

L'admiration

L’admiration n’est pas un signe d’infériorité. C’est plus souvent un signe de reconnaissance mutuelle de deux âmes.

La familiarité et l’admiration peuvent rarement être des amis de longue durée, à moins que le caractère unique de l’un trouve son écho en l’autre.

Il est facile pour notre admiration de gagner l’amour de quelqu’un. Mais il est souvent trop difficile pour notre amour de gagner l’admiration de quelqu’un.

Peut-on séparer notre admiration de notre sincérité ? Incontestablement, non, parce que l’admiration demande un altruisme authentique.

L’amour-propre doit savoir que son extinction commence dès l’arrivée de l’admiration. L’admiration commence à montrer une touche psychique lorsqu’elle atteint les qualités que possèdent les visionnaires, les saints et les sages.

L'ambition

L’ambition est l’étreinte affectueuse de la possession et de l’expression.

La vie est une réalité qui ne cesse de progresser. Elle est la ferme conviction de l’ambition.

L’ambition est une tentative de l’expression de soi et de l’extension de soi. Fondée sur l’agrandissement de l’ego, on l’appelle la glorification de soi. Fondée sur l’illumination de l’âme, elle cesse d’être ambition et devient une mission divine.

Si vous mettez de côté votre ambition alors que vous êtes encore dans une vie sans aspiration, vous devenez un prince de la léthargie.

Si vous embrassez l’ambition dans votre vie aspirante, vous devenez un prisonnier condamné. Vous ne pourrez jamais sortir du fini.

Dans votre vie extérieure, l’ambition est la hauteur la plus élevée. Dans votre vie intérieure, l’ambition est la nuit la plus obscure.

Dans votre vie extérieure, plus vous vous rapprochez du pays de l’ambition satisfaisante, plus votre sécurité prometteuse se renforce. Dans votre vie intérieure, plus vous vous éloignez du rivage de l’ambition, plus la Protection de Dieu vous entoure avec force. Avant de devenir un aspirant, l’ambition est votre objectif le plus élevé. Une fois devenu un aspirant, l’ambition est non seulement un objectif bas, mais une chute grave.

L’ambition n’est certes pas de l’aspiration. L’ambition veut commander le monde.

L’aspiration implore de servir le Créateur en Sa création.

L’ambition est une passion humaine qui ne peut jamais être satisfaite. L’aspiration est une glorification divine qui sera toujours satisfaite.

L’ambition est la fin de la réalisation humaine. L’aspiration est le commencement de la réalisation divine.

L’ambition est l’enfant choisi de l’homme. L’aspiration est l’enfant choisi de Dieu.

219

Comment conquérir la fierté ? Tôt le matin, pensez plusieurs fois à ceux qui vous sont infiniment supérieurs en amour et en pouvoir. Le soir, essayez de ressentir que vous dormez sur les genoux de l’Amour suprême du Suprême.

220

Comment conquérir l’arrogance ? Essayez de ressentir que votre arrogance recevra la monnaie de sa pièce. Ou plutôt que ce que vous utilisiez était une grenade et ce à quoi vous devrez faire face est une bombe atomique.

MA FIERTE HUMAINE ET MA FIERTE DIVINE

Ma fierté humaine pense que je peux tout faire. Ma fierté divine, la fierté qui s’est soumise à la volonté de Dieu, sait que je ne peux tout faire que lorsque je suis inspiré, guidé et façonné par le Suprême.

Ma fierté humaine veut que le monde me comprenne — mon amour, mon aide, mon sacrifice. Ma fierté divine, qui est le sentiment d’unité avec tous en Dieu, ne souhaite pas que le monde comprenne mes activités désintéressées. Elle pense que si Dieu me comprend et connaît mes motivations, il ne peut y avoir de plus grande récompense.

Ma fierté humaine boit l’eau chaude de la vie — les souffrances, les combats et les doutes — sans l’aide d’une cuillère. Le résultat est que ma langue est sérieusement brûlée. Ma fierté divine boit la même eau chaude, et elle en boit même infiniment plus, mais elle se sert d’une cuillère pour que je ne souffre pas. Cette cuillère est la cuillère de la libération, libérée des chaînes de l’ignorance.

Ma fierté humaine a peur de dire beaucoup de choses et en a honte. Ma fierté divine n’a peur de dire ni de faire quoi que ce soit, car elle sait que Dieu est à la fois l’acteur et l’action. Elle demande : « Qui suis-je pour me craindre ? Qui suis-je pour avoir honte de moi ? »

Ma fierté humaine écrase l’humanité d’un pouvoir acquis par l’homme. Ma fierté divine libère l’humanité avec son pouvoir donné par Dieu.

Lorsque je dis que Dieu m’appartient et que je peux L’utiliser selon mon bon vouloir, j’accueille ma fierté humaine. Mais lorsque je dis que j’appartiens à Dieu, et que mon existence même est à Ses ordres et à Ses pieds, je chéris la fierté divine.

Le monde matériel dit à ma fierté humaine : « Soit nous réussirons, soit nous échouerons et périrons. » Le monde spirituel dit à ma fierté divine : « Ensemble, nous entreprendrons, ensemble, nous réussirons. »

DEUX ASSASSINS

Seigneur, lorsque Tu me tues
Avec Ton Amour suprême,
Je Te tue avec mon ingratitude impérissable.

Seigneur, lorsque Tu me tues
Avec Ton pouvoir suprême,
Je Te tue avec mon désespoir irrémédiable.

Seigneur, lorsque Tu me tues
Avec Ton indifférence suprême,
Je Te tue avec mon insécurité sanglante.

223

Notre impatience sauvage détruit notre croissance spirituelle. Contrairement aux autres arbres, notre arbre de patience porte trois sortes de fruits : l’inspiration, l’aspiration et la réalisation.

224

Lorsque vous êtes amer et irritable, rejetez tout simplement votre amertume et votre irritation dans leur source : l’ignorance, et puis jetez-vous dans votre source : la Lumière.

225

Comment conquérir la colère ? Ressentez la nécessité de vous parfaire. Lorsque la colère veut entrer en vous, dites-lui : « Je suis désolé. Je ne mange qu’une seule nourriture, et elle s’appelle Paix. Je ne pourrai pas te digérer. Si jamais je te mangeais, je serais détruit intérieurement comme extérieurement. Je ne veux pas être détruit. J’ai tant à faire pour la divinité en moi et pour l’humanité autour de moi. Ô colère, tu frappes à la mauvaise porte. »

226

Comment conquérir l’inquiétude ? Ignorez-la délibérément. Bien sûr, l’inquiétude a sa propre fierté. Elle vous ignorera complètement. Elle pensera qu’il n’est pas digne d’elle de venir à vous avec tous ses problèmes et ses responsabilités.

INQUIETUDE

Inquiétude, inquiétude,
Pourquoi vous inquiétez-vous ?
Priez simplement le matin,
Concentrez-vous à midi,
Contemplez le soir.
C’est tout !
Voyez, vos inquiétudes sont étouffées
Dans un silence d’oubli.

Inquiétude, inquiétude,
Pourquoi vous inquiétez-vous ?
Tournez-vous ;
Regardez, Dieu vous regarde.
Entrez dans votre mental ;
Regardez, Dieu pense à vous avec dévotion.
Entrez dans votre cœur ;
Regardez, Dieu est tout pour vous.
Entrez dans votre âme ;
Regardez, Dieu a déjà tout fait
Pour vous.

Curiosité

Un homme curieux n’a pas envie de vérité. Il n’a pas besoin de vérité. Il a juste envie d’entendre ce que les autres disent de la vérité. Très rarement, il peut vouloir la voir de loin, mais il a peur de s’en approcher personnellement. Il pense que dès qu’il s’approchera de la vérité, la puissance volcanique de celle-ci le détruira, détruira son existence terrestre qui n’est autre que l’ignorance.

La curiosité commet deux péchés impardonnables. Elle tue notre amour spontané pour la lumière, cette lumière qui transforme notre vie et nous permet de réaliser la Vérité la plus élevée. Elle éteint également notre flamme intérieure, qui est un feu normal et naturel. Nous appelons cette flamme intérieure l’aspiration. Plus cette flamme d’aspiration s’élève haut, plus rapidement nous atteignons le Rivage de l’Au-Delà doré. La curiosité a peur de deux choses : la réalité la plus élevée et la divinité. Lorsque la réalité, c’est-à-dire la Réalité transcendantale regarde la curiosité, celle-ci s’enfuit immédiatement en courant, cherchant à s’échapper, à se cacher, parce que la curiosité se dit qu’elle va être exposée en un rien de temps. Lorsque la divinité regarde la curiosité, la curiosité maudit la divinité dont elle a une terrible peur. Elle la considère comme un étranger qui entre dans son souffle même.

La curiosité a cependant deux amies : le doute et la jalousie. Le doute nourrit la curiosité au moment même où la Paix, l’Amour, la Béatitude et la Puissance divines du Maître spirituel veulent aider inconditionnellement l’humanité. C’est juste à ce moment-là que le doute nourrit la curiosité. La jalousie fait ressentir à la curiosité qu’elle est bien inférieure aux aspirants authentiques de la Lumière infinie. Aussi la jalousie ne permet-elle pas à la curiosité de fréquenter les chercheurs spirituels ni de leur demander de l’aide spirituelle. La jalousie dit : « Si le chercheur spirituel ou le Maître sont si formidables, qu’est-ce que cela peut bien me faire ? J’ai envie de rester dans les chaînes de l’ignorance. Peu importe. » La jalousie incite la curiosité à rester là où elle se trouve déjà.

La curiosité n’est pas spirituelle. Mais nous ne pouvons pas devenir sincères en une seule nuit. Si je ne suis pas sincère, je ne peux pas le devenir en un clin d’œil, c’est impossible. Mais si, par curiosité, je veux voir ce qui se passe chez l’aspirant spirituel sincère qui considère Dieu comme sa seule nécessité, je peux essayer d’agir sincèrement parce que je vois quelque chose de divin et de satisfaisant en lui.

Si l’on va voir un aspirant spirituel sincère ou bien un Maître spirituel par curiosité, on pourra tout de même voir quelque chose qu’on n’aura jamais vu auparavant. J’ai quelques élèves ou disciples qui sont venus me voir par curiosité et avec une aspiration très limitée. Je dois dire que j’ai également des élèves et disciples très sincères. Mais je ne verse pas d’eau froide sur ceux qui n’ont pas la chance d’avoir pour l’instant une aspiration réelle. Je leur dis simplement : « Ne vous inquiétez pas. Si vous n’êtes venus me voir que par curiosité, peu importe. Allez voir les aspirants sincères, et regardez ce qu’ils obtiennent de leur vie spirituelle authentique. Et si vous avez l’impression que leur vie spirituelle a changé leur nature ou bien leur donne une nouvelle lumière et une nouvelle paix, essayez de suivre leur exemple, unissez-vous à eux. »

J’ai rencontré beaucoup de personnes entièrement et exclusivement curieuses qui se sont transformées en aspirants sérieux et sincères. Un jour ou l’autre, la Vérité doit être réalisée, alors peu importe si nous ne sommes pas très sincères dès le départ. La sincérité se développe comme tout le reste. Elle peut se développer comme un muscle. Si nous n’avons pas une aspiration très forte pour l’instant, ce n’est pas grave, nous pouvons développer l’aspiration, notre imploration intérieure.

Je dis à beaucoup d’aspirants sincères : courez vite, plus vite, au plus vite vers votre But destiné. Et aux aspirants curieux, je dis : ne vous arrêtez pas à votre réalisation, qui est votre curiosité ; avancez un pas de plus, et vous verrez la curiosité d’aujourd’hui se transformer en la sincérité de demain, et dans votre sincérité, vous verrez l’imploration, la flamme ascendante que nous appelons l’aspiration.

L’aspiration d’aujourd’hui est la réalisation de demain. Telle est la seule vérité, la seule réalisation que je peux vous offrir, mes très chers sœurs et frères, chercheurs de la Vérité infinie. Commencez ici et maintenant.

229

Lorsque j’étais un animal, j’évoluais à travers l’égoïsme. Maintenant que je suis un homme, mon évolution ne peut se réaliser qu’à travers le sacrifice de soi.

I — LA VOIX INTERIEURE

230

La conscience est la voix intérieure qui nous offre un de ses messages les plus importants : l’Amour construit le palais de la Vérité.

231

L’homme a-t-il encore un moyen d’être libre ? Certaine-ment. Dès qu’il ressent que son mental peut être une pensée de Dieu, il peut complètement se sentir comme un oiseau dans le ciel ; sa vie, tout éphémère soit-elle, est le souffle de son Pilote intérieur.

Question: Très souvent, je ne reconnais pas mon soi intérieur. Je ne sais pas si la voix que j’entends est la voix intérieure ou bien la voix extérieure, et cela me dérange beaucoup.

Sri Chinmoy: Je comprends parfaitement. Mais si vous trouvez un maître qui est une âme réalisée, vous pouvez aller le voir pour lui demander de l’aide et déterminer si ce que vous faites est correct. Ou bien, si vous ne trouvez pas de maître spirituel, allez au fond de vous et voyez si vous pouvez entendre une voix, une pensée ou une idée. Ensuite, allez profondément à l’intérieur de cette voix, ou de cette pensée, ou encore de cette idée, et voyez si elle vous procure un sentiment de joie intérieure ou de paix intérieure, qui ne laisse plus place à la moindre question, au moindre problème ou au moindre doute. Lorsque vous trouvez ce genre de paix et de joie intérieure, vous pouvez vous dire que la voix que vous avez entendue est juste et qu’il s’agit de la voix intérieure réelle qui vous aidera dans votre vie spirituelle.

Pour être sincères, purs, forts et courageux, nous avons besoin de la voix intérieure. Notre voix intérieure est la puissance de vérité que nous possédons en nous ; notre voix extérieure est la puissance matérielle que nous possédons autour de nous. L’homme n’est pas assez pur pour voir la puissance de vérité agir dans ce monde extérieur de désirs et d’expectations. L’homme n’est pas assez fortuné pour voir la puissance matérielle agir dans son monde intérieur d’aspiration et de besoin. La puissance de vérité au service de l’humanité et la puissance matérielle au service de la divinité pourront changer la face du monde et elles le feront. La puissance de vérité éveillera et illuminera l’humanité profondément endormie dans l’obscurité. La puissance matérielle servira et comblera la divinité encore insatisfaite sur terre.

La voix intérieure est la richesse du cœur. Lorsqu’un aspirant utilise cette richesse, il sourit avec ferveur. Lorsqu’un incroyant et sceptique essaye d’utiliser cette richesse, il est étouffé sans merci.

La voix intérieure nous demande d’aider le monde uniquement conformément à la Volonté expresse de Dieu. Une aide donnée autrement finit toujours par tourner en pure calamité. Celui qui offre son aide parce qu’il est inspiré par Dieu et sur l’Ordre de Dieu est non seulement divinement libéral mais également suprêmement béni.

Donner après réflexion quelque chose qui est demandé, c’est donner une fois. Donner à la demande, c’est donner deux fois. Donner quelque chose de non souhaité, c’est donner trois fois. Donner une chose lorsque Dieu veut qu’elle soit donnée, c’est donner cette chose pour de bon, en même temps que son corps et son âme.

Nous n’entendrons jamais le chant de la voix intérieure si nous fréquentons consciemment ou inconsciemment l’anxiété. Qu’est-ce que l’anxiété ? C’est le souffle destructeur de la pauvreté de la vie.

Il n’y a pas de meilleur choix que d’écouter la voix intérieure. Si nous refusons délibérément d’écouter la voix intérieure, nos faux gains nous conduiront à une perte inévitable. Si, par contre, nous écoutons avec ferveur la voix intérieure, nos gains réels, non seulement nous protégeront d’une destruction imminente, mais accéléreront de façon surprenante notre réalisation de la Vérité transcendantale.

Un aspirant doit comprendre que la voix intérieure n’est pas un cadeau, mais un accomplissement. Plus il s’applique avec ferveur à la trouver, plus tôt il la possédera infailliblement.

La sincérité dit à l’homme qu’il peut vraiment être fier de posséder la voix intérieure qui discerne toute chose. L’humilité dit à l’homme qu’il peut être suprêmement fier d’être possédé par la voix intérieure qui rejette le faux, accomplit le juste, et satisfait le bien.

La voix intérieure est à la fois le guide inlassable de l’homme et son véritable ami. La voix intérieure dit ce qu’il doit faire à l’homme qui va au fond de lui. Elle lui donne la capacité lorsqu’il va plus au fond, et lorsqu’il va encore plus au fond, elle le convainc qu’il fait ce qu’il faut comme il faut.

Il existe un mot très doux, pur et familier ; ce mot est conscience. La conscience est un autre nom pour la voix intérieure.

La conscience peut vivre à deux endroits : dans le cœur de la vérité et dans la bouche du mensonge. Lorsque la conscience nous frappe une première fois, nous devons nous dire qu’elle nous montre son amour inconditionnel. Lorsqu’elle nous frappe une deuxième fois, nous devons ressentir qu’elle nous montre son attention sans réserve. Lorsqu’elle nous frappe une troisième fois, nous devons comprendre qu’elle nous offre sa compassion infinie pour nous empêcher de plonger dans les profondeurs de l’océan de l’ignorance. Conscience et passion n’ont pas besoin de se contredire lorsque l’homme aspire à offrir la lumière de son cœur à sa passion et la soumission de son cœur à sa conscience.

La voix intérieure est le temple en nous. La voix intérieure est la déité en nous. La voix intérieure est le devoir divin en nous. La voix intérieure est la nécessité suprême en nous.

Dieu a donné l’ordre à la voix intérieure d’être l’amie des âmes aspirantes et le juge de celles qui n’aspirent pas.

La voix intérieure est non seulement une constante fidèle, mais également une parfaite perfection.

Question: : Peut-on trouver les réponses à nos propres questions dans notre méditation quotidienne ?

Sri Chinmoy: Toute question peut trouver une réponse pendant votre méditation ou bien à la fin de votre méditation. Si vous allez au fond de vous-mêmes, vous devez trouver une réponse. Mais lorsque vous l’obtenez, essayez de déterminer si elle vient de l’âme, du cœur ou du mental. Si elle vient du cœur ou de l’âme, vous aurez un sentiment de soulagement et de paix. Vous ne verrez plus aucune pensée contradictoire suivre la réponse. Mais si la réponse ne vient pas du cœur ou de l’âme, le mental viendra en avant pour contredire l’idée que vous avez reçue.

MON PILOTE INTERIEUR ME DECOURAGE

Le matin,
Mon Pilote intérieur
Me décourage de me plaindre amèrement.

L’après-midi,
Mon Pilote intérieur
Me décourage de rivaliser constamment.

Le soir,
Mon Pilote intérieur
Me décourage de broyer du noir inutilement.

La nuit,
Mon Pilote intérieur
Me décourage de rêver en vain.

235

La conscience et l’intuition sont les expériences intérieures de l’âme qui s’efforce de protéger et de parfaire notre vie extérieure.

UNE TRANSFORMATION COMPLETE

Il n’existe qu’un seul danger grave,
Et ce danger est le doute.
Mon Pilote intérieur m’a mis en garde contre ce danger.

Il n’y a qu’une seule tentation grave,
Et cette tentation est la suprématie.
Mon Pilote intérieur m’a mis en garde contre cette tentation.

Il n’y a qu’une seule mort obscure,
Et cette mort est la peur.
Il n’y a qu’une seule vie réelle,
Et cette vie est l’amour :
L’amour de l’âme pour la
Complète transformation du corps.

JE FAIS L’IMPOSSIBLE : COMMENT ?

J’ai décidé ce que je veux.
Je vais écouter la voix intérieure.
Je crois
Qu’elle est tout amour et toute satisfaction.
Je sais qu’elle est
Tout amour et toute satisfaction
Et c’est exactement ce qu’elle est.
Ma foi est ma puissance ;
Ma connaissance est ma puissance.
Je fais l’impossible parce que
Ma vie de soumission constante
À la Volonté du Suprême
M’a appris comment le faire.

II — LA VOLONTE

LA VOLONTE ET LA FORCE DE VOLONTE

La volonté, c’est moi-même. La volonté est mon Soi. Ma volonté est absolument celle de Dieu et uniquement celle de Dieu.

Ma volonté intérieure est, dans le monde de la réalisation, ce qu’est ma vie extérieure dans le monde de la manifestation.

Rien n’est réel pour le doute de mon mental. Tout est réel pour la volonté de mon cœur. Conquérir mon doute, c’est grandir dans le souffle de ma volonté.

Je ne crains ni mes émotions ni mes frustrations. Mes émotions et mes frustrations vivent dans ma volonté soumise à Dieu et se réjouiront toujours dans la Volonté implacable de Dieu.

Lorsque ma force de volonté dynamise mon existence extérieure, tous les troubles impondérables et les souffrances insupportables s’évanouissent en fumée.

Le doute veut aveugler mon mental.
La peur veut tuer mon cœur.
L’ignorance veut voiler mon âme.

L’aspiration veut illuminer ma vie,
La soumission veut combler ma vie.
La volonté veut immortaliser ma vie.

239

Ma volonté terrestre a toujours un commencement et une fin. Ma volonté céleste n’a ni commencement ni fin. Elle a toujours été et sera toujours la même. Ma volonté est le foyer d’Éternité de la vérité, construit sur le rocher de la Vision de Dieu dans la Réalité et de la Réalité de Dieu dans la Vision.

240

Que peut faire la force de la volonté ? La force de volonté peut nous débarrasser de notre confusion — la confusion dans le physique, le vital, le mental et le cœur. Comment se fait-il que tout le monde n’ait pas encore réalisé Dieu ? Pourquoi y a-t-il si peu de Maîtres spirituels et d’âmes réalisées sur terre ? Il n’y a qu’une seule raison. C’est à cause de notre confusion mentale, vitale, physique ou encore de celle de notre existence intérieure. Dès que ce voile de confusion est levé, nous voyons le Visage doré du Suprême en nous.

Que peut encore faire notre force de volonté ? Cette force de volonté, qui est la lumière de l’âme, peut entrer dans la réalité plus tôt que tout. Nous frappons à la porte de la réalité avec notre sincérité, notre pureté, notre aspiration, notre consécration et notre dévotion. Nous frappons à la porte de la réalité, mais cela peut prendre des jours ou des mois avant que cette porte ne s’ouvre pour nous. Mais lorsque la détermination divine, la force de volonté divine, frappe à la porte de la réalité, la porte s’ouvre en grand. Pourquoi ? La réalité a-t-elle peur de la détermination de l’homme ? Non, la réalité ouvre ses portes immédiatement à la force de volonté parce qu’elle voit immédiatement deux choses : elle voit que la force de volonté a la capacité d’incarner la réalité, tandis que les autres qualités n’ont pas forcément la force suffisante pour incarner immédiatement la réalité qui s’impose à elles. La réalité voit aussi que lorsqu’elle veut se manifester sur terre, c’est la force de volonté humaine transformée en une force de volonté divine qui accepte le défi et vient en aide. Les autres qualités divines de l’homme hésitent. Lorsque la réalité veut se manifester à travers elles, elles pensent que le moment n’est pas opportun. Elles disent : « Nous sommes en train de nous préparer, donnez-nous un peu plus de temps, je vous prie. » Mais lorsque la réalité se présente à la force de volonté, elle ressent une immense joie et une immense félicité parce qu’elle voit que la puissance de volonté humaine est prête à la placer sur ses épaules et à la porter partout.

Si Dieu vient et se tient devant nous, nous dirons avec notre pureté : « Ô mon Dieu, je Te suis extrêmement reconnaissant de m’avoir donné de la pureté. » Avec notre humilité, nous dirons : « Ô mon Dieu, je Te suis extrêmement reconnaissant de m’avoir donné de l’humilité. » Avec notre paix, nous dirons : « Ô mon Dieu, je Te suis extrêmement reconnaissant de m’avoir accordé la paix. » Nous offrirons de la gratitude, mais nous continuerons à ressentir un peu d’hésitation à nous servir de ces qualités. Nous penserons que nous ne sommes peut-être pas suffisamment humbles, que nous n’avons pas assez de paix. Au lieu de cela, nous devrions dire, soit extérieurement, soit intérieurement : « Ô mon Dieu, j’ai cette qualité, utilise-moi. » Mais avec notre force de volonté, nous disons aussitôt : « Ô mon Dieu, Tu m’as donné la pureté, la paix et d’autres qualités divines. Je suis à présent prêt à Te servir. Dis-moi, je T’en prie, ce que je peux faire. »

Toute faible que soit notre force de volonté en comparaison avec la Force de Volonté formidable de Dieu, cette force de volonté humaine dira : « Mon Dieu, je suis prêt à Te satisfaire. Dis-moi, je T’en prie, ce que je dois faire. Je veux être Ton instrument. Je veux être Ton héros et Ton guerrier dynamique. Je suis prêt à être utilisé. Veux-Tu T’asseoir sur mes épaules ? Alors assieds-Toi. Veux-tu que je coure pour Toi ? Alors je courrai. Si Tu veux me donner quelque chose à faire, je le ferai. Même si je me casse la jambe en chemin, je ferai de mon mieux pour Toi. » Et cette détermination, cette force de volonté, n’a jamais, jamais peur de faire ou de parler de quelque chose. Elle sait que sa force provient de l’âme et que l’âme possède Dieu comme son bien personnel.

DETERMINATION ET VOLONTE

Si nous voulons développer notre détermination, nous ne devons pas penser à notre vital inférieur, émotionnel, mais à notre vital dynamique, énergétique. Nous ne devons pas nous voir comme un vital agressif qui apprécie avec joie la dépression et la frustration, mais comme un vital plein de détermination. Si le vital veut accomplir quelque chose à tout prix, il s’agit d’un vital non divin. Mais le vital non divin ne fait que détruire nos capacités et notre potentiel. En trichant ou en abusant de notre détermination, nous n’obtiendrons rien. Mais si le vital veut travailler avec dévotion et grande sincérité, autrement dit, s’il a besoin de la vérité et qu’il ne se reposera pas tant qu’il n’aura pas réalisé cette vérité, ce vital est divin. Le vital divin aspire à tout ce qui est positif. Il a besoin de la Lumière sans laquelle il ne sera jamais satisfait. Il a besoin de la Puissance divine, la Puissance qui construit, et non celle qui détruit. Il a besoin de l’Amour divin : l’amour qui se répand, et non l’amour humain qui se termine dans la frustration.

Prenons un enfant en école primaire. Il dit : « Je suis déterminé à obtenir ma maîtrise ; je n’abandonnerai pas mes études tant que je ne l’aurai pas obtenue. » Si sa détermination est très sincère, il atteindra son but. De même, dans la vie spirituelle, si le vital promet qu’il fera descendre la Paix, la Lumière et la Béatitude en abondance, il finira par le faire un jour.

Mais la détermination du vital ne suffit pas ; nous avons également besoin de la volonté de l’âme. Ultimement, la détermination provient de l’âme. Lorsque nous utilisons cette force sur le plan physique, vital ou mental, autrement dit sur le plan extérieur, nous appelons cela la détermination. Mais lorsque nous l’utilisons sur un plan intérieur ou psychique, nous l’appelons la force de volonté, ou la lumière de l’âme. La force de volonté est le terme spirituel que nous utilisons pour la détermination. Lorsque la lumière de l’âme entre dans le vital, elle nous procure une détermination unidirectionnelle. Cette détermination unidirectionnelle est la détermination divine, la véritable force de volonté.

Dans la vie humaine ordinaire, lorsque nous sommes déterminés à faire quelque chose, nous maintenons notre détermination pendant cinq minutes, et puis cette détermination disparaît. Si nous essayons de créer la détermination par nous-mêmes, elle ne dure pas. Mais une fois que nous savons ce qu’est la puissance de volonté de l’âme, nous voyons qu’elle dure pendant des années, voire pendant toute notre vie.

La détermination divine vient automatiquement lorsqu’on médite sur le cœur, sur la lumière du cœur. Chaque aspirant peut développer la capacité de faire venir la lumière en avant. Si nous méditons ailleurs que sur le cœur, notre détermination peut fluctuer. Supposons que nous soyons déterminés à nous lever demain à cinq heures. Nous pourrons y arriver à grand-peine, mais le jour suivant, nous oublierons tout simplement de sortir du lit. Nous n’avons pas fait une promesse déterminée, alors nous nous levons à huit ou dix heures. Pourquoi ? Parce que nous n’avons pas rechargé nos batteries. Si nous obtenons la lumière divine de notre âme pendant notre méditation et si nous prions sincèrement notre âme de nous réveiller à cinq heures, l’âme sera satisfaite. Même si nous nous couchons à deux heures du matin, nous serons capables de nous lever à cinq heures, parce que notre âme nous réveillera. C’est elle qui peut prendre la responsabilité de faire ce qui est nécessaire pour nous. Les aspirants à la Vérité et à la Lumière essayeront toujours d’avoir libre accès à la volonté de l’âme. Ce n’est qu’en faisant un effort conscient pour nous identifier à la volonté de notre âme et à la détermination de notre être intérieur que nos efforts grandiront en puissance.

LA VOLONTE DE DIEU ET MA VOLONTE

Lorsque ma volonté est la Volonté de Dieu, je n’ai besoin de rien abandonner, car Il est avec toute chose et en toute chose. Lorsque j’agis contrairement à la Volonté de Dieu, je blesse mon corps, torture ma vie et mets mon oiseau-âme en cage. Lorsque je suis entièrement l’esclave de doutes vénéneux, ma volonté se vide de toute Volonté de Dieu. Lorsque je suis absolument obéissant à l’inévitabilité de la Vérité, je deviens la Volonté intransigeante de Dieu. Lorsque je vis une vie de foi, la Volonté de Dieu transforme mes rêves terrestres en visions célestes. Lorsque je vis une vie de fière affirmation de soi, la Volonté de Dieu m’oublie, la terre me déteste et le Ciel me déshérite.

J’entoure le Suprême de mes bras complètement désemparés. Il m’entoure de Ses bras de Protection qui offrent refuge à toute chose. Je dilapide Ses Bénédictions et Sa Compassion. Il nourrit Son Espoir en moi et nourrit Sa Promesse en moi.

Ma volonté est l’ouverture de mon cœur aspirant au Suprême. Je médite sur Lui, non parce que je veux qu’Il sache que je médite, mais parce que je veux Le recevoir infiniment. Pendant ma méditation, lorsque je nage dans l’océan d’amour et de dévotion, Il descend vers moi. Pendant ma méditation, lorsque le soleil de sagesse et de paix se lève en moi, Il m’élève à Lui. Je prie en silence. Il m’écoute en secret. La flamme ascendante de mon cœur s’élève et touche le Trône de Sa Compassion.

Le Suprême ne me demande jamais d’avoir foi en Lui avant de m’avoir donné l’évidence, infiniment suffisante, sur laquelle je peux fonder ma foi implicite. Si je veux douter de Lui, Il m’a donné d’innombrables opportunités de le faire. En vérité, c’est là la magnanimité de Sa Lumière-Compassion pour moi.

Ma volonté et la Volonté de Dieu. Lorsque ma volonté est approuvée par la Volonté de Dieu, mon cœur pur n’abrite pas de béatitude intérieure. Mais lorsque mon cœur obéit à la Volonté de Dieu sans réserve et avec ferveur, et que je la considère comme ma propre volonté, une joie infinie grandit en mon cœur et une joie éternelle ruisselle à travers mon cœur.

TA SAGESSE

Ta Sagesse emplit mon cœur.
Je suis tout, partout,
Le présent, le futur et le passé,
Et je porte tout.

Mon ravissement n’a pas de limites ;
Ma sombre destinée aveugle
Au-delà de tout entendement.
C’est moi qui construis mon But.


Je conduis le rêve d’ignorance de ma vie
Vers Ta Volonté.
Je dévie à présent le cours
Du ruisseau sans but de mon cœur.

244

Un véritable aspirant est celui qui a consciemment fait de sa vie un canal dévoué pour les flux entrants et sortants de la Volonté de Dieu.

La différence entre la pensée et la volonté est la suivante : la pensée considère avec hésitation ; la volonté ose instantanément.

245

246

Lorsque je désire, l’impossibilité me fait la grimace. Lorsque j’aspire, la possibilité m’appelle. Lorsque je veux, j’écrase la fierté de l’impossibilité et je transforme la possibilité en inévitabilité.

247

La différence entre la pensée et la volonté est la suivante : la pensée considère avec hésitation ; la volonté ose instantanément.

248

Il n’y a qu’une seule manière de contrôler vos émotions, et cette manière consiste à être l’expression consciente de votre puissance expresse de volonté.

249

Le mental humain et la Volonté du Suprême sont de parfaits étrangers l’un pour l’autre.

III — LA LIBERTE

J’AI ECHAPPE

J’ai échappé
À l’Étreinte de Dieu.

J’ai échappé
À l’océan de l’ignorance.

J’ai échappé
À la perdition du désespoir.

J’ai échappé
À l’antre de la destruction.

Je ne sais pourquoi
Je ne sais comment.

Et à présent, je ne vois
Aucune fuite possible, aucune issue.
Je suis prisonnier de mon propre
Choix de liberté.

LA LIBERTE EXTERIEURE ET LA LIBERTE INTERIEURE

La lumière est la mère de la liberté. La vérité est le père de la liberté. La paix est l’épouse de la liberté. Le courage est le fils de la liberté. La foi est la fille de la liberté.

La liberté résonne là où la lumière brille. La liberté résonne lorsque la vérité chante. La liberté résonne si la paix se répand. La liberté résonne parce que le courage l’exige. La liberté résonne ; aussi la foi fleurit-elle.

La liberté humaine est une expérience du corps, dans le vital et pour le mental. La liberté divine est une expérience de l’âme, dans le cœur et pour le mental, le vital et le corps. Il n’y a pratiquement aucune différence entre la liberté animale et l’esclavage humain. Dans le domaine du vital destructif, notre liberté animale rugit. Dans l’abîme de notre corps inconscient endormi, notre esclavage humain ronfle.

La Liberté de Dieu repose dans Son service constant pour l’humanité, dans Son Don de Soi inconditionnel. La liberté de l’homme repose dans sa réalisation de Dieu, dans la perfection de sa vie et dans l’accomplissement de sa vie.

La liberté du mental qui doute est incontestablement une réalité. Mais cette réalité est éphémère et précaire. La liberté du cœur aimant et aspirant est une réalité éternelle et une sublimité suprême.

La liberté de la pensée terrestre est bonne, mais elle conduit très souvent à une fausse liberté. La liberté qui vient de l’obéissance à la Volonté céleste invoque la présence de Dieu en nous. Elle invoque Sa Promesse divine en nous et à travers nous ainsi que Son affirmation et Sa manifestation de Lui-même en nous et à travers nous.

Qu’est-ce que la fausse liberté ? La fausse liberté est notre acceptation constante et délibérée de l’ignorance et notre existence consciente dans l’ignorance. Qu’est-ce que la véritable liberté ? La véritable liberté est notre reconnaissance consciente de notre divinité intérieure et notre unité inséparable et constante avec notre Pilote intérieur.

Que peut faire la fausse liberté ? La fausse liberté peut faire beaucoup. Elle peut nous détruire complètement. Elle peut détruire nos capacités et notre potentiel intérieur. Elle peut détruire notre richesse intérieure. Que peut faire la véritable liberté ? La véritable liberté peut aussi faire beaucoup. Elle peut nous faire devenir l’image même de notre Pilote suprême. L’étourderie nous enlève notre liberté, mais le Pardon de Dieu nous la rend. La multitude de nos désirs nous enlève notre liberté, mais la Compassion de Dieu nous la rend. L’arrogance et l’affirmation de soi nous enlèvent notre liberté, mais la Lumière de Dieu nous la rend.

C’est notre conscience de soi qui retient notre liberté, et la Fierté divine de Dieu qui parfait notre liberté. Nous grandissons dans la perfection de notre liberté terrestre, et nous semons la graine céleste en nous. Nous voyons le Ciel et la terre comme des âmes complémentaires dans l’accomplissement de notre liberté intérieure, parce que la terre offre sa richesse et sa capacité, la réceptivité, et le Ciel offre sa richesse et sa capacité : la Divinité et l’Immortalité.

La véritable liberté ne consiste pas à dire du mal d’autrui, ou du monde. Mais la véritable liberté ne consiste pas pour autant à admirer le monde ou l’humanité tout entière. La véritable liberté repose uniquement sur notre unité inséparable avec l’imploration intérieure et le sourire extérieur du monde. L’imploration intérieure du monde est Dieu, la Réalisation. Le sourire extérieur du monde est Dieu, la Manifestation.

La liberté est expressive ; voilà ce que me dit le corps.
La liberté est explosive ; voilà ce que me dit le vital.
La liberté est onéreuse ; voilà ce que me dit le mental.
La liberté illumine ; voilà ce que me dit le cœur.
La liberté comble ; voilà ce que me dit l’âme.

Nous avons deux sortes de libertés : la liberté extérieure et la liberté intérieure. La liberté extérieure veut constamment prouver sa capacité. Elle veut prouver sa souveraineté. La liberté intérieure veut prouver qu’elle appartient à Dieu et à Dieu seul.

La liberté extérieure se fixe un nouveau but chaque jour. Elle ne veut découvrir ce but que dans le plaisir. Mais la liberté intérieure n’a qu’un seul But éternel, qui est de réaliser la reconnaissance consciente de Dieu et la manifestation consciente de Dieu en elle et à travers elle.

La liberté extérieure n’est satisfaite que lorsqu’elle est à même de dire : « Je n’ai pas de supérieur. Je suis mon seul maître. » La liberté intérieure n’est satisfaite que lorsqu’elle peut dire avec ferveur : « Je ne veux pas être supérieure à quiconque, mais je veux que Dieu soit mon supérieur, mon seul supérieur. »

La liberté intérieure consiste à voir ce que nous devons voir. La liberté intérieure consiste à être ce que nous devons être. Ce que nous devons voir est le visage doré de la Vérité. Ce que nous devons être est le flot vivant de la Vision de Dieu et le souffle rayonnant de la Réalité de Dieu.

Nous nous battons pour la liberté extérieure. Nous implorons la liberté intérieure. Nous voyons et dirigeons les quatre coins du globe avec notre liberté extérieure. Nous voyons l’âme et devenons le But de l’univers tout entier avec la liberté intérieure.

Ma liberté extérieure est mon obligation qui s’impose et se glorifie. Ma liberté intérieure est le droit de naissance de mon aspiration éternelle et de ma réalisation infinie.

La question primordiale est de savoir si ma liberté intérieure et ma liberté extérieure peuvent courir côte à côte. Elles le peuvent certainement. Elles le doivent certainement. Ma liberté intérieure sait ce qu’elle a et ce qu’elle est : la réalisation. Ma liberté extérieure doit savoir ce qu’elle veut et ce dont elle a besoin : la transformation.

Lorsque la liberté de ma vie extérieure est fervente et transformée sans réserve, elle devient aussitôt la force la plus puissante et la plus grande fierté de la liberté de ma vie intérieure.

Ma liberté extérieure est le bateau de ma vie. Ma liberté intérieure est l’océan de ma vie. Mon Dieu est mon Pilote suprême. Aujourd’hui, je suis l’âme de mon voyage qui cherche et pleure. Demain, je serai le but illuminant et comblant de mon voyage.

Mon besoin constant et compatissant de Dieu est l’âme de ma liberté. Mon assurance transcendantale de Dieu, qui sourit, danse et comble à jamais est le but de ma liberté.

VA DEMANDER

Père, qu’est-ce que le péché ?
— Ma fille, je n’en sais vraiment rien.
Va demander à un mental chrétien.
»

Père, qu’est-ce que le salut ?
— Ma fille, je n’en sais vraiment rien.
Va demander à une âme chrétienne.

Père, qu’est-ce que l’attachement ?
— Ma fille, je n’en sais vraiment rien.
Va demander à un mental hindou.

Père, qu’est-ce que la libération ?
— Ma fille, je n’en sais vraiment rien.
Va demander à une âme hindoue.

DIEU EST ENCORE MON PATRON

Obscurité, tu veux
Que je t’aide.
C’est pourquoi
Tu es venue à moi.
Hélas,
Tu as plus de liberté que moi,
Qui n’ai aucune liberté.
Dieu est encore mon patron.

Ignorance, tu veux
Que je te serve.
C’est pourquoi
Tu es venue me voir.
Hélas,
Je vais te confier mon seul secret :
Je n’ai aucune liberté.
Dieu est encore mon patron.

Question: Y a-t-il une explication spirituelle à la crise de l’énergie, aux guerres et autres problèmes que le monde vit actuellement ?

Sri Chinmoy: Les forces divines ont beau essayer de faire descendre la Lumière sur le monde, il demeure régi par les forces non divines. Cela dit, il y a une grande différence entre l’approbation du Suprême, Sa sanction et Sa tolérance. Le Suprême nous a créés en nous donnant une liberté très limitée. Or nous employons cette liberté de manière très indigne. Nous agissons tous comme des éléphants enragés et le Suprême ne fait que nous tolérer. Il ne veut pas que nous nous comportions de cette manière ; Il ne veut pas d’hostilités, de conflits, de luttes et de querelles entre les nations. Hélas, Il nous a accordé une liberté limitée et c’est à tout cela que nous l’utilisons. Un jour viendra cependant où Sa tolérance cessera.

Il n’y a aucune explication spirituelle au bouleversement du monde dans le sens où il ne faut rien en attendre de particulièrement spirituel, de divin ou de sublime. Nous sommes responsables de ces souffrances. Et la souffrance nous aide très rarement à purifier notre vie. Les problèmes actuels sont créés par des individus obscurs, primaires, dépourvus d’intelligence et impurs. Nous souffrons et nous souffrirons davantage à cause de notre propre ignorance.

I — LA VIE SPIRITUELLE

255

Qu’est-ce que la spiritualité ? C’est la langue commune de l’homme et de Dieu. Ici sur terre, nous avons des centaines et des milliers de langues qui permettent aux gens de se comprendre ; mais lorsqu’il s’agit de Dieu et de l’homme, il n’y a qu’une seule langue, et cette langue est la spiritualité. Celui qui suit la voie de la spiritualité peut facilement parler à Dieu en tête à tête.

Question: Pouvez-vous expliquer ce qu’est la soif intérieure ?

Sri Chinmoy: Le seul fait d’être insatisfait, frustré, ou d’avoir l’impression de ne pas avoir accompli ce que vous vouliez ne signifie pas que vous avez une soif intérieure. Mais supposez que vous avez le sentiment d’avoir en vous quelque chose de vaste, de lumineux, quelque chose qui vous comble, quelque chose de positif et que vous ne possédez pas encore. Vous pensez avoir de la paix en vous, mais sans y avoir accès. Si vous pensez avoir en vous quelque chose de divin dont vous avez besoin, c’est le signe que vous avez de l’aspiration. La soif vient du besoin spirituel. Si vous avez besoin de quelque chose et que vous savez où se trouve cette chose, vous essayerez de l’obtenir. Lorsque vous avez cette soif, la prochaine étape consiste à la satisfaire.

Si vous entrez dans la vie spirituelle par frustration, insatisfaction ou désespoir, il y a des chances que vous n’y restiez pas. Aujourd’hui, vous êtes insatisfait de quelque chose ou de quelqu’un, et demain vous direz : « Je vais essayer encore une fois, peut-être obtiendrai-je satisfaction. » Vous avez échoué et c’est la raison de votre insatisfaction, mais le lendemain, vous tentez à nouveau votre chance de manière humaine. Au bout d’un certain temps, vous verrez que l’insatisfaction et la frustration sont les seuls résultats de votre désir. Vous êtes déçu de ne pas avoir comblé votre désir, et même si vous croyez avoir obtenu ce que vous recherchiez, vous n’êtes toujours pas satisfait. Il n’y a pas de satisfaction dans la vie de désirs.

Alors vous finirez par dire : « Non, je ne vais plus désirer de manière humaine. Je viens de l’Immensité et je ne veux qu’entrer dans l’Immensité infinie. » C’est votre aspiration qui parle. Lorsque vous aspirez, vous essayez d’entrer dans l’océan immense de la Paix, de la Lumière et de la Béatitude. Mais lorsque vous désirez, vous ne faites que plonger dans la réalité et considérer cette réalité comme vôtre.

Lorsqu’on demande quelque chose de matériel à Dieu, Lui seul sait s’Il va l’accorder ou non, parce que Lui seul sait si cette chose est nécessaire à la personne qui la demande. Si cette personne obtient ce qu’elle implore, cela ne fera qu’augmenter son désir. Mais par ailleurs, si elle ne l’obtient pas, elle sera frustrée et mécontente de Dieu. Dieu doit cependant décider s’il vaut mieux qu’elle l’obtienne ou non. Dans votre cas, puisque vous êtes un chercheur sincère, si vous priez Dieu ou méditez sur Dieu pour la Paix, la Lumière ou la Béatitude, même s’Il ne vous accorde pas ce que vous voulez comme vous le souhaitez, vous serez tout de même satisfait, parce que vous aurez toujours une joie et une paix intérieures. Vous vous contenterez de dire : « Il sait mieux que moi ce qu’il me faut. Je ne suis peut-être pas prêt. C’est pourquoi Il ne m’accorde pas ce que je Lui ai demandé. Mais Il me le donnera le jour où je serai prêt. » Dans la vie d’aspiration, ce n’est pas votre accomplissement qui vous donne satisfaction, c’est votre aspiration. L’aspiration même est votre satisfaction.

Dans la vie spirituelle, on ne progresse pas coûte que coûte. La spiritualité ne peut être suivie à tout prix ; c’est quelque chose de spontané. Je ne peux pas vous forcer à suivre une vie spirituelle et je ne peux pas non plus vous arracher votre vie spirituelle ou votre imploration intérieure. Mais si vous avez quelque chose de spirituel en vous, je peux vous inspirer. Si vous avez un sou de spiritualité, mon inspiration vous permettra d’en retirer des millions de dollars spirituels. Mais pour commencer, il vous faut une petite flamme.

Il y a beaucoup de gens qui dorment profondément. Pour eux, la spiritualité est hors de question. Nos efforts sincères pour les réveiller sont vains. Vous êtes dans une voie spirituelle, cela signifie que vous êtes déjà debout et réveillé. Mais en essayant de faire descendre la Lumière spirituelle à tout prix, vous faites erreur. Ce n’est que lorsque cette Lumière descend d’elle-même, par la force de votre aspiration, que vous pouvez la recevoir. Autrement, si la Lumière descend alors que vous n’avez pas suffisamment de réceptivité, elle ne fait que briser votre réceptacle.

Comment pouvez-vous recevoir cette Lumière d’en haut ? Par une pratique constante. En pratiquant quotidiennement, vous élargirez sûrement votre conscience. La conscience d’une personne qui n’aspire pas est terrestre ; elle ne grandit pas du tout. Mais celle d’une personne qui aspire grandit et sa réceptivité augmente. Si donc vous priez ou méditez, vous pouvez facilement recevoir la Lumière et la Paix qui descendent.

Question: Je cherche à trouver davantage de joie dans ma vie, mais je ne suis pas sûr de pouvoir plonger dans la méditation pour l’obtenir.

Sri Chinmoy: Lorsque la vie ne vous donne pas de joie mais que vous en recherchez, cela signifie que vous avez faim. Dans la vie spirituelle, lorsque vous avez faim, vous voulez manger de la nourriture spirituelle. Lorsque vous n’avez pas faim, vous ne mangez pas. Pendant quinze ou vingt ans, vous ne vous êtes pas intéressé sincèrement ni intensément à la vie spirituelle. Comme vous n’avez pas médité intensément pendant toutes ces années, si vous plongez d’un seul coup dans l’océan de la spiritualité, vous n’arriverez pas à nager. Vous ne pouvez pas changer votre nature en un jour. Cela doit se faire lentement, sûrement et progressivement. Commencez par entrer dans l’eau et progressivement, apprenez à nager. Un jour, vous saurez bien nager. Mais puisque vous avez cette faim intérieure, cela veut dire que vous êtes prêt à commencer à nager.

Question: Lorsque vous avez parlé du besoin de transcender le passé, vous avez dit que le monde était en constante évolution. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Sri Chinmoy: Chacun doit savoir et ressentir combien de progrès il a fait. Lorsqu’on accepte la vie spirituelle et que l’on marche le long de la voie de la spiritualité, on voit forcément ses progrès intérieurs. On trouve la Paix, la Lumière et la Béatitude dans les mondes intérieurs, mais sur le plan extérieur, sa nature est encore imparfaite. Il faut du temps pour manifester ces qualités divines dans son comportement extérieur. Si l’on ne voit que ses activités extérieures, on sera déçu. Mais en allant profondément en soi, on voit combien de Paix, de Lumière et de Béatitude on a déjà reçu. Progressivement, on est capable de manifester ce que l’on possède intérieurement. Ce que l’on possède en soi, on finit forcément par le manifester un jour ou l’autre.

Question: Que se passe-t-il si, après avoir pratiqué la spiritualité pendant un certain temps, on décide de faire une pause et de reprendre plus tard notre voyage ?

Sri Chinmoy: Dans la vie ordinaire, après avoir parcouru un kilomètre, vous pouvez vous arrêter pendant un certain temps et vous reposer avant de reprendre votre voyage. Mais dans la vie spirituelle, il n’en est pas de même. Dans la vie spirituelle, dès que vous vous reposez, le doute entre en vous. Toutes sortes de forces négatives entrent en vous et détruisent toutes vos capacités. Votre potentiel reste néanmoins le même ; vous finirez par réaliser Dieu un jour. Mais les capacités que vous aviez à un moment donné, ces capacités en or, vous les perdez. Si vous arrêtez de méditer et si vous quittez la vie spirituelle, les progrès que vous aurez faits seront détruits. Aucune bonne vibration n’émanera de vous ; personne ne sera inspiré par vous ; vous ne pourrez plus offrir le sourire de votre âme. Vous retomberez dans vos vieilles habitudes et vous vous perdrez dans l’ignorance.

Cependant, la quintessence des progrès que vous avez faits reste dans l’âme. L’essence n’est jamais perdue, même si vous ne pouvez pas l’utiliser dans votre vie extérieure. La quintessence des progrès que vous avez faits restera dans votre cœur, et au bout de cinq ou dix ans, lorsque vous voudrez recommencer à méditer, ou bien dans votre prochaine incarnation, cette quintessence reviendra en avant. Si vous priez Dieu le plus sincèrement possible de revenir dans la vie spirituelle, vos progrès précédents se répandront dans votre vie.

Restez donc toujours vigilant et courez aussi vite que vous le pouvez vers votre But. Ne vous arrêtez pas tant que la course n’est pas gagnée, sinon l’attraction de l’ignorance vous tirera en arrière jusqu’à votre point de départ.

Question: Les gens disent parfois que le rêve vaut mieux que la réalité et que la recherche de quelque chose vaut mieux que sa réalisation, parce qu’une fois le but atteint, il n’y a plus nulle part où aller. Est-ce que cela s’applique à la vie spirituelle ?

Sri Chinmoy: Dans la vie spirituelle, il faut savoir qu’il n’y a pas de fin à notre voyage, parce que Dieu n’est satisfait d’aucun niveau particulier et Il ne peut l’être. Le rêve d’aujourd’hui se transforme en la réalité de demain. Mais par ailleurs, la réalité de demain est insignifiante par rapport à la réalité que nous visons le jour suivant. Il n’y a pas de fin à notre réalité, parce que nous avons constamment le Divin infini en nous. Notre but est de changer la réalité en une réalité plus brillante, toujours plus brillante, la plus brillante, et en une réalité plus élevée, toujours plus élevée, la plus élevée. Et même la réalité la plus élevée doit aller au-delà, bien au-delà, encore plus au-delà, parce que Dieu ne peut accepter et n’acceptera jamais de fin à Sa création. La création est Son progrès, Son propre mouvement ; Dieu veut un progrès infini qui se réalise de manières infinies.

Question: J’ai souvent l’impression de monter et de descendre dans ma vie spirituelle. J’espère toujours ne plus redescendre, mais cela arrive tout le temps.

Sri Chinmoy: Au début de la vie spirituelle, tout le monde expérimente les hauts et les bas. Lorsqu’un enfant apprend à marcher, il commence par trébucher et il tombe tout le temps. Mais au bout d’un certain temps, il apprend à marcher correctement et finit par courir. Un jour, il peut courir aussi vite que ses petites jambes le lui permettent. Mais un petit enfant ne peut s’attendre à courir aussi vite que son père parce que son père a plus de capacité.

Vous vivez des hauts et des bas. Lorsque vous êtes en haut, ressentez que vous avez un aperçu de votre capacité. Lorsque vous êtes en bas, dites-vous simplement qu’il ne s’agit que d’une incapacité temporaire. Ce n’est pas parce que vous voyez ceux qui sont plus avancés que vous dans la vie spirituelle en train de courir que vous devez vous décourager. Eux aussi ont trébuché un jour.

Pour l’instant, le ciel peut être voilé de nuages, mais un jour viendra où le soleil brillera à nouveau de tout son éclat. Lorsque vous traversez des moments bas pleins de peur, de doute ou de manque d’aspiration, dites-vous que cela ne va pas durer. Comme un enfant qui est tombé, essayez de vous relever. Un jour vous pourrez marcher, puis courir et finalement courir à toute vitesse sans tomber.

Question: Maintenant que je suis entré dans la vie spirituelle, je rencontre davantage de problèmes au niveau des désirs. Est-ce le Suprême qui me donne ces désirs supplémentaires pour me rendre plus fort ?

Sri Chinmoy: Lorsque nous entrons dans la vie d’aspiration et de spiritualité, le Suprême ne nous apporte pas des désirs et des impuretés supplémentaires dans notre mental ou dans notre vie. C’est Lui qui nous a donné l’aspiration, pourquoi nous donnerait-Il des désirs, qui sont à l’opposé de l’aspiration ? Non, Il n’entraverait pas notre progrès de cette manière. Ces désirs semblent apparaître soudain, mais ils ne sont pas vraiment nouveaux pour nous. Ils existaient déjà dans notre vie, mais nous ne les remarquions pas autant parce que toute notre vie était enveloppée dans une myriade de désirs.

Avant d’entrer dans la vie spirituelle, nous étions tous inconscients ; le tigre qui est en nous dormait. Mais lorsque ce tigre voit que nous essayons de quitter son terrain, il réagit : « Où vas-tu ? De quel droit veux-tu me quitter ? Je vais te dévorer avant que tu ne t’échappes. » Tant que le tigre-désir est assuré que nous resterons avec lui tout le temps, il ne voit pas la nécessité de nous menacer ou de nous effrayer. Mais dès que nous commençons à sortir de notre cage d’attachement, le tigre-ignorance essaye de nous retenir. Dès que nous menaçons de le quitter, il nous attaque brutalement avec des doutes et d’autres forces non divines. Tant que nous sommes dans la vie ordinaire, nous n’avons pas d’intensité. Un jour, nous avons un désir, le lendemain nous en avons quatre et le jour suivant, dix ou vingt. Mais nous avons rarement de l’intensité lorsque nous essayons de réaliser et de combler nos désirs. Ceux-ci ne sont que de simples souhaits. Nous n’avons ni la capacité ni la volonté de travailler pour les combler. Nous voulons certes être riches, célèbres, ou brillants ou beaux, mais nous ne prions même pas sincèrement pour combler ses désirs, sans même parler de travailler pour les réaliser.

Un chercheur qui vient d’entrer dans une voie spirituelle, mais sans l’avoir encore acceptée de tout son cœur ou bien qui n’est pas très avancé, peut voir ses anciens désirs apparaître pendant sa méditation. Il commencera à se dire : « Untel est très riche, une telle est vraiment très belle, untel a de très bonnes qualités que je n’ai pas. » Pendant qu’il prie pour recevoir la Paix, la Lumière et la Béatitude, une partie de son être peut chérir consciemment et délibérément le désir de devenir un multimillionnaire. À ce moment, l’intensité de la méditation du chercheur rencontre ces désirs terrestres. Que se passe-t-il alors ? L’intensité entre dans les désirs et les rend bien plus forts qu’avant.

C’est à travers le mental non illuminé que les désirs essaient de nous atteindre, même après être entrés dans la vie d’aspiration. La meilleure chose à faire est de ne jamais laisser entrer la moindre impureté dans notre mental pendant notre méditation, qu’elle soit sous forme de désir, de doute, d’anxiété, de jalousie ou de toute autre pensée non aspirante. Il n’est pas bon d’accueillir un désir qui entre en nous en dehors de notre méditation ; mais c’est infiniment pire de l’accueillir pendant notre méditation. Si nous laissons entrer un désir ou une pensée impure pendant la méditation, nous ne faisons que renforcer les forces négatives et rendre notre voyage spirituel plus difficile.

Lorsque des désirs entrent dans notre vie d’aspiration, nous ne devons pas en avoir peur. Nous devons les considérer comme des obstacles. Certes, s’il n’y avait aucun obstacle ni aucune entrave sur notre chemin, nous courrions plus vite. Mais s’il y a des obstacles, chaque fois que nous en franchissons un, nous gagnons une force et un encouragement supplémentaires pour en franchir un autre. Si nous ne rencontrons pas d’obstacles, nous avons de la chance ; mais si nous en rencontrons en raison de notre longue association avec l’ignorance, nous pouvons être sûrs de les transcender parce que notre aspiration est notre élan pour franchir tous les obstacles et atteindre le But.

En allant au fond de nous-mêmes, nous pouvons voir chaque difficulté comme une grâce. Avant de devenir des aspirants conscients, nous étions seuls face à nos difficultés. Maintenant, la Grâce de Dieu est entrée dans notre vie. La Grâce de Dieu aide constamment l’aspirant en se plaçant entre celui-ci et la difficulté. Celui qui voit des millions de difficultés alors qu’il entre sincèrement dans la vie spirituelle peut les considérer comme des millions de bénédictions parce que la Grâce de Dieu se trouve en elles et les éclaire. Plus tôt les difficultés apparaissent, mieux c’est, parce que nous pouvons les surmonter immédiatement. Lorsque les difficultés apparaissent, nous ne devons pas en vouloir à Dieu, ni à notre destin. Soyons reconnaissants envers Dieu de faire ressortir toutes nos impuretés afin qu’elles soient illuminées et transcendées aussitôt que possible. Nous devons faire face à nos ennemis et les conquérir, que ce soit aujourd’hui ou demain. En devenant dignes de la Compassion et de la Grâce de Dieu, nous pourrons facilement surmonter nos difficultés.

Question: Comment gagner le combat qui s’opère en moi entre la lumière et l’obscurité ?

Sri Chinmoy: Dans notre existence intérieure, nous nous battons constamment avec la vérité et le mensonge. Il arrive souvent que nous ne suivions pas la vérité bien que nous la connaissions parce que nous pensons que ce sera extrêmement difficile, tandis qu’une autre solution, fausse, semble mieux convenir à nos besoins actuels. À ce moment, nous faisons la plus grande erreur.

Si nous nous approprions le mensonge, que se passe-t-il ? La vérité se tait. Mais si nous avons vraiment envie de suivre la vérité, le mensonge vient nous frapper et nous insulter pour nous décourager. En même temps, la vérité n’a pas vraiment envie de nous revendiquer parce qu’elle a vu combien de fois nous avons touché ses pieds en promettant de l’écouter, mais ce n’étaient souvent que des paroles en l’air. Nous disons vouloir suivre la voie de la vérité, mais nous n’hésitons pas à écouter le mensonge parce qu’il nous procure davantage de plaisir. La vérité a entendu nos fausses promesses des centaines et des milliers de fois.

Lorsque nous essayons vraiment de suivre la promesse que nous avons faite à la vérité, il se peut que nous ressentions le mensonge tirer notre mental : « Où vas-tu ? » nous demande-t-il. « Tu m’as promis de toujours rester avec moi. » Mais le jour où la vérité voit que nous sommes absolument sincères, elle se bat alors avec force contre le mensonge. Et si nous nous identifions entièrement à la vérité, nous voyons toutes les forces obscures en nous et autour de nous ne plus avoir d’autre choix que de capituler.

Par ailleurs, il y a des personnes qui implorent sincèrement la lumière mais en vain, simplement parce que l’Heure destinée de Dieu n’a pas encore sonné. Un fermier qui pense pouvoir faire une récolte le jour même où il commence à cultiver son champ sera dégoûté et abandonnera son champ au bout de quelques semaines d’efforts sincères, mais vains. Bien que la sincérité soit importante, le temps reste un facteur majeur. Le champ ne peut produire de résultats qu’à l’heure de Dieu. Notre temps et celui de Dieu ne sont pas forcément les mêmes. Si nous sommes soumis à cent pour cent, nous comprenons que si nous n’obtenons pas de résultats satisfaisants, nous devons continuer à attendre l’Heure de Dieu. Mais si nous ne sommes pas soumis, nous n’acceptons pas la Volonté de Dieu. Nous sommes déprimés et découragés et abandonnons le combat, réduits à être des perdants.

Ce dont nous avons besoin est de lumière. Mais si la lumière n’arrive pas, nous devons être prêts à attendre une éternité pour que la Lumière infinie surcharge notre être intérieur et extérieur. Le mensonge verra alors immédiatement que nous sommes prêts à attendre des millions d’années pour nager dans l’océan de Lumière, et il nous lâchera. Si Dieu le veut, Il peut nous donner ce que nous voulons en un clin d’œil, mais s’Il pense que ce n’est pas le moment, nous devons attendre. Alors, si nous avons de la patience, qui est elle-même l’expansion de la lumière ou de la conscience, nous pourrons ressentir que nous augmentons la lumière que nous avons et la lumière qui entre en nous.

Question: Je ne suis pas aussi réceptif que j’aimerais l’être. Comment cela s’explique-t-il ?

Sri Chinmoy: Notre réceptivité est amoindrie par l’agression des forces hostiles. Or celles-ci ne s’attaquent à nous que dans la mesure où notre consécration au Suprême n’est pas complète. Notre mental, notre vital, notre physique et même notre corps subtil se révoltent parfois. C’est en profitant de ces brèches que les forces hostiles s’infiltrent en nous.

Mais notre absence de réceptivité peut avoir une autre origine. Tant que nous n’avons pas fait notre choix entre une vie de désir et une vie d’aspiration, les forces hostiles peuvent se dresser entre notre désir et notre aspiration. L’aspiration nous conduit au but, à la réalité, mais le désir se lie d’amitié avec nos ennemis. Constamment sur le qui-vive, les forces hostiles ne cherchent qu’à semer la division en nous. Elles veulent nous séparer de notre aspiration en introduisant le désir en nous et en essayant – souvent avec succès — de détruire notre imploration intérieure. Mais une personne spirituellement vigilante se servira de l’aspiration pour entrer dans le désir et le transformer. Lorsque le désir entre dans l’aspiration, il la détruit. Mais si c’est l’aspiration qui entre dans le désir, elle transforme le désir.

Dans votre cas, les forces hostiles vous attaquent pour deux raisons majeures. La première est que votre corps physique se révolte impitoyablement contre l’aspiration psychique de votre cœur. Vous ne parvenez pas à vous débarrasser de ces éléments négatifs et non divins parce que vous les chérissez inconsciemment. Vous croyez encore que ces scories peuvent satisfaire votre vie extérieure et vitale. Votre aspiration intérieure court bien plus vite que vos capacités ou nécessités physiques. Le physique joue en vous un rôle de cambrioleur. L’âme acquiert quelque chose pour votre compte tandis que le physique le lui dérobe pour l’éparpiller à tous vents. Le physique reçoit de la lumière mais il ne l’utilise pas pour sa propre illumination.

La deuxième cause de ces attaques est votre incertitude. Je ne sais pas si vous en êtes conscient, mais l’infini vous fait peur. D’une part, vous souhaitez plonger dans l’océan de l’infini ; mais de l’autre, vous êtes saisi par une sensation d’insécurité. Vous vous demandez ce que cet océan pourra bien vous apporter. Or, sachez que vous n’en obtiendrez rien moins que les richesses infinies de la Conscience Immortelle, baignant de ces rayons l’univers tout entier. Si votre âme en a envie, votre mental, quant à lui, en a peur. Et tant qu’il subsistera en vous une once de peur, les forces hostiles vous attaqueront sans merci. Tant qu’une acceptation ou une prise de conscience totales du but véritable n’aura pas pris place en vous, les forces hostiles vous tortureront. En revanche, si la peur n’a pas accès à votre existence, si vous êtes sûr de votre but, elles seront impuissantes à vous attaquer. Si vous pouvez accepter l’Infini comme quelque chose qui vous appartient mais que vous avez oublié, si vous pouvez ressentir que vous avez toujours été cet Infini, aucune peur ne peut plus vous troubler.

SA CORRECTION ET SA MANIFESTATION

Il corrige
Ses innombrables défauts
En pensant à la Perfection de Dieu.

Il manifeste
La Perfection transcendantale de Dieu
En devenant l’Âme de l’Aspiration de Dieu.

II — LE YOGA

Question: Qu’entend-on par Yoga?

Sri Chinmoy: Yoga signifie union, union avec Dieu. Le yoga nous dit que nous avons une qualité divine en nous, l’aspiration, et que Dieu a une qualité divine, la Compassion. Le yoga est le lien commun entre notre aspiration et la Compassion de Dieu.

Question: Tout le monde peut-il pratiquer le Yoga ?

Sri Chinmoy: Oui, tout le monde peut pratiquer le Yoga, indépendamment de l’âge. Mais nous devons comprendre ce que le Yoga implique. Malheureusement, en occident il y a beaucoup de gens qui pensent que le Yoga se réduit à des postures physiques et des exercices de respiration. C’est là une erreur déplorable. Ces postures et exercices sont des états préliminaires et préparatoires à la concentration et à la méditation, qui seules peuvent nous conduire à une vie plus profonde, plus élevée et plus riche.

Le yoga n’est pas quelque chose de surnaturel, anormal ou mystérieux. Il est pratique, naturel et spontané. Pour l’instant, nous ne savons pas où Dieu se trouve et à quoi Il ressemble. Mais en pratiquant le Yoga, nous pouvons Le voir dès le début. De même que, dans le monde matériel, nous réussissons dans notre activité en la pratiquant de manière régulière, dans le monde spirituel, nous réalisons le but des buts, la réalisation de Dieu, en pratiquant le Yoga.

Question: Le Yoga peut-il nous aider dans notre vie quotidienne ?

Sri Chinmoy: Certainement. Le Yoga nous aide quotidiennement. En fait, c’est le Yoga qui peut nous apporter l’aide suprême dans notre vie de tous les jours. Notre vie humaine est pleine de doute, de peur et de frustration. Le Yoga nous aide à remplacer la peur par un courage invincible, le doute par une certitude absolue et la frustration par une réalisation en or.

Question: Est-ce que le Yoga et la méditation nécessitent la renonciation à toutes les religions ?

Sri Chinmoy: La méditation n’interfère avec aucune religion. La religion n’a rien à dire contre la méditation parce que la véritable religion est la réalisation de Dieu. Parmi mes disciples, il y a des catholiques, des protestants et des juifs. Le véritable aspirant qui s’est lancé dans la spiritualité et dans le Yoga ne trouvera aucune difficulté à rester dans sa propre religion. Je ne demande pas à mes disciples d’abandonner leur religion. Le véritable Yoga n’exige aucune renonciation à une religion. Si les disciples restent dans leur religion tout en pratiquant la vie spirituelle, ils seront capables de courir au plus vite vers le But. Leur religion leur donnera une confiance constante en ce qu’ils font.

Dans la manifestation sur le plan matériel, chaque religion est comme une maison. Vous devez habiter dans une maison, vous ne pouvez pas rester dans la rue, car ce n’est pas bien vu par le monde. Mais un jour vient où votre conscience s’élargit et votre maison devient le monde entier. À ce moment, vous ne pouvez plus être limité par les frontières d’une maison particulière. Vous acceptez toutes les religions, et en même temps, vous dépassez le domaine de la religion et vous accomplissez votre unité consciente à Dieu. Chaque religion est comme un fleuve qui termine sa tâche en se jetant dans l’océan. Elle ressent alors qu’elle est devenue l’océan même et qu’elle est unie à la source. La religion est comme un fleuve et la réalisation de Dieu est l’océan.

Si vous suivez une religion, je dirai que vous êtes sur le chemin de votre destination. Mais si vous voulez atteindre la Vérité ultime la plus élevée, vous devez vous concentrer, méditer et contempler. Cela ne veut pas dire pour autant que vous ne devez plus aller à l’église ou à la synagogue. Non ! Mais vous devez ressentir que vous avez reçu l’appel intérieur du plus profond de votre cœur pour courir au plus vite vers votre But. Et cela veut dire que vous devez pratiquer la vie intérieure, la vie de discipline de soi et de méditation.

Maintenant, lorsque vous pratiquez le Yoga, si vous voulez quitter votre religion, ça n’est pas grave car votre but est de réaliser Dieu, qui incarne toutes les religions et en même temps qui les dépasse de loin. Le Yoga embrasse toutes les religions et les dépasse. Le Yoga vise à une unité consciente à Dieu. Lorsque vous êtes un avec Dieu, vous êtes uni à tout. Les chercheurs de la Lumière et de la Vérité infinies peuvent, s’ils le souhaitent, aller au-delà des frontières des religions. S’ils veulent apercevoir la lumière, la vérité, la paix et la béatitude, ils peuvent rester dans leur religion. Mais s’ils veulent atteindre la Vérité la plus élevée, la réalisation de Dieu, ils doivent consciemment transcender la religion.

270

La réalisation de soi respire dans le Yoga. La réalisation de soi incarne la perfection de soi. La perfection de soi est suivie de la manifestation absolue de Dieu.

271

Le véritable Yoga et la vie vont ensemble. Si vous voulez les séparer, vous échouerez. Le Yoga et la vie sont aussi inséparables que le Créateur et Sa création.

272

Le Yoga guide la vie dans l’expérience de l’existence. Vous pouvez l’appeler une expérience théorique. Le Yoga guide la vie vers l’accomplissement de l’existence. Vous devez l’appeler une expérience pratique.

III — L’ASPIRATION

LA FLAMME-ASPIRATION

Dieu avait un rêve lumineux ; le nom de ce rêve était aspiration. L’homme a une imploration ascendante ; le nom de cette imploration est également aspiration. À l’origine, Dieu était un. Avec Son aspiration, Dieu voulut devenir multiple. Il voulut S’apprécier divinement et Se réaliser suprêmement en et à travers un nombre infini de formes.

L’homme est multiple. Avec son aspiration, l’homme, la conscience qui divise et est divisée, l’homme, le mental obscur, l’homme, l’être incomplet, veut s’unir à la conscience du monde, à la vie du monde et à l’âme du monde. Il ressent clairement et avec ferveur que c’est le moyen secret et sacré de ressentir la plus grande profondeur de la réalité et la hauteur la plus élevée de la Vérité.

L’aspiration est la flamme intérieure. Contrairement aux autres flammes, cette flamme ne brûle rien ; elle purifie, illumine et transforme notre vie. La purification de notre nature inférieure nous donne l’espoir de voir le Visage de Dieu. L’illumination de notre nature extérieure nous fait ressentir que Dieu est proche et cher, qu’Il S’étend sur tout et aime tout. Lorsque notre nature, inférieure comme extérieure, devient la Flamme-Transformation, nous comprenons que Dieu Lui-même est le Pilote intérieur, le voyage le plus lumineux et le But le plus élevé.

Certains pensent que le désir et l’aspiration sont la même chose. Malheureusement, ou plutôt heureusement, ce n’est pas exact. Ce sont deux choses complètement différentes. La différence entre le désir et l’aspiration est très simple et claire. Le désir cherche à attacher et à dévorer le monde. L’aspiration souhaite libérer et nourrir le monde. Le désir est l’énergie sortante. L’aspiration est la lumière pénétrante. Le désir dit à l’homme : « Possède toute chose, tu seras heureux. » Pauvre homme, lorsqu’il veut posséder la moindre chose, il voit qu’il est déjà attrapé et possédé par tout ce qui se trouve dans la création de Dieu. L’aspiration dit à l’homme : « Ne réalise qu’une seule chose : Dieu. Tu seras heureux. » Bienheureux et béni soit cet homme : bien avant de voir Dieu, sur son chemin vers le ciel et en lui-même, il ressent une paix sublime dans sa vie intérieure et une joie rayonnante dans sa vie extérieure. Il ressent ensuite que la réalisation de l’Au-delà suprême ne peut plus être très loin.

L’aspiration a non pas un seul, mais trois amis authentiques : le jour d’hier, le jour d’aujourd’hui et le jour de demain. Le jour d’hier a offert son vol-inspiration à l’aspiration ; le jour d’aujourd’hui offre sa puissance-consécration à l’aspiration ; le jour de demain offrira sa félicité-réalisation à l’aspiration.

L’aspiration est notre sentiment intérieur d’urgence de transcender à la fois l’expérience et la réalisation déjà accomplies. Ceci est absolument nécessaire parce que Dieu l’Infini transcende constamment Sa propre Infinité, Dieu l’Éternel transcende constamment Sa propre Éternité et Dieu l’Immortel transcende constamment Sa propre Immortalité.

L’enfance de l’aspiration veut réaliser le Suprême de manière terrestre et individuelle. L’adolescence de l’aspiration veut réaliser le Suprême de manière divine et glorieuse. L’âge adulte de l’aspiration veut réaliser le Suprême à la propre manière du Suprême.

L’aspiration est réalisation. L’aspiration est révélation. L’aspiration est manifestation. L’aspiration est réalisation si et quand l’aspirant a besoin de la réalisation de Dieu et uniquement de la réalisation de Dieu. L’aspiration est révélation si et quand l’aspirant ressent que la révélation de Dieu n’existe que pour l’amour de Dieu. L’aspiration est manifestation si et quand l’aspirant ressent que la manifestation de Dieu est son droit de naissance.

L’aspiration peut être développée. C’est comme lorsqu’on traverse une rue, un pas après l’autre. Chaque fois que nous aspirons, nous réalisons un miracle d’accueil de l’Au-delà dans les profondeurs mêmes de notre conscience.

La vie a une porte intérieure. L’aspiration l’ouvre. Le désir la ferme. L’aspiration ouvre la porte de l’intérieur. Le désir la ferme de l’extérieur.

La vie a une lampe intérieure. Cette lampe intérieure s’appelle l’aspiration. Et lorsque nous maintenons notre aspiration allumée, elle transmet infailliblement son éclat rayonnant à la création entière de Dieu.

Question: Qu’entendez-vous par : « L’éternité de l’homme qui n’aspire pas est incertaine» ?

Sri Chinmoy: Un homme qui n’aspire pas n’est sûr de rien ; il est à la merci de tous ses caprices. À un moment, il se sent absolument bon à rien et désespéré, le moment d’après, son ego vient en avant et lui fait ressentir qu’il est tout, qu’il est le Seigneur de l’univers. Rien n’est certain pour celui qui n’aspire pas, pas même sa propre vie. Il vit dans une crainte constante. Il peut craindre que quelqu’un vienne le surprendre dans son sommeil et le tuer. Un homme qui n’aspire pas ne sera jamais certain qu’il y aura un lendemain, parce qu’il ne ressent pas le flot de l’Éternité. Pour lui, le lendemain n’existe pas, sans parler de l’Éternité.

Par contre, l’Éternité est une chose sûre pour l’aspirant, parce qu’il sait et il ressent qu’il se trouve dans le flot de cette Éternité. Il est le fleuve qui se jette dans l’océan. Rien n’est incertain pour celui qui aspire. Il sait qu’il possède tout en lui. Pour l’instant, il est comme un enfant. Son Père ne peut pas lui donner des millions de dollars tant qu’il n’est qu’un enfant, parce qu’il pourrait ne pas bien les utiliser. Il sait qu’il ne peut bien utiliser que 10 ou 50 centimes. Mais il est certain que lorsqu’il sera plus grand, son Père lui donnera toute Sa Richesse : la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies. Il est sûr qu’il obtiendra tout cela.

275

Le désir est un feu sauvage qui brûle tout et finit par nous consumer. L’aspiration est un feu ardent qui élève notre conscience de manière secrète et sacrée et finit par nous libérer.

L’aspiration est la soif du plus Haut. L’anéantissement est la soif du plus bas.

Le désir est attente. Sans attente, nulle frustration. Le désir tué, le véritable bonheur est construit. L’aspiration est soumission, et la soumission est la soumission consciente de l’homme à la Volonté de Dieu.

276

Le désir signifie anxiété. Cette anxiété ne peut trouver de satisfaction tant qu’elle ne s’est pas réalisée grâce à un solide attachement. L’aspiration signifie calme. Ce calme ne trouve satisfaction qu’une fois exprimé à travers le détachement qui voit et aime toute chose.

C’est dans le désir et nulle part ailleurs que réside la passion humaine. L’ennemi juré de la passion humaine est le jugement, le jugement de la dispensation divine.

C’est dans l’aspiration et nulle part ailleurs que règne le salut de l’homme. L’amie éternelle du salut de l’homme s’appelle la Grâce, la Grâce de Dieu qui comble toute chose.

Le désir est tentation. À tentation nourrie, bonheur affamé. L’aspiration est l’éveil de l’âme. L’éveil de l’âme est la naissance de la félicité céleste.

Question: Comment puis-je me dissocier de mes désirs physiques ?

Sri Chinmoy: Tout d’abord, puisque vous avez accepté la vie spirituelle, demandez-vous si ces désirs peuvent encore vous satisfaire. Votre être intérieur vous fera comprendre que non.

Avant de désirer, on a l’objet ou le fruit de notre désir en tête et l’on s’imagine pouvoir trouver le bonheur en l’obtenant. Mais hélas, la frustration est tout ce qui en résulte.

Si vous entrez avec le mental dans le domaine du physique ou des élans vitaux inférieurs, vous êtes perdu. Vous pénétrez dans les mâchoires mêmes du tigre. Il suffit de se concentrer sur un désir pour s’apercevoir qu’il ne s’y trouve aucune lumière, et cela à quelque niveau que ce soit. Seule y règne l’obscurité, synonyme d’absence totale de satisfaction divine. Si vous pouvez comprendre cela avant que le désir ne s’empare de vous, vous vous en débarrasserez facilement.

Vous devez comprendre que ce que vous recherchez est l’aspiration, et non le désir. On n’est vraiment satisfait qu’à partir du moment où l’on commence à aspirer. Cette véritable satisfaction provient du fait que l’aspiration a la capacité de s’identifier consciemment et avec ferveur à l’endroit le plus éloigné du globe, à l’être le plus profond et le plus extrême, et au Soi transcendantal le plus élevé. En comprenant la nécessité réelle de l’aspiration, vous verrez que les désirs physiques, vitaux et mentaux cesseront de frapper à la porte de votre cœur.

Visez le but à tout instant. Si vous voulez vous concentrer et méditer sur le soleil levant tôt le matin, vous devez faire face à l’est, et nulle part ailleurs. Si vous regardez vers l’ouest en courant vers l’est, vous tomberez. Si vous voulez être sûr de votre but, la réalisation de Dieu, vous ne regarderez ni derrière vous ni autour de vous, mais uniquement vers la lumière. Vous ne pourrez vaincre vos désirs physiques qu’en courant vers la lumière. Ne pensez pas à vos désirs physiques, mais uniquement à votre aspiration. Si vous pouvez courir en avant avec une détermination intense, les faiblesses et les désirs s’évanouiront de votre vie. L’aspiration est la seule réponse. Vous pleurez pour obtenir des choses extérieures ; vous pouvez également pleurer pour des choses intérieures. Si vous pouvez pleurer sincèrement, vous pourrez voler spirituellement.

Lorsque je pense, je coule.
Lorsque je choisis, je perds.
Lorsque je pleure, je vole.

Nous devons développer notre imploration intérieure qui doit ressembler aux sanglots d’un enfant. Lorsque l’enfant pleure pour appeler sa mère, celle-ci accourt vers lui, où qu’elle soit. Que l’enfant se trouve dans le séjour ou dans la cuisine, la mère accourt pour le nourrir. De même, lorsque nous pleurons intérieurement pour la Lumière et la Vérité, Dieu, par Son infinie Bonté, nous montre la Lumière dans laquelle nous pourrons grandir.

LE CRI DE L’ASPIRATION

L’aspiration est un cri qui s’élève du fond de notre cœur. Elle est semblable aux larmes d’un enfant. Il y a en nous un enfant qui pleure à chaudes larmes, car il veut se transcender. Voilà ce qu’est cette imploration qui s’élève du fond de notre cœur. Lorsque nous aspirons avec toutes les larmes de notre cœur, nous voyons Dieu descendre du Ciel vers nous. Tel une flamme qui s’élève, notre cœur se consume en d’ardentes implorations. Sa flamme veut s’élever au-dessus de notre mental, aussi est-elle toujours ascendante.

Dieu descend, porté par le flot de Sa grâce, cette grâce qui s’écoule constamment, telle une rivière vers la vallée. Notre flamme brûle toujours vers le haut et la grâce de Dieu descend comme un torrent de la source. C’est tout comme la rencontre de deux personnes qui se trouveraient, l’une au rez-de-chaussée et l’autre au deuxième étage. Nous sommes en bas, Dieu est en haut. Que faisons-nous ? Nous montons au premier, tandis que Dieu y descend. C’est là qu’a lieu notre rencontre qui nous comble mutuellement. Lorsque l’aspiration et la Grâce se rencontrent, nous goûtons la divine plénitude de l’union avec Dieu.

Nous commençons notre voyage avec l’aspiration, et nous le poursuivons avec l’aspiration. Comme notre voyage n’a pas de fin et que Dieu est infini éternel et immortel, notre aspiration coule constamment vers l’Infini, l’Éternité et l’Immortalité de Dieu. L’aspiration est la route infinie qui conduit éternellement vers l’Au-delà en perpétuelle transcendance.

279

Un homme dépourvu d’aspiration qui regarde au-dessus de lui trouve sa vie obscure. Lorsqu’il regarde devant lui, il trouve sa vie immature. Lorsqu’il regarde derrière lui, il trouve sa vie prématurée. Et enfin, lorsqu’il regarde en lui, il voit que sa vie est un immense échec.

Un homme aspirant qui regarde au-dessus de lui voit sa vie comme une protection et un salut. Lorsqu’il regarde devant lui, il voit sa vie comme une détermination et une réalisation. Lorsqu’il regarde derrière lui, il voit sa vie comme une imperfection et une frustration. Lorsqu’il regarde en lui, il voit sa vie comme une illumination et une perfection.

LE DESIR ET L’ASPIRATION

Certains progressent très, très lentement dans leur vie spirituelle parce qu’ils n’ont aucune aspiration. Mais il y a des gens qui non seulement n’ont aucune aspiration, mais n’ont également aucun désir ni pour eux, ni pour l’humanité, ni pour Dieu. Ces gens sont dans la situation la plus déplorable. Dieu leur dit : « Il vaut mieux avoir quelque chose plutôt que rien du tout. Il vaut mieux que vous ayez quelques désirs qui vous procurent une satisfaction temporaire du monde des désirs plutôt que de vivre dans une conscience de pierre, et de vous prélasser dans l’oisiveté sans faire le moindre progrès. Une fois que vous verrez que vous n’obtenez que de la frustration de la satisfaction de vos désirs, vous commencerez à aspirer. »

Il y a des personnes âgées qui sont comme cela : elles n’ont pratiquement pas de désirs, mais elles n’ont pas d’aspiration non plus. Elles savent que la mort approche, mais cela ne les inspire, ni à pleurer pour satisfaire leurs désirs, ni à prier ou méditer sur Dieu. Elles n’ont même pas de désir particulier de vivre.

Par ailleurs, il y a également des personnes très spirituelles qui n’ont plus aucun désir parce qu’elles les ont transcendés. Elles servent Dieu en l’humanité avec le plus grand dévouement et l’amour le plus inconditionnel. Cette forme d’absence de désirs est la seule satisfaisante.

Il vaut mieux avoir des désirs et ne pas avoir d’aspiration que de n’avoir ni désirs ni aspiration. On peut vivre de nombreuses expériences nécessaires et finalement se rendre compte qu’il n’y a pas de satisfaction dans le désir. On plonge alors dans l’océan de l’aspiration. Mais si on retourne dans le monde des désirs après être entré dans le monde de l’aspiration, c’est une véritable catastrophe. On peut considérer celui qui n’aspire pas comme un pauvre ignorant qui ne sait pas qu’il existe quelque chose qui s’appelle la paix intérieure, ou la béatitude intérieure, la lumière intérieure. Dieu n’en voudra pas à celui qui n’a pas vu la lumière et qui reste dans l’obscurité, parce qu’il ne sait pas qu’il y a un endroit plein de lumière. Mais après avoir vécu des expériences intérieures, celui qui veut retourner au monde ordinaire sera victime de frustration et de destruction intérieure. Une fois qu’il a vu l’éclat de la lumière dans la pièce éclairée, si le vital l’attire à nouveau en arrière vers la pièce obscure, sa douleur psychique intérieure sera des plus insupportables. Lorsqu’il a vu la lumière, la joie qu’il a reçue avait de l’intensité. Dans la pièce obscure, il y a également une intensité, mais qui ressemble à un couteau acéré avec lequel il se frappe.

Une fois que vous entrez dans la vie spirituelle, ne retournez jamais, jamais à la vie ordinaire. Si vous le faites, vous serez ridicule dans le monde extérieur et susciterez la méfiance dans le monde intérieur. Les gens diront : « Il a échoué, c’est pourquoi il a abandonné et est revenu à nous. » Les forces divines du cosmos diront : « Il ne s’intéresse pas à nous. Il s’intéresse davantage à la vie d’ignorance », et elles ne feront plus l’effort de vous aider. Vous ferez également toujours une comparaison consciemment ou inconsciemment entre la vie divine que vous avez quittée et la vie à laquelle vous êtes retourné. Cette comparaison vous sera toujours défavorable dans la vie ordinaire. Votre âme, l’étincelle divine en vous, vous fera ressentir que vous avez abandonné quelque chose d’extrêmement précieux, et la frustration régnera dans votre vie ordinaire.

281

Dans la vie d’aspiration, entre la peur et le doute, n’en choisissez aucun ; entre la foi et la soumission, choisissez tous les deux.

282

Le doute est une maladie mortelle, mais il ne marque pas la fin absolue. Le manque d’aspiration est ce qui marque la fin de notre véritable vie.

283

L’homme pense que la perfection de l’évolution est une spéculation et une invention.
Dieu sait que la perfection de l’évolution est le Chant brillant de Son Aspiration qui comble toute chose.

284

L’homme est l’évolution de l’aspiration.
Dieu est l’aspiration de l’évolution.

285

L’aspiration est un Dieu qui vit d’amour.
Le désir est un homme qui meurt d’amour.

IV — LA DISCIPLINE SPIRITUELLE

LA PRATIQUE SPIRITUELLE

Toute méthode de discipline spirituelle devra comporter deux ailes inévitables et inséparables : une patience absolue et une ferme résolution.

Dans son voyage spirituel, un don de soi progressif et une confiance absolue en Dieu peuvent facilement défier la force de l’impossible.

Faites seulement trois pas en avant et vous aurez gagné Dieu. De quels pas s’agit-il ? Le premier pas est l’aspiration. Le second, le don de soi. Le troisième est la confiance au divin en soi.

Au tout début de la pratique spirituelle, s’en remettre entièrement au divin et penser que tout effort est inutile revient à danser avant de savoir marcher.

La Tapasya [discipline intense ou austère] dit à l’aspirant : « Je te ferai voir Dieu. » La soumission dit à l’aspirant : « Je conduirai Dieu à te voir. »

La seule clé que la tapasya et la soumission possèdent pour ouvrir la Porte de Dieu est la loyauté.

Dans une analyse ultime, on ne peut trouver aucune distinction entre la tapasya et la soumission. Une soumission complète et effective n’est le résultat que de la plus ardente tapasya.

Plus la soumission de l’aspirant est complète, plus le sourire de son être psychique est éclatant.

L’être psychique infléchit la soumission avec tendresse. La volonté infléchit la connaissance avec rudesse. La soumission est le meilleur filet pour attraper le divin. Elle est à la fois sagesse et puissance en action.

L’obéissance spontanée est l’enveloppe du grain de riz. La soumission consciente est le grain de riz.

La soumission exigeante dit à Dieu : « Père, je Te regarde. Sois content de me regarder. Regardons-nous l’un et l’autre. » La soumission dévouée dit à Dieu : « Père, je n’ai pas besoin de Te regarder. Il suffit que Tu me regardes. »

Il y a trois manières de satisfaire les besoins de l’âme : soit l’aspirant avance pour voir le Divin ; soit le Divin avance pour permettre à l’aspirant de Le voir ; soit l’aspirant et le Divin avancent tous les deux simultanément, l’un vers l’autre.

À l’aspirant qui affame sans pitié son mental plein de questions et nourrit somptueusement sa soumission, Dieu dit : « L’heure est arrivée. J’arrive. » La soumission ne peut jamais s’accomplir en un jour. De même, la réalisation, lorsqu’elle est atteinte, n’est pas un miracle d’un jour. Bien que la régularité puisse apparaître mécanique dans la pratique spirituelle, elle est une bénédiction constante d’en haut et marque le développement d’une force intérieure.

Voir Dieu uniquement dans votre soumission au cours de votre méditation, c’est déclarer l’absence de Dieu en vous plus que Sa présence. La véritable méditation a libre accès à l’être intérieur. La véritable consécration de soi a libre accès à la bonne conscience et à la bonne attitude.

Lorsque le mental et le vital ferment leurs yeux pour de bon, la soumission, la force intérieure, ouvre ses yeux pour de bon.

La discipline du corps est le contrôle du sexe.
La discipline du vital est le contrôle dynamique de l’agression.
La discipline du mental est le contrôle des pensées.
La discipline du cœur est le contrôle des émotions.
La discipline de l’homme et la fierté divine de son âme vont ensemble.

287. Comment peut-on avoir une vie disciplinée ?

Sri Chinmoy: Une vie disciplinée ne peut venir que d’une seule chose : de l’aspiration, de l’imploration intérieure. Lorsque nous pleurons pour obtenir quelque chose du monde extérieur, nous pouvons la trouver ou ne pas la trouver. Mais lorsque notre imploration intérieure est sincère, la satisfaction finit toujours par poindre. Un enfant pleure pour du lait. Il pleure dans son berceau dans la pièce de séjour. Que sa mère soit dans la cuisine ou ailleurs, elle accourt pour donner du lait à son enfant.

Pourquoi ? Parce qu’elle ressent l’authenticité et la sincérité des larmes de l’enfant. Nous implorons de la même façon dans la vie spirituelle. Si nous avons cette imploration intérieure, le moment où nous pleurons importe peu. Ce peut être à midi, le matin, ou le soir. À n’importe quel moment, ces larmes intérieures parviennent à Dieu qui Se sent obligé de satisfaire cet appel intérieur. Quand nous voulons nous discipliner parce que nous ne sommes pas satisfaits de notre vie négligée et que nous pensons qu’une vie disciplinée nous apportera un véritable accomplissement, la perfection et la satisfaction, Dieu vient forcément à notre aide. Rien sur terre, pas le moindre fruit ne peut être refusé à l’imploration intérieure.

Nous, les hommes, pleurons pour acquérir la gloire et une renommée, et pour bien d’autres choses encore. Mais nous ne pleurons pas pour ce qui est de la plus grande importance : la Richesse intérieure de Dieu. Qu’est-ce que cette Richesse intérieure ? Sa Richesse intérieure est la réalisation divine, la perfection divine. Nul n’est parfait, mais le but est de devenir absolument parfait. Cette Perfection absolue ne peut venir que de la discipline de soi. La discipline de soi est le précurseur de la découverte de soi. La découverte de soi est le précurseur de la manifestation de Dieu. Dieu est prêt. Il est plus que prêt à offrir Sa Perfection absolue, mais pour l’obtenir, nous devons devenir cette imploration intérieure que nous appelons l’aspiration, une aspiration constante. Lorsque la flamme de l’aspiration s’élève vers le Plus-Haut, elle illumine toute l’obscurité qui se trouve autour d’elle. Plus elle s’élève, plus notre manifestation est grande et plus elle nous comble.

288

Chaque aspirant doit être un soldat divin. Il doit utiliser consciemment et constamment son énergie divine pour se construire en une âme libérée.

289

La tentation court en rampant jusqu’à ce qu’elle soit attrapée par le contrôle de soi. Lorsque le contrôle de soi règne suprêmement, la frustration voit le visage de la réalisation.

V — LE DETACHEMENT ET LA RENONCIATION

290

Un chercheur spirituel doit savoir que l’austérité est anormale dans la mesure où elle dérange l’équilibre naturel des forces dans les différentes parties de notre conscience. L’austérité n’apporte pas la maîtrise de soi. La véritable maîtrise de soi se trouve dans le véritable détachement. De même que la terre offre des tentations à l’homme ordinaire, le ciel offre des tentations au chercheur avancé.

291. L’ATTACHEMENT ET LE DETACHEMENT

Le corps nous donne le message de l’attachement. L’âme nous donne le message du détachement. Le corps est limité, c’est pourquoi il veut nous attacher et nous limiter. Il veut attacher et limiter notre capacité extérieure et notre potentiel intérieur.

Le potentiel et la capacité de l’âme sont illimités et infinis. Aussi l’âme veut-elle nous libérer des chaînes de l’ignorance et nous libérer de la nuit d’attachement.

Qu’est-ce que l’attachement ? L’attachement est la danse de notre plaisir extérieur.

Qu’est-ce que le détachement ? Le détachement est le chant de notre joie intérieure.

L’attachement finit emprisonné dans la cellule de la frustration et de la destruction.

Le détachement se réalise dans le palais de la Divinité et de l’Immortalité.

Je suis stupide de vivre consciemment dans le physique. Je suis encore plus stupide d’admirer et d’adorer constamment mon corps physique. Je suis le plus stupide de ne vivre que pour satisfaire les besoins de mon existence physique.

Je suis sage si je suis conscient qu’il existe quelque chose que l’on appelle l’âme. Je suis plus sage si je m’occupe de voir et de ressentir mon âme. Je suis le plus sage si je vis dans mon âme et pour mon âme constamment et avec ferveur, sans réserve et inconditionnellement.

Attachés à notre corps, nous devenons impulsifs en un rien de temps. Attachés à notre vital, nous devenons très vite explosifs. Attachés à notre mental physique, nous finissons par devenir destructifs.

Mais dans notre corps et détachés, nous ressentons consciemment notre conscience aspirante. Dans notre vital et détachés, nous élargissons et étendons notre conscience aspirante. Dans notre mental et détachés, nous réalisons suprêmement notre conscience illimitée ici sur terre.

Malheureusement, beaucoup de gens pensent à tort que l’attachement et le dévouement sont une seule et même chose. Mais l’attachement signifie que nous sommes dans le fini et attaché au fini, tandis que le dévouement signifie que nous nous dévouons à l’Infini et que nous sommes libérés par l’Infini.

Le détachement est souvent incompris. Les aspirants spirituels pensent parfois qu’être détaché de quelqu’un signifie lui montrer la plus grande indifférence, au point même de le négliger complètement. Cela n’est pas le détachement. Lorsque nous sommes indifférents à quelqu’un, nous ne faisons rien pour lui. Nous ne sommes pas du tout concernés par sa joie ou sa tristesse, ses accomplissements ou ses échecs. Mais lorsque nous sommes vraiment détachés, nous travaillons pour lui avec dévotion et don de soi, et nous offrons le résultat de nos actions aux Pieds du Seigneur Suprême, notre Pilote intérieur.

Peu importe que le résultat soit un succès ou un échec. Si nous ne sommes pas du tout attachés au résultat, notre conscience s’élargit immédiatement. Lorsque nous ne nous soucions pas du fruit de notre action, le Suprême nous récompense à Sa propre manière.

Lorsque nous travaillons avec dévotion et don de soi, l’action ne nous lie pas. Il n’est pas du tout difficile de travailler pour l’amour de Dieu lorsque nous travaillons sans nous soucier du résultat. C’est cela le véritable détachement, le détachement spirituel. Lorsque nous pouvons renoncer à l’action dépourvue de lumière et d’aspiration, nous pouvons entrer dans l’action divine, qui est notre vie véritable et qui nous conduit toujours à l’accomplissement.

LE DETACHEMENT ET LA RESPONSABILITE

Plus nous recevons de Lumière de l’intérieur, plus notre progrès et nos accomplissements sont rapides. Chaque accomplissement éveille une goutte de détachement, mais nous n’obtenons le détachement complet que pratiquement à la fin de notre voyage, au bout d’une longue période de pratique spirituelle. Personne ne peut prétendre avoir commencé son voyage spirituel avec détachement. On ne peut jamais être détaché d’un seul coup. Il faut pratiquer la concentration, la méditation et le service désintéressé pendant des années, voire un bon nombre d’incarnations avant de pouvoir atteindre le détachement. Le détachement est quelque chose d’extrêmement difficile à réaliser, mais nous devons cependant l’atteindre.

Dans une famille, chaque membre a une responsabilité envers les autres membres. Nous avons des obligations physiques, morales et diverses tout au long de notre vie. La mère doit s’occuper de son fils parce qu’elle l’a fait venir au monde. Le fils doit s’occuper de sa mère parce qu’il ressent une certaine obligation de la satisfaire ou de la combler. Mais souvent, la mère ne s’occupe pas vraiment de son fils, ou le fils ne s’occupe pas de sa mère. Lorsqu’il n’y a pas d’affection ou de véritable entente entre les membres de la famille, on voit tout de suite qu’il y a un manque de sollicitude. Ce n’est pas du détachement. Tout le monde connaît l’absence d’intérêt pour quelqu’un ; on rencontre cela quotidiennement, et on prend cela souvent à tort pour du détachement. Mais le détachement est bien supérieur au manque d’intérêt pour autrui. C’est le détachement, et non pas l’absence d’intérêt que l’aspirant spirituel doit rechercher.

Le détachement ne signifie pas que l’on n’a pas d’intérêt pour les autres. Le détachement signifie que nous allons effectuer nos tâches aussi bien que possible, mais sans nous soucier du résultat. Dans le détachement, nous faisons ce qu’il faut comme il faut et au bon moment. Tout se fait précisément parce que le Pilote intérieur nous l’a ordonné. Lorsque nous allons plus en profondeur, nous comprenons que c’est le Pilote intérieur qui est tout. Il est l’Acteur, et Il est l’Action aussi bien que le Bénéficiaire.

Prenons un athlète, un coureur qui pratique la course depuis longtemps. Il court enfin aux Jeux Olympiques et arrive le dernier. Il peut se dire : « Je me suis entraîné pendant tellement d’années, comment se fait-il que je sois arrivé dernier ? » Mais c’est là qu’il doit être détaché. De quoi ? Du fruit de ses actions. Un coureur doit s’entraîner avec l’espoir de gagner. Il doit se lever tôt le matin, pratiquer toutes sortes d’exercices et faire tout ce qu’il faut pour améliorer ses performances. Mais il doit placer le résultat de ses actions aux pieds de Dieu, le seul Acteur.

La philosophie suprême consiste à dire : « Dieu est à la fois l’Acteur et le Bénéficiaire de l’action », cela est absolument vrai. Mais ici sur terre, sur le plan physique, nous devons absolument faire ce que nous pensons être le mieux. Nous devons travailler et faire de notre mieux pour atteindre notre but. Parfois, nous voyons le résultat de notre travail avec l’œil de notre mental, qui nous dit que le résultat sera un échec. Si nous savons que le résultat ne va pas nous satisfaire, il nous est d’autant plus difficile de travailler bien et avec enthousiasme. Si le succès est tout ce qui nous intéresse, nous sommes forcément découragés. Mais c’est là que nous faisons erreur. Nous ne connaissons pas le véritable sens du détachement. Nous devons agir avec espoir, enthousiasme et détermination, et nous dire que tout ce qui nous arrive ne nous regarde pas. Une fois l’action passée, elle n’est plus entre nos mains. Lorsque le résultat sera annoncé, nous serons complètement détachés, quel que soit notre placement. Si nous arrivons les premiers, nous serons heureux, mais si nous sommes les derniers, nous serons également heureux parce que nous aurons soumis le résultat de notre action à Dieu.

Nous trouvons la véritable joie lorsque nous pouvons ressentir dès que nous commençons à travailler que le résultat est notre travail. Ainsi n’avons-nous pas besoin d’attendre vingt minutes, ou deux mois ou deux ans pour connaître les résultats. Ce que nous recherchons est la satisfaction qui arrivera seulement au bout de quelques mois, ou quelques années, lorsque nous récolterons les fruits de notre action. Mais si nous sommes sages, nous entrons dans le travail et nous voyons que le travail en lui-même est joie. Tout d’abord, rappelons-nous que parmi les millions de gens sur terre, c’est nous qui avons été choisis pour faire ce travail particulier. Et puis, dès que nous commençons le travail, nous ressentons que c’est le travail en lui-même qui nous procure ce que nous voulons. Si nous recherchons la satisfaction, la joie et la réalisation dans un travail, quel qu’il soit, nous devons ressentir dès le moment où nous entamons notre tâche que c’est le travail même et non son résultat futur qui est toute joie.

Comment être détaché dans son travail ? Il y a deux manières : l’une consiste à ressentir que rien n’est permanent sur terre. Quelle que soit notre importance, rien n’est éternel, rien. La renommée et la gloire seront enterrées. Nous ne pouvons rien revendiquer comme notre bien, pas même nous-mêmes. Aujourd’hui, j’utilise les mots « je, moi, mon », mais demain, ce « je » disparaîtra dans un autre monde. Quel intérêt à s’attacher à quelqu’un ou à quelque chose que je dis m’appartenir si je ne peux pas l’emporter avec moi au bout de soixante ou soixante-dix ans ! C’est tout simplement stupide !

La même chose vaut pour l’attachement à autrui. Bien que je connaisse mon attachement à quelqu’un que je ne peux pas revendiquer comme mien, je dis que cette personne m’appartient. Je ne peux pas le lui montrer, ni le lui prouver. Comment lui montrer mon cœur ? Je ne peux pas montrer mes sentiments intérieurs. Ce sont de bons sentiments. J’essaye de les offrir. S’il s’agit de mauvais sentiments, j’essaye de les cacher. Souvent, lorsque nous faisons un bon travail, nous avons vraiment envie de le montrer. Si nous faisons un mauvais travail, nous n’avons pas envie de le montrer. Mais que le travail soit bon ou mauvais, que nous ayons de bons ou de mauvais sentiments, l’objet de notre attachement ne dure pas. Nous finissons par comprendre que rien de ce que nous revendiquons comme nôtre ne dure de façon permanente. C’est là une manière de se détacher.

L’autre manière de trouver le détachement est de savoir qu’en dehors de la lumière finie, il existe une Lumière supérieure, une Lumière infinie. Cette Lumière nous procure une joie véritable. Sachant cela, comment pouvons-nous nous attacher aux gens et aux choses qui nous tentent constamment ? Plus nous nous détachons de ces tentations du monde fini, plus nous nous attachons à l’Infini. Notre véritable satisfaction repose dans cet attachement divin. Si nous nous intéressons vraiment à la vie spirituelle, notre devoir est de concentrer toute notre attention uniquement sur le Suprême. En nous attachant profondément au Suprême, à la vie intérieure, nous nous détachons naturellement d’autrui et de ce qui n’aspire pas dans le monde. Ce que nous appelons notre attachement au Suprême sera considéré à l’avenir comme la Lumière de Sagesse, parce que nous ne pouvons grandir qu’en Lui, et nulle part ailleurs. Nous ne nous réalisons qu’en Lui, et nulle part ailleurs.

Certains aspirants indiens qui suivent la voie de la dévotion vont jusqu’à dire que la dévotion n’est autre qu’un attachement à Dieu. De même que le désir humain est un attachement à un être humain, la dévotion spirituelle est une forme d’attachement à Dieu. Nous ne pouvons être attachés à deux choses ou à deux personnes à la fois. En regardant les choses en profondeur, nous comprenons que nous ne pouvons être attachés qu’à une seule personne ou à une seule chose. L’attachement et la dévotion sont comme la concentration. Nous ne pouvons nous concentrer correctement sur deux doigts à la fois. Nous voyons bien deux doigts, mais nous ne nous concentrons que sur l’un ou sur l’autre. De même, lorsque nous offrons notre attachement le plus pur ou notre dévotion au Suprême, cela ne peut atteindre que Lui. Et le reste de l’humanité peut être trouvé en Lui. Au début, nous avons une famille ordinaire avec quelques membres. Mais un jour vient où nous devons élargir notre famille. L’humanité même devient notre famille. Plus nous grandissons intérieurement, plus notre famille grandit. Et c’est toujours en Dieu, le Suprême, que l’humanité réside.

Nous pouvons nous identifier aux souffrances et aux sentiments d’une personne et en être cependant détachés en pénétrant dans cette personne avec la Lumière de notre âme. La Lumière de notre âme ne cesse de s’étendre. Elle ne limite pas, ni ne peut être limitée. Avec la Lumière de notre âme, nous pouvons nous identifier à n’importe qui sur terre sans être affectés. C’est en pénétrant dans une personne souffrante avec la Lumière intérieure de notre âme, qui est toute liberté et perfection, et en répandant cette Lumière en elle, que nous pouvons le mieux l’aider. Après cela, nous pouvons nous envoler comme un oiseau sans être touchés par cette personne ni nous attacher à elle.

Le Bateau du Suprême nous emporte vers le Rivage Doré. Le Bateau se trouve dans l’eau, mais il n’est pas fait d’eau. Le Bateau se trouve à présent dans l’océan de l’ignorance, mais il n’en est pas affecté. Il nous emporte vers le Rivage doré, où ne se trouvent ni ignorance, ni doute, ni limites, où tout est perfection et plénitude. Dans notre vie humaine également, nous devons ressentir que nous pouvons vivre à l’intérieur de n’importe qui grâce à la Lumière de notre âme. Que cette personne soit la plus imparfaite ou la plus souffrante, nous ne nous attacherons pas à elle lorsque nous l’aiderons aussi sincèrement et efficacement que possible, et nous ne serons pas non plus tirés vers le bas. Il nous faut donc d’abord découvrir notre Lumière intérieure, la Lumière de notre âme, avant d’être qualifiés pour venir en aide aux autres sans nous attacher à eux ni à leur souffrance. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que nous pourrons apporter l’aide la plus véritable et la plus pure à l’humanité en souffrance.

Question: Lorsqu’on travaille sur le détachement, comment peut-on se protéger de l’indifférence ?

Sri Chinmoy: Il y a une grande différence entre le détachement et l’indifférence. Lorsque vous êtes indifférent à quelque chose ou à quelqu’un, vous êtes pratiquement, je dis bien pratiquement, hostile à son progrès. Vous avez l’espoir perfide qu’il ne réussira pas son examen, ou ne fera pas ce qu’il faut, ou ne sera pas admiré ou adoré par les autres. Vous pouvez vous dire indifférent pour convaincre votre mental. Mais vous surveillez ses résultats et s’il réussit, vous ressentez un pincement. Et par ailleurs, s’il échoue, vous éprouvez un grand plaisir malicieux. C’est cela, l’indifférence. Elle observe en secret et se réjouit de l’échec ou bien souffre de grande jalousie devant la réussite. On se dit indifférent, mais la notoriété d’autrui provoque en soi une jalousie insupportable, et son échec une grande joie.

Le détachement, par contre, est une qualité spirituelle. Lorsque nous sommes détachés, notre physique est détaché, notre mental est détaché, notre vital est détaché et ainsi de suite. Ce qui en moi veut vous attacher à moi et ce qui, en vous, veut m’attacher à vous se mettent mutuellement en garde : « je ne suis pas la bonne personne pour t’attacher à moi et tu n’es pas la bonne personne pour m’attacher à toi. Quelqu’un d’autre, le Divin, est le seul à pouvoir m’attacher. C’est Lui qui possède la Lumière, la Paix et la Béatitude infinies, alors courons tous les deux vers Lui. Je t’aiderai de ma capacité intérieure, qui est ma prière, ma méditation et ma concentration. Mais si je t’attrape et te fais mien avec mon vital, mon physique et mon mental, cela ne te sera d’aucune aide. Au lieu de cela, je t’offre ma prière, ma méditation et ma concentration, et tu dois m’offrir les mêmes choses. C’est ainsi que nous pourrons nous renforcer l’un et l’autre. »

Deux personnes grandissent ensemble grâce à la Lumière de leur âme dans le détachement. Les qualités de leurs âmes établissent un pont qui les conduit à leur but commun. Le pont n’est pas le but, mais ils peuvent tous les deux utiliser ce pont. Ils se disent : « Marchons ensemble le long de la route qui nous mène vers notre destination commune. » Lorsque nous sommes détachés, nous nous rappelons à chaque instant que l’humain en autrui ou l’humain en nous-mêmes n’est pas le but, mais que nous avons tous un but commun que nous devons atteindre ensemble avec l’aspiration de notre cœur et la Lumière de notre âme. Nous sommes détachés lorsque nous nous servons de notre lumière intérieure et de notre réalité intérieure plutôt que de notre réalité physique.

294

Il est stupide, celui qui pense que l’affection doit être transformée en indifférence afin que Dieu vienne à lui. Hélas, il doit encore apprendre que Dieu est toute affection.

L’affection et l’attachement n’ont pas toujours besoin d’aller ensemble. Le rejet de toutes relations ne peut jamais être un signe prometteur de progrès vers la réalisation.

Il est bien de contrôler ses désirs. Ne pas s’attacher est encore mieux. Le mieux, c’est de se sentir loin des pièges de la nature. La suppression est aussi négative et sans mérite que l’attachement. Seul le non-attachement est maître de la nature.

Le désir et la faim ont un ennemi commun : le détachement.

Le détachement, et non la possession, devrait être le pont entre vous et l’objet de votre amour.

Le détachement spirituel intensifie la quête de notre cœur, purifie la vibration de notre corps et transforme l’ignorance de notre conscience en connaissance.

Certes, le sentiment de solitude est une forme de maladie spirituelle. Mais l’association à autrui ne peut jamais lui apporter un remède durable. Le seul remède permanent est l’expérience intérieure.

LA RENONCIATION

D’un point de vue strictement spirituel, ce que l’on appelle la renonciation au monde n’est pas nécessaire pour l’aspirant. Si la renonciation signifie laisser de côté sa famille, ne pas s’intéresser à la société ou à l’humanité, je dirai que l’on aura beau renoncer à tout et à tout le monde, il y aura toujours autre chose qui surviendra en travers de notre chemin. Aujourd’hui, l’obstacle est la famille ; demain, ce seront nos amis, après-demain, notre pays, et le jour suivant, le monde. Il n’y a pas de fin à ce genre de renonciation.

Nous avons certainement besoin de renoncer à quelque chose dans la vie spirituelle, mais à quoi ? Nous allons renoncer à la peur, au doute, à l’imperfection, à l’ignorance et à la mort. Au lieu de renoncer aux individus, nous renoncerons aux mauvaises qualités qui barrent notre chemin vers l’union au Divin. Lorsque nous entrons dans la vie spirituelle, nous trouvons l’occasion de renoncer à ces qualités, ou plutôt de les transformer. Lorsque nous parlons de renoncer à quelque chose ou de le transformer, nous pensons aussitôt à l’ignorance. Et en vérité, c’est absolument ce que nous devons transformer dans notre vie spirituelle.

À celui qui dit qu’il va renoncer au monde pour réaliser Dieu, je dis qu’il se trompe. Aujourd’hui, il renoncera au monde et demain il verra que le Dieu qu’il cherche n’est nulle part ailleurs que dans le monde. Alors qu’est-ce qui l’empêche de voir Dieu dans le monde ? C’est son attitude. Pour voir Dieu en l’humanité, il doit lever le voile de l’ignorance qui se trouve entre lui et le reste du monde. Une fois le voile déchiré, ou plutôt éliminé, il n’y a plus rien à renoncer. On voit Dieu, on ressent Dieu, on se trouve en Dieu, ici et au-delà.

296

Une parfaite renonciation et une soumission complète sont les deux faces de la même pièce divine.

297

Nulle renonciation ne peut être ordonnée, ni commandée. La renonciation doit grandir de l’intérieur. Le flot de la renonciation doit provenir de l’extérieur. L’homme renonce à la futilité de sa nuit d’ignorance. Dieu annonce l’homme, Lumière de l’Infini.

298

La véritable transformation de la nature humaine ne vient pas d’une vie austère, ascétique ni par un retrait complet du monde, mais d’une illumination progressive et complète de la vie.

I — RELIER LE MONDE INTERIEUR AU MONDE EXTERIEUR

LA VIE SPIRITUELLE EST-ELLE UNE EVASION DE LA REALITE ?

Pour l’homme qui n’aspire pas, le plaisir éternel est la seule réalité. Pour l’homme qui aspire, l’expérience divine est la seule réalité. Pour celui qui a réalisé Dieu, Dieu seul, l’Amant suprême, possède la Réalité, et ce Dieu seul, l’Aimé suprême, est la Réalité. La Réalité est également Dieu, la Lumière qui comble, et l’homme, la vie comblée.

Le royaume de la satisfaction transcendantale possède trois portes : l’amour, la liberté et la félicité. La porte-amour n’est ouverte qu’à celui qui sert l’humanité en larmes. La porte-liberté n’est ouverte qu’à celui qui sert l’humanité en lutte. La porte-félicité n’est ouverte qu’à celui qui sert l’humanité qui s’éveille.

La vie spirituelle n’est jamais une évasion de la réalité. Bien au contraire, elle est l’acceptation consciente et spontanée de la réalité dans sa totalité. Pour un chercheur spirituel, l’idée de fuir la réalité est une absurdité et une impossibilité, car la spiritualité et la réalité ont besoin l’une de l’autre pour se réaliser suprêmement. Sans l’âme de la réalité, la spiritualité est pire qu’inutile. Sans le souffle de la spiritualité, la réalité est pire que dénuée de sens. La spiritualité avec la réalité signifie l’imploration intérieure de l’homme pour la parfaite Perfection. La réalité avec la spiritualité signifie la Volonté toute-puissante de Dieu pour une manifestation complète et absolue.

L’acceptation de la vie dans une attitude divine n’est pas qu’une idée noble, elle est l’idéal même de la vie. Cet idéal de vie se réalise, se révèle et se manifeste à travers l’inspiration de Dieu qui élève l’âme et à travers l’aspiration de l’homme qui construit la vie. L’acceptation de la vie est la fierté divine de la véritable spiritualité. Vivre une vie spirituelle est notre seule responsabilité.

L’évasion est une pensée vile. Elle agit comme un voleur, comme le pire des voleurs. L’évasion a facilement et librement accès au cœur des ténèbres obscures. Celui qui nourrit l’idée d’une évasion immédiate commet un suicide lent.

Non, nous ne devons pas nous évader lâchement. Nous devons toujours être courageux. Le courage divin est notre droit de naissance. Nous sommes les guerriers héroïques de la Réalité suprême, choisis pour lutter contre la nuit-ignorance grouillante, sombre et menaçante.

Question: Quelle est la valeur spirituelle de la terre ?

Sri Chinmoy: Ceux qui acceptent la vie, ceux qui acceptent Mère Terre comme quelque chose de réel, savent qu’ils ont un devoir à remplir ici sur terre. Ce devoir n’est autre que la réalisation consciente de Dieu. Tout le monde connaît Dieu inconsciemment. Mais un aspirant reconnaît consciemment la Présence de Dieu. Il médite sur Dieu et sa propre conscience se développe progressivement jusqu’à ce qu’il ressente la Présence de Dieu constamment et partout. Il considère qu’il est de son devoir de révéler la Présence de Dieu qu’il ressent et qu’il voit avec son propre cœur et ses propres yeux. Enfin, il ressent qu’il doit manifester sa réalisation de la Vérité la plus haute. Cette manifestation doit se faire ici sur terre et nulle part ailleurs. La réalisation de la Vérité la plus élevée doit se faire ici et la manifestation de la Vérité, de la Vérité supérieure, de la Vérité ultime, doit se faire ici sur terre.

Un véritable chercheur, un chercheur sincère, est un héros divin. Il doit se battre contre l’obscurité fourmillante et il doit accomplir la Volonté de Dieu ici sur terre. Autrement, la terre restera la terre et le ciel restera le ciel. Il y aura toujours un gouffre immense entre ciel et terre. Cette terre qui est nôtre doit être transformée en ciel, en un endroit de Joie, de Paix et de Félicité.

Nous ne devons pas renier le corps. Les Maîtres spirituels indiens qui ne s’intéressaient pas au corps disaient : « Méditez, restez dans l’autre monde, réalisez Dieu et ensuite, quittez le corps. » Mais si vous aimez Dieu et si vous voulez vraiment servir Dieu, c’est ici sur terre que vous trouverez l’opportunité en or de Le manifester et de Le réaliser. Si vous obtenez la réalisation et que vous dites à Dieu : « Je ne veux pas travailler pour Toi. Je suis fatigué, épuisé, complètement épuisé ; je veux me reposer », Dieu vous accordera peut-être le repos. Mais le véritable héros divin dira : « J’ai travaillé dur, mais maintenant je voudrais offrir les fruits de ma réalisation au monde entier. » Dieu lui répondra : « Va travailler sur terre. Fais-le. »

Notre voie est la voie de l’acceptation. Acceptation de quoi ? Acceptation de ce monde matériel. Tout en travaillant dans la matière, l’esprit doit chanter le chant de l’Immortalité. La vie matérielle et la vie spirituelle doivent aller de pair. La vie matérielle ne peut être parfaite qu’en écoutant les ordres intérieurs de l’âme. Nous devons accepter le monde tel qu’il est, mais nous ne devons pas penser que le monde a accompli sa tâche. Non, loin de là. Nous devons travailler et travailler pour la conscience de la terre. Nous devons la libérer des limites, des imperfections, des attachements et de l’ignorance.

Question: Lorsque vous dites que la terre peut facilement être transformée en Ciel, est-ce que vous voulez dire qu’elle peut l’être également physiquement ?

Sri Chinmoy: Il faut comprendre ce que l’on entend par Ciel. Le Ciel n’est pas un endroit avec de grandes maisons, des palais ou de grandes propriétés. Non ! Le Ciel se trouve dans notre mental. Lorsque nous avons des pensées divines, nous sommes au Ciel. Lorsque nous invitons la jalousie, des pensées du vital inférieur ou d’autres pensées non divines, nous sommes en enfer. Le Ciel et l’enfer sont des états de conscience.

Que possédons-nous tous ? Une conscience. C’est à travers la conscience que nous voyons la réalité. Lorsque nous prions, lorsque nous aspirons, notre conscience finie devient infinie. Notre conscience qui soi-disant n’aspire pas commence à aspirer. C’est cela, le Ciel. Si nous disons que tout va devenir divin, c’est certainement vrai. Nous aurons une vie divine, mais cela ne veut pas forcément dire que nous aurons une vie physiquement immortelle. Mais lorsque nous pensons au Ciel, nous pensons que tout est immortel. La conscience du Ciel est en fait immortelle. Mais nous pensons très souvent que le physique restera immortel puisque le Ciel est quelque chose d’immortel. Mais ce corps physique vivra soixante, quatre-vingt, cent ou peut-être deux cents ans, et puis s’en ira.

La conception même du Ciel est quelque chose de brillant, lumineux, ravissant, et en même temps, d’immortel. Mais il faut savoir ce qui est immortel en nous. C’est la conscience, la conscience qui aspire. Lorsque nous disons que la terre peut être transformée en Ciel, cela veut dire que tout ce qui, en nous ou dans le monde, est encore imparfait, obscur ou qui n’aspire pas peut être transformé un jour en perfection.

Question: : Pouvez-vous expliquer pourquoi l’âme ne peut évoluer que sur la planète Terre ?

Sri Chinmoy: L’âme ne manifeste que sur cette planète parce que cette planète est en évolution, autrement dit, elle est en progrès constant, elle se réalise constamment. Si on veut faire des progrès, si on veut aller au-delà, c’est ici qu’on peut le faire. Dans les autres mondes, les êtres sont satisfaits de ce qu’ils ont déjà accompli. Ils n’ont pas envie d’aller un pouce au-dessus de leur réalisation. Mais ici sur terre, vous n’êtes pas satisfait, je ne suis pas satisfait, personne n’est satisfait de ses résultats. L’insatisfaction ne signifie pas que nous sommes fâchés contre quelqu’un ou contre le monde. Non ! L’insatisfaction signifie que nous aspirons constamment à nous dépasser et à aller au-delà. Si nous possédons une goutte de lumière, nous voulons en avoir davantage. Nous voulons toujours grandir.

Cette planète a une urgence intérieure. D’une part, elle est obscure, ignorante, et ne s’intéresse pas à la vie divine. Mais d’autre part, elle a un sentiment d’urgence dont la plupart des gens ne sont pas encore conscients. Lorsque l’urgence intérieure se manifeste, nos capacités comme nos réalisations sont infinies. Et lorsque nous réalisons l’Infini, nous surpassons naturellement tout ce qu’ont accompli les autres mondes.

Question: Y a-t-il un lien entre le monde intérieur et le monde extérieur ?

Sri Chinmoy: Oui, il y a un lien entre le monde intérieur et le monde extérieur. La plupart du temps, nous ne faisons pas attention au monde intérieur et nous restons à la surface. Nous bougeons, nous parlons, crions et vivons vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans le tourbillon du monde extérieur. Nous n’avons même pas cinq minutes pour méditer ou nous concentrer sur notre monde réel, notre monde intérieur.

Un véritable chercheur spirituel sait que le monde extérieur ne trouve son véritable sens que s’il nourrit le monde intérieur. Le monde extérieur est le corps. Nous nourrissons le corps trois fois par jour sans faute : nous l’avons toujours fait et continuerons à le faire jusqu’à notre dernier jour. Mais à côté de cela, il y a un enfant divin au fond de nous, qui s’appelle l’âme, et nous n’avons pas le temps de nourrir cet enfant. Mais tant que l’âme, qui est la représentante consciente de Dieu en nous, n’est pas comblée, nous ne pourrons jamais être comblés dans notre vie extérieure.

Maintenant, comment établir le lien entre les deux mondes ? Nous pouvons facilement et consciemment les réunir grâce à l’art divin de la concentration, l’art divin de la méditation, et l’art divin de la contemplation. Et à notre plus grande surprise, nous verrons que le monde extérieur, aujourd’hui rempli de complexité et de disharmonie, devient inévitablement harmonieux, simple, sincère et authentique. La vie intérieure a la capacité de simplifier les complexités de la vie extérieure. Les mondes intérieur et extérieur doivent aller ensemble, sinon, que se passera-t-il ? La vie intérieure devra attendre des siècles pour offrir la Vérité de Dieu au monde entier et la vie extérieure restera un désert aride pendant des siècles.

Il y a un lien évident entre ces deux mondes. Nous devons ressentir consciemment ce lien et nous devons trouver et renforcer ce lien avec la détermination de notre âme et avec le service dévoué et la bonne volonté de notre corps. Pour l’instant, le corps écoute le mental. Lorsque le mental dit : « Va par ici », le corps obéit. Et dès que le mental dit : « Non, non, c’est le mauvais chemin, suis une autre direction, va par là », le corps change de direction. Il est ainsi prisonnier de ces limites. Mais bien au-delà du domaine du mental, se trouve l’âme. Cette âme est inondée de lumière. Si nous essayons consciemment d’avoir libre accès à l’être intérieur, l’âme, sa lumière viendra naturellement en avant et nous aidera à chaque instant à faire face aux ténèbres obscures en nous et autour de nous. Nous finirons par voir que soit nous avons transformé cette obscurité en lumière, soit nous sommes à des millions et des millions de kilomètres de l’obscurité et nous baignons dans l’océan de la Lumière infinie.

Si donc le corps physique écoute l’âme au lieu d’écouter le mental suspicieux, sophistiqué, complexe, destructeur et sans aspiration, le lien entre les deux mondes se renforcera à chaque instant et ils se compléteront l’un et l’autre. Autrement dit, le monde extérieur sera le char du monde intérieur et le monde intérieur sera le cocher du monde extérieur. Un char sans cocher est inutile, car le char ne peut avancer sans un cocher. Par ailleurs, un cocher sans char est également inutile. Ils sont donc tous les deux nécessaires et aussi importants l’un que l’autre. De la même façon, les deux mondes, intérieur et extérieur, sont de même importance.

304

Un guerrier dans le monde extérieur rayonne par son armure.
Un guerrier dans le monde intérieur rayonne par sa méditation.

305

Le monde intérieur appartient à l’illumination de l’âme.
Le monde extérieur appartient à la détermination de la vie.

II — LE SERVICE

LE TRAVAIL ET LE SERVICE

Pourquoi travaillons-nous ? Nous travaillons pour gagner notre vie et entretenir nos proches. Nous pouvons également travailler pour maintenir notre corps en parfaite condition ; Mais un véritable aspirant considère le travail de manière différente. Il le voit comme une véritable bénédiction. Pour lui, toutes les difficultés et les emplois apparemment difficiles sont des bénédictions déguisées, le travail n’est pas moins qu’un service dévoué. Il a découvert la vérité qu’en offrant les résultats de tout ce qu’il dit, fait et pense, il peut réaliser Dieu. Il travaille pour l’amour de Dieu. Il vit pour l’amour de Dieu. Il réalise la Divinité pour l’amour de Dieu.

Le destin est notre construction. Nous avons eu la force de le construire ; nous avons la force de le démolir. Démolir une construction, ou bien construire un nouvel édifice ou encore transformer l’actuel, ce sont là des points extrêmement importants. Mais dans tous les cas, nous devons travailler sur les plans physique, vital, mental, psychique et spirituel. Ce n’est pas sans intention que Dieu nous a si généreusement offert un corps, un vital, un mental, un cœur et une âme.

Chaque être humain doit trouver le travail qui lui convient et qui l’aide à se développer dans son âme. Il n’y a rien de plus encourageant, inspirant et satisfaisant que de découvrir son véritable travail intérieur, qui est celui de la réalisation de soi. L’écrivain anglais Thomas Carlyle exprima une vérité profonde lorsqu’il écrivit : « Béni soit celui qui a trouvé son travail ; qu’il ne demande aucun autre salut. »

Chaque âme est un instrument choisi de Dieu. Chaque âme a une mission particulière ici sur terre. Chaque personne doit se réaliser et s’accomplir, non pas à sa propre manière, mais à la manière de Dieu. Dieu, de par Son Amour infini, et en vertu du devoir divin qu’Il s’est imposé, donne à chaque aspirant ce dont il a besoin. En même temps, Dieu n’attend pas de l’aspirant une goutte de plus que ce qu’il peut offrir. Un grand adage dit : « À chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. » On entend une plainte commune venant de tous les hommes, quel que soit leur âge, leur caste, leurs croyances. Quelle est-elle ? « Je n’ai pas le temps ». Dans un soupir lyrique, ils disent au monde : « Il y a tant à faire, et si peu a été accompli. » Ici, le temps agit comme notre pire ennemi. Le temps est capable de créer des soucis, des peurs et des frustrations en nous parce que nous travaillons à travers notre ego et pour l’ego. Il y a toujours un combat constant entre l’intensité peu judicieuse de notre ego et le courant insondable et sans pitié du temps.

Mais en travaillant avec notre âme et pour l’âme, ce temps non seulement nous aide, mais il apparaît à chaque instant comme une opportunité en or : parce que notre âme sait sans faute comment se jeter dans le rythme cosmique du Temps infini.

Certes, chaque être humain est un instrument de Dieu, choisi pour un travail particulier, pour remplir une mission divine ici sur terre. Mais personne ne devrait se croire indispensable, même dans ses rêves les plus fous. Dans chaque tâche particulière, Dieu nous donne une opportunité sans égale pour entrer dans l’Infinitude absolue de Son Cœur. Si nous ne saisissons pas cette opportunité constante, Dieu, le Père plein de Compassion ne pourra s’empêcher de dire : « Dors, mon enfant, dors. Tu es l’enfant de ma Patience éternelle. Je voulais que tu sois dans ma Lumière qui transforme toute chose. Puisque tu ne le veux pas, je devrai rester dans ta nuit sans yeux. »

LE DEVOIR SUPREME

Le poète chanta :
"Je m’endormis et rêvai que la vie était Beauté.
  Je me réveillai et découvris que la vie était Devoir."

Le devoir et la beauté sont comme le pôle Nord et le pôle Sud. Qu’est-ce que la beauté ? La beauté est l’unité du fini et de l’Infini. La beauté est l’expression de l’Infini à travers l’homme, le fini. La beauté est l’incarnation humaine de Dieu, l’Infini. Dans le monde matériel, dans le monde physique, Dieu Se révèle à travers la beauté.

La beauté de l’âme est sans égale dans le monde physique. Cette beauté inspire le monde extérieur et comble le monde intérieur. Cette beauté nous unit à l’Âme de Dieu, la Lumière infinie. Cette beauté nous unit au Corps de Dieu, l’univers. Lorsque nous vivons dans le monde de l’aspiration, nous comprenons que le Devoir transcendantal et la Beauté universelle sont les expressions parfaites d’une seule et même réalité.

Dieu pense à Son Devoir. Dieu médite sur Son Devoir. L’homme aime sa récompense. L’homme pleure pour sa récompense. Un devoir accompli inconditionnellement rend Dieu heureux et c’est ce qu’Il fait à tout instant.

Une récompense gagnée sans effort et constamment rend l’homme heureux, et c’est toujours ce qu’il attend et ce pour quoi il vit. Dans notre devoir humain, nous pensons à l’homme en l’homme. Dans notre devoir humain, nous voyons l’homme en l’homme. Autrement dit, nous aimons l’attachement dans l’ignorance.

Notre devoir divin est de méditer sur Dieu en l’homme. Notre devoir divin est de voir Dieu en l’homme. Autrement dit, d’aimer la Divinité en l’Immortalité.

Le devoir humain commence dans la contrainte et finit souvent dans la frustration et la répulsion. Le devoir divin commence dans la nécessité intérieure et finit dans un flot d’extase.

Dans notre vie quotidienne, le devoir est quelque chose de désagréable, exigeant et décourageant. Lorsqu’on nous rappelle notre devoir, nous perdons toute joie intérieure spontanée. Nous sommes malheureux et pensons que nous aurions mieux pu utiliser notre énergie. Le devoir est douloureux, ennuyeux et monotone, tout simplement parce que nous l’accomplissons avec notre ego, notre fierté et notre vanité. Le devoir est plaisant, encourageant et inspirant lorsqu’il est accompli pour l’amour de Dieu. Nous avons besoin de changer notre attitude face au devoir. En travaillant pour l’amour de Dieu, il n’y a pas de devoir. Tout est joie, tout est beauté. Chaque action doit être accomplie et offerte aux pieds de Dieu. Le devoir pour l’amour de Dieu est le devoir suprême.

Dans notre vie sans aspiration, nous remplissons des devoirs et considérons que le devoir est synonyme de travail pénible. Nous considérons également le devoir comme quelque chose d’imposé, tandis que la récompense est un plaisir des plus convoités. Dans notre vie d’aspiration, le devoir est volontaire, il n’est jamais obligatoire. Et la récompense est la joie pleine d’énergie du service désintéressé. Dans notre vie de réalisation, le devoir est notre fierté divine et la récompense est notre hauteur glorieuse et transcendantale.

Nous n’avons aucun droit d’entreprendre un autre devoir avant de travailler notre propre salut spirituel. Dieu ne nous a-t-Il pas confié cette merveilleuse tâche dès notre naissance ? Le devoir suprême est de travailler constamment pour la réalisation de Dieu. Le temps est court, mais la mission de notre âme sur terre est grande. Comment pouvons-nous perdre du temps ?

Aimez votre famille. C’est votre grand devoir. Aimez l’humanité davantage. C’est votre plus grand devoir. Aimez Dieu le plus. C’est votre plus grand devoir, votre devoir suprême.

Il y a deux choses : la mémoire et l’oubli. Nous savons tous que nous devons aller chercher notre salaire, c’est notre devoir, et nous ne l’oublions jamais. Mais l’autre devoir, celui de travailler, celui-là, nous l’oublions. Pour obtenir notre salaire, nous devons travailler. Mais curieusement, nous oublions cela. Dans la vie spirituelle également, il y a un devoir, qui est d’apprécier les fruits de la réalisation de Dieu. Nous le savons tous et nous accomplissons ce devoir avec ardeur. Mais malheureusement, nous oublions l’autre devoir : la méditation. Goûter les fruits est un devoir, les acquérir en est un autre. Mais nous sommes assez malins pour implorer les fruits de la réalisation bien avant d’entrer dans le champ de la méditation. Or sans méditation, il n’y a pas de réalisation. Sans méditation, la réalisation de Dieu n’est qu’une illusion.

Du point de vue spirituel, le devoir et la récompense vont ensemble. Ils sont comme les deux faces d’une même pièce. Le devoir est l’homme, l’aspiration, et la récompense est Dieu, la Réalisation, et Dieu, la Libération. Par ailleurs, le voyage éternel de l’homme, son voyage qui ne cesse de se transcender, est dans la récompense ; et Dieu, la Réalité qui ne cesse de transformer et de manifester ici sur terre comme au ciel, est dans le devoir.

Dans notre vie, avec ou sans aspiration, nous voyons que le devoir précède la récompense. Le devoir vient en premier, et il est suivi par la récompense. Dans la vie de la réalisation, c’est le contraire : la récompense vient avant le devoir. Comment ? Lorsque Dieu offre à quelqu’un Sa Hauteur transcendantale, ou Son Illumination la plus élevée, cela signifie qu’Il lui a déjà accordé la pleine réalisation. Dieu l’a accepté comme Son instrument choisi. Cette acceptation comme Son instrument choisi indique qu’il a déjà reçu la plus grande récompense de Dieu. Plus tard, Dieu lui expliquera son devoir : aimer l’humanité, aider l’humanité, servir la divinité en l’humanité, révéler Dieu, la Compassion éternelle et manifester Dieu la Sollicitude éternelle sur terre, ici et maintenant.

LA SPIRITUALITE : LA FONTAINE DE LA PAIX MONDIALE

La spiritualité est aspiration. La spiritualité est Yoga. Une fois que nous saurons ce que nous pouvons attendre de l’aspiration et du Yoga, la paix du monde ne sera plus loin. L’aspiration est la soif consciente de l’aspirant d’une réalité plus profonde. Le Yoga est l’union consciente de l’aspirant à Dieu.

L’aspiration conduit l’homme à la Conscience de Dieu. Le Yoga offre la Conscience de Dieu à l’homme. L’aspiration reconduit l’homme à la Source. Le Yoga inonde la conscience de l’homme de la Lumière, de la Paix, de la Béatitude et de la Puissance de l’Au-delà.

Pourquoi aspirons-nous ? Nous aspirons parce que nous aimons Dieu et parce que nous voulons être aimés par Dieu. Pourquoi pratiquons-nous le Yoga ? Nous pratiquons le Yoga parce que nous pensons que notre réalisation sur terre ne pourra se faire que lorsque nous aurons révélé et manifesté la Divinité et la Réalité de Dieu ici sur terre.

Lorsque nous aspirons, nous allons bien au-delà du domaine du mental physique et nous nous asseyons aux Pieds de Dieu, la Lumière. Lorsque nous pratiquons le Yoga, nous plongeons profondément en nous, là où nous voyons Dieu et Lui parlons face à face.

Celui qui n’a pas d’aspiration ne peut jamais se libérer de l’ignorance profonde et celui qui ne pratique pas le Yoga ne peut ni recevoir, ni accomplir la Lumière infinie.

Ici sur terre, nous possédons deux instruments essentiels : l’un est le mental, l’autre le cœur. Très souvent, le mental que nous utilisons est le mental qui doute, et le cœur que nous utilisons est le cœur rempli de crainte. Mais malheureusement, le mental sceptique ne peut jamais aspirer, et le cœur craintif ne peut jamais pratiquer le Yoga.

La véritable aspiration et les innombrables faiblesses humaines ne peuvent jamais aller ensemble. Le véritable Yoga et la vie de plaisirs obscurs ne peuvent pas aller ensemble. L’aspiration constante et la divinité qui réalise toute chose peuvent et doivent aller ensemble. Le Yoga le plus élevé, qui est la soumission consciente à la Volonté de Dieu, et la Vie de Dieu vont toujours ensemble.

L’aspiration dit à l’homme qu’il pourra voir la vérité de l’Au-delà. Le Yoga va un pas plus loin. Le Yoga dit à l’homme que la vérité de l’Au-delà est en lui. Enfin, Dieu vient et dit à l’homme : « Mon enfant, tu es la vérité de l’Au-delà. Tu es Mon Au-delà. »

La spiritualité est la fontaine de paix mondiale ; la spiritualité est l’aboutissement de toutes les responsabilités. La raison en est que la divinité est le droit de naissance de la spiritualité. Lorsque quelqu’un touche le pied d’un arbre, sa conscience entre dans l’arbre : dans les branches, dans les feuilles, dans les fruits et les fleurs. Au sens spirituel, Dieu est l’arbre, et les feuilles, les fruits, les branches et les fleurs sont les êtres humains. Lorsque vous touchez les Pieds de Dieu, votre conscience entre dans Sa conscience universelle et dans les êtres infinis de Sa manifestation.

Nous avons chacun notre propre manière de définir la paix. Un enfant trouvera la paix dans le bruit et l’activité. C’est là son épanouissement et c’est là qu’il y trouve la paix. Un adulte trouvera sa paix ailleurs, dans le sentiment de pouvoir s’imposer au monde. Et au soir de sa vie, un vieil homme trouvera sa paix si le monde reconnaît sa grandeur ou si Mère Terre lui offre sa gratitude. Il trouve qu’il a beaucoup fait pour l’humanité et pour Mère Terre, et il attend quelque chose en retour. Il ne sera en paix qu’une fois son attente comblée.

Cela dit, la paix ne peut jamais descendre sur celui qui ne la recherche pas sincèrement. L’enfant ne peut pas trouver de véritable paix en courant dans tous les sens. Il finira par être frustré par son soi-disant accomplissement. Un jour, il priera Dieu pour une vie calme et tranquille. Il trouvera alors la paix.

L’adulte qui veut trouver la paix, la vraie paix, doit comprendre qu’il ne peut l’obtenir en possédant le monde ou en le gouvernant. Ce n’est qu’en offrant au monde entier ce qu’il a et ce qu’il est, consciemment et sans réserves, qu’il trouvera la paix.

Le vieil homme qui disparaîtra bientôt derrière le rideau de l’Éternité ne peut trouver la paix que s’il nourrit la pensée qu’il n’est pas un mendiant, mais un roi. Il était un roi et il l’est toujours. Il a offert sa richesse intérieure et extérieure à l’humanité et à Mère Terre. Si au soir de sa vie, il n’attend rien du monde, sa conscience intérieure et son être extérieur seront inondés de paix.

La paix mondiale n’apparaîtra que lorsque la prétendue attente de l’homme prendra fin. La paix mondiale ne peut poindre que lorsque chacun comprendra cette Vérité suprême :

"L’amour est la révélation de la vie et
  La vie est la manifestation de l’amour."

La paix du monde ne pourra être établie que lorsque chaque nation ressentira consciemment que les autres êtres humains, les autres nations, n’ont pas besoin de dépendre d’elle. Aucune nation n’est indispensable ; mais si une nation en aide une autre avec dévotion et inconditionnellement, le monde sera inondé d’une paix satisfaisante.

La spiritualité est l’accomplissement de toute responsabilité. Notre responsabilité est d’aimer le monde. Notre responsabilité est de satisfaire le monde. Nous connaissons nos propres responsabilités, innombrables. Mais lorsque nous pensons au monde, nous ne le faisons malheureusement pas de manière divine ou appropriée. Aussitôt, le monde se méprend sur nous et il nous semble impossible d’avoir une relation intérieure avec lui. On peut comparer cette situation à celle d’une mère et son fils. En dépit de ses meilleures intentions, la mère trouve difficile de satisfaire son fils. Elle pense à lui à sa propre manière, et son fils fait de même, il comprend sa mère à sa propre manière. Ce manque de communication fait que la mère et le fils ne trouvent aucune joie à remplir leurs responsabilités l’un envers l’autre.

Nous aimons le monde ; nous devons aimer le monde ; c’est notre responsabilité. Que se passe-t-il lorsque nous essayons d’aimer le monde ou de remplir notre responsabilité face au monde ? Nous essayons de posséder le monde et de l’attacher à nous, et ce faisant, nous voyons que nous avons déjà été possédés et attachés par le monde. Nous avions une opportunité sublime de remplir notre responsabilité envers le monde, mais nous l’avons très mal utilisée.

Nous voulons satisfaire le monde, mais comment est-ce possible si nous-mêmes ne sommes pas satisfaits de notre propre vie ? Tenter de satisfaire les autres alors qu’on n’est pas satisfait de sa propre existence intérieure et extérieure est une véritable absurdité. Dieu nous a donné une grande bouche et nous essayons de satisfaire les autres avec cette bouche, mais notre cœur est un désert aride. Sans aspiration, comment pouvons-nous offrir la paix, la joie et l’amour au monde ? Comment pouvons-nous offrir quoi que ce soit de divin si nous ne pratiquons pas ce que nous prêchons ? Si nous ne suivons pas la voie de la spiritualité, nous ne ferons que prêcher ; ce sera un jeu à sens unique. Mais si nous pratiquons vraiment le Yoga, nous vivrons réellement la vérité. Notre prédication ne portera de fruits que si elle est pratiquée.

Comment remplir nos responsabilités ? Nous avons essayé de manière humaine, mais en vain. Nous avons de bonnes pensées et de bonnes idées pour le monde, mais le monde reste exactement le même que ce qu’il était hier. Nous aimons le monde, mais le monde reste plein de cruauté et de haine. Nous essayons de satisfaire le monde, mais le monde ne veut pas être satisfait. C’est comme s’il avait fait le vœu de ne jamais se permettre la moindre satisfaction. Et pourquoi en est-il ainsi ? Parce que nous n’avons pas satisfait notre Pilote intérieur, Celui que nous devons satisfaire en premier. Sans aspiration pour satisfaire notre Pilote intérieur, comment pouvons-nous offrir de la paix, de la joie et de l’amour au monde ? Tant que nous n’aurons pas satisfait le Pilote intérieur, le monde restera toujours un champ de bataille où combattront les soldats de la peur, du doute, de l’anxiété, des soucis, des imperfections, des limites et des attachements ; et consciemment ou inconsciemment, nous jouerons avec ces soldats non divins. La peur, le doute, l’anxiété, les soucis et les instincts animaux ne peuvent jamais nous offrir la paix mondiale.

Cependant, la divinité supplie du fond de nous-même de faire surface. Les soldats divins sont notre simplicité, notre sincérité, notre pureté, notre humilité et notre sentiment d’unité. Ces soldats sont tout à fait prêts et impatients de lutter contre la peur, le doute, l’anxiété et les soucis. Malheureusement, nous ne nous identifions pas consciemment à ces soldats divins. Nous nous identifions consciemment ou inconsciemment aux soldats non divins. C’est pourquoi la paix dans le monde reste encore un rêve lointain. La paix du monde ne pourra être accomplie, révélée, offerte et manifestée sur terre que lorsque le pouvoir divin de l’amour remplacera l’amour non divin du pouvoir.

Question: Comment peut-on pratiquement donner de l’amour et de la sollicitude au monde ?

Sri Chinmoy: Quelque chose de pratique vient spontanément de l’intérieur, et non pas de l’extérieur. Lorsque vous vous levez le matin, s’il vous vient à l’esprit l’idée d’aimer le monde et de vous occuper de lui, c’est une idée pratique. Comment transformer cette idée pratique en réalité fertile ? Le matin ou le soir, vous pouvez ajouter ces mots à votre prière habituelle: « Ô Seigneur, je souhaite à ce monde d’être un monde meilleur, plus rayonnant et plus satisfaisant, par Ta Grâce infinie. » Dieu est le Créateur et le Tuteur de ce monde. Si votre prière atteint le Créateur, ce qui ne saurait manquer si elle est sincère et intense, Il conduira votre sollicitude et votre amour pour le monde dans le champ de la manifestation.

Vous êtes ici, en tant qu’individu ; vous ne pouvez pas être ailleurs en même temps. Mais votre prière, votre aspiration, peut approcher Celui qui est omniprésent. Nous prions et nous méditons tous dans cette pièce, mais spirituellement, nous répandons cette paix et cet amour dans le monde. Nous sommes limités physiquement dans cette pièce, mais spirituellement, nous volons comme des oiseaux et nos ailes sont déployées avec toute la paix, la joie et l’amour.

Vous pouvez nommer expérience pratique ce que vous ressentez ou ce que vous voyez. Par exemple, nous venons de méditer quinze ou vingt minutes. Pendant tout ce temps, notre expérience de paix intérieure et d’amour était une expérience absolument pratique. Ces choses étaient très tangibles pour nous. La semaine prochaine, pendant que vous prierez ou que vous méditerez ici, observez-vous. La paix, la joie et l’amour que vous recevez ne sont-ils pas une réalité ?

Nous pouvons facilement donner aux autres ce que nous recevons, mais par un procédé intérieur. Et la meilleure manière de conduire ce procédé est en nous rapprochant de la Source. Nous savons que nous ne pouvons pas aller partout et que nous ne pouvons pas approcher tout le monde pendant notre prière. Mais Quelqu’un peut le faire pour nous, et c’est Dieu. Pendant notre prière, si nous Lui demandons d’offrir la paix, la sollicitude et l’amour au monde entier, Il peut le faire. Et s’Il est content de notre requête, Il le fera naturellement. Notre communion quotidienne avec Dieu est donc la meilleure manière pour nous d’offrir au monde notre amour et notre sollicitude.

LE HEROS POURSUIT SA ROUTE

Lui qui a aimé ce monde
N’a recueilli que d’insupportables tourments.
Le monde a jeté sur lui
Toute sa laideur, sa saleté,
Sa boue et son impureté.
Et pourtant, le héros poursuit sa route,
Portant le lourd fardeau du monde entier.
Au terme d’innombrables combats,
Il ira se tenir aux Pieds
De son Seigneur Suprême.

COMMENT CHANGER L’HUMANITE

Pour changer l’humanité,
Commence par refondre
La forme défectueuse de ta propre âme.
Tes yeux verront aussitôt
Que finalement, rien alentour ne reste inchangé.

Question: Pensez-vous que les frontières nationales et les dogmes politiques divisent les hommes en des camps différents et créent un environnement peu spirituel qui fait de la paix quelque chose de difficile à atteindre, que ce soit pour l’individu comme pour la nation ?

Sri Chinmoy: Je pense absolument que les frontières nationales et les dogmes handicapent la croissance de notre conscience humaine en plein développement ; mais c’est l’élévation du mental et de l’esprit individuels qui doit précéder l’éveil de nos institutions sociales comme les églises et les gouvernements. C’est l’élite spirituelle et intellectuelle qui peut insuffler sa lumière à la masse populaire et l’éclairer. Nous le savons, les politiques des institutions et des nations incarnent en général la conscience générale. Ces politiques peuvent considérablement être influencées par des individus éclairés. Mère Inde en particulier a vu naître de nombreuses âmes éclairées, et elle en compte encore beaucoup aujourd’hui.

Le Temps finira lui-même par créer une ouverture afin que la conscience spirituelle puisse se diffuser parmi les individus et la société. Ce n’est qu’une question de temps. Quant à nous, nous devons faire un effort spirituel afin que les forces supérieures d’en haut descendent et touchent les profondeurs mêmes de nos cœurs en quête. Le fossé que nous voyons actuellement entre notre aspiration et ses résultats dans la société disparaîtra alors.

Question: Si l’homme, insatisfait du monde, s’en retire pour trouver des plans d’existence supérieurs, comment l’humanité pourra-t-elle établir la paix et le bonheur sur terre ?

Sri Chinmoy: Le monde entier est imperfection. La vie est une énorme question. On voit le mal partout. Voilà les problèmes auxquels nous faisons face quotidiennement. De plus, plus un homme est spirituellement avancé, plus grande est sa souffrance devant les conditions actuelles du monde. Il voit la maladie, il la ressent ; mais il n’a pas de remède et même s’il en avait un, il ne suffirait pas à soigner tous les maux terrestres. Il pense souvent que son combat sera vain alors il prend la voie la plus facile, celle de s’évader dans la béatitude des plans de conscience supérieurs.

Cela ne pourra jamais être la solution du guerrier divin qui se battra jusqu’à la victoire. Qu’entend-on par victoire ? C’est l’établissement du Royaume de Dieu ici sur terre, et non pas simplement dans les mondes supérieurs. Comme il sait que le Divin est omniprésent, il cherche à Le révéler dans la vie quotidienne. Le fait de ne pas être satisfait du monde tel qu’il est n’est pas une raison pour l’abandonner. Au contraire, nous devrions essayer de le transformer, physiquement, intellectuellement ou spirituellement, selon notre propre développement et nos propres capacités. Dieu est la parfaite Perfection qui ne peut être atteinte qu’en présence d’une union inséparable entre la matière et l’esprit, entre la vie extérieure et la vie intérieure.

Certains ne veulent que méditer. Ils ne veulent rien donner au monde. Ils ont acquis une certaine richesse intérieure, mais ils craignent que dès qu’ils essaieront de l’offrir au monde ignorant, ce monde ne les comprendra pas ou bien abusera d’eux. Alors ils agissent comme des avares. C’est égoïste. Par ailleurs, il y a ceux qui veulent donner mais ne veulent pas méditer. Cela est stupide. Si nous ne méditons pas, si nous ne possédons rien, qu’allons-nous donner ? Il y a beaucoup de gens sur terre qui sont prêts à donner, mais que possèdent-ils ? Nous devons jouer notre rôle. Nous devons commencer par accomplir quelque chose et ensuite, nous pourrons offrir. De cette manière, nous pouvons satisfaire Dieu et combler l’humanité.

Question: Quelle est la relation entre le silence et l’action ?

Sri Chinmoy: Il y a deux sortes de silence : le silence dynamique et le silence statique. Le silence statique se trouve dans une méditation profonde, qui est la préparation. Le silence dynamique se trouve dans l’action, qui est la manifestation. Le silence intérieur nous guide et nous illumine. Le silence extérieur nous révèle et nous manifeste. La prière, la méditation, la concentration et la contemplation sont le silence intérieur. Le dévouement, le service et l’action sont le silence extérieur. Dévouez-vous, accomplissez la Volonté de Dieu — mais seulement une fois que vous connaissez la Volonté de Dieu. Vous ne pouvez connaître la Volonté de Dieu qu’en pratiquant le silence intérieur. Sinon, si vous essayez d’aider l’humanité à votre propre manière, vous croirez servir Dieu mais en fait vous ne ferez que gonfler votre propre ego. Vous dites : « J’ai fait ceci ; j’ai fait cela. » Mais ce qui compte, c’est : avez-vous été inspiré par Dieu ? Êtes-vous mandaté par Dieu ? Si vos actions ne sont pas inspirées par Dieu, elles le sont par votre ego. Le service que vous offrirez au monde sera alors plein d’obscurité et d’imperfection.

Question. Comment peut-on accepter et aimer ses compatriotes ?

Sri Chinmoy: Il faut commencer par ressentir que votre compatriote fait partie intégrante de votre propre existence. J’ai deux yeux. Si mon œil gauche ne fonctionne pas aussi bien que mon œil droit, que vais-je faire ? Vais-je me fâcher contre mon œil gauche et me l’arracher ? Ou bien couvrir mon œil gauche et lui dire « Je ne vais plus te laisser voir » ? Non. Je dois ressentir de l’unité. J’accepte tout simplement que mon œil gauche soit moins capable que mon œil droit, mais il fait tout de même partie de moi. Si mon œil gauche ne voit pas bien, j’utilise aussi mon œil droit. Chaque fois que j’utilise mes yeux, j’utilise les deux yeux, et l’œil le plus fort travaille naturellement davantage.

Vous devez considérer les personnes qui se trouvent autour de vous comme les membres de votre propre corps. Sans eux, vous êtes incomplet. Chaque personne a un rôle à jouer. Votre pouce est bien plus fort que votre petit doigt, mais votre petit doigt a également sa fonction. Dieu nous a donné cinq doigts. Le majeur est certes le plus grand, mais si vous pensez que c’est une raison pour ne pas avoir besoin de vos doigts les plus courts, vous vous trompez complètement. Si vous voulez jouer du piano ou taper un texte, vous avez besoin de vos cinq doigts.

Vous ne pouvez aimer les gens autour de vous que si vous ressentez la nécessité d’une véritable perfection. Si vous restez isolé en tant qu’individu, votre réalisation spirituelle sera limitée, car ce n’est qu’en acceptant l’humanité comme une partie intégrale de votre propre vie, et en perfectionnant l’humanité grâce à votre propre illumination que vous pourrez vous parfaire vous-même.

316

Lorsque je suis toute dévotion à la lumière-service, je suis avec les actifs et pour les actifs.

NE CONVERTISSEZ PAS ET NE VOUS LAISSEZ PAS CONVERTIR

Ne convertissez pas.
Laissez-le avancer à sa propre manière.

Ne vous laissez pas convertir.
Vous devez avancer selon votre propre manière.

Ne convertissez pas.
Sa nuit-résistance
Dévorera votre joie intérieure.

Ne vous laissez pas convertir.
Votre nuit-résistance
Dévorera sa joie intérieure.

Dieu demandera à sa liberté
De vous aimer.
Dieu demandera à votre liberté
De le nourrir.

Ne convertissez pas,
Ne vous laissez pas convertir.

LE BUT DE L’AU-DELA

Obéissez et faites confiance,
Faites confiance et obéissez.
C’est là un chemin court
Vers le But de l’Au-delà.

Aimez et servez,
Servez et aimez.
C’est là un chemin plus court
Vers le But de l’Au-delà.

Soumettez-vous et offrez,
Offrez et soumettez-vous.
C’est là le chemin le plus court
Vers le But de l’Au-delà.

I — LA MEDITATION

INTRODUCTION

Pourquoi méditons-nous ? Nous méditons précisément parce que nous avons besoin de quelque chose. De quoi avons-nous besoin ? Du sentiment conscient d’unité avec le Suprême. Ce sentiment conscient doit être à la fois spontané et fervent.

Commençons par l’ABC de la méditation. La colonne vertébrale et le cou doivent être droits. La meilleure manière de méditer est de s’asseoir en tailleur sur le sol. Ceux pour lesquels il est impossible de s’asseoir par terre peuvent s’asseoir sur une chaise en maintenant leur dos bien droit. Si vous voulez méditer chez vous, ce que vous devriez faire fidèlement et avec dévotion chaque jour, essayez de réserver pour votre méditation un coin de votre chambre, un endroit sacré, qui sera absolument pur et sanctifié. Vous pouvez vous asseoir sur un petit coussin ou un tapis. Mettez des vêtements propres et de couleur claire. Si possible, brûlez de l’encens pendant votre méditation et placez des fleurs devant vous. Ceux qui sont mes disciples placeront ma photographie de méditation devant eux. Les autres auront une image de leur Maître, du Christ ou de toute autre personne spirituelle qu’ils préfèrent. Vous pouvez commencer votre méditation en répétant le nom du Suprême ou le nom de votre Maître spirituel. Je vous donne tous ces conseils en général, mais un jour viendra où vous découvrirez vous-mêmes des secrets intérieurs. Peut-être en avez-vous d’ailleurs déjà découvert quelques-uns.

Veillez s’il vous plaît à respirer correctement. Essayez d’inspirer aussi lentement et calmement que possible. Lorsque vous expirez, essayez de le faire plus lentement encore. Marquez si possible une légère pause entre la fin d’une expiration et le début de l’inspiration suivante. Si vous le pouvez, retenez votre souffle pendant quelques secondes ; mais ne le faites pas si cela vous est difficile. Ne faites jamais rien qui puisse nuire à vos organes ou à votre système respiratoire.

Ensuite, essayez de sentir à chaque inspiration que vous faites entrer une paix infinie dans votre corps. Le contraire de la paix est l’agitation. Lorsque vous expirez, sentez que vous rejetez l’agitation qui est en vous aussi bien que celle qui vous entoure. En respirant ainsi plusieurs fois de suite, vous vous apercevrez que votre agitation vous quitte. Essayez ensuite de sentir que vous inspirez la puissance de l’univers. Et lorsque vous expirez, sentez que votre peur quitte votre corps. Essayez d’imaginer que vous inspirez la joie, la joie infinie, et que vous expirez chagrins, souffrances et mélancolie.

Ceci est un système de respiration nommé pranayama : le prana est l’énergie vitale, le souffle de vie ; _yama signifie « contrôle ». Le Pranayama est donc le contrôle du souffle de vie. Le premier exercice que vous pouvez pratiquer consiste à répéter une fois, en inspirant, le nom de Dieu, du Christ ou de celui que vous adorez. Vous pouvez aussi répéter le mantra que votre maître vous a donné. Cette inspiration n’a pas besoin d’être longue ou profonde. Ensuite, retenez votre souffle et répétez ce même nom quatre fois. Puis, en expirant, répétez-le deux fois. Inspirez sur un temps, retenez votre respiration sur quatre temps et enfin expirez sur deux temps en répétant intérieurement le nom sacré. Le débutant commencera par respirer sur un, quatre et deux temps. Lorsqu’il sera bien habitué à ce rythme, il pourra le faire sur quatreseize_huit temps : inspiration sur quatre temps, retenue sur seize temps, expiration sur huit temps. Mais pour l’instant, je vous demande de ne pratiquer que le rythme un_quatre/deux. Vous pouvez pratiquer cette respiration pour purifier votre mental. Mais si vous recherchez davantage de pureté, vous pouvez faire un autre exercice spirituel, qui est très efficace : vous connaissez tous la signification de _Aum, le nom de Dieu. Pour commencer, le dimanche, répétez cent fois Aum_ou « Suprême ». Lundi, répétez-le deux cents fois‑; mardi, trois cents fois ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous atteigniez sept cents _Aum le samedi. Puis redescendez, à partir du dimanche : six cents, lundi, cinq cents, et ainsi de suite, jusqu’à cent. Si vous voulez établir la pureté partout, en vous et autour de vous, ceci est l’exercice spirituel le plus efficace. Certains de mes élèves l’ont pratiqué, et je dois dire qu’ils ont obtenu une purification considérable de leur nature et de leurs problèmes émotionnels. Sans pureté, aucune qualité divine ne peut rester de façon permanente dans notre nature, dans notre corps, dans notre système ou dans notre vie. Si nous manquons de pureté, aucune vérité divine ne peut rester en nous de façon permanente. Mais dès qu’il y a de la pureté, la paix, la lumière, la béatitude et la puissance peuvent agir de façon très bénéfique. Cela ne veut pas dire que je vous considère tous impurs, loin de là. Mais la nature et la vie les plus pures recevront toujours les bénédictions les plus profondes du Suprême. Plus nous sommes purs et plus nous sommes proches du Suprême.

Venons-en maintenant au problème des pensées. La plupart d’entre nous sommes victimes de pensées dès le moment où nous entrons dans la méditation — que ce soient des pensées vilaines, laides, stupides ou effrayantes. Comment se libérer de telles attaques ? La première chose à se demander c’est si les pensées qui nous attaquent viennent du monde extérieur ou bien de nos profondeurs intimes. Au début, je dois dire qu’il est difficile de distinguer les pensées qui viennent de l’extérieur de celles qui surgissent de l’intérieur. Mais nous serons progressivement capables de reconnaître les pensées qui viennent de l’extérieur, et celles-ci sont plus faciles à repousser que les pensées qui viennent de l’intérieur.

Supposons que vous ayez commencé votre méditation, et un flot de pensées et d’idées impures venant de l’extérieur entre en vous. Lorsque vous voyez une pensée sur le point de vous aborder, il faut d’abord savoir s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise pensée, d’une pensée divine ou non. S’il s’agit d’une pensée divine, accueillez-la, bien sûr. Si c’est une pensée sur Dieu ou sur la joie divine, l’amour divin, la beauté ou la pureté, permettez à cette pensée d’entrer en vous et laissez-la jouer, laissez-la s’épanouir en vous. Vous pouvez même essayer de suivre cette pensée. Si elle a trait à la Grâce, à la divinité, l’infinité, l’éternité, l’immortalité, essayez de voir où cette pensée va et suivez-la comme un chien fidèle. Par contre, s’il s’agit d’une mauvaise pensée, contrez-la immédiatement avec la volonté de votre âme. Rassemblez toute la volonté de votre âme depuis votre cœur et portez-la juste devant votre front. Dès que la pensée verra la volonté de votre âme, elle disparaîtra sans aucun doute. Maintenant je voudrais parler des pensées que nous avons déjà accumulées en nous. Lorsque nous voyons une pensée non divine, absolument impure et obscure, surgir du fond de nous-mêmes, nous devons aussitôt essayer de nous en débarrasser. Un moyen consiste à ressentir que nous avons un trou juste au sommet de notre tête et que la pensée est comme un canal ou une rivière qui s’en échappe pour ne plus revenir. Elle est partie et nous l’avons perdue à jamais. Une autre manière consiste à ressentir que nous sommes l’océan infini et que ces pensées sont comme des poissons. Nous sommes les profondeurs de l’océan, avec son atmosphère calme et paisible de tranquillité. Le jeu des poissons à la surface ne peut jamais nous déranger.

Je vous conseille à tous de commencer dès maintenant par lutter contre les pensées extérieures et de laisser les pensées intérieures à plus tard. Mais bien sûr, si vous avez des pensées intérieures divines, positives, encourageantes et inspirantes, vous pouvez les suivre et les voir comme des pieds, comme les pieds de l’Infini, de la Lumière infinie, ou encore de la Béatitude infinie qui peuvent emmener votre corps, votre mental, votre cœur et votre âme vers des sphères supérieures.

Parlons maintenant de la méditation plus profonde. Ceux qui méditent sur le chakra ajna (le troisième œil), devraient également pratiquer la concentration sur le cœur. Si le cœur reste aride, autrement dit, si le centre du cœur n’est pas ouvert alors que le troisième centre l’est, cela risque de mener à beaucoup de confusion dans votre nature. Si le troisième œil n’est pas inondé de la pureté du cœur, vous aurez d’une part une certaine vision, mais d’autre part, vous serez victime d’impitoyables tentations. Vous essayerez par exemple de voir ce qui se passe dans quelqu’un. Il y a des milliers de choses qui pourront vous emporter très loin de la voie de la spiritualité. Certaines personnes ont ouvert leur troisième œil sans avoir ouvert leur centre du cœur, et par la Grâce du Suprême, n’ont pas abusé de leur capacité de vision ; mais il est toujours plus sûr de commencer par se concentrer sur le centre du cœur. Tant que la partie émotionnelle de notre nature humaine n’est pas totalement purifiée, il est très dangereux pour nous d’ouvrir le troisième œil.

Alors concentrez-vous d’abord sur le centre du cœur. Ce centre s’appelle anahata. Vous y trouverez toute la joie et l’amour possible. Dans ce monde, de quoi avons-nous besoin ? De joie et d’amour. Lorsque nous aurons réalisé la joie et l’amour, nous pourrons apprécier la vision ou la sagesse dans notre troisième œil. Les femmes, sans exception, devraient essayer de méditer sur le centre du cœur. Il est plus facile pour elles que pour les hommes d’ouvrir le centre du cœur. Pour les hommes, il est plus facile d’ouvrir le troisième œil.

Lors de votre méditation individuelle quotidienne, essayez de méditer seul. Cette règle ne s’applique pas aux couples suivant l’enseignement d’un même maître spirituel. Mari et femme peuvent alors méditer ensemble. De même, des amis spirituels très proches, qui se comprennent parfaitement dans leur vie intérieure, peuvent méditer ensemble. Dans nos Centres, les disciples doivent méditer ensemble, mais pour ce qui est de votre méditation individuelle, il vaut mieux la pratiquer dans l’intimité de votre propre autel.

Selon les visionnaires, les sages et les Maîtres spirituels indiens, l’heure la plus propice à la méditation est entre trois heures et quatre heures du matin. On appelle cette heure Brahma Muhurta, l’heure de Brahman, la meilleure heure. Mais ici, en occident, si vous vous couchez tard, la meilleure heure pour vous est cinq heures et demie ou six heures. L’heure précise doit être fixée selon chaque individu et selon sa capacité. Il s’agit là de la première méditation de la journée. Si vous pouvez méditer à nouveau une dizaine de minutes entre midi et midi et demi, c’est parfait. Mais cette méditation ne peut se pratiquer dans la rue. Un jour viendra où vous pourrez méditer n’importe où, lors de n’importe quelle activité. Mais pour l’instant, il est préférable pour vous de méditer à l’intérieur, dans un endroit approprié.

Plus tard, au coucher du soleil, vous pouvez méditer dix minutes sur le soleil. Sentez que vous ne faites plus qu’un avec le soleil, avec la nature cosmique. Vous avez joué votre rôle de manière satisfaisante pendant la journée et vous allez maintenant prendre congé. Tel doit être votre sentiment.

Enfin, méditez au moment de vous retirer pour la nuit, quelle que soit l’heure à laquelle vous vous couchez. Il est toujours préférable de se coucher vers onze heures du soir. Mais la nécessité ne connaît pas de loi. Si vous êtes obligé de travailler la nuit, cela est sans gravité. Chacun devrait méditer à sa propre manière. Il arrive que des personnes me demandent quoi faire lorsqu’elles n’ont pas eu une bonne méditation, lorsqu’elles sont agitées. Si un jour, vous trouvez qu’il est difficile de méditer, ne vous forcez pas. Pour ceux qui sont mes disciples, contentez-vous de regarder ma photographie, une photographie qui a été prise lorsque je me trouvai dans un état de conscience élevée. N’essayez pas de méditer, ni même de vous concentrer. Regardez simplement ma photographie, mes yeux ou mon front, ou mon nez. Regardez simplement. Si vous suivez une autre voie ou que vous n’avez pas de Guru, et si vous avez une autre image ou quelque chose de spirituel sur quoi vous concentrer, concentrez-vous dessus et n’essayez pas de vous forcer à méditer. Ne vous sentez pas non plus pitoyable au moment de vous lever pour vous rendre à votre travail, parce que vous n’avez pas réussi à méditer. Si vous ressentez que votre être intérieur est mécontent de vous ou si vous êtes mécontent de vous-même, vous vous trompez lourdement. Si vous ne pouvez pas méditer un jour, laissez-en la responsabilité à votre Maître ou à Dieu. Ne vous sentez jamais désolé, autrement le progrès que vous avez fait la veille ou l’avant-veille sera amoindri.

Certains veulent méditer dans la position allongée. Mais je dois vous dire que cela n’est pas du tout à conseiller aux débutants, ni même à ceux qui méditent depuis plusieurs années. Cela ne peut convenir qu’aux chercheurs les plus avancés et aux âmes réalisées. Si d’autres personnes essaient de méditer allongées, elles ne feront qu’entrer dans le monde du sommeil, ou partir à la dérive dans une sorte d’assoupissement intérieur. De plus, la respiration dans la position couchée n’est pas aussi satisfaisante que dans la position assise, puisqu’elle n’est ni consciente ni contrôlée. Évitez de prendre un repas important avant votre méditation. Observez un minimum de deux heures entre votre repas et votre méditation. Mais si vous êtes tiraillé par la faim, et sachant que si vous mangez, il vous faudra attendre deux heures avant de méditer, buvez un peu d’eau ou de jus de fruits. Vous ne devriez pas méditer si vous mourez de faim. Si le singe de la faim vous mord, nourrissez-le un peu pour le calmer quelques minutes. Si vous voulez manger après la méditation, attendez une demi-heure que votre système assimile les fruits de la méditation. Pendant cette demi-heure, vous pouvez bouger ou lire si vous voulez. Vous pouvez boire une petite quantité de lait, d’eau ou de jus, mais attendez pour prendre un repas complet.

320

La concentration nous rend perceptifs. La méditation nous rend réceptifs. La contemplation nous rend intuitifs.

321

A moment of gratitude offered to God is an hour of most intense meditation on God.

Question: Je ne suis encore jamais venu à votre Centre. J’ai lu quelques livres mais je suis débutant en méditation.

Sri Chinmoy: Les livres vous ont inspiré à entrer dans le domaine de l’aspiration. Ici, nous aspirons tous à atteindre le Plus-haut et à réaliser le Plus-haut.

Dans la vie spirituelle, lorsque vous êtes en présence d’un Maître spirituel, vous recevez selon votre capacité ou votre réceptivité. Vous êtes débutant, mais cela ne veut pas dire pour autant que quelque chose vous sera refusé. Tout le monde a été débutant. Dans une école, un débutant ne peut aller s’asseoir près de quelqu’un qui est dans une classe supérieure, parce que le niveau de leurs cours ne sera pas le même. Mais dans la vie spirituelle, vous devez ressentir votre unité intérieure avec ceux qui sont devant vous. Vous devez également vous demander jusqu’où vous voulez aller, en distance et en profondeur. Vous êtes débutant, mais vous n’avez pas besoin d’être frustré. Votre imploration sincère peut vous faire nager dans l’océan de l’aspiration. C’est votre propre sincérité qui accélérera facilement votre quête intérieure pour la réalisation ultime.

Question: Comment apprendre à méditer ? Je crois en Dieu, mais il m’est très difficile de méditer.

Sri Chinmoy: La meilleure manière d’apprendre à méditer est de fréquenter des personnes qui méditent depuis un certain temps. Même si elles ne sont pas en mesure de vous enseigner la méditation, ces personnes pourront vous inspirer. Si vous avez des amis qui savent comment méditer, asseyez-vous près d’eux lorsqu’ils méditent. Inconsciemment, votre être intérieur saura tirer d’eux une certaine force de méditation. Vous ne leur déroberez rien, mais votre être intérieur trouvera de l’aide auprès d’elles sans avoir besoin de connaissance extérieure.

Si vous voulez suivre la guidance d’un Maître spirituel, son seul regard silencieux vous enseignera la méditation. Nul besoin pour lui de vous l’expliquer de vive voix ou de vous proposer une technique particulière ni un mantra. Le simple fait qu’il médite sur vous suffira à vous apprendre intérieurement comment méditer. Votre âme entrera dans la sienne pour en recevoir son enseignement, la connaissance de la manière dont vous devez méditer.

Sur le plan extérieur, je n’ai donné de méthode de méditation particulière qu’à très peu de disciples. Mais j’en ai quelques centaines, et la plupart d’entre eux savent comment méditer. Comment apprennent-ils ? Lorsque je médite dans les Centres ou à des rencontres publiques, ils voient et ressentent quelque chose en moi. Quelle partie d’eux voit cela ? C’est leur âme qui entre dans la mienne et qui apprend de mon âme. Ensuite, avec cette sagesse reçue, ils peuvent apprendre à d’autres aspirants comment méditer. Tous les Maîtres spirituels authentiques enseignent la méditation à leurs disciples ou aux personnes qui les apprécient de cette manière, en silence. Lorsqu’un Maître spirituel authentique médite, la Paix, la Lumière et la Béatitude descendent d’en haut et entrent dans les aspirants sincères qui apprennent à méditer automatiquement, de l’intérieur.

Si vous avez un Maître, il est plus facile d’apprendre à méditer, parce que vous bénéficiez du soutien de son attention consciente. Mais si vous ne voulez pas suivre une voie particulière, ou si vous ne voulez pas suivre la guidance d’un Maître spirituel, si vous voulez simplement apprendre un peu à méditer sans aller jusqu’à la réalisation de Dieu, la meilleure chose à faire est de fréquenter des personnes spirituelles en qui vous avez confiance. Elles vous aideront inconsciemment. Mais ce procédé ne vous conduira pas à votre But. Vous apprendrez à marcher, mais vous ne pourrez pas marcher vite, ni courir vite, plus vite, au plus vite, vers votre But. Pour cela, vous aurez besoin des cours supérieurs, intérieurs et plus profonds d’un Maître spirituel.

LA CONCENTRATION

La concentration est la flèche.
La méditation est l’arc.

Si vous voulez aiguiser vos facultés, concentrez-vous. Si vous voulez vous abandonner, méditez.

La concentration a pour tâche de dégager la route, la méditation cherche à aller au plus profond ou bien au plus haut.

La concentration veut saisir la connaissance qu’elle vise. La méditation veut s’identifier à la connaissance qu’elle recherche.

Un aspirant a deux professeurs authentiques : la concentration et la méditation. La concentration est toujours stricte avec l’étudiant ; la méditation l’est parfois. Mais toutes les deux suivent solennellement les progrès de leurs étudiants.

La concentration dit à Dieu : « Père, je viens à Vous. »

La méditation dit à Dieu : « Père, venez à moi. »

La concentration est le commandant qui ordonne l’attention à la conscience dispersée.

La concentration et la fermeté absolue sont des guerriers divins non seulement inséparables, mais également interdépendants.

La concentration ne permet pas au voleur, le Dérangement, de pénétrer dans son armure. La méditation l’y autorise. Pourquoi ? Simplement pour attraper le voleur sur le fait.

La concentration provoque l’ennemi au duel et le combat pour le chasser. La méditation amoindrit le défi de l’ennemi avec un sourire silencieux.

Question: Quelle est la différence entre concentration, méditation et contemplation ?

Sri Chinmoy: Lorsqu’on se concentre, on ne permet à aucune pensée d’entrer dans son mental, qu’elle soit divine ou non, terrestre ou céleste, bonne ou mauvaise. Pendant la concentration, le mental doit se focaliser entièrement sur un objet ou un sujet donné. Si l’on se concentre sur le pétale d’une fleur, on s’efforce de ressentir que plus rien n’existe au monde en dehors de ce pétale. On ne laisse pas son regard se poser à droite ou à gauche ; on s’efforce de percer l’objet au moyen de sa concentration aiguisée, sans pour autant le pénétrer de manière agressive. La concentration vient tout droit de la volonté inébranlable de l’âme ou de la force de la volonté.

Très souvent, j’entends des aspirants dire qu’ils ne peuvent se concentrer plus de cinq minutes sans éprouver un mal de tête ou avoir l’impression que leur tête va exploser. Pourquoi ? Parce que la force de leur concentration vient du mental intellectuel, ou, pourrait-on dire, du mental discipliné. Le mental sait au moins une chose, c’est qu’il ne doit pas vagabonder. Mais pour fonctionner correctement, de manière éclairée, il doit recevoir la lumière de l’âme. Une fois que la lumière de l’âme accède au mental, il est extrêmement facile de se concentrer sur quelque chose pendant deux ou trois heures, ou aussi longtemps que vous le voulez. Pendant ce temps, il ne peut y avoir ni pensées, ni doutes, ni peurs. Aucune force négative ne peut entrer dans votre mental s’il est empli de la lumière de l’âme.

Lorsqu’on se concentre, on doit ressentir que la force de la concentration vient du cœur, puis monte vers le troisième œil. L’âme se trouve dans le centre du cœur. Lorsqu’on pense à l’âme, il est préférable de n’avoir aucune idée préconçue sur elle, de ne pas chercher à imaginer à quoi elle ressemble. On peut voir en elle la représentante de Dieu, ou encore une lumière et une félicité infinies. Dans la concentration, on essaie de sentir que la lumière de l’âme vient du cœur et passe à travers le troisième œil. Alors, muni de cette lumière, on entre à l’intérieur de l’objet de la concentration pour s’identifier à lui et pour finalement découvrir la Vérité ultime qui s’y cache.

Tout ce que la concentration peut faire dans notre quotidien est inimaginable. La concentration est la manière la plus sûre d’atteindre notre but, que le but soit la réalisation de Dieu ou simplement la satisfaction de désirs humains. C’est la concentration qui agit comme une flèche et atteint la cible. Celui qui n’a pas de force de concentration ne vaut pas mieux qu’un singe. Un véritable aspirant finit par atteindre la force de concentration, que ce soit par la Grâce de Dieu, une pratique constante ou encore à travers son aspiration. Chaque chercheur spirituel peut proclamer qu’il possède en lui un héros divin, un guerrier divin. Quel est ce guerrier divin ? C’est sa concentration.

Lorsqu’on se concentre, il faut se concentrer sur quelque chose en particulier. Si je me concentre sur un certain disciple, je n’aurai que cette personne à l’esprit. Il devient à ce moment-là le seul objet de mon attention. Mais lorsqu’on médite, on se découvre la capacité de voir la multitude, de traiter la multitude et d’accueillir la multitude dans son ensemble. Lorsqu’on médite, on s’efforce d’élargir sa conscience pour englober l’océan infini ou bien le ciel bleu immense. On se déploie comme un oiseau déploie ses ailes. On doit déployer notre conscience finie pour entrer dans la Conscience universelle où l’on ne trouve plus ni peur, ni jalousie, ni doute, mais uniquement de la joie, de la paix et de la puissance divines.

Lorsqu’on médite, on entre dans un mental vide, calme, tranquille et silencieux. On va au fond de soi et on approche sa véritable existence, ou son âme. En vivant dans l’âme, on se sent méditer spontanément. À la surface de l’océan, il y a une multitude de vagues qui n’affectent pas ses profondeurs. Et au plus profond de l’océan règne le calme.

Méditer, c’est aller au fond de l’océan, où tout n’est que calme et tranquillité. Une multitude de vagues à beau agiter la surface de l’océan, ses profondeurs n’en sont pas affectées pour autant. Elles demeurent dans le silence. Lorsqu’on médite, on essaie d’abord d’atteindre sa propre existence intérieure, sa véritable identité, ou si vous préférez, le fond de l’océan. De sorte que lorsque les vagues du monde extérieur déferlent, elles ne nous touchent plus. La peur, le doute, l’inquiétude et tous nos tourments quotidiens s’évanouissent d’eux-mêmes ; une paix indestructible s’est désormais installée en nous. Notre esprit est pénétré par la paix, le silence et le sentiment d’union avec la Divinité. Tels des poissons dans l’eau, nos pensées nagent et bondissent sans laisser de traces. Lorsque nous sommes dans notre méditation la plus élevée, nous sommes semblables à l’océan, dont les créatures qui l’habitent n’inquiètent point la majesté ; au ciel, dont les oiseaux ne troublent pas la sérénité. Notre esprit est le ciel, notre cœur est l’océan infini. Voilà ce qu’est la méditation.

Dans la méditation, on ne souhaite qu’une seule chose : communier avec Dieu. Et de même que vous me comprenez parce que je m’exprime en votre langue, la méditation vous permet de converser avec Dieu, car elle est le langage employé à cette fin.

La concentration permet d’être concentré sur un point unique et la méditation élargit la conscience jusqu’à l’immensité. Dans la contemplation, on devient l’immensité même. On a vu la Vérité, ressenti la Vérité, mais le plus important est de devenir la Vérité et d’être entièrement un avec la Vérité. Par la concentration sur Dieu, on peut ressentir Dieu juste devant soi ou derrière soi. La méditation apporte l’Infinité, l’Éternité, l’Immortalité. Mais dans la contemplation, on se voit comme Dieu, comme l’Infinité, l’Éternité et l’Immortalité. La contemplation signifie l’unité consciente avec l’Absolu éternel et infini. Dans la contemplation, on se découvre. Le Créateur et la création deviennent un. On devient un avec le Créateur et on voit l’univers tout entier à ses pieds, ou à l’intérieur de soi. Si nous observons alors notre propre identité, nous ne voyons plus un être humain, mais quelque chose comme une source de Lumière, de Paix et de Béatitude.

Il est conseillé de se concentrer quelques minutes chaque jour avant d’entrer en méditation. Vous êtes comme un coureur qui doit dégager la piste, vérifier qu’il n’y a aucun obstacle et éventuellement, les enlever. Et puis lorsque vous commencez à méditer, ressentez que vous courez très vite, et qu’il n’y a plus d’obstacles sur votre chemin. Vous êtes comme un train express, un train intérieur qui ne s’arrête qu’à la destination finale. Une fois le But atteint, vous êtes devenu le But. Cette dernière étape est la contemplation. Les chercheurs qui viennent d’entrer dans une voie spirituelle devraient commencer par la concentration pendant au moins quelques mois avant d’entrer dans la méditation. Ensuite, ils doivent méditer quelques années avant d’entrer dans la contemplation.

Question: Pouvez-vous nous expliquer en quoi la contemplation est différente de la méditation?

Sri Chinmoy: Que l’on médite sur une qualité divine précise revêtant une forme non engendrée – telles la Lumière, la Paix ou la Béatitude – ou d’une manière abstraite sur l’Infini, l’Éternité ou l’Immortalité, on peut sentir à tout moment comme un train express traverser son existence. Et pendant qu’il avance sans relâche, on continue à méditer sur la Paix, la Lumière ou la Béatitude. Notre esprit est parfaitement calme, anéanti dans l’immensité de l’Infini, mais il y a toujours un mouvement : le convoi se dirige inlassablement vers son but. Notre vision aperçoit ce but et la méditation nous y conduit.

Dans la contemplation, il en va tout autrement. On sent au plus profond de son être aussi bien l’univers dans son intégralité que le but le plus éloigné. On comprend que l’on porte en soi le cosmos tout entier, avec sa Lumière, sa Paix, sa Béatitude et sa Vérité infinies. Aucune pensée, aucune forme, aucune idée ne subsistent. Dans la contemplation, tout est fusionné, tout est un. Dans la contemplation la plus élevée, on est un avec l’Absolu, tandis que dans la méditation la plus élevée, il y a toujours un mouvement dynamique. Certes, ce mouvement n’a rien d’agressif, on ne bat personne, loin de là ! Mais ce mouvement dynamique persiste dans notre conscience alerte. On est pleinement conscient de tout ce qui se passe dans le monde intérieur et dans le monde extérieur, mais sans en être affecté. Dans la contemplation, non seulement nous ne sommes pas affectés, mais là, nous et notre existence tout entière sommes devenus partie intégrante de l’univers que nous recelons au fond de nous. C’est cela la principale différence entre contemplation et méditation.

Question: Comment savoir si j’entre dans un plan supérieur de conscience pendant ma méditation, et que ce n’est pas simplement mon imagination ?

Sri Chinmoy: Il y a une façon très simple de le savoir. Si vous entrez réellement dans un plan supérieur, vous ressentirez que votre corps devient très léger. Vous aurez l’impression de pouvoir voler, bien que vous n’ayez pas d’ailes. En fait, lorsque vous atteignez un monde très élevé, vous voyez vraiment un oiseau en vous qui peut aussi facilement voler dans le ciel qu’un véritable oiseau.

Lorsqu’il s’agit de votre imagination, vous avez un sentiment très doux pendant quelques minutes, puis il est immédiatement remplacé par des pensées sombres ou obscures. Vous pensez : « J’ai tellement étudié, et pourtant, je n’ai pas bien réussi mon examen », ou bien : « J’ai vraiment travaillé dur au bureau aujourd’hui, mais je n’ai pas réussi à satisfaire mon patron. » Ces pensées négatives vous viendront à l’esprit sous forme de frustration. Le doute peut également entrer en vous et vous vous direz : « Comment puis-je méditer si bien ? Hier, j’ai fait tant de bêtises, j’ai dit tant de mensonges. Comment Dieu peut-Il être content de moi ? Comment puis-je avoir une si belle méditation ? » Mais s’il s’agit vraiment d’une méditation élevée, vous ressentez votre existence tout entière s’envoler comme un oiseau divin. Pendant cette expérience, aucune pensée triste, négative, ou frustrante ne vous dérange. Vous volez dans les cieux de la félicité où tout est joie, béatitude et paix.

Tout de suite après votre méditation, lorsque vous éprouvez de bons sentiments à l’égard du monde, c’est que votre méditation était bonne. Si vous voyez le monde avec amour malgré ses imperfections, vous saurez que vous avez eu une bonne méditation. Et si vous avez un sentiment dynamique, si vous ressentez que vous êtes venu au monde pour faire quelque chose, pour devenir quelque chose, cela indique également que vous avez fait une bonne méditation. Ce sentiment d’avoir quelque chose à faire ne signifie pas pour autant que vous nourrissez votre ambition humaine. Non ! Dès que vous essayez de nourrir votre ambition, elle vous étrangle comme un serpent. Nous sommes venus au monde pour faire ce que Dieu veut que nous fassions. Nous sommes venus au monde pour devenir ce que Dieu veut que nous devenions. Dieu veut que nous devenions Sa propre image. Dieu veut que nous soyons Ses instruments dévoués. Si nous avons le sentiment que Dieu veut nous voir devenir Sa propre image et Son instrument dévoué, et si ce sentiment se traduit en action après notre méditation, nous pouvons être sûrs d’avoir bien médité.

Mais la manière la plus facile de savoir si l’on a bien médité est de ressentir si la paix, la lumière, l’amour et la félicité viennent en avant depuis notre profondeur intime ; chaque fois que la lumière, l’amour, la paix ou la félicité viennent en avant, le corps tout entier est empli de cette qualité divine. Cette expérience nous garantit que nous avons fait une très bonne méditation. Chaque fois que ces qualités se manifestent, nous aurons l’impression de nous rappeler une histoire oubliée, que seule la méditation peut nous rappeler. Cette histoire a été écrite par l’aspirant en nous, et par personne d’autre. C’est notre propre création, mais nous l’avons oubliée, et la méditation nous la rappelle. Le souvenir de cette belle histoire nous comble de joie, parce que c’est nous qui l’avons créée et c’est l’histoire de notre vie.

Question: Comment résoudre un problème personnel par la méditation, et comment savoir si la réponse que l’on trouve vient directement de l’âme et non pas du vital émotionnel ?

Sri Chinmoy: Une manière de reconnaître la différence est de ressentir que le vital émotionnel a une voix et que l’âme en a une autre. Comparons le vital à un coureur, et l’âme à un autre coureur. Au tout début, le coureur du vital court très vite, avec une excitation et un enthousiasme excessif, mais il n’atteint pas le but. Il court environ trente mètres sur cent et ne peut aller plus loin. L’autre type de coureur court également très vite au début. Il est confiant, et dès le coup de départ, ne s’arrête plus tant qu’il n’a pas atteint pas son but.

Lorsque vous entendez une voix, essayez aussitôt de voir quel type de coureur elle représente. S’agit-il du coureur qui ne s’arrête qu’une fois le but atteint, ou bien du coureur qui court trente mètres et puis s’effondre ? L’âme connaît sa capacité et ira au but avec la plus grande confiance. Mais vous verrez que la voix qui vient du vital émotionnel ne vous conduira pas au but. Si elle vient de l’âme, vous vous sentirez confiant, et vous saurez qu’elle vous conduira au but. Soyez alors sûr que c’est bien votre âme qui parle.

Voici une autre manière : lorsqu’une voix vous propose une solution à votre problème, imaginez un récipient qui se remplit. Si cette voix vous donne l’impression que le récipient se remplit goutte à goutte, lentement et sûrement et avec la plus grande sécurité intérieure, vous saurez qu’il s’agit de la voix de l’âme. Sinon, vous aurez l’impression que le récipient est rempli avec une carafe de manière précipitée. Il se remplit rapidement, mais bientôt, l’eau déborde. L’âme remplit le récipient avec beaucoup de confiance et de calme intérieur. Si vous avez ce genre de sentiment patient, c’est qu’il s’agit de la voix de votre âme.

Une troisième manière consiste à imaginer une flamme à l’intérieur de votre cœur. En fait, il y a deux sortes de flammes. L’une est régulière, l’autre vacille. La flamme régulière à l’intérieur de votre cœur n’est dérangée par aucun courant d’air intérieur. Mais la flamme vacillante est dérangée par la crainte, le doute, l’anxiété, les soucis. Si vous avez l’impression que votre réponse est une flamme vacillante, elle provient de la voix de votre vital émotionnel. Mais s’il s’agit d’une flamme très stable qui s’élève au plus haut, vous saurez que vous avez entendu la voix de votre âme. Dès que vous savez qu’il s’agit de la voix de votre âme, vous pouvez être assuré que vos problèmes seront résolus parce que cette voix a beaucoup de force, contrairement à la voix du vital qui n’en a pas.

Question: Pourquoi toutes nos méditations ne sont-elles pas également bonnes ?

Sri Chinmoy: Vous n’avez pas de bonnes méditations tous les jours, en dépit de vos meilleures intentions. Certains jours, vous vous levez pour méditer tôt le matin, à l’heure qu’il faut, mais vous ne parvenez pas à bien méditer. Au lieu de vous blâmer ou de blâmer votre Maître, dites-vous simplement : « C’est peut-être ce que le Suprême veut, c’est l’expérience qu’Il veut me donner. » Vous devez ressentir cela consciemment. Vous faites de votre mieux pour bien méditer, mais malheureusement, vous n’obtenez aucune satisfaction. Alors ressentez que vous faites de votre mieux, et que c’est à Lui de vous donner ou non la meilleure méditation. Mais rappelez-vous que votre propre aspiration et votre volonté de méditer régulièrement et ponctuellement à une heure donnée sont de la plus grande importance.

Vous savez ce dont votre corps a besoin pour manger, mais vous ne pouvez manger la meilleure nourriture chaque jour. Votre femme peut cuisiner extrêmement bien, mais si elle ne vous donne pas les meilleurs plats tous les jours, que faites-vous ? Vous vous fâchez ? Non ! Vous vous dites qu’elle avait quelque chose de plus important à faire pour vous que de cuisiner. De la même façon, dites-vous que le Suprême ne vous a pas donné une bonne méditation un certain jour parce qu’Il pense faire quelque chose de bien plus important pour vous d’une autre manière. Au lieu de vous fâcher contre Lui, ayez confiance en Lui et ressentez qu’il va vous donner une expérience différente.

Dans le cas de votre femme, son existence tout entière est en vous. Si elle ne peut pas vous donner le meilleur repas, elle fera autre chose pour vous satisfaire et vous rendre heureux. Quant à Dieu, Si Dieu ne vous accorde pas une bonne méditation aujourd’hui, Il vous donnera quelque chose d’autre, d’aussi important, voire plus important. La personne que nous aimons a tous les droits de nous faire plaisir de manières différentes, sinon nous nous fatiguerions. Aujourd’hui, Dieu nous fait plaisir à travers la méditation, demain, ce sera à travers la consécration, et le jour suivant, d’une autre manière encore. Il cherche à Se réaliser chaque jour en vous et à travers vous, mais Il a tout à fait le droit de le faire de manières différentes. Si vous aimez un menu en particulier et que vous décidez de le prendre chaque jour, vous finirez par vous en lasser au bout de quelques jours. C’est la même chose pour la nourriture divine, elle devrait toujours être variée.

Question: Vous dites que nous devrions méditer dans le cœur, mais je trouve qu’il est plus facile de méditer dans le mental.

Sri Chinmoy: Si vous trouvez plus facile de méditer dans le mental, méditez dans le mental. Mais vous ne serez capable de méditer que cinq minutes peut-être, et pendant ces cinq minutes, vous n’aurez qu’une seule minute de méditation forte. Après cela, vous sentirez des tensions dans la tête. Au début, vous ressentez de la joie et une certaine satisfaction, mais bientôt, vous pouvez ressentir un désert aride. Vous ressentirez quelque chose pendant cinq minutes, mais peut-être plus rien au-delà. Si vous méditez dans le cœur, vous finirez par obtenir satisfaction. En méditant dans le cœur, vous méditez là où se trouve l’âme. Certes, l’âme se trouve partout — dans le mental comme dans le corps, partout. Mais on peut comparer la situation à ma situation actuelle. Je suis ici, aux Nations Unies. À quelqu’un qui vous demande où est Sri Chinmoy, vous pouvez répondre que je me trouve aux Nations Unies, ou bien dans la salle de Conférence 10. Ma présence rayonne spirituellement dans tout le bâtiment, mais ma conscience vivante est ici, dans cette pièce. Si vous venez ici, je pourrai faire davantage pour vous que pour ceux qui sont ailleurs dans l’immeuble. De même, en dirigeant votre concentration sur le cœur, vous obtiendrez beaucoup plus de satisfaction qu’en méditant sur le mental, parce que le cœur est le siège de l’âme. Cela dit, il est difficile pour certains de méditer dans le cœur parce qu’ils n’en ont pas l’habitude. Vous devez être sage. Il y a une grande différence entre ce que vous pouvez obtenir du mental et ce que vous pouvez obtenir du cœur. Le mental est limité, tandis que le cœur est illimité. Nous avons tout au fond de nous la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies. En obtenir une quantité limitée est une chose facile. La méditation sur le mental peut vous l’accorder.

Cependant, la méditation sur le cœur peut vous en donner davantage. Supposons que vous ayez l’occasion de travailler à deux endroits différents. Le premier vous permet de gagner deux cents dollars, et le second, cinq cents. Si vous êtes intelligent, vous ne perdrez pas votre temps au premier endroit. Mais vous devez savoir que la source et la réalité se trouvent dans le cœur. La réalité se trouve partout, mais la manifestation de la réalité doit avoir lieu à un endroit particulier. L’âme se trouve dans le cœur, et en méditant dans le cœur, les résultats seront infiniment plus satisfaisants.

Ne nous contentons pas de ce que nous pouvons obtenir facilement. Implorons ce qui est plus difficile à obtenir mais qui est infini et qui dure à jamais. Ce que vous obtenez aujourd’hui du mental, vous pourrez en douter demain et ne pas croire en sa réalité. Par contre, vous ne pourrez jamais douter de ce que vous obtenez du cœur, ni l’oublier. Une expérience sur le plan psychique ne peut jamais être effacée du cœur.

Question: Dans la méditation, il arrive que le mental s’arrête de fonctionner et que peu d’informations ne viennent à l’esprit.

Sri Chinmoy: Nous ne devons pas accorder d’importance au mental dans la méditation. Si aucune information ne nous parvient, c’est bien. La méditation véritable n’est pas une information, c’est une identification. Le mental essaye de créer l’unité en vous attrapant et en vous capturant, et cela peut vous agacer. Mais le cœur crée l’unité à travers l’identification. Le mental essaye de posséder, tandis que le cœur ne fait que s’élargir, et en s’élargissant, il embrasse tout. Avec le mental, nous ne faisons que nous diviser. Lorsque le mental veut faire quelque chose, le corps ou le vital peuvent aussitôt l’en empêcher. Mais lorsque le cœur veut faire quelque chose, quelle que soit sa difficulté, ce sera fait. La raison est que le mental, en cas d’échec d’une tentative, déclare qu’elle n’a aucune réalité et abandonne. Le cœur par contre considère que s’il n’a pas obtenu satisfaction, c’est parce qu’il n’a pas fait ce qu’il fallait. Il essaie encore et encore jusqu’à ce qu’il trouve enfin satisfaction.

332

Lorsqu’un aspirant médite sur lui-même, il ressent son potentiel intérieur et voit ses capacités extérieures.

Lorsqu’un aspirant médite sur Dieu, il ressent sa divinité intérieure et voit sa réalité extérieure.

Question: Lorsque j’ai commencé à méditer à trois heures du matin, j’avais de très bonnes méditations et j’étais très inspiré. Mais au bout de quelque temps, je n’ai pas eu la même inspiration et cela a commencé à être très difficile.

Sri Chinmoy: Lorsqu’on commence quelque chose pour la première fois, on est inspiré. Tout ce qui est nouveau donne beaucoup d’inspiration, simplement parce que c’est nouveau. Mais par la suite, on n’a plus le même enthousiasme, le même élan, la même inspiration. On veut trouver quelque chose de très profond, très élevé et sublime, quelque chose qui nous illumine, dans notre méditation matinale. On est comme un coureur de longue distance, qui, dès le coup de pistolet du départ, est vraiment inspiré au début de la course et court à vive allure. Mais au bout de deux ou trois miles, il commence à fatiguer et la course devient ennuyeuse et difficile. S’il abandonne la course simplement par fatigue et manque d’inspiration, il n’atteindra pas son but. Mais s’il continue de courir, il finira par atteindre le but, et il ressentira certainement que cela méritait le combat et les efforts du corps.

C’est la même chose dans la vie spirituelle. Lorsque vous commencez votre voyage à trois heures du matin, dites-vous que le lendemain est la continuation de ce voyage. Ne pensez pas qu’il s’agit d’un nouveau commencement. Vous avez parcouru un nouveau mile chaque jour. Vous atteindrez le but en avançant un pas après l’autre.

Pour maintenir le même niveau de méditation, vous devez être spirituellement très avancé. Je ne veux pas vous décourager, loin de là. Je veux simplement vous dire qu’au commencement, vous devriez être très content si vous avez de temps en temps de très bonnes méditations, élevées et sublimes. Lorsque vous n’avez pas de bonnes méditations, ne vous laissez pas aller à la frustration. En étant frustré, vous perdez encore plus votre capacité, et le jour suivant, il vous sera impossible de méditer profondément.

Si vous n’avez pas une bonne méditation aujourd’hui, essayez de ne plus y penser. Si vous avez une méditation un peu meilleure demain, essayez de vous en souvenir. Le passé est poussière. Le passé ne vous a pas donné la réalisation, et c’est pourquoi vous continuez à prier et à méditer. Alors pourquoi penser au passé ? Vous devez oublier tout ce qui ne vous inspire pas ou ne vous encourage pas à aller plus loin. Alors si la méditation d’aujourd’hui ne vous inspire pas ou ne vous a pas satisfait, oubliez-la. Vous avez de l’aspiration, et puis vous la perdez. Ensuite, vous pleurez pour la retrouver, mais vous pouvez ne pas retrouver la même aspiration. Mais vous devez comprendre que vous n’êtes pas un expert en méditation. Pour l’instant, votre méditation est à la merci de votre inspiration ou de votre aspiration. Lorsque vous êtes inspiré, vous avez de l’aspiration et vous êtes prêt à méditer. Mais cette aspiration, ce sentiment d’urgence intérieure ne durera qu’un jour ou quelques semaines avant de disparaître. Lorsque vous deviendrez un expert, la méditation sera à vos ordres.

Comment devenir un expert ? Pour devenir un chanteur ou un poète ou un danseur, il faut pratiquer chaque jour. Cela vaut également pour la méditation. En pratiquant la méditation de façon quotidienne, elle finit par devenir spontanée. Si nous méditons régulièrement une ou deux fois par jour, nous développons une forme d’habitude. Au bout d’un certain temps, nous nous sentirons obligés de méditer à une heure donnée. Nous considérerons la méditation comme la nécessité de notre âme et le sentiment intérieur d’urgence de méditer ne nous quittera plus. Il nous inspirera toujours et nous donnera de la force. Tôt le matin, à l’heure de notre méditation, notre être intérieur viendra frapper à la porte de notre cœur.

Question: Il m’arrive de perdre la joie que j’ai gagnée de ma méditation juste après avoir médité. Y a-t-il un moyen de garder cette joie ?

Sri Chinmoy: Vous perdez votre joie pour deux raisons. L’une est que votre mental commence à fonctionner avec force et insistance, laissant ainsi entrer en vous, consciemment ou inconsciemment, les pensées obscures, impures et non divines et faisant disparaître votre joie. Mais si vous avez bien établi la pureté dans le mental, la joie pourra durer longtemps.

Une autre raison qui vous fait perdre votre joie est que votre réceptacle est petit, et il a reçu de la lumière, qui n’est autre que de la joie, au-delà de sa capacité. La quantité de lumière reçue pendant votre méditation vous a satisfait, mais vous n’êtes pas en mesure de garder l’excès dans votre réceptacle, ce qui vous attriste.

Question: Qu’entendez-vous par la méditation la plus élevée?

Sri Chinmoy: La méditation la plus élevée, c’est lorsque vous n’avez plus du tout de pensées. Lorsque nous commençons à méditer, nous sommes encore victimes de beaucoup de pensées non divines, laides et mauvaises. Plus tard, nous arrivons à méditer avec d’assez bonnes pensées, des pensées divines, enrichissantes et illuminantes. Il s’agit là d’un niveau plus élevé. Mais au niveau le plus haut, il n’y a plus du tout de pensées, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Il n’y a que la Lumière. Dans la Lumière, la vision et la réalité vont ensemble. Au commencement, vous êtes assis là-bas et je suis ici. Vous êtes la réalité et je suis la vision. Je dois vous regarder, et je dois donc entrer en vous pour me rendre compte que vous êtes la réalité. Mais dans la méditation élevée, ça ne se passe plus de cette façon. La réalité et la vision sont une seule et même chose. Je dois être là où vous êtes, et vous devez être là où je suis, parce que nous sommes un. C’est ainsi que la réalité et la vision forment un seul tout dans la méditation la plus élevée. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de pensées, d’idées ni de quoi que ce soit. Une pensée entre en nous, nous lui donnons une forme, et nous pouvons ensuite comprendre de quoi il s’agit. Mais c’est lorsque nous voyons la Connaissance, le Connaisseur et la chose à connaître tous les trois ensemble que nous avons la plus haute forme de méditation.

Question: Comment rendre notre méditation pratique ?

Sri Chinmoy: On dit de quelqu’un qu’il a un sens pratique lorsqu’il agit comme il faut au bon moment. Il fait en sorte de ne pas être trompé par les autres, et que sa vie se déroule sans heurts, à l’abri des catastrophes. Mais aussi intelligent, aussi sincère, aussi vigilant soit-on, il est des moments dans l’existence où plus rien ne fonctionne. On ne sait plus que dire, que faire, ni comment réagir. Toute tentative pour obtenir une solution satisfaisante échoue lamentablement. On ne sait plus comment s’en sortir. En dépit de la ténacité de ses efforts, on n’y parvient tout simplement pas.

Pourquoi cela arrive-t-il ? Parce que notre capacité extérieure est constamment mise en veilleuse par notre vigilance intérieure. Seul celui qui sait faire preuve de sens pratique dans la vie intérieure, qui n’y commet aucune erreur, échappe aux entraves du monde extérieur. S’il témoigne d’une grande vigilance intérieure, il est assuré du même coup d’un libre accès à la Vérité infinie, à la joie éternelle, et peut contrôler sa vie de tous les jours. Or qu’est-ce qui apporte cette vigilance intérieure, sinon la méditation ? Prier et méditer, n’est-ce pas se montrer pratique sur le plan intérieur ? Ce qui est pratique est toujours naturel. Or quoi de plus naturel, quoi de plus spontané que la quête de Dieu ? Et comment Le rechercher, sinon grâce à la méditation ?

La vie intérieure délivre en permanence le message de l’amour, de la vérité et de Dieu. Là où est la vérité germe une semence qui devient plante, puis arbre. En goûtant aux fruits de cet arbre, nous comprenons qu’ils font partie du monde extérieur, bien qu’ayant leur source dans le monde intérieur. Nous voyons le potentiel du monde intérieur se manifester sur le plan extérieur. Car les choses croissent du dedans et non du dehors. La graine germe toujours à l’intérieur du sol. Nos activités quotidiennes ne nous rapprochent de l’éclat de vérité que si nous méditons avant de les entreprendre. Nous nous trouvons alors au cœur même de la vérité ; nous devenons cette vérité. C’est la vie intérieure, le pragmatisme intérieur, qui doit guider la vie extérieure, et non l’inverse. Bien entendu, la vie extérieure ne doit pas pour autant mener une existence à part. Mais son souffle doit provenir de la vie intérieure. Le pragmatisme intérieur doit pénétrer dans la vie extérieure de l’aspirant. C’est à cette seule condition que ce dernier pourra faire preuve d’un véritable sens pratique dans la vie de tous les jours.

Question: Est-il possible de développer ou de contrôler des pouvoirs psychiques à travers la méditation ?

Sri Chinmoy: Il est possible d’acquérir des pouvoirs psychiques à travers la méditation, mais cela dépendra de l’âme. Un aspirant pourra obtenir des pouvoirs psychiques et ensuite ne plus vouloir prier ni méditer. Il préférera aider les gens. Malheureusement, l’ignorance de ces gens s’emparera de lui et l’empoisonnera et il finira par quitter la voie spirituelle. L’acquisition de pouvoirs psychiques peut donc être dangereuse. Mais une fois que l’on devient parfait et que l’on a réalisé Dieu, l’utilisation de pouvoirs psychiques peut se faire en toute sécurité.

Les pouvoirs psychiques n’aident pas forcément à réaliser Dieu, mais ils peuvent être accordés à un aspirant sur son chemin vers la réalisation. Ils sont comme de beaux arbres ou de délicieux fruits sur le chemin du But. Si l’on marche le long d’une route sans arbres ni fleurs, ni rien, on n’est pas tenté de s’arrêter en route. Les pouvoirs psychiques détournent très souvent les aspirants sincères de leur voie. Une fois le But réalisé, les pouvoirs psychiques arrivent avec la réalisation. D’ici là, il vaut donc mieux ne pas leur prêter attention, et ne s’intéresser qu’à l’aspiration et l’imploration intérieure. Dieu Lui-même accorde tous les pouvoirs psychiques en temps voulu, mais pour l’instant, ce qu’Il veut, c’est que vous Le réalisiez.

Question: Pendant la méditation, s’il y a du bruit ou du tapage à l’extérieur, est-il préférable de l’inclure dans la méditation ou bien de l’ignorer et de continuer à méditer ?

Sri Chinmoy: Le méditant doit savoir où il en est dans sa pratique. Si vous êtes un débutant, considérez tout élément extérieur à votre méditation comme une perturbation indésirable. Mais si vous êtes déjà avancé et qu’un bruit vous dérange, plongez profondément en lui et essayez de l’intégrer. Ainsi, vous transformerez ces agressions extérieures en une musique intérieure que vous entendrez pendant votre méditation. Mais il faut développer cette capacité de transformer un bruit dérangeant et ennuyeux en une musique apaisante, passionnante et capable de fasciner notre âme. Une fois que vous aurez cette capacité, vous pourrez inclure la perturbation dans votre méditation. Mais tant que vous ne l’avez pas, il vaut toujours mieux l’exclure.

Question: Parfois, lorsque je médite, je sens de la paix et de la lumière autour de moi. Si, à cet instant précis, quelqu’un m’appelle de la cuisine ou d’une autre pièce, interrompant ma méditation, je me sens très frustré.

Sri Chinmoy: Tout d’abord, vous devriez choisir un moment où votre famille n’est pas susceptible de vous déranger. Toutefois, si quelqu’un vous appelle pendant votre méditation, ne vous fâchez pas. Dites-vous que vous avez eu une expérience des plus sublimes. Ensuite, vous ne faites qu’apporter cette paix, cet amour et cette joie à la personne qui vous a appelé et vous a dérangé. Si vous faites cela, vous verrez une extension de la lumière que vous avez reçue et vous ne serez pas frustré. L’expansion de votre expérience vous apportera davantage de joie.

Vous séparez votre vie de méditation de la vie active. Au lieu de cela, sentez que vous amenez les résultats bénéfiques de votre méditation dans la situation qui vous dérange. En élargissant ainsi le champ d’action de votre méditation, celle-ci se reflétera dans vos activités quotidiennes. La méditation se fait dans le silence, mais aussi au milieu du tumulte de la vie. Vous verrez que, là aussi, vous pourrez rester dans une haute conscience.

LEURS POSSESSIONS

Sa concentration lui a donné
Ce qu’elle possède : la Puissance.
Avec la Puissance, il a changé
La vie d’une multitude de gens.

Sa méditation lui a donné
Ce qu’elle possède : l’Amour.
Avec l’Amour, il a changé
Le visage de l’humanité.

Sa contemplation lui a donné
Ce qu’elle possède : l’Unité.
Avec son Unité, il est devenu l’homme,
L’amant divin.
Avec son Unité, il est devenu Dieu,
Le Bien-Aimé Suprême.

Question: Faut-il s’isoler et rejeter l’humanité pour méditer ?

Sri Chinmoy: Celui qui médite doit agir comme un héros divin au sein de l’humanité. L’humanité fait partie intégrante de Dieu. En la rejetant, comment atteindrons-nous la divinité ? Nous devons accepter le monde tel qu’il est. Comment transformer quelque chose que nous n’acceptons pas ? Si un potier ne touche pas la masse d’argile, comment la formera-t-il en un pot ? Le monde autour de nous est certes imparfait, mais nous sommes également imparfaits. La parfaite Perfection n’a pas encore vu le jour. Nous devons savoir que l’humanité actuelle est loin, loin de la perfection. Mais nous sommes également des membres de cette humanité. Comment rejeter nos frères et sœurs qui sont comme nos propres membres ? Je ne peux pas me séparer de mon bras, c’est impossible. Nous devons accepter l’humanité comme notre bien propre lorsque nous méditons avec ferveur et dévotion. Nous devons l’intégrer. En inspirant les autres, en étant un pas en avant, nous avons l’opportunité de servir la divinité en ceux qui nous suivent.

Nous n’avons pas besoin de nous retirer dans les grottes de l’Himalaya. Nous devons faire face au monde ici et maintenant. Nous devons transformer le visage du monde grâce à notre consécration à la divinité en l’humanité. La méditation n’est pas une fuite. La méditation est l’acceptation de la vie dans sa globalité en vue de la transformer pour la manifestation la plus élevée de la Vérité divine ici sur terre.

Question: Si la méditation est la seule manière de voir Dieu face à face, quel conseil donneriez-vous à un père de famille?

Sri Chinmoy: Lorsque le père de famille se lève tôt le matin, à quoi pense-t-il ? Il pense aux membres de sa famille, à l’éducation de ses enfants, et ainsi de suite. Mais avant de permettre à toutes ces pensées de l’assaillir, avant d’entrer dans ses activités, s’il peut méditer, s’il peut penser à Dieu pendant cinq ou dix minutes, ces quelques minutes lui seront d’un grand secours. Certes, il porte des responsabilités, il doit penser à toute sa famille terrestre. Mais d’un autre côté, qui porte la responsabilité de l’univers tout entier ? Ce n’est pas lui, ni les membres de sa famille, mais Dieu, Dieu Lui-même.

Si le père de famille médite sur Dieu, sur la Lumière — car Dieu signifie la Lumière —, la Lumière descend sur lui et commence à diminuer ses soucis et ses angoisses. Lorsqu’on se concentre, tout ce que l’on fait devient plus facile. De même, si une personne qui a beaucoup de problèmes familiaux médite cinq ou dix minutes avant de penser à sa famille, cela l’aide immédiatement à réduire les difficultés auxquelles elle doit faire face ; la Lumière qu’elle reçoit opère en elle. Elle n’a pas besoin de méditer dix ou douze heures. Elle sait que son progrès n’est pas forcément très rapide, mais rien ne sert de courir, il suffit de partir à point.

En essayant chaque jour de ressentir Dieu, le Dieu vivant, à l’intérieur de vos enfants et des membres de votre famille, vous verrez peu à peu la Lumière opérer en eux. Mais les gens ne font pas cela. Ils considèrent leurs enfants comme leurs possessions, et pensent avoir tous les droits de les former et les guider selon leur propre volonté. S’ils pouvaient ressentir qu’ils aiment leurs enfants et leur famille précisément parce que Dieu est en eux, s’ils peuvent penser cela et méditer sur cela, ils feront ce qu’il y a de mieux pour leur progrès et celui de leur famille.

Question: : En recevant la Lumière de l’âme pendant la méditation, est-ce que nous la manifestons sur un plan pratique ?

Sri Chinmoy: Lorsque nous entrons dans notre âme à travers la méditation, nous réalisons la Paix, la Lumière et la Béatitude. Nous offrons ensuite ces qualités au monde à travers notre physique. Lorsque nous regardons quelqu’un, lorsque nous disons ou faisons quelque chose, le physique manifeste ce que l’âme a expérimenté ou accompli. Nous avons médité ici pendant environ vingt minutes, et chacun d’entre nous est entré dans le monde de son âme selon sa capacité. Tout ce que nous avons accompli dans ces mondes intérieurs sera maintenant manifesté par le corps. Il y a une heure, lorsque vous êtes arrivé ici, vous n’avez pas apporté de Paix ou de Lumière avec vous. Après avoir invoqué la Paix, la Lumière et la Béatitude, vous les avez reçues de votre âme et ces qualités sont entrées dans votre conscience physique. Si vous vous regardez dans un miroir, vous verrez la différence entre ce que vous étiez il y a une heure et ce que vous êtes maintenant. Cette différence physique évidente que vous verrez est due au fait que la conscience physique manifeste la Lumière invoquée par l’âme.

PRIERE ET MEDITATION

La prière et la méditation sont des remèdes pour nous soigner. De même que l’on va voir un médecin pour lui demander un traitement pour soigner notre corps physique, de même la prière et la méditation sont-elles les traitements qui soignent notre vie intérieure.

Nous devenons individuellement la divinité la plus élevée grâce à la prière. Mais dans la prière, il subsiste souvent une certaine ardeur à vouloir obtenir quelque chose. On la considère comme une forme d’aspiration, dans la mesure où l’on prie pour s’améliorer, pour recevoir quelque chose de divin, pour être libéré de la peur, de la jalousie ou du doute. Nous ne faisons pas cela lorsque nous méditons. Nous nous laissons simplement entrer consciemment dans la splendeur de la Lumière, ou bien nous invoquons la Lumière universelle pour transformer notre ignorance en sagesse.

Dans notre prière, nous aspirons au Plus-Haut et notre existence tout entière s’élève comme une flamme. Bien que venant du cœur, la prière a toujours tendance à désirer quelque chose. Lorsque nous prions, nous sommes automatiquement comme des mendiants qui implorent Dieu de nous accorder une faveur.

Un mendiant qui frappe à une porte ne se soucie guère de savoir si le propriétaire est riche ou pauvre ; il frappe aux portes pour recevoir quelque chose. C’est de cette manière que nous prions Dieu, demandant ceci et cela, regardant vers le Ciel et pleurant à Ses Pieds. Nous voyons Dieu loin au-dessus de nous qui sommes ici-bas. Un fossé béant se creuse entre Lui et nous. Nous regardons dans Sa direction tout en L’implorant, sans bien savoir dans quelle mesure Il exaucera nos prières. Nous nous contentons de demander et d’attendre que quelques gouttes de Compassion, de Lumière et de Paix descendent sur nous.

Mais dans la méditation, nous n’exigeons rien de tel, car nous plongeons dans l’immense océan de la Conscience. Nul besoin de demander de la Paix ou de la Lumière, car nous nageons déjà dans l’océan des qualités divines. À ce moment-là, Dieu nous offre bien plus que nous ne pourrions l’imaginer. Plus nous nous enfonçons dans notre méditation, plus notre conscience s’élargit et plus les qualités de Lumière, de Paix et de Béatitude grandissent en nous. La méditation même est le sol fertile où les récoltes de Lumière de Paix, de Béatitude et de Puissance peuvent pousser. Dans la prière, rien ne nous appartient. Dieu est le seul à posséder. C’est pourquoi nous Lui adressons tant de pétitions diverses. Mais dans la méditation, nous savons que tout ce que Dieu possède, nous le possédons déjà ou le posséderons un jour. Tout ce que Dieu est, nous le sommes également, même si ce n’est pas encore apparent. En occident, de nombreux saints ont réalisé Dieu à travers la seule prière ; ils ne s’intéressaient pas à la méditation. On entend parler davantage de prière que de méditation. En orient, on s’intéresse plus à la méditation. La différence entre prière et méditation est la suivante ; lorsque je prie, je parle et Dieu écoute. Lorsque je médite, Dieu parle et j’écoute.

Si l’on veut distinguer la prière de la méditation, on peut dire que la prière est l’ascension consciente de la conscience humaine et la méditation est une invitation vers l’Infini ou une offrande à l’Infini. C’est l’individu qui choisit s’il préfère progresser rapidement à travers la prière ou à travers la méditation.

L’aspiration se trouve dans la prière comme dans la méditation. Celui qui prie ressent une imploration profonde pour réaliser Dieu. Dans la prière, on s’élève toujours plus haut. Celui qui médite ressent le besoin d’apporter la Conscience dans son être, dans sa propre conscience. L’aspiration est la seule clé pour la prière et pour la méditation. Que nous tendions les bras vers Dieu ou qu’Il descende vers nous, ultimement, c’est la même chose. Dieu vit au troisième étage, mais lorsqu’Il descend au rez-de-chaussée, Il est le même Dieu. Un aspirant voudra monter pour Le trouver, un autre voudra Le faire descendre. Lorsque nous prions, nous montons et nous Le touchons, et lorsque nous méditons, nous Le faisons descendre dans notre conscience.

Si nous voulons venir en aide à d’autres personnes, la chose la plus importante à faire est de prier et de méditer chaque jour. On ne peut pas vraiment aider sans avoir d’abord reçu la capacité à travers la prière et la méditation. Si vous voulez aider les gens, aidez-les après avoir reçu la force intérieure de votre propre prière et de votre méditation. Faites chaque chose dans l’ordre. En priant, vous obtenez la richesse spirituelle ; en méditant, vous obtenez également la richesse spirituelle. Mais si vous essayez d’aider les autres sans méditation, sans richesse, que leur donnerez-vous ? Vous serez vous-même un mendiant. Votre prière et votre méditation sont votre travail intérieur. Lorsque vous travaillez le matin, en priant et en méditant, Dieu vous donne votre salaire sous forme de richesse spirituelle. Une fois que vous avez cet argent, vous pouvez le donner aux autres.

Vos prières peuvent aider les autres, mais vous devez savoir comment procéder. Vous priez Dieu et cette personne possède Dieu en elle. Lorsque vous priez pour son bien-être, ce n’est pas elle directement que vous touchez, c’est Dieu en elle. Votre prière va à Dieu, la Source.

Que faites-vous lorsqu’une plante est sèche ? Vous n’avez pas besoin de toucher la plante, il vous suffit de l’arroser à sa base et la plante retrouvera de la force. De même que vous allez à la racine d’une plante, allez à la Source de l’homme. Sa Source est Dieu. C’est dans cet état d’esprit que vous donnerez le plus à la personne pour qui vous priez. Pour éliminer toute tension dans votre méditation ou dans votre prière, essayez de concentrer toute votre attention sur le cœur et non pas sur le mental. Commencez par essayer de voir la source du cœur. De là, vous sentirez un courant qui va, soit vers le haut, soit vers le bas. Essayez de diriger le courant de telle sorte qu’il s’élève à partir du cœur. Ce courant, qui est la Grâce divine, est comme de l’eau. Chaque fois que vous priez ou méditez, creusez profondément en vous. L’eau qui nourrit toute chose s’écoulera de façon naturelle, parce que cette eau est constamment fournie par sa Source infinie : Dieu.

Question: Si l’on vous donne tout sur le plan physique, est-ce qu’on se rapproche davantage de votre âme ?

Sri Chinmoy: Absolument. Le travail physique est la prière et la méditation du corps. Vous pouvez travailler la soumission en lavant la vaisselle ou en rendant n’importe quel service. Si vous vous soumettez au Suprême en moi, vous devenez un instrument parfait.

Dans la prière, vous allez à Dieu et Lui demandez de faire ceci ou cela : dans la méditation, Dieu vient et vous dit quoi faire. Pendant votre prière, vous montez afin que votre Père puisse vous satisfaire et vous combler ; dans votre méditation, Il descend et vous demande de Le manifester. Vous pouvez faire ce genre de prière et de méditation sur le plan physique pendant que vous travaillez. Le service dévoué est vraiment une forme de prière et de méditation. Lorsque vous faites du service dévoué, vous accomplissez la tâche de votre âme.

346

Pour converser avec Dieu, l’homme dispose de sa prière sanglotante. Pour converser avec l’homme, Dieu dispose de Sa Béatitude pleine de lumière.

Pour communier avec Dieu, l’homme dispose de sa méditation silencieuse. Pour communier avec l’homme, Dieu dispose de Sa Paix urgente.

L’ABSOLU

Ni esprit, ni forme, j’existe seulement ;
Toute volonté et toute pensée se sont tues.
C’est l’aboutissement de la danse de la Nature,
Je suis Cela même que j’ai cherché.

Un royaume de Béatitude pure, ultime,
Au-delà du connaissant et du connu ;
Je goûte enfin à un repos immense ;
Seul, je fais face à l’Unique.

J’ai traversé les voies secrètes de la vie,
Je suis devenu le But.
La Vérité immuable est révélée ;
Je suis la voie, l’Âme-Dieu.

Mon esprit conscient
Des plus hautes réalités,
Je suis muet au cœur même du Soleil.
Le temps et l’action
N’existent plus pour moi.
Mon rôle cosmique est achevé.

I — LA PAIX

348. LA PAIX EXTERIEURE ET LA PAIX INTERIEURE

Il existe deux formes de paix : la paix extérieure et la paix intérieure : l’une est le compromis de l’homme, l’autre est son épanouissement. La paix extérieure est la satisfaction de l’homme qui reste complètement insatisfait ; la paix intérieure, quant à elle, est la satisfaction de l’homme totalement et suprêmement comblé.

Comment la paix extérieure peut-elle avoir la même force que la paix intérieure ? Lorsque la création de l’homme et la Création de Dieu ont atteint leur unité inséparable, et à cette condition seulement. Qu’est-ce que la création de l’homme ? La peur, le doute et la confusion sont les créations de l’homme. Qu’est-ce que la Création de Dieu ? L’Amour, la Compassion et la Sollicitude sont les créations de Dieu. Chez l’homme, la peur est une minuscule fourmi ; le doute est un éléphant sauvage ; la confusion est un tigre dévorant.

L’Amour de Dieu pour l’homme lui donne l’aspiration. La Compassion de Dieu pour l’homme lui donne le salut. La Sollicitude de Dieu pour l’homme le mène à sa perfection.

La paix est l’objet de la quête du réel par l’homme, une quête épanouissante et épanouie. Le Dieu d’Amour est l’Invité éternel de l’homme dans les profondeurs de son cœur. Le Dieu de Paix y est son Hôte éternel. C’est pourquoi l’on peut affirmer sans hésitation et sans erreur qu’une paix aimante et épanouissante est le droit de naissance de tout homme. Comment connaître la paix, ne serait-ce qu’une seule goutte de paix, dans notre existence extérieure, au beau milieu du tumulte de la vie et de ses multiples activités ? C’est facile : il suffit de toujours écouter la voix intérieure. C’est facile : il suffit de contrôler les pensées qui nous entravent. C’est facile : il suffit de purifier nos émotions impures.

La voix intérieure est notre guide. Les pensées qui nous entravent sont pareilles à un ciel sombre et menaçant. Les émotions impures sont une tempête intérieure. Il faut toujours écouter la voix intérieure. Elle est la protection la plus sûre qui soit. Nous devons prendre garde aux pensées qui nous entravent, car leur force est considérable. En aucun cas devons-nous les laisser se développer, car elles risquent de devenir aussi grosses que des montagnes. Nous devons les affronter et les dominer. Ces pensées sont absolument superflues, et nous n’avons pas de temps à perdre avec le superflu. Nous devons également nous garder du luxe de l’orage des émotions. Les émotions impures aboutissent à une frustration immédiate ; or la frustration est annonciatrice d’une destruction totale, intérieure comme extérieure.

Comment choisit-on la voie intérieure ? Pour cela, il faut méditer tôt le matin. Pour contrôler et dominer les pensées non-divines, il faut méditer à midi. Pour purifier les émotions obscures et impures, il faut méditer le soir.

Qu’est-ce que la méditation ? Elle est la reconnaissance constante et l’acceptation consciente de Dieu par l’homme. Elle est l’offrande inconditionnelle de Dieu à l’homme.

349

L’homme invente la guerre. L’homme découvre la paix. Il invente la guerre de l’extérieur. Il découvre la paix de l’intérieur.

350

La paix du monde commencera lorsque la soi-disant attente de l’homme prendra fin. La paix du monde ne pourra voir le jour que lorsque chaque individu aura compris cette Vérité suprême : l’Amour est la révélation de la Vie et la Vie est la manifestation de l’Amour.

La paix du monde pourra être accomplie, révélée, offerte et manifestée sur terre lorsque le Pouvoir divin de l’Amour remplacera l’amour non divin du pouvoir.

351

Qu’est-ce qui, dans le monde extérieur, nous empêche de trouver la paix ? Dans le monde physique, c’est l’indulgence envers soi. Dans le monde vital, c’est la glorification de soi. Dans le monde mental, c’est le doute de soi et dans le monde du cœur, c’est notre sentiment de dépendance.

Qu’est-ce qui, dans le monde extérieur, nous inspire à trouver la paix ? La simplicité peut inspirer notre corps, l’humilité peut inspirer notre vital, la sincérité peut inspirer notre esprit et la pureté peut inspirer notre cœur.

352

La paix conquiert l’animal en moi.
L’aspiration illumine l’humain en moi.
La réalisation immortalise le divin en moi.

353

La paix commence là où l’attente prend fin.

354

La paix commence dès que le mental est fermement capturé.

NOTRE PAIX SE TROUVE EN NOUS

La paix intérieure n’a pas de prix. La paix est le contrôle harmonieux de la vie. La force de la vie vibre en elle. Elle est une puissance qui transcende aisément toute notre connaissance mondaine, sans pour autant pouvoir être séparée de notre existence terrestre. En ouvrant les bonnes voies en nous, nous pouvons ressentir la paix ici et maintenant.

La paix est éternelle. Il n’est jamais trop tard pour trouver la paix. Il est toujours temps pour cela. Notre vie peut être véritablement fructueuse à condition de ne pas nous couper de notre Source, qui est la paix de l’Éternité.

Le plus grand malheur de l’homme est de perdre sa paix intérieure. Nulle force extérieure ne peut la lui dérober ; seules ses propres pensées, ses propres actions peuvent le faire.

Notre plus grande protection ne repose pas sur nos accomplissements et nos ressources matérielles. Tous les trésors du monde ne représentent qu’un vide pour notre âme divine. Notre plus grande protection repose sur la communion de notre âme avec la paix qui nourrit et comble toute chose. Notre âme vit dans la paix et pour la paix. Une vie de paix nous assure à jamais la richesse et nous protège à jamais de la pauvreté. Notre paix intérieure est infinie ; telle le ciel immense, elle englobe tout.

Nous avons longtemps lutté, nous avons beaucoup souffert et nous avons voyagé loin. Cependant, le visage de la paix ne se dévoile pas encore à nous. Nous pourrons le découvrir lorsque le train de nos désirs voudra bien se perdre dans la Volonté du Seigneur Suprême.

La paix est la vie. La paix est la béatitude éternelle. Certes, les soucis, qu’ils soient d’ordre mental, vital ou physique, existent bel et bien. Mais c’est à nous de les accepter ou de les rejeter. Ils ne sont assurément pas des éléments inévitables de la vie. Puisque notre Père tout-puissant est Toute-Paix, notre héritage commun est la paix. Élargir la voie du repentir futur en abusant ou en négligeant les occasions en or qui nous sont offertes est une erreur himalayenne. Nous devons prendre la résolution ici et maintenant, au milieu de toutes nos activités quotidiennes, de nous jeter corps et âme dans l’océan de la paix. Celui qui pense que la paix descendra d’elle-même en lui à la fin de son voyage terrestre se trompe. Espérer accomplir la paix sans spiritualité ou sans méditation, c’est espérer trouver de l’eau au milieu du désert.

La prière est essentielle pour trouver la paix de l’esprit. Prier Dieu pour la paix en étant pleinement concentré et avec notre dévotion comme seul objectif est plus important que de passer de longues heures à méditer de façon négligée et laxiste. Comment prier ? Avec un cœur plein de larmes. Où prier ? Dans un endroit isolé. Quand prier ? Lorsque notre être intérieur nous le demande. Pourquoi prier ? C’est là la grande question. Nous devons prier si nous voulons que notre aspiration soit comblée par Dieu. Que peut-on attendre de Dieu au-delà de cela ? Nous pouvons attendre de Lui qu’Il nous fasse tout comprendre : l’existence de tout en rien et de rien en tout, du Tout dans le Néant et du Néant dans le Tout.

Nous devons toujours faire preuve de jugement. Le monde extérieur qui attire notre attention est éphémère. Pour trouver quelque chose de durable, pour établir une fondation solide comme un roc dans notre vie, nous devons nous tourner vers Dieu. Il n’y a pas d’autre choix. Et pour décider de prendre ce chemin, le meilleur moment, c’est lorsque nous nous sentons le plus désemparés.

Il est bien de se sentir désemparé.
Il est préférable de cultiver l’esprit de la soumission de soi.
Le mieux, c’est d’être un instrument conscient de Dieu.

Dans la vie humaine, tout dépend de l’acceptation ou du rejet du mental, y compris de la quête de la paix. La fonction de la pureté du mental est d’écarter les nuages du doute et de la confusion et les attaches de l’ignorance du mental. Sans elle, aucun succès durable ne peut être obtenu dans la vie spirituelle.

Nous ne possédons la paix qu’une fois nos critiques des autres entièrement éliminées. Nous devons considérer le monde entier comme notre propre bien. Chaque fois que nous remarquons les erreurs des autres, nous entrons dans leurs imperfections, ce qui ne nous aide pas le moins du monde.

Curieusement, plus nous allons en profondeur, plus les imperfections des autres nous apparaissent clairement comme nos propres imperfections logées dans des corps et des esprits différents. Si, au lieu de critiquer les autres, nous pensons à Dieu, Sa Compassion et Sa Divinité élargissent notre vision intérieure de la Vérité. Nous devons arriver à la plénitude de notre réalisation spirituelle pour accepter l’humanité comme une seule famille. Nous ne devons pas laisser notre passé tourmenter et détruire la paix de notre cœur. Nos bonnes actions divines présentes peuvent facilement contrecarrer nos mauvaises actions non divines du passé. Si le péché a le pouvoir de nous faire pleurer, la méditation a incontestablement celui de nous donner de la joie et nous doter de sagesse divine.

Notre paix se trouve en nous, et cette paix est la base de notre vie. Prenons alors dès aujourd’hui la résolution de remplir notre esprit et notre cœur de larmes de dévotion qui seront la fondation de notre paix. Une fois cette fondation bien établie, quelle que soit la hauteur de la superstructure que nous érigerons, nul danger ne pourra plus jamais nous menacer. Car la paix se trouve en bas comme en haut, au dedans comme au dehors.

Question: Comment atteindre une paix durable ?

Sri Chinmoy: Nous ne pouvons atteindre de paix intérieure durable qu’à partir du sentiment que notre Pilote suprême est unique dans le multiple et multiple dans l’unique. Lorsque nous ressentons consciemment cette vérité dans notre vie, tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, tout ce que nous offrons et tout ce que nous recevons est imprégné d’une paix durable.

Le jour où nous pourrons ressentir en chacun notre existence et notre cœur plein de lumière sera le jour où nous deviendrons spontanément un en tous. Lorsque nous recevrons ou ferons descendre la Paix d’en haut, nous ressentirons immédiatement que nous sommes multiples, et non uniques. Et lorsque nous assimilerons la Paix en nous, nous verrons que la Paix a été assimilée par chacun d’entre nous. Nous aurons alors un sentiment conscient d’unité de l’unique dans le multiple et du multiple dans l’unique.

La paix descend en nous, mais nous la perdons parce que nous ne nous sentons pas responsables de l’humanité, ou bien parce que nous ne faisons pas partie intégrante de l’humanité. Nous devons ressentir que Dieu et l’humanité sont comme un grand arbre. Dieu est l’arbre, et les branches sont Sa manifestation. Nous sommes des branches, et il y en a beaucoup d’autres. Toutes ces branches font partie de l’arbre et ne forment qu’un seul tout avec l’arbre. Si nous pouvons avoir la même relation avec Dieu et l’humanité que les branches entre elles et avec l’arbre en tant que tout, nous serons assurés d’avoir une paix durable.

Question: Comment peut-on vraiment trouver la paix intérieure ?

Sri Chinmoy: D’un point de vue pratique, n’attendez rien des autres sur le plan physique. Donnez, donnez et donnez, comme une mère qui donne tout à son enfant en sachant bien qu’il n’est pas en mesure de lui donner quoi que ce soit en retour. N’attendez rien du monde ; aimez le monde et offrez votre capacité, votre richesse intérieure, votre joie. Donnez inconditionnellement au monde tout ce que vous possédez. Si vous attendez quoi que ce soit du monde, vous serez malheureux parce que le monde ne vous comprend pas, il ne s’intéresse pas à vous. Vous trouverez la paix de l’esprit si vous arrivez à tout faire inconditionnellement. C’est là une solution.

Une autre solution consiste à méditer sur le cœur, là où se trouvent la joie et l’amour constants. Vous n’implorez pas l’appréciation des autres ; vous ne dépendez que de votre Source intérieure, là où se trouvent la Joie infinie, l’Amour infini et la Paix infinie. Méditer sur le cœur est la meilleure chose à faire. Cette seconde solution est la plus efficace.

Question: Il y a tant d’injustice et il n’y a rien à faire pour nous aider.

Sri Chinmoy: Vous dites que vous ne pouvez rien faire, mais je vais vous donner un moyen pour vous protéger. Nous venons de méditer ici pendant cinq ou dix minutes. Cette méditation a une véritable force. Dans votre bureau, il y a beaucoup d’injustice. L’injustice est en soi une sorte de force négative, une force destructrice. Il est vrai que vous ne pouvez pas changer le mental des personnes qui sont à l’origine de cette injustice, mais vous pouvez toutefois vous protéger d’elles. Elles vous frappent intérieurement, et votre peur ou votre incapacité vous empêchent de riposter. Mais si vous devenez très fort, très puissant intérieurement, votre force vous emportera ailleurs ou bien leur apportera une certaine lumière. La Compassion de Dieu vous sauvera de cette forme d’injustice si vous entrez sérieusement dans la vie spirituelle.

Un autre moyen, plus rapide, pour vous protéger, est d’avoir l’esprit en paix. Nous faisons descendre une paix très tangible pendant notre méditation. Elle n’est pas imaginaire, vous pouvez vraiment ressentir la paix et nager dans l’océan de la paix pendant nos méditations. L’injustice est une puissance non divine, mais la paix est une arme divine infiniment plus puissante. C’est une puissance solide. Lorsque vous êtes en paix, nulle force humaine ne peut vous perturber.

Lorsque vous devez vous défendre ou bien vous protéger, utilisez une arme plus forte. Si quelqu’un vous dit quelque chose et que vous ripostez sur le même plan, la lutte n’aura pas de fin. Par ailleurs, si vous ne faites que ravaler votre colère, votre adversaire continuera à prendre l’avantage sur vous. Mais lorsqu’il verra et ressentira une immense paix intérieure en vous, il verra quelque chose en vous qui est invincible. Il verra un changement en vous, et ce changement non seulement l’intriguera, mais le menacera, voire l’effraiera. Il comprendra alors que ses armes sont vaines. La paix est l’arme la plus efficace pour vaincre l’injustice. Lorsque vous priez et méditez, votre être tout entier est inondé de paix. Plus tard, les gens pourront vous faire tout ce qu’ils voudront, vous les verrez jouer devant vous comme vos propres enfants. Vous vous direz : « Ce sont tous des enfants, que puis-je attendre d’eux ? » Mais pour l’instant, parce qu’ils sont des adultes en termes d’âge, vous vous fâchez et vous vous mettez en colère. En priant et méditant régulièrement, vous ressentirez bientôt que votre paix est infiniment plus forte, plus satisfaisante et vous donne plus d’énergie que la situation désagréable qu’ils créent pour vous.

359

La présence de la Paix dans le cœur est une unité divine.
La présence de la Paix dans l’esprit est une illumination divine.
La présence de la Paix dans le vital est une dynamique divine.
La présence de la Paix dans le corps est une satisfaction divine.

Question: Pendant vos conférences à Dag Hammarskjold, je vis quelque chose qui ne m’arrive jamais à vos autres conférences. Je sais que vous faites descendre ici une immense Paix, que je ressens ailleurs aussi, mais ici, j’ai le sentiment de m’endormir, bien que j’entende très bien ce que vous dites.

Sri Chinmoy: Lorsque je donne ces conférences, je fais descendre la Paix, et cette Paix est tangible pour tous les aspirants. Lorsqu’un aspirant est prêt à nager dans l’océan de Paix, le Suprême le lui permet. Pendant cette expérience, le mental ne fonctionne pas, seul le cœur fonctionne. L’activité du mental est entièrement réduite au silence, et le cœur fonctionne à sa place. La fonction du cœur consiste à s’identifier à tout ce qui l’entoure ou à tout ce qui est devant lui ou en lui. Votre cœur s’identifie à la Paix et cette Paix réduit le mental au silence. Il ne s’agit pas d’inertie, ou d’une expérience futile inutile ou mauvaise. Non, au sein de cette Paix, vous cultivez la vérité intérieure et vous grandissez dans la Lumière qui illumine l’obscurité à laquelle vous faites face ou bien l’ignorance que vous chérissiez avant d’entrer en méditation.

Je fais descendre la Paix, la Lumière et la Béatitude en abondance, et chaque aspirant reçoit cette Paix, cette Lumière et cette Béatitude selon sa réceptivité. Cette Paix n’est pas une manière inconsciente de vous endormir. Non, elle réduit l’énergie sortante du mental au silence, et en même temps, elle illumine le flot de tout ce qui entre dans le cœur. Et lorsque vous êtes dans le cœur aspirant, vous vous identifiez à la Paix qui soutient la Réalité divine en vous.

EN MOI, JE N’AI QUE LA PAIX

J’ai beaucoup d’ennemis autour de moi ;
En moi, je n’ai que la Paix.
Le monde extérieur m’a rendu fou.
Le monde intérieur a pulvérisé
La montagne de mes erreurs.
Le monde extérieur, en s’approchant de moi,
A ouvert la porte de la destruction.
Dans mon monde intérieur, l’Infini éternel
Danse, à jamais resplendissant.

362

L’aspiration peut être élevée pour rencontrer la Paix d’en haut ; mais il faut faire descendre la Paix pour éliminer nos difficultés.

II — LA LUMIERE

363

De toutes les qualités divines, malheureusement, la Lumière est celle qui est la moins recherchée, bien qu’elle soit celle dont tout le monde a le plus besoin. Les gens veulent de la Paix, de la Joie et de la Puissance, mais rarement de la Lumière. Consciemment ou inconsciemment, ils ont peur de la Lumière. Ils pensent que l’éclat de la Lumière va déraciner l’arbre d’ignorance qu’ils incarnent. Ils pensent que la Lumière divine va exposer leurs imperfections, leurs limites et leurs attachements. Tout cela n’est pas exact. La Lumière divine embrasse le monde avec toute son ignorance. De plus, la Lumière divine considère qu’il est de son devoir d’élever la conscience humaine dans la plénitude de la Vie divine.

L’EXPERIENCE INTERIEURE DE LA LUMIERE

L’expérience extérieure de la Lumière est une inspiration immédiate.
L’expérience intérieure de la Lumière est une aspiration éternelle.

Avec l’inspiration, nous courons vers l’Au-delà le plus lointain. Avec l’aspiration, nous devenons le But de l’Au-delà qui ne cesse de se transcender.

L’expérience extérieure de la Lumière est la transformation des désirs contraignants en une liberté qui affranchit. L’expérience intérieure de la Lumière transforme le destin de la terre en Visage de Dieu. L’expérience extérieure de la Lumière est nécessaire à la construction du Palais de la Vérité transcendantale sur terre. L’expérience intérieure de la Lumière est essentielle pour voir et apprécier la danse cosmique de la Réalité, de la Divinité et de l’Immortalité.

La Réalité est le rêveur en nous. La Divinité est l’amant en nous. L’Immortalité est l’exauceur en nous.

Le rêveur rêve et agit. L’amant aime et devient. L’exauceur en nous exauce et transcende.

Dans notre existence spirituelle, nous constatons que de nombreuses parties de notre être implorent l’expérience intérieure de la Lumière, parmi lesquelles deux en particulier : ces deux membres de notre existence intérieure sont le mental et le cœur — le mental qui cherche et le cœur qui aspire. L’un comme l’autre demandent à la Lumière transcendantale, la Lumière suprême : « Ô Lumière du Suprême, sauve-nous, illumine-nous. Nous sommes loin l’un de l’autre, mais nous voulons vivre ensemble et devenir inséparables. »

La Lumière répond : « C’est très facile. J’exaucerai votre désir, mais avant cela, j’aimerais vous poser à chacun une question. Mental, dis-moi quelle est ta meilleure qualité ? »

Le mental hésite et répond : « Vous voulez que je vous dise ma meilleure qualité, mais je n’ai pas de bonnes qualités ! Ma meilleure qualité est ma stupidité. »

La Lumière console le mental : « Mais non ! Ta meilleure qualité est ton sens de l’immensité infinie. Ton sens de l’immensité infinie, ô mental, c’est cela, ta meilleure qualité. »

Puis la Lumière demande au cœur : « Quelle est ta meilleure qualité ? » Le cœur répond spontanément : « Moi non plus, je n’ai pas de bonnes qualités. Si je dois vous dire quelle est ma meilleure qualité, j’ai l’impression que c’est mon insécurité parce que je ne me sens jamais sûr de moi. »

La Lumière console le cœur : « Non ! Ta meilleure qualité est ton unité universelle. Ton unité universelle, ô cœur, c’est cela ta meilleure qualité. »

Puis la Lumière demande au mental : « As-tu une idée de la distance qui te sépare de ton But ? »

Le mental répond : « Je n’en ai aucune idée, mais je pense que je suis loin de mon But, plus loin que tout. »

La Lumière dit : « Ô mental aspirant, tu peux rapprocher ton But le plus éloigné juste devant toi si tu arrives une seule fois à ressentir que tu existes sur terre pour la Réalité suprême et la Vérité absolue. » La Lumière demande au cœur : « Cœur, à quelle distance es-tu de ton But ? » Le cœur répond : « J’ai l’impression que mon But est tout près, juste devant moi. Mais hélas, à mon très grand étonnement et à ma grande tristesse, je ne le vois pas. Si je ne vois pas mon But en face de moi, mon sentiment n’a aucune conviction. J’aimerais d’abord voir effectivement mon But devant moi et ensuite devenir mon But. »

La Lumière dit au cœur : « Cœur, tu peux voir ton But juste devant toi et devenir ton But immédiatement si tu peux découvrir cette vérité éternelle : ton existence sur terre provient directement de l’Existence éternelle du Suprême, et tu fais partie intégrante du Suprême. Ô cœur, lorsque tu auras découvert cette vérité — que tu proviens du Suprême —, tu verras infailliblement ton But juste devant toi. »

Maintenant, le mental demande à la Lumière : « Ô Lumière, dis-moi si j’ai fait quoi que ce soit qui t’a déplu. »

La Lumière répond : « Oui, tu as abusé du temps. Lorsque tu abuses stupidement du temps, tu me déplais profondément. »

« Comment puis-je cesser d’abuser du temps ? »

« Tu peux cesser d’abuser du temps en ayant foi en ma Réalité qui apporte la lumière et en croyant que j’ai besoin de tes services inconditionnels pour ma pleine manifestation sur terre. Si tu crois en ma capacité de t’illuminer et au fait que j’ai désespérément besoin de ton assistance, tu arrêteras d’abuser du temps. »

Le cœur demande à la Lumière : « Ô Lumière, ai-je fait quoi que ce soit pour te déplaire ? »

« Oui, tu m’as déplu en perdant ton temps, et tu continues à perdre ton temps sans pitié. C’est pourquoi je ne suis pas contente de toi. Tu peux cesser de perdre ton temps en ayant foi en ma réalité qui apporte la lumière et en croyant au fait que j’ai besoin de tes services dévoués, tes services fervents pour ma manifestation immédiate et permanente sur terre.»

Ô mental, ô cœur, si vous m’écoutez, si vous répondez à mes besoins, vous pourrez tous les deux vivre ensemble de façon permanente et inséparablement. »

Le mental dit à la Lumière : « Ô Lumière, je te donne ma parole : je te servirai, je réaliserai ta manifestation. »

Le cœur dit à la Lumière : « Ô Lumière, je te servirai sans réserves et inconditionnellement pour te manifester sur terre immédiatement et à jamais. »

Lorsque nous vivons l’expérience intérieure de la Lumière, nous comprenons que le fini peut incarner et révéler l’Infini, et en même temps, que l’Infini peut manifester son Infinité, son Éternité et son Immortalité dans le fini et à travers lui. Lorsque nous vivons l’expérience intérieure de la Lumière, nous ressentons la nécessité constante de savoir si nous travaillons pour Dieu, si nous sommes constamment aux côtés de Dieu, ou si Dieu est à nos côtés. Une fois que nous avons vécu l’expérience intérieure de la Lumière, nous voulons toujours être aux côtés de Dieu. Nous ne voulons pas que Dieu soit à nos côtés et nous ne Lui permettons pas de l’être. C’est l’expérience qui transcende toute autre expérience. Un aspirant du plus grand ordre, ou voire un Yogi ou un Maître spirituel du plus grand ordre peut demander parfois au Suprême de prendre son parti. Mais celui qui a eu la pleine expérience intérieure de la Lumière infinie prend toujours le parti de Dieu.

Dans la vie ordinaire, beaucoup de gens pensent que le bonheur n’existe pas sur terre, et que la seule chose à faire est de vivre sans bonheur. Mais un Maître spirituel ne voit pas les choses de la même façon. Il demandera à ces gens de vivre l’expérience de la Lumière ne serait-ce qu’une seule fois. Celui qui a eu l’expérience intérieure de la Lumière vit une vie de bonheur. Pour lui, chaque jour est rempli de bonheur, chaque heure est remplie de bonheur, chaque minute est remplie de bonheur, chaque seconde est remplie de bonheur.

Dans la vie ordinaire, il y a beaucoup de personnes qui pensent qu’il n’existe pas d’amour satisfaisant sur terre. Ils prétendent qu’il n’y a qu’une seule forme d’amour, celui qui nous attache, celui qui menotte nos poignets et enchaîne notre cœur. Mais le Maître spirituel leur dit : « Non, il y a quelque chose que l’on appelle le véritable amour, l’amour divin, l’amour qui libère, l’amour qui parfait les imperfections humaines, l’amour qui comble. Vous pouvez vivre cet amour si vous avez reçu une goutte de l’expérience intérieure de la Lumière. L’expérience intérieure de la Lumière nous dit que la vie humaine est un désir constamment insatisfaisant tandis que la vie divine est un accomplissement constamment comblant et comblé. Avant de vivre l’expérience intérieure de la Lumière, nous nous efforçons de vivre sur terre et espérons vivre au ciel dans le futur. Mais une fois que nous avons vécu l’expérience intérieure de la Lumière, nous vivons au ciel sur terre : nous vivons dans le cœur du Temps éternel et sur les genoux de l’Immortalité. »

Question: Que puis-je faire de pratique pendant ma concentration et ma méditation pour voir la Lumière divine ?

Sri Chinmoy: Vous parlez de quelque chose de “pratique”. Mais je vous dirai que la concentration est practical; la méditation est practical. Nous devons savoir que Dieu, qui est toute Lumière, est naturel. Seul ce qui est naturel peut être pratique et de plus, praticable. Dorénavant, ressentez que la concentration est quelque chose de naturel dans votre vie. La méditation est également quelque chose de naturel dans votre vie. Dites-vous que lorsque vous ne méditez pas, vous faites quelque chose qui n’est pas naturel, qui est anormal, inhabituel, parce qu’en vous se trouvent Dieu et l’éclat de la Lumière divine.

Vous voulez voir la Lumière. Vous essayez, soit d’entrer dans l’immensité de cette Lumière, soi de faire venir en avant la Lumière que vous possédez déjà. Merveilleux ! Mais il y a beaucoup de personnes qui ont peur de la Lumière. Elles disent qu’elles veulent la Lumière, mais dès que la Lumière vient à elles, elles se sentent exposées. Les gens pensent que s’ils peuvent se cacher dans un endroit obscur, ils pourront voir le monde et émettre leur jugement sans que personne ne les voie. C’est là ce qu’ils espèrent. Leur obscurité est en somme une forme de protection et de sécurité pour eux. Lorsque la Lumière s’approche et s’apprête à entrer en eux, ils craignent que toutes leurs faiblesses et leurs limitations, leurs idées et leurs pensées négatives soient exposées au grand jour. Mais la fonction véritable de la Lumière est d’illuminer, non pas d’exposer ; de transformer nos pensées négatives et destructives en pensées positives et affirmatives.

Vous souhaitez savoir comment recevoir la Lumière ou comment la faire venir en avant. Pour cela, vous devez vous préparer ; comment ? Par votre concentration pure et votre méditation pure. Lorsque vous commencez votre méditation ou votre concentration, essayez de ressentir que vous provenez de la Lumière et que vous êtes dans la Lumière. Ce n’est pas votre imagination, ni votre hallucination mentale, loin de là ! C’est une vérité réelle, solide et concrète : vous incarnez la Lumière et vous êtes la Lumière même. Vous verrez un flot spontané de Lumière apparaître de l’intérieur. Vous le ressentirez d’abord dans votre cœur, puis dans votre front, au niveau du troisième œil, et finalement vous le ressentirez partout.

Il y a une autre manière de voir la Lumière. Pendant que vous respirez, lorsque vous inspirez, ressentez que vous inspirez quelque chose qui purifie tout ce qui doit être purifié en vous, et qui, en même temps, nourrit tout ce qui est affamé. Au début, vous verrez beaucoup de choses en vous qui devront être purifiées. Il y a également un bon nombre de choses qui sont affamées. Aussi, dès que vous aurez le sentiment de pouvoir nourrir, dynamiser et en même temps purifier tout ce qui en a besoin par la Lumière, celle-ci deviendra pour vous quelque chose d’absolument naturel. Puisque vous avez accepté notre voie, regardez mon front sur ma photographie transcendantale. Vous y verrez la Lumière et vous ressentirez cette Lumière en vous également, parce qu’il n’y a qu’une seule Lumière, et c’est Dieu. Il opère en moi, en vous, en chacun. Mais dans mon cas, je peux la voir consciemment et la faire ressentir par les autres. Si vous vous concentrez sur ma photographie transcendantale en répétant avec ferveur le mot « Lumière » cinquante, soixante ou cent fois, je peux vous assurer que vous finirez par voir la Lumière — soit bleue, soit blanche, ou dorée, ou encore rouge ou verte — parce que je suis prêt à offrir la Lumière de ma conscience transcendantale à quiconque la cherche sincèrement. Ceci est un secret que je vous confie.

Le jeudi au Centre de New York, lorsque vous êtes assis devant moi, vous pouvez vous concentrer sur mon front lorsque je suis dans ma méditation la plus profonde. Prenez votre temps et dites le mot « Lumière » en silence, et en même temps, essayez de ressentir que vous avez formé un pont entre vous et moi. Vous sentirez alors de façon continue que vous entrez en moi et que j’entre en vous. Vous n’avez pas besoin de méditer pendant quatre ou même dix heures, non ! En quelques minutes, si vous avez un sentiment fervent d’unité avec moi, vous verrez la Lumière. Je serai capable de faire cela pour vous, comme pour les autres aspirants sincères qui sont mes élèves et mes disciples. Pour les autres, je ne pourrai pas le faire, parce qu’ils ne m’ont pas accepté comme leur bien propre.

L’aspirant sincère n’a pas de difficulté à voir la Lumière. Mais ceux qui veulent voir la Lumière par curiosité peuvent être ignorés par Dieu, parce qu’ils ne veulent que voir, et non pas devenir la Lumière. Cependant, si Dieu veut leur montrer la Lumière malgré leur manque de bonne volonté, malgré leur manque de croyance en Dieu, je pourrai la leur montrer. Dieu sait ce qui nous convient le mieux. En ce qui vous concerne, vous verrez la Lumière et demain, vous aspirerez à grandir en elle. C’est ce qu’un aspirant fait : aujourd’hui, il voit le But, demain, il atteint le But et après-demain, il devient le But. Alors essayez, je vous aiderai.

III — LA BEATITUDE

366

La force invisible de l’homme repose en son espoir. La force de cet espoir repose dans son sacrifice. La force de son sacrifice repose dans la Grâce de Dieu. La force de Sa Grâce est la Félicité qui comble toute chose.

« Je t’en prie, mon vrai Seigneur, dis-moi comment je peux vivre sans troubles et sans plaisir.
»
« Mon fils, pour vivre sans troubles,
La seule chose dont tu as besoin est la lumière de ton âme.
Pour vivre sans plaisir,
La seule chose dont tu as besoin est la joie de ton âme.
»

LA FELICITE

La Félicité est la source de l’existence. La Félicité est le sens de l’existence. La Félicité est le langage de l’Infinité, de l’Éternité et de l’Immortalité.

La Félicité a été notre passé intérieur. La Félicité est notre présent intérieur. La Félicité sera notre futur intérieur. Peu importe que notre mental ne comprenne pas ou ne se soucie pas de comprendre cette vérité qui se révèle d’elle-même.

La Félicité n’est pas la satisfaction du mental, du vital et du corps. Elle est quelque chose de plus profond, de plus élevé et de plus pur. La Félicité n’a besoin d’aucune aide pour exister. Elle existe, se révèle et se réalise spontanément, par elle-même.

La Félicité est le pont divin entre la Paix et la Puissance, entre la Lumière et la Vérité, entre le Rêve non manifesté de Dieu et Sa Réalité manifestée.

La Félicité n’est pas l’excitation du vital agressif, dynamique et apparemment conquérant. Elle est surchargée d’une conscience créative à la fois dynamisante, satisfaisante et satisfaite.

Dieu et moi sommes un lorsque je L’atteins à travers la Félicité sur le plan de la Félicité. Dieu est tout, et je suis une portion de Lui lorsque je L’atteins à travers la Félicité de mon âme. Dieu est le Batelier et je suis le bateau lorsque j’atteins Dieu à travers la Félicité ici sur terre. L’aspirant ne peut être loyal envers son soi le plus profond que dans la Félicité. Il ne peut ressentir et comprendre à quoi Dieu ressemble que dans la Félicité. L’homme parle à Dieu vingt-quatre heures par jour, mais il ne Le ressent pas même une seconde, sans parler de Le comprendre. Ce n’est que si sa vie extérieure peut nager dans l’océan de Félicité de son âme qu’il peut ressentir la présence de Dieu et Le comprendre dans Sa Vision cosmique et Sa Réalité absolue.

Le plan de la Félicité est élevé, très élevé, c’est le plus élevé. Notre conscience illuminée peut nous faire accéder à ce plan et nous y fondre dans le ravissement. Une fois les couloirs du silence et de la transe sublimes traversés, nous devenons un avec le Suprême.

L’Infini sans la Félicité serait comme la création sans un Créateur, ce qui est absurde.

La Félicité sans Infini serait le Créateur sans la création, ce qui serait tout aussi absurde.

La Félicité est l’auto-création et l’auto-expérience. La Félicité dans ce qu’il y a de plus haut, absolument plus haut, s’appelle Ananda Purusha. La Félicité y est Infini, Éternité et Immortalité. Il existe une autre forme de félicité qui s’appelle ananda atma, lorsque la Félicité, naissant de la Félicité infinie, prend forme. Dans la conscience terrestre, la Félicité s’appelle Ananda Atma.

Lorsque la Félicité descend progressivement dans la nature obscure, impure, et imparfaite de l’homme pour la transformer, elle se heurte à une résistance continue. Nous voyons alors la Félicité perdre sa force à cause de l’immense ignorance et le plaisir éphémère se répandre. Dans la conscience la plus élevée, la triple conscience de Sat-Chit-Ananda, l’Existence, la Conscience et la Félicité sont ensemble. Si elles veulent se manifester, elles ne peuvent le faire qu’à travers la Félicité.

Lorsque la Félicité descend, le premier échelon qu’il franchit s’appelle le supra mental. Le supra mental n’est pas simplement légèrement supérieur au mental. Il est infiniment plus élevé que le mental. En fait, il n’est pas du tout le mental, bien qu’on utilise ce terme. Il représente la conscience qui a déjà transcendé les limites du fini. C’est à ce plan que commence la création. La forme apparaît un échelon plus bas. Cet échelon s’appelle le surmental. La multiplicité y apparaît sous une forme individuelle.

L’échelon en dessous est le mental intuitif. Avec le mental intuitif, nous voyons la multiplicité dans une forme collective. Avec l’intuition, nous voyons tout d’un seul coup d’œil. Nous pouvons voir beaucoup de choses en même temps. C’est du mental intuitif que la Félicité entre dans le mental à proprement parler. Ce mental voit chaque objet séparément. Mais bien qu’il voie tout séparément, il n’essaye pas de douter de l’existence de chaque objet. Ensuite, la Félicité entre dans le mental physique, c’est-à-dire le mental qui est gouverné par le physique. Ce mental voit chaque objet séparément, et de plus, il doute de l’existence de chaque objet. C’est dans le mental physique que commence le véritable doute.

Une fois qu’elle est descendue dans tous les degrés du mental, la Félicité entre dans le vital. On voit la force dynamique ou bien la force agressive dans le vital. Celle que l’on voit dans le vital inférieur ou dans le vital subtil est la force dynamique, et celle que l’on voit dans le vital extérieur est la force agressive. Du vital, la Félicité entre dans le physique. Il y a là deux types de physiques : le physique subtil et le physique à proprement parler. La Félicité est encore en train de descendre dans le physique subtil et nous pouvons encore en être conscients. Mais dans ce physique subtil, on ne peut posséder ni utiliser la vérité ; on ne peut que la voir, comme un mendiant en face d’un multimillionnaire. Enfin, lorsqu’on arrive au physique ordinaire, il n’y a plus de Félicité du tout. La Félicité a beau descendre, nous n’en voyons pas la moindre goutte dans le physique ordinaire. Que faire alors ? Nous pouvons entrer dans l’âme grâce à notre aspiration et l’âme nous emmène consciemment au niveau le plus élevé, celui de l’Existence-Conscience-Béatitude. Notre voyage peut alors devenir conscient. Nous sommes entrés dans la triple conscience et nous pouvons amorcer notre descente consciente dans le supra mental, le surmental, le mental intuitif, le mental propre, le mental physique, le vital et le physique. Si nous réussissons à faire descendre la Félicité jusqu’au physique et que le physique peut absorber et utiliser cette Félicité, la vie de plaisir prend fin. Nous comprenons alors la différence entre la vie de plaisir et la vie de Félicité. La vie de plaisir est suivie de frustration et de destruction. La vie de Félicité est une croissance continue, une réalisation continue, une satisfaction continue et une manifestation de Dieu continue, à la manière de Dieu.

Sans Béatitude, l’homme n’est que superficialité externe. Avec la Béatitude, l’homme est une réalité intérieure et extérieure satisfaisante. Sans Béatitude, l’homme est un chant de frustration et de destruction. Avec la Béatitude, l’homme est une plénitude constante et une perfection constante.

Question: Vous avez dit qu’il était très difficile pour un disciple de faire descendre la Félicité en lui. Y a-t-il une raison à cela ?

Sri Chinmoy: Il y a deux raisons. L’une est que certains disciples n’aspirent pas très sincèrement, et l’autre est que l’impureté physique et vitale des disciples résiste consciemment ou inconsciemment à la descente de la Félicité.

Question: Vous avez dit un jour que la Félicité transcendantale était l’une des qualités divines non manifestées sur terre. Pourquoi ?

Sri Chinmoy: Sur le plan le plus élevé, on trouve la conscience Existence-Conscience-Béatitude ; nous l’appelons Sat-Chit-Ananda. Sat est l’Existence, Chit la Conscience et Ananda est la Félicité. La Conscience est la source de toute chose, mais elle ne peut exister sans la Félicité et sans l’Existence. Sans Existence, il ne peut y avoir de Conscience. Avec l’Existence et la Conscience, la Béatitude est nécessaire pour l’accomplissement de soi.

Depuis la nuit des temps, les grands Maîtres spirituels ont fait descendre les aspects Sat et Chit. Mais Ananda est bien plus difficile à faire descendre. Certains n’y sont pas du tout parvenus. D’autres y sont parvenus, mais uniquement pour quelques secondes ou quelques minutes, et puis elle est remontée. La Paix est accessible, on peut facilement la faire descendre, de même que la Lumière et la Puissance. Mais la Félicité qui immortalise notre conscience intérieure et extérieure n’a pas encore été établie sur terre. Elle vient et repart parce qu’elle voit tellement d’imperfections dans l’atmosphère terrestre qu’elle ne peut pas y rester. Les personnes spirituellement avancées sont elles-mêmes souvent déconcertées. Elles ressentent une extase intérieure qui provient du monde vital et la prennent pour de la véritable Félicité, mais cela n’en est pas. La véritable Félicité descend des mondes les plus élevés dans l’âme, puis elle se répand dans l’être tout entier.

Cette Ananda est absorbée de manière différente que le bonheur physique, ou bien ce que l’on appelle le plaisir ou la jouissance. La Félicité supra mentale est complètement différente du monde du plaisir et de la jouissance. Une fois que vous recevez ne serait-ce qu’une goutte de Félicité, vous ressentez votre être tout entier danser de joie comme un enfant avec la plus grande pureté, et votre être extérieur ressent de l’immortalité dans toute son existence extérieure. Si vous recevez cette Félicité ne serait-ce qu’une seule seconde, vous vous en souviendrez toute votre vie.

Tout autour de nous se déroule le Jeu cosmique, le Théâtre cosmique. L’univers est plein de joie intérieure et de joie extérieure. Lors de la réalisation, nous devons ressentir la nécessité de manifester cette Félicité constante dans notre cœur. Cette Félicité brille, mais elle ne brûle pas vraiment. Elle a une intensité énorme, mais c’est un flot tendre de Nectar de douceur.

Un jour, je l’ai fait descendre dans mon physique ordinaire, et lorsque je souriais, je dispersais la Félicité la plus élevée à chacun d’entre vous. Mais je dois dire qu’elle a complètement disparu. Pas un seul disciple n’en a gardé la moindre goutte.

Question: Les enfants font-ils parfois l’expérience de cette Félicité ?

Sri Chinmoy: Non. Les enfants n’ont pas de Félicité élevée. Ils ont une félicité physique. Ils reçoivent une certaine félicité de leur être psychique, de l’être intérieur ou de l’âme, qu’ils peuvent exprimer de manière spontanée. Et très souvent, les enfants expriment leur joie à travers leur vital pur et non corrompu. Mais la Félicité la plus élevée, celle qui provient du plan de Sat-Chit-Ananda, n’est pas accessible aux enfants. On ne peut la trouver que dans sa méditation la plus profonde et la plus élevée. Les enfants doivent également passer par la méditation, la concentration et la contemplation pour faire l’expérience de cette qualité.

[Sri Chinmoy demande à ses disciples d’essayer d’invoquer _Ananda._]

Placez la main sur votre cœur. Essayez de ressentir le plus bel enfant sur terre et au Ciel dans votre cœur. C’est l’âme. Les hommes verront naturellement cet enfant comme un petit garçon, et les femmes comme une petite fille. L’âme n’est ni masculine ni féminine, mais lorsqu’elle s’incarne, elle prend une forme. Essayez de voir un enfant de sept jours seulement. En termes d’évolution spirituelle, certains d’entre vous ne sont même pas cet enfant de sept ans, pardonnez-moi de vous le dire. Bien que les âmes aient commencé leur voyage il y a des millions d’années, il y a parmi vous une ou deux personnes qui n’ont eu qu’une seule ou deux incarnations humaines. L’évolution de leur âme n’a peut-être que quelques heures ou quelques minutes, en termes purement spirituels. Maintenant, pensez à l’enfant de sept jours et en silence, répétez Ananda sept fois.

Question: Pouvez-vous dire la différence entre joie, Béatitude et Félicité ?

Sri Chinmoy: La joie est sur le plan physique. La Béatitude est sur le plan intérieur, mais centré autour de quelque chose de particulier. La Félicité, avec sa Lumière immortelle, parcourt l’être tout entier.

Une personne qui n’aspire pas peut avoir de la joie, mais elle ne peut pas ressentir de Béatitude ou de Félicité divines. Seul un aspirant peut ressentir la Béatitude et la Félicité. La Béatitude est intensité. La Félicité est la liberté de l’Immortalité qui vole constamment dans le ciel de l’Infini.

Question: Quelle est la différence entre extase, Béatitude et Félicité ?

Sri Chinmoy: L’extase est quelque chose que l’on ressent habituellement dans notre vital émotionnel le plus élevé ou illuminé. La Béatitude se ressent dans notre cœur dévoué qui aspire. Nous pouvons également ressentir de la Béatitude dans le mental qui cherche. La Félicité se ressent depuis la plante des pieds jusqu’à la couronne de la tête. L’être tout entier jouit de la Félicité. La Félicité peut se ressentir à travers le corps lorsqu’on est entièrement dévoué et que l’on écoute inconditionnellement les ordres du Suprême.

Question: La Félicité est-elle l’aspect le plus élevé du Suprême ?

Sri Chinmoy: La Paix, la Lumière et la Félicité sont dans la même catégorie. Ces trois qualités sont les aspects les plus élevés du Suprême. La Paix répand, la Lumière illumine, la Félicité immortalise. Ce sont là les rôles qui leur sont attribués.

Question: Quelle est la relation entre la Lumière et la Félicité ?

Sri Chinmoy: La Lumière et la Félicité sont inséparables. Elles incarnent toutes deux la Vérité, mais chacune contient des aspects de la Vérité que l’on peut invoquer. Lorsque nous invoquons la Lumière, nous ressentons que notre vie d’ignorance qui dure depuis des millénaires, va prendre fin ; nous essayons d’illuminer notre vie d’obscurité. Lorsque nous invoquons la Félicité, nous ressentons que nos souffrances millénaires vont cesser ; nous essayons de transformer nos souffrances et nos sentiments en Félicité.

I — L’EGO

L’EGO HUMAIN

L’ego est ce qui nous limite dans tous les domaines de l’existence. Nous sommes les enfants de Dieu ; nous sommes un avec Dieu. Mais l’ego nous fait ressentir que nous n’appartenons pas à Dieu, que nous sommes de parfaits étrangers pour Lui. Au mieux, il nous fait ressentir que nous allons vers Dieu, mais pas que nous sommes en Dieu.

L’ego humain ordinaire nous procure un sentiment d’identité séparée, de conscience séparée. Un certain sens de l’individualité et d’estime de soi est certes nécessaire à un certain niveau du développement de l’homme. Mais l’ego sépare notre conscience individuelle de la Conscience universelle. La fonction même de l’ego est de séparer. Il ne peut trouver de satisfaction en considérant deux choses en même temps sur le même plan. Il pense toujours que l’un doit être supérieur à l’autre. L’ego nous fait donc penser que nous sommes tous des gringalets distincts les uns des autres, et qu’il ne nous sera jamais possible de devenir ou de posséder la Conscience infinie. Enfin l’ego est une restriction. Cette restriction est l’ignorance et l’ignorance est la mort. L’ego aboutit ultimement à la mort.

Il y a beaucoup de voleurs, mais le pire est sans nul doute notre ego. Ce voleur peut nous dérober toute notre divinité. Non seulement nos expériences ont peur de ce voleur-ego, mais notre réalisation même, notre réalisation partielle en a peur. Nous devons beaucoup nous méfier du voleur-ego.

Notre ego humain veut faire quelque chose de grand, de grandiose et magnifique, mais cette chose unique n’est pas forcément ce que Dieu veut que nous fassions. Il est toujours agréable de faire de grandes choses, mais Dieu ne nous a peut-être pas choisis pour les réaliser. Dieu peut nous avoir choisis pour faire quelque chose de tout à fait insignifiant dans les mondes extérieurs. L’œil de Dieu voit le plus grand dévot en celui qui accomplit avec ferveur et dévotion sa tâche ordonnée par Dieu, quelque insignifiante soit-elle. Chaque être humain est un enfant de Dieu. De même, chaque être humain est destiné à jouer un rôle important dans le Jeu divin de Dieu. Dieu n’est divinement fier que lorsqu’Il voit quelqu’un jouer le rôle qu’Il a choisi pour lui. Notre ego essayera d’accomplir et de jouer de grandes choses, mais aux Yeux de Dieu, nous n’avons de valeur que lorsque nous faisons ce que Dieu veut que nous fassions.

L’ego humain ordinaire, commun, pense qu’il a tout accompli et qu’il sait tout. Cela me rappelle une anecdote racontée par Swami Vivekananda au Parlement des Religions de Chicago en 1893. Le titre est : La grenouille dans le puits. « Il était une fois une grenouille qui était née dans un puits, et qui y avait grandi. Un jour, une grenouille des champs sauta dans le puits. La première grenouille lui demanda : « D’où viens-tu ? »

La seconde grenouille répondit : « Je viens du champ. »

« Du champ ? Il est grand comment ? » demanda la première grenouille.

« Oh, il est très grand », dit la seconde.

La grenouille du puits écarte ses pattes tant qu’elle peut et demande : « Il est grand comme ça ? »

« Non, bien plus grand ! » répondit la grenouille du champ.

L’autre grenouille sauta d’un bout à l’autre du puits et affirma : « Cela doit être la taille du champ. »

La seconde grenouille dit : « Non, le champ est infiniment plus grand. »

La première grenouille se fâchat alors et s’écria : « Tu es un menteur ! Je vais te jeter hors d’ici. »

Ceci montre l’attitude de notre ego humain. Les grands Maîtres spirituels et les sages parlent d’Infini, d’Éternité et d’Immortalité. Le débutant qui commence tout juste sa vie spirituelle demandera aussitôt : « L’infini est-il un peu plus grand que le ciel ? » Et le sage répondra : « Non, l’Infini est infiniment plus grand que ton imagination, plus grand que tout ce que tu peux concevoir. » Le sage sera immédiatement critiqué parce que l’ego nous fait croire que ce que nous avons réalisé ne peut pas être dépassé par la réalisation et l’expérience d’autres personnes. L’ego n’aime pas voir quelqu’un d’autre montrer plus de capacité que lui et être capable de faire ce qu’il ne peut pas faire.

L’ego nous fait croire, tantôt que nous ne sommes rien, tantôt que nous sommes tout. Nous devons nous méfier des sentiments d’importance autant que des sentiments d’insignifiance. Nous devons dire que nous serons heureux de n’être rien si Dieu veut que nous ne soyons rien, et d’être tout si Dieu veut que nous soyons tout. Nous devons nous soumettre inconditionnellement et joyeusement à la Volonté de Dieu.

S’Il veut que nous soyons Ses camarades, nous le serons. S’il veut que nous soyons Ses esclaves, nous le serons. S’Il veut que nous soyons Ses véritables représentants sur terre, nous le serons. « Que Ta Volonté soit faite. » Telle est la plus grande prière que nous pouvons adresser à Dieu. La transformation de l’ego repose dans les profondeurs sincères de cette prière.

ENTRE LE NEANT ET L’ÉTERNITE

Vide d’actions,
Pleine de prétentions,
Ma vie sur terre.
Mon vrai nom est
Obscurité.
Je vis entièrement
Replié sur moi-même.
Je n’entoure pas une seule âme
De mes bras.
Je n’ai aucun conseiller
À mon niveau.
Je suis seul
Entre l’échec
Et la frustration.
Je suis le fil rouge
Entre le Néant
Et l’Éternité.

Question: Comment peut-on conquérir son ego ?

Sri Chinmoy: Voyez votre ego comme un voleur à l’intérieur de vous. Lorsque vous voyez un voleur, que faites-vous ? Vous le chassez. Dites-vous qu’un voleur est entré à l’intérieur de vous, dans votre chambre d’aspiration. Commencez à chasser votre ego, le voleur, tôt le matin. Le soir, vous pourrez l’attraper. En considérant vraiment votre ego comme un voleur, vous finirez par l’attraper. Vous n’y arriverez peut-être pas du premier coup, mais si vous savez qu’on vous a volé quelque chose et que vous avez vu le voleur, vous continuerez à le chercher. Votre recherche finira par porter ses fruits. Et lorsque vous attraperez l’ego-voleur, que se passera-t-il ? L’épée de votre sentiment d’unité universelle le transformera.

L’ego est la séparativité et l’individualité. La séparativité et l’individualité humaine ne peuvent pas vivre dans l’océan de l’unité et de l’universalité. Si nous voulons maintenir notre individualité séparée, notre vie nous mènera à la destruction. Avant d’entrer dans l’océan, une goutte peut se dire : « Voici le puissant océan, le vaste océan. Lorsque j’entrerai en lui, je serai complètement perdue ; je serai complètement détruite, je n’aurai plus d’existence ! » Mais cette attitude n’est pas bonne. La goutte devrait faire preuve de sagesse spirituelle et se dire : « Lorsque j’entrerai dans ce vaste océan, mon existence se fondra inséparablement en lui, et je pourrai proclamer que l’océan fait partie de moi. » Qui pourra le contester ? Dès que la goutte entre dans l’océan, elle devient une avec l’océan et devient l’océan même. Qui pourra alors séparer la conscience de la goutte de celle du vaste océan tout entier ?

L’ego humain ne cesse de nous ennuyer. Mais si nous disposons de l’ego divin qui nous fait dire : « Je suis le fils de Dieu, je suis la fille de Dieu », nous ne serons plus enclins à séparer notre existence du reste de la création de Dieu. Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent. S’Il est tout, s’Il est partout, et que je suis Son fils, comment serais-je limité à un seul endroit ? Cet ego divin ou cette fierté divine est absolument indispensable. « Je n’ai plus envie de me prélasser dans les plaisirs de l’ignorance. Je suis l’enfant de Dieu. Mon droit de naissance est de Le réaliser, de Le découvrir en moi-même et en chacun. Il est mon Père. S’Il peut être si divin, pourquoi ne le serais-je pas également ? Je proviens de Lui, de l’Absolu, du Suprême, alors je devrais être également divin. » C’est cette forme de fierté divine que nous devons faire venir en avant. L’ego ordinaire qui ne cesse de nous contraindre doit être transformé. Notre seule option devrait être l’ego divin, la fierté divine qui proclame l’univers comme sa possession.

L’ego ne s’intéresse qu’à l’individu et à ses possessions. En nous intéressant à la conscience universelle, nous devenons l’univers tout entier, et dans cette conscience, nous n’agissons plus comme un petit individu qui ne sait que se vanter et proclamer : « C’est ma propriété, c’est ma capacité, c’est mon accomplissement. » Au contraire, nous dirons alors : « Tous les accomplissements m’appartiennent. Il n’est rien que je ne peux revendiquer comme mien. »

Dans la vie spirituelle, la manière la plus facile de conquérir l’ego est d’offrir de la gratitude à Dieu cinq minutes chaque jour. Vous ressentirez une très jolie fleur, douce et parfumée, grandir en vous. C’est la fleur de l’humilité. Lorsque vous Lui offrez votre gratitude, Dieu vous donne quelque chose de très beau : l’humilité. Dès qu’il voit la fleur de l’humilité, l’ego s’en va parce qu’il se dit qu’il peut devenir quelque chose de mieux : l’unité universelle.

Plus nous donnons, plus nous sommes appréciés. Pensez à un arbre qui pousse, avec ses fleurs, ses fruits, ses feuilles, ses branches et son tronc. L’arbre n’est satisfait qu’en offrant tous ses biens, et non pas en les possédant. Seul le don de soi lui procure de la satisfaction. Il offre ses fruits au monde en s’inclinant avec la plus grande humilité. Il offre son ombre ou sa protection à tout le monde, quels que soient sa richesse, son rang ou sa capacité. Nous aussi sommes vraiment satisfaits en nous donnant et non pas en gardant tout pour nous-mêmes.

L’ego essaye toujours de posséder pour lui-même. Mais une fois l’ego transcendé, nous donnons tout pour la Satisfaction de Dieu, pour celle du monde et pour celle de notre âme. Sur le plan humain, l’ego essaye de se satisfaire en utilisant tout pour son propre compte. Dans la vie spirituelle, nous transcendons l’ego humain et nous utilisons tout dans un but divin, pour la satisfaction du monde entier.

Question: J’ai l’impression de toujours me mesurer aux autres. Comment puis-je dépasser cela ?

Sri Chinmoy: Essayez de ressentir votre unité avec tout le monde ; vous élargirez alors immédiatement votre conscience. Lorsque quelqu’un fait quelque chose de bien, ressentez aussitôt que c’est vous qui l’avez fait. Et lorsque cette personne réussit très bien, elle devrait à son tour ressentir la même chose. Chaque fois que quelqu’un fait quelque chose de très bien, les autres doivent ressentir que c’est leur inspiration et leur aspiration conscientes qui ont permis à cette personne de réussir. Nous pourrons conquérir l’ego grâce à ce sentiment de travail d’équipe.

Mais l’ego compétitif ne doit pas être confondu avec la fierté divine. Il nous arrive de nous dire : « Je suis le fils de Dieu, comment puis-je être un si mauvais fils ? Comment ai-je pu mentir ? Comment puis-je autant manquer de sincérité ? Je suis l’instrument de Dieu, comment puis-je agir ainsi ? » Ceci est également une forme d’ego, mais il ne s’agit pas de l’ego compétitif et destructeur qui nous donne envie de battre tout le monde à tout prix et de dominer le monde entier de notre supériorité invincible.

L’ego divin vient de la conscience divinisée, de notre unité intérieure avec Dieu. Si nous nous considérons de manière divine comme les instruments choisis de Dieu, il ne peut plus rester d’ego non divin dans notre vie. Nous devons commencer par ressentir cela intérieurement, puis par le manifester dans nos actions.

Tout ce que les autres font de bien, ressentez que c’est vous qui l’avez fait. Cette pensée n’est pas fausse. Vous n’essayez pas de vous tromper. Ne vous dites pas que ce n’est pas vous qui l’avez fait, mais que c’est untel ou une telle. Votre nom est la conscience universelle. Il n’y a qu’un seul Être, c’est le « Je » infini qui recouvre toute chose. C’est pourquoi en vous identifiant simplement à la Conscience universelle, vous pouvez légitimement proclamer vôtre toute action de tout habitant de l’univers.

Mes disciples réalisent beaucoup de choses sur le plan physique que je n’ai jamais réalisées extérieurement. Mais j’ai tout de suite le sentiment d’avoir fait toutes ces choses grâce à mon identification sincère et complète à mes disciples. Qu’ils travaillent physiquement ou mentalement, ils font tant de choses. Je leur donne tout le crédit, je les apprécie, les remercie et leur offre la gratitude sincère de mon cœur. Mais dans mon être intérieur, une extension de ma conscience me fait immédiatement ressentir que c’est moi qui l’ai fait. Ce sont mes enfants spirituels, alors naturellement, ce qu’ils font est également mon accomplissement. Par ailleurs, lorsque sur le plan spirituel, je fais descendre la Paix, la Lumière et la Béatitude, mes enfants ont tous les droits de ressentir que c’est grâce à leur aspiration consciente que j’ai pu faire descendre ces qualités. Ils ne sont pas étrangers à tout ce que je fais, ils ne sont pas de simples récepteurs passifs. Ils doivent ressentir que nous avons fait descendre ensemble cette Paix, cette Lumière et cette Béatitude.

L’ego vient de la séparativité, alors comment pourrait-il y en avoir lorsque nous ressentons notre véritable unité intérieure ? Où est la conscience du « Je », si, lorsque je fais quelque chose, vous pouvez le revendiquer ? Où est la conscience du « Vous », si lorsque vous faites quelque chose, je peux le revendiquer ? Où est l’ego ? Il est parti, il a disparu dans notre sentiment mutuel divin et universel d’unité.

Nous pouvons ainsi conquérir notre ego de ces deux manières. Lorsque nous nous identifions aux autres, nous ressentons notre unité avec eux et l’attitude compétitive disparaît de notre vie. Il ne peut plus y avoir d’ego. Et si nous pouvons avoir le sentiment de venir de Dieu, d’être en Dieu, pour Dieu et de Dieu, c’est là une autre manière de conquérir l’ego humain et de le transformer en fierté divine.

Question: Une fois l’ego humain transcendé, peut-on retomber dans l’égocentrisme ?

Sri Chinmoy: Non. Une fois l’ego humain transcendé, on n’y retombe plus jamais. Ce n’est que si l’ego n’est dépassé que partiellement que l’on peut retomber dans l’égocentrisme. Une fois qu’un étudiant a réussi son examen, il n’échoue plus à cet examen parce qu’il n’a pas à le repasser.

Question: Si j’ai bien compris, il faut d’abord que l’ego meure avant d’atteindre la réalisation.

Sri Chinmoy: Si l’ego meurt ou s’éteint, on n’en tirera plus rien. Ce n’est qu’en le transformant qu’on pourra en gagner quelque chose. Essayer de tuer l’ego, c’est comme enlever la vie d’un animal. Ce n’est pas ce qu’il faut faire. Nous devons dompter l’ego. L’ego dit « Je, mon, ma femme, mes enfants, etc. ». Cet ego est contraignant. Mais si nous disons : « Je suis partout, je suis universel, je suis l’enfant de Dieu », ce sentiment nous libère.

Essayez d’étendre votre conscience. Plus elle sera large, plus votre vision sera large. Votre ego est votre conscience limitée qui, lorsqu’elle s’étend, devient universelle. Vous êtes alors complètement un avec la Source.

Supposez que vous ayez un couteau. Avec ce couteau, vous pouvez me frapper ou bien couper un fruit pour m’en donner un morceau, ce qui est la bonne attitude. De même, si vous pouvez utiliser l’ego pour un objectif divin, il sera aussitôt transformé en une réalité qui vous comblera. Même si votre ego n’est pas encore éclairé et pur, utilisez-le au service de Dieu et non pas pour détruire le monde. En servant Dieu, votre ego se purifie et l’expansion de votre conscience prend place dans sa purification complète. L’évolution consciente de l’homme et sa véritable satisfaction reposent dans la purification de l’ego.

Vous devez savoir que rien ne meurt. Dans la vie spirituelle, la mort ne signifie rien d’autre que la restriction. Lorsqu’une petite goutte d’eau se jette dans l’océan, nous pensons que cette goutte se perd dans l’immensité et meurt. Mais en nous identifiant en même temps à la goutte et à l’immense océan, nous voyons que la personnalité de la goutte n’est pas perdue ; elle a grandi dans l’Infini immense de l’océan. C’est cela, la prétendue mort de l’ego et de la personnalité humaine. Nous pouvons voir cela comme une mort avec nos yeux humains ordinaires, mais avec l’œil de notre cœur, avec notre œil intérieur, nous voyons la transformation de la petite goutte en l’océan infini.

II — L’INDIVIDUALITE DIVINE ET L’UNITE

Qui est appelé, qui est choisi ?

Qui est appelé ?
Seul celui qui est prêt
À se battre,
Se battre contre l’ignorance massive.

Qui est choisi ?
Seul celui qui veut
Gagner,
Gagner la Victoire suprême.

Qui est appelé ?
Seul celui
Qui est préparé
À aimer,
Aimer le monde entier.

Qui est choisi ?
Seul celui
Qui embrasse,
Embrasse la vie
De l’unité universelle.

NON PAS LA PUISSANCE, MAIS L’UNITE

L’homme a d’innombrables désirs. Il pense qu’en satisfaisant ses désirs, il sera capable de prouver sa supériorité sur les autres. Lorsque ses désirs ne sont pas satisfaits, il se maudit et pense qu’il est un échec désespéré et bon à rien. Mais Dieu vient à lui et lui dit : « Mon enfant, tu n’as pas échoué. Tu n’es pas un cas désespéré. Tu n’es pas bon à rien. Comment peux-tu être désespéré ? Je grandis en toi avec mon Rêve à jamais lumineux et enrichissant. Comment peux-tu être bon à rien ? Je suis en toi en tant que Puissance infinie. »

L’homme essaye alors de découvrir autre chose pour prouver sa supériorité. Il exerce sa puissance avec violence et agression. Il veut prouver au monde qu’il est important. Pour prouver Son Éminence, il adopte tous les moyens possibles en faisant fi de sa conscience. Dieu, de par Son infinie Bonté, vient à nouveau à lui et lui dit : « C’est un mauvais choix. Tu ne peux pas prouver au monde que tu es sans égal, unique. Ce que tu meurs d’envie de gagner de ta supériorité est de la joie, de la joie infinie. Mais tu ne posséderas cette joie infinie qu’en découvrant le secret des secrets. Ce secret est ton unité indivisible avec chaque être humain sur terre. »

Puis Dieu continue ; Il dit qu’Il n’est fort, heureux et comblé que parce qu’Il est entièrement un avec chaque être humain, avec l’univers tout entier. Ce n’est qu’une fois entièrement unifié au reste du monde que l’on peut être vraiment heureux. Et ce bonheur rend unique. Ce n’est pas la puissance qui nous rend supérieurs ou qui nous fait ressentir notre valeur ; c’est notre unité inégalée avec Dieu et avec le monde. Les autres n’ont pas besoin de nous parce que nous sommes puissants. Non, les autres ont désespérément besoin de l’unité de notre âme. Nous sommes grands, plus grands, les plus grands, uniquement lorsque nous ressentons consciemment notre unité avec le monde entier.

Question: J’aimerais savoir ce que mon âme attend lorsqu’elle accepte un Maître spirituel ? Dois-je donner toute ma vie, toute mon intelligence, tout mon amour ?

Sri Chinmoy: Lorsque vous dites « donner », qu’entendez-vous ; donner ou abandonner ? Lorsque vous acceptez un Maître spirituel, vous n’avez rien à lui abandonner. Il vous suffit de ressentir que ce que vous appelez « moi » est l’autre nom de votre maître. Un sentiment d’unité inséparable doit s’établir entre la conscience du maître et la vôtre. Si vous avez l’impression d’abandonner quelque chose, votre frustration n’aura pas de fin.

De même que le disciple n’a rien besoin d’abandonner, il n’a rien à donner au Guru non plus. Le disciple vient simplement au Guru et entre en lui avec ce qu’il a et ce qu’il est. Qu’avez-vous ? Vous avez une âme. Qu’êtes-vous ? Vous êtes l’âme. Il n’y a aucune différence entre ce que vous avez et ce que vous êtes. Si vous entrez dans votre Maître avec cette connaissance, avec cette sagesse, avec cette compréhension, vous verrez, ressentirez et deviendrez entièrement uni à l’existence de votre Maître. Lorsque l’âme du disciple et la conscience ainsi que l’âme du Guru sont unies, vous ne lui donnez rien. Votre accomplissement n’est pas différent de ce que vous êtes. Il n’y a pas plus de différence entre les deux qu’entre vos doigts et votre main.

Si vous me demandez ce qu’un Guru attend de vous, je vous répondrai que c’est votre âme, qui est précisément ce que vous avez et ce que vous êtes. Vous pouvez dire que vous donnez à votre Guru ce que vous avez, c’est-à-dire à la fois votre sagesse et votre ignorance. Mais si vous voyez que vous êtes à l’intérieur de votre Guru, il n’y a plus rien à donner ni à prendre : il n’y a plus qu’une croissance à l’intérieur du cœur du Guru. Je vous en prie, restez dans votre Guru aussi longtemps que vous le pouvez, à jamais. L’âme d’un disciple ne devrait jamais se séparer de la conscience de son Maître. Restez dans le Maître avec ce que vous avez et ce que vous êtes, non pas dans le sens où vous lui donnez quelque chose, mais dans le sens où vous vous appartenez l’un à l’autre. Il ne s’agit pas de dons mutuels. Par ailleurs, il n’y a aucun sacrifice dans le sentiment d’unité. Lorsque vous vous sentez tous deux comme une seule et même existence, comme un même amour, la moindre notion de sacrifice disparaît complètement.

L’INDIVIDUALITE ET LA PERSONNALITE

La personnalité qui se torture est l’individualité humaine.
La personnalité qui se découvre est l’individualité divine.

L’homme n’a pas besoin de perdre son individualité ni sa personnalité. L’homme doit sentir et réaliser son individualité divine en toute chose et sa personnalité divine au service de tous. Lorsqu’on parle d’individualité, on voit tout de suite toutes sortes de qualités qui la composent, comme la fierté, la vanité, les désirs, les frustrations, la peur, l’anxiété, les soucis et ainsi de suite. Cette forme d’individualité se trouve dans notre vie quotidienne ordinaire. Mais il y a une autre forme d’individualité, celle qu’on appelle divine. L’individualité divine est entièrement différente de l’individualité pleine de fierté, de vanité, d’ego, de désirs terrestres, d’accomplissements limités et de réalisation limitée.

L’individualité divine est une expression directe du divin en nous. Dieu est un, mais Il est également multiple. Il est un dans Sa Conscience transcendantale la plus élevée. Il est multiple ici sur terre, dans le domaine de la manifestation. Au plus haut, Il est unité. Ici sur terre, Il est multiplicité. Dieu est le lotus et possède de très nombreux pétales, qui représentent chacun un aspect individuel de Lui-même. Il Se manifeste de manières et de formes infinies.

Lorsqu’on parle de personnalité humaine, on pense tout de suite à quelque chose qui vient de la conscience physique ou du corps physique. L’homme, avec ses capacités, ses prédispositions, ses talents et toutes ses caractéristiques diverses, forme une certaine personnalité. Lorsque quelqu’un est devant moi, sa personnalité s’étend comme de l’eau sur une surface plane. Lorsque nous pensons à une personne ou à une chose, notre propre individualité entre aussitôt dans la personnalité de cette personne ou de cette chose. Pour l’instant, je suis avec vous, mais si mon mental m’emporte vers quelqu’un qui se trouve en Inde, ma propre individualité s’unit aussitôt à cette personne. Je suis entré dans la personne qui se trouve en Inde et je peux utiliser sa personnalité grâce à mon unité avec lui. Je n’ai pas perdu mon individualité, elle s’est transformée en une personnalité qui recouvre tout et sert tous. Dès que je pense à quelqu’un, ma conscience entre en lui et se répand en lui. Lorsque ma conscience m’emporte vers une personne, je deviens partie intégrante d’elle. J’élargis alors ma conscience en elle. Lorsque ma conscience s’étend, sa conscience s’étend également. Nous servons toujours au moment où nous entrons consciemment dans autre chose que nous-mêmes.

Dans notre véritable Soi, nous sommes tous un. Mais dans notre soi extérieur, nous sommes multiples. Parmi le « multiple », nous voyons l’un servir l’autre ; et l’autre peut ne pas prendre activement ou consciemment part à ce processus. Par exemple, je donne une conférence ici. Vous pouvez vous dire que je vous rends service avec ma connaissance et ma lumière spirituelle, mais je vous dirai que vous aussi, rendez service au Suprême en moi à travers votre communion avec moi et votre compréhension et appréciation de ce que je vous offre. Tout cela forme la personnalité au service de tous. Dès que nous sommes devant quelqu’un, même si cette personne ne prend pas activement ou dynamiquement part à notre échange, notre présence même constitue une part importante de la conscience de cette personne. Une personne ordinaire ne comprend pas le langage d’une fleur, mais devant cette fleur, que se passe-t-il ? Elle apprécie sa beauté et la beauté de la fleur apprécie sa conscience. Il y a une appréciation, un amour et un service mutuels.

Je vous rends service avec tout ce que je possède et tout ce que je suis. Vous me rendez service en devenant entièrement un avec ma conscience. C’est là le véritable service, celui dans lequel on ne perd pas son individualité. Mon individualité reste en vous et votre individualité reste en moi. C’est l’extension de notre personnalité sous forme de cette individualité étendue que le Suprême exprime de manières infinies. Bien qu’une minuscule goutte d’eau puisse être considérée comme une goutte individuelle, dès qu’elle se fond dans l’océan infini, elle ne perd pas sa soi-disant individualité, au contraire, son individualité s’élargit en l’expansion infinie de l’océan. Lorsqu’on regarde l’océan, on voit l’océan comme un être immense, une personnalité gigantesque qui possède en elle des millions et des milliards d’êtres vivants. C’est un être vivant lui-même. En se jetant dans l’océan, la goutte devient aussi grande que l’océan. De la même façon, lorsque nous entrons avec notre individualité dans notre personnalité divine, nous voyons notre individualité transformée en la personnalité infiniment vaste et recouvrant toute chose du Divin.

L’universalité ne peut signifier une simple extinction de la flamme individuelle qui s’élève du cœur humain et elle ne le signifie pas. Au contraire, lorsque l’individu se transcende dans le processus continu de l’universalisation, il peut être pleinement assuré de vivre dans les sphères les plus profondes, les plus vastes et les plus élevées de la Lumière, de la Paix et de la Puissance, et ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il pourra devenir son véritable soi, son Soi éternel.

Question: Est-ce que nous gardons notre individualité lorsque nous réalisons Dieu, ou bien la perdons-nous ?

Sri Chinmoy: Dieu ne veut pas que nous perdions notre individualité, mais il faut distinguer entre l’individualité ordinaire et l’individualité réelle et divine. Dieu Lui-même est à la fois unique et multiple. Il est unique, mais dans le domaine de la manifestation, Il est devenu multiple. Il a choisi chaque personne comme Son instrument choisi, autrement dit, chaque âme humaine est Son instrument choisi. Cette forme d’individualité divine que Dieu nous a donnée n’est pas l’individualité ordinaire, déterminée par l’ego qui dit : « Je suis ceci, vous êtes cela. » L’individualité de Dieu est une manifestation unique de Sa Réalité. Il n’y a aucun conflit, aucune jalousie, aucun combat. Dieu Lui-même Se manifeste de manière unique en vous, en moi et en chacun. C’est cette forme d’individualité qui est l’expression du Divin en Sa multiplicité. C’est comme les pétales du lotus : chaque pétale a sa propre beauté et sa propre unicité.

MES NECESSITES

Une nécessité fatale :
Le murmure de ma tentation.

Une nécessité prometteuse :
Le murmure de mes prières.

Une nécessité enrichissante :
Le murmure de ma soumission.

Une nécessité accomplie :
Le murmure de mon unité.

I — L’AMOUR

L’AMOUR HUMAIN ET L’AMOUR DIVIN

L’amour divin est l’épanouissement de la félicité et du don de soi. L’amour humain est la cavalcade des souffrances et des faiblesses.

L’amour est un oiseau, qui, une fois mis en cage, devient l’amour humain.
Lorsqu’on lui permet de voler dans la Conscience qui recouvre toute chose, l’amour s’appelle l’amour divin.

L’amour humain ordinaire chargé de peurs, d’accusations, de malentendus, de jalousies et de conflits est un feu qui obscurcit sa propre luminosité d’un nuage de fumée. Le même amour humain, s’élevant de la rencontre de deux âmes, est une flamme pure et rayonnante. Au lieu de fumée, il émet les rayons de l’abandon, du sacrifice, de l’altruisme, de la joie et de l’accomplissement.

L’amour humain est souvent la terrible attraction de corps et de nerfs ; l’amour divin est l’affinité à jamais fleurissante entre les âmes.

L’amour divin est détachement ; l’amour humain est attachement. Le détachement est une véritable satisfaction ; l’attachement est une soif inextinguible.

L’amour ascendant qui s’élève de la joie de l’âme est le sourire de Dieu. L’amour descendant, emportant avec lui la passion des sens, est le baiser de la mort. L’amour humain a l’habitude de s’embrasser lui-même et persiste par lui-même. L’amour divin embrasse tout le monde et existe par lui-même.

L’amour peut être aussi fragile que du verre ou aussi fort que l’Éternité, selon qu’il est construit dans le vital ou dans l’âme.

Nos émotions élevées, détournées de leurs objets humains et offertes à Dieu, se transforment en nectar divin par Sa magie. Nos émotions inférieures non transmutées ni transformées deviennent du poison sous notre propre main.

La déception harcèle habilement l’amour vital. La satisfaction consume divinement l’amour psychique.

Lorsque notre vital veut voir quelque chose, il doit regarder à travers l’amour-propre. Lorsque notre être psychique veut voir quelque chose, il le voit à travers le don de soi.

L’amour humain dit à l’amour divin : « Je ne peux te tolérer. » L’amour divin dit à l’amour humain : « Ce n’est pas une raison pour que je t’abandonne. »

Question: Je suppose que l’amour est toujours le même, qu’il soit humain ou divin. Est-ce exact ?

Sri Chinmoy: Non ! L’amour humain et l’amour divin sont deux choses complètement différentes. Je vous donne quinze sous et vous me donnez un bonbon, cela s’appelle de l’amour humain. Dans l’amour divin, vous n’attendez pas mes quinze sous pour me donner un bonbon avec joie, de votre propre initiative. L’amour divin est sacrifice et dans ce sacrifice, nous réalisons la Volonté de Dieu, consciemment ou inconsciemment. Dans l’amour humain, nous étalons l’amour de l’acheteur et du vendeur, ce qui équivaut à de l’intérêt pour soi-même. Je ne dis cependant pas que les hommes ne peuvent pas exprimer d’amour divin. Ils le peuvent et ils le font parfois. Mais l’amour divin consistant est pour l’instant très rare parmi les hommes.

389

L’amour humain commence dans le faux bonheur et finit dans la sagesse incertaine. L’amour divin commence dans la sagesse infaillible et finit dans la félicité perpétuelle.

390

Si l’amour signifie posséder quelqu’un ou quelque chose, cela n’est pas de l’amour véritable, de l’amour pur. Si l’amour signifie se donner, devenir un avec toute chose et avec l’humanité entière, c’est là le véritable amour. Le véritable amour est l’unité complète avec l’objet aimé et avec le Possesseur de l’amour. Qui est-Il ? Dieu. Sans amour, nous ne pouvons nous unir à Dieu. L’amour est le pont intérieur, la relation intérieure, le lien intérieur entre l’homme et Dieu. Nous devons toujours approcher Dieu par l’amour. La première étape est l’amour ; la seconde étape est la dévotion ; la troisième étape est l’abandon, ou la soumission. Commençons par aimer Dieu, puis dévouons-nous à Lui seul, enfin abandonnons-nous à Ses Pieds et réalisons-nous. L’amour, la dévotion et la soumission sont les clés secrètes pour ouvrir la Porte de Dieu.

391

Le mariage est à la merci de l’amour. Parfois, l’amour se laisse attraper par le mariage, parfois, non.

392

L’amour est la combinaison unique de la liberté céleste et de la discipline terrestre. L’émancipation terrestre se trouve dans la liberté céleste. La manifestation céleste se trouve dans la discipline terrestre.

393

L’amour coûte toujours cher, qu’il soit céleste ou terrestre.

Question: Comment peut-on apprendre à aimer l’humanité, non pas en tant que collectivité, mais aussi individuellement, lorsque les défauts et les mauvaises qualités de certains sont si évidents ?

Sri Chinmoy: Lorque vous voyez que les défauts et les mauvaises qualités d’une personne sont tellement évidents, essayez de ressentir qu’ils ne la représentent pas entièrement. Son véritable soi est infiniment meilleur que ce que vous voyez d’elle. Si vous voulez vraiment aimer l’humanité, vous devez l’aimer comme elle est et non pas comme ce que vous aimeriez qu’elle soit. Si l’humanité devait commencer par devenir parfaite, elle n’aurait pas besoin de votre amour, de votre affection et de votre sollicitude. Pour l’instant, dans son état imparfait de conscience, l’humanité a besoin de votre aide. Donnez-lui sans réserves le moindre amour, tout insignifiant et limité soit-il, que vous pouvez lui donner. C’est là une opportunité en or et si vous ne la saisissez pas, votre souffrance future dépassera ce que vous pouvez endurer, parce qu’un jour viendra où vous comprendrez que l’imperfection de l’humanité est votre propre imperfection. Vous êtes la Création de Dieu, le reste de l’humanité également. L’humanité n’est qu’une expression de votre cœur universel. Vous pouvez et devez aimer l’humanité, non pas en tant que tout, mais individuellement, parce que tant que l’humanité n’aura pas réalisé son but suprême, vous n’atteindrez pas votre propre perfection.

395

Avoir de l’amour, c’est posséder la réalité. L’amour est la réalité exprimée et manifestée.

396

L’amour pur et la misère non exprimée ne vivent pas ensemble et ne peuvent vivre ensemble. L’Amour pur est l’unité constante du corps et du flot de félicité de l’âme.

397

Ma définition de l’amour est la manifestation consciente de l’homme de la Lumière de Dieu.

398

L’amour est sacrifice. Le sacrifice est une fleur et une fatalité : la fleur de l’âme et la fatalité de l’ego.

399

L’amour survivra au mental destructif. La dévotion survivra au cœur incertain. La soumission survivra à la vie négative.

L’AMOUR

Seigneur, qu’est-ce que l’amour animal ?
L’amour animal est l’instinct brut.

Seigneur, qu’est-ce que l’amour humain ?
L’amour humain est une immense déception.

Seigneur, qu’est-ce que l’amour divin ?
L’amour divin est une expérience qui apporte la lumière.

Seigneur, qu’est-ce que l’Amour transcendantal ?
Ah, c’est mon Amour.
L’Amour transcendantal
Est mon Unité universelle réalisée.

Question: Quelle est la relation entre l’Amour divin et la Compassion divine ?

Sri Chinmoy: L’Amour divin est pour tout le monde. C’est comme le soleil. Il suffit d’ouvrir la fenêtre de son cœur pour recevoir l’Amour divin. La Compassion divine est pour les quelques élus. La Compassion de Dieu est comme un aimant qui attire l’aspirant vers son but. C’est une force très puissante qui guide, pousse et attire constamment l’aspirant et qui ne lui permet pas de déraper sur la route de la réalisation de soi. L’Amour divin réconforte et aide l’aspirant, mais si celui-ci s’endort, l’Amour divin ne le forcera pas à se réveiller et à reprendre son travail.

La Compassion divine est différente de la compassion humaine. Nous pouvons avoir de la compassion pour quelqu’un de manière humaine, et avoir de la pitié pour lui, mais cette compassion n’a pas la force de transformer la personne et de la faire courir de sa condition d’ignorance vers la Lumière. La Compassion divine, elle, est une force qui change et transforme l’aspirant et l’empêche de faire de grosses erreurs dans sa vie spirituelle. Sans la Compassion de Dieu, aucun de mes disciples ne suivrait la voie de la réalisation de soi. C’est cette Compassion qui les empêche de commettre de graves erreurs et de tomber de la voie. La Compassion de Dieu aide les disciples à travers la grâce du Maître spirituel. Lorsque Dieu manifeste Sa Compassion à travers le Maître, Il s’attend à ce que l’aspirant se rapproche au plus près de Lui. Ce n’est qu’à travers la Compassion que le disciple peut s’approcher au plus près de Dieu.

L’amour peut très souvent être incompris. Lorsque quelqu’un manifeste de l’amour, les gens peuvent y voir une intention. Ils se disent : « Il me témoigne un amour particulier parce qu’il veut que je lui accorde une faveur. » Dans le sentiment d’amour entre le Guru et le disciple, le disciple peut donner cinquante pour cent d’amour et le Guru cinquante pour cent. Dans la Compassion, le Guru peut offrir quatre-vingt-dix-neuf pour cent d’amour et le disciple un pour cent, mais même avec cet un pour cent, le disciple essayera d’entrer dans le domaine de l’ignorance. Lorsque la Compassion descend, elle vole comme une flèche et déchire le voile de l’ignorance.

L’Amour peut survivre avec l’ignorance, mais la Compassion ne le peut pas. Elle doit réussir, autrement elle est supprimée. Elle reste quelques secondes, quelques minutes ou quelques années, mais elle doit ensuite envoyer un rapport à l’Autorité suprême pour lui dire si elle a réussi ou non. Un jour vient où l’Autorité suprême dit : « C’est un véritable désert. Reviens. » Alors la Compassion doit retourner vers l’Autorité suprême, le Suprême.

Un véritable Maître spirituel essaye d’approcher ses disciples avec l’Amour le plus pur, un Amour blanc neige. Mais souvent il échoue, parce que son Amour ne trouve aucune réponse. Il change alors de démarche et essaye la Compassion. Là encore, sa Compassion est souvent refusée et incomprise au point même d’être abusée et mal utilisée. Les gens attribuent des intentions à l’Amour le plus pur du Maître et à sa Compassion la plus pure. Lorsque le Maître apprécie quelqu’un, cette personne doute de ses motivations. « Comment le Maître peut-il être si gentil ? Pourquoi est-il si bon ? Peut-être attend-il quelque chose de plus, quelque chose d’important de ma part. »

Il a échoué avec son Amour, et il a échoué avec sa Compassion ? Que lui reste-t-il ? L’inévitable sévérité ! Il continuera à prodiguer de l’amour, de la Compassion également, mais en y ajoutant une discipline intérieure et extérieure stricte. Enfin, s’il ne réussit pas à voir la discipline intérieure et extérieure dans la vie de l’aspirant, il sera forcé de dire à l’aspirant que cette voie n’est pas faite pour lui. Sa mission ne peut grandir et se réaliser qu’à la force de la dévotion intérieure authentique et du service désintéressé et dévoué de l’aspirant.

Question: : Je ne comprends pas pourquoi l’Amour de Dieu ne s’impose pas en moi lorsque je garde la porte fermée.

Sri Chinmoy: Si l’Amour de Dieu entre en vous alors que vous n’êtes pas réceptif, vous le considérerez comme un élément étranger. Vous ne l’apprécierez pas, ou bien il ne vous intéressera pas. Si quelqu’un vous apporte la meilleure nourriture et que vous ne l’appréciez pas, pourquoi vous l’apporter ? Ce serait une perte de temps. Vous ne lui accorderez pas la moindre valeur et vous vous en débarrasserez.

Une personne qui n’aspire pas ou qui est pleine de désirs se prélasse dans les plaisirs de l’ignorance. Est-ce le devoir de Dieu de descendre pour offrir Sa Paix, Sa Lumière et Sa Béatitude infinies à ce genre de personnes ? Non ! Mais par contre, Dieu considérera une personne qui implore et se bat pour obtenir une goutte de Paix, de Lumière et de Béatitude comme une personne qui mérite de les recevoir.

Nous savons pleurer à tout moment. Nous pleurons devant ce qui nous déserte ou ce qui nous déçoit ; devant l’ego et ses enfants : la peur, le doute, l’anxiété et les soucis. Nous pleurons pour la gloire et la renommée, pour l’argent, la richesse et les possessions. Mais nous n’implorons pas Dieu pour Sa Lumière et Sa Félicité. Nous ne pleurons pas pour ce que nous devrions implorer, nous ne pleurons pas pour la richesse que nous possédions il y a longtemps.

Nous ne pouvons nous contenter de jouer avec la Vérité éternelle et la Réalité la plus élevée ; nous devons les estimer à leur juste valeur. Dans ce monde, si nous voulons acquérir ce que nous estimons, nous travaillons très dur, sinon nous n’obtenons rien. Si nous n’accordons pas de valeur à la sagesse, va-t-elle descendre sur nous ? Elle ne poindra sur nous que si nous travaillons dur pour l’obtenir. Nous devons offrir quelque chose de nous-mêmes pour tout ce que nous voulons obtenir. Mais nous voyons que ce que nous offrons n’est pratiquement rien en comparaison de ce que nous recevons. Il suffit d’une seconde pour ouvrir la porte, et la personne qui entre, l’Hôte éternel, nous apporte l’Éternité. Mais si nous ne prenons pas la peine d’ouvrir la porte, pourquoi viendrait-Il ? Nous ne l’apprécierons pas ; nous penserons qu’Il ne nous apporte que des choses inutiles dont nous n’avons pas besoin.

Dans la vie spirituelle, nous devons accorder de la valeur à chaque instant à la Paix, la Lumière et la Béatitude, et pleurer pour les obtenir. Alors seulement pouvons-nous les attendre de Dieu. Autrement, même s’Il nous apporte de la Paix, de la Lumière et de la Béatitude en abondance, nous dirons que nous n’en avons pas besoin. Nous ressentirons la Grâce de Dieu agir à travers nos prières et nos méditations, mais nous ne l’accepterons pas. Si nous n’apprécions pas ce que Dieu nous donne, Il n’est pas mécontent de nous. Il attend simplement que nous soyons prêts à recevoir Sa Richesse intérieure.

403

En suivant la voie de l’Amour, nous voyons que Dieu est l’être qui nous est le plus cher, non parce qu’Il est omnipotent, omniprésent ou omniscient, mais parce qu’Il est tout Amour. Un enfant considère son père comme son préféré parce qu’il ressent qu’à l’intérieur de son père, tout est amour. Peu lui importe si son père est quelqu’un de génial, s’il est un magistrat, un avocat ou un président. Il n’aime beaucoup son père que parce qu’il est tout amour pour lui.

De même Dieu, notre Père éternel, peut être approché avec succès et de façon convaincante par l’Amour.

404

C’est ici sur terre que nous entendrons le message de la flûte de l’Infini qui touche l’âme. Nous n’avons pas besoin d’aller au Ciel, nous n’avons pas besoin d’aller dans d’autres plans de conscience. C’est ici, ici et maintenant, que nous pouvons entendre le message de la libération, de l’illumination et de la réalisation divine si nous suivons l’enseignement intérieur qu’est l’Amour divin : l’Amour pour le bien de l’Amour, pour le bien de Dieu.

405

La Vie divine n’est pas si éloignée ici sur terre. La réalisation de la divinité ici sur terre ne peut jamais rester lointaine si nous connaissons le secret des secrets. Et ce secret consiste à grandir dans l’Amour divin, là où l’amant et le Bien-Aimé deviennent un, la création et le Créateur deviennent un, le fini et l’Infini deviennent un.

II — La dévotion

406. LA DEVOTION A DIEU

La dévotion est l’abandon complet de la volonté individuelle à la Volonté divine. La dévotion est adoration. L’adoration est la félicité spontanée qui jaillit du cœur. Qui peut être l’objet de notre adoration ? Dieu. Comment pouvons-nous l’adorer ? À travers notre soumission.

L’homme aime. En retour, il attend de l’amour. Un dévot aime. Mais il aime les hommes pour l’amour de son doux Seigneur qui réside en chacun. Son amour inspire l’humilité, la joie spontanée et le service désintéressé.

La dévotion est l’aspect féminin de l’amour. Elle est douce, elle donne de l’énergie et elle est complète.

Un dévot voit un cercle, qui est Dieu, et y pénètre avec l’imploration de son âme. Il vient se placer en silence au centre du cercle et il y grandit en un arbre d’extase.

Un enfant ne cherche pas à tout savoir de sa mère. Il n’a besoin que de la présence constante d’amour de sa mère près de lui. Le sentiment d’un dévot pour son Seigneur est semblable. Il ne s’intéresse pas à tous ceux qui viennent l’aider au cours du voyage de sa vie. La Grâce de Dieu est sa seule aide et son seul refuge. Les tortures de l’enfer sont trop faibles pour le tourmenter tant qu’il est avec son Seigneur. Sa vie en enfer est une vie de béatitude parfaite ; ses souffrances et ses vicissitudes au Ciel ne connaissent pas de limites s’il s’y trouve sans la présence de son Seigneur.

La dévotion est une émotion qui bouleverse l’âme. Elle inonde de manière énergique la conscience tout entière du dévot. La dévotion est action, une action toujours inspirée par l’être intérieur du dévot.

La dévotion fait naître la renonciation. La véritable renonciation ne peut jamais être une vie d’isolation. La renonciation est un immense dégoût pour la vie animale de la chair. Elle est également une absence totale d’ego. Une vie de renonciation véritable est une vie vécue dans le monde mais qui ne tire pas ses valeurs du monde.

La dévotion est consécration. La consécration conduit le dévot à la réalisation de soi. La réalisation de soi est l’infinitude de Dieu.

Contrairement aux autres, un dévot ressent sincèrement qu’il ne possède rien d’autre que son désir de Dieu. Son désir est son trésor. La Grâce de Dieu est Son trésor. En offrant son trésor à Dieu, le dévot lie Dieu à lui. En offrant Son trésor à Son dévot, Dieu libère et réalise Son dévot.

La dévotion est notre douceur intérieure. La dévotion est notre intensité divine. La dévotion est notre dynamisme suprême. Dieu aime notre douceur blanche comme la neige. Dieu apprécie notre intensité divine. Dieu admire notre dynamisme suprême. Un cœur de dévotion est plus pur que la plus pure des flammes. Un cœur de dévotion est plus rapide que la plus rapide des biches. Un cœur de dévotion est plus sage que le plus grand des sages.

La permanence fervente de la pureté vit dans la dévotion. L’assurance loyale de la vitesse vit dans la dévotion. L’illumination enrichissante de la sagesse vit dans la dévotion.

Question: Qu’est-ce que la dévotion ? Est-ce simplement le désir de tout faire pour son Guru ?

Sri Chinmoy: Pour un disciple, la dévotion signifie son unité purifiée, simplifiée, intensifiée, dévouée, consacrée, consciente et constante avec son Guru. Le disciple doit ressentir que le Guru est l’aimant spirituel qui l’attire constamment vers la Lumière infinie du Suprême. La dévotion ne signifie pas simplement un désir de tout faire pour son Guru. La dévotion est infiniment plus profonde que le désir. Elle est la prise de conscience de la Lumière en action. L’aspirant découvre en cette Lumière que lorsqu’il fait quelque chose pour le Guru ou bien lorsque le Guru lui demande de faire quelque chose pour lui, il a déjà reçu bien plus du Guru que la capacité nécessaire pour agir.

Les manifestations de la dévotion sont la simplicité, la sincérité, la spontanéité, la beauté et la pureté. Les manifestations de la dévotion sont le sentiment intense et dévoué pour l’objet de son adoration et l’unité consacrée avec son Pilote Intérieur.

Question: Quelle est la différence entre la dévotion et la soumission ?

Sri Chinmoy: Dans la dévotion de l’aspirant, il y a une forme de compromis. L’aspirant dit : « Je te dévoue ma vie tout entière, mais en retour, tu dois me donner la réalisation intérieure, l’illumination, ou quelque chose d’autre. » C’est un don de soi conditionnel.

Après la dévotion vient l’étape de l’amour désintéressé. L’amour désintéressé consiste à aimer sans le moindre intérêt pour un quelconque retour ; on devient un avec l’objet de son adoration. Dans cet amour, il y a le sentiment subtil que l’Aimé nous accordera les meilleurs fruits parce que nous ne L’importunerons pas avec des problèmes ou des désirs émotionnels stupides, avec des « donne-moi ceci, donne-moi cela ». Dans l’amour désintéressé, les désirs ou les exigences sont éliminées. L’aspirant sait que le Suprême lui donnera quelque chose de bon, quelque chose de digne d’être possédé, mais qu’il n’a pas réclamé. C’est cela, l’amour désintéressé.

La soumission est la dernière étape. Dans la soumission, nous ressentons l’acceptation absolue du Divin et du Suprême. En abandonnant entièrement notre vie et en disant ; « Mon Dieu, je place ma vie tout entière à Tes Pieds », notre existence entière entre en Dieu. Dieu est omniscient, omnipotent et infini, aussi notre soumission devient-elle immédiatement l’Omniscient, l’Omnipotent et l’Infini. La soumission est la voie la plus rapide vers l’unité avec Dieu. En sautant simplement dans l’océan de la Paix et de la Béatitude, nous devenons un avec Dieu.

Dans la soumission, nous disons : « Quoi que Dieu veuille me donner, quoi qu’Il veuille faire de ma vie, je suis prêt. Je me soumets entièrement avec mon souffle et ma vie. Je serai heureux même si Dieu ne veut pas de mon aide, ni de ma vie, ni de mon existence. » À ce moment, le disciple ne veut qu’une seule chose : la Volonté de Dieu, le Suprême. C’est là la soumission véritable.

Il est très facile de dire : « Que Ta Volonté soit faite. » Mais lorsqu’on dit cela, il faut s’identifier à la Volonté de Dieu. Comment ? À travers la soumission. En se soumettant vraiment, on devient un avec la Volonté de Dieu. Dans la vie spirituelle, il ne peut y avoir de meilleur accomplissement et d’arme plus puissante que la soumission.

Dévotion

Lorsque vous aimez
Avec dévotion,
Vous êtes divinement grand.

Lorsque vous vous soumettez
Avec dévotion,
Vous êtes divinement bon.

Lorsque vous priez
Avec dévotion,
Vous êtes suprêmement grand.

Lorsque vous méditez
Avec dévotion,
Vous êtes suprêmement bon.

Dévotion, dévotion, dévotion.

III — LA SOUMISSION

410. LA FORCE DE LA SOUMISSION

Le monde d’aujourd’hui veut l’individualité. Il exige la liberté. Mais la véritable individualité et la véritable liberté ne peuvent respirer que dans le Divin.

L’individualité humaine hurle dans l’obscurité. La liberté terrestre crie dans les déserts de la vie. Mais la soumission absolue chante universellement l’Individualité et la Liberté divines sur les genoux du Suprême. La soumission est le souffle infatigable de l’âme dans le Cœur de Dieu.

Dans la soumission, nous découvrons la force spirituelle grâce à laquelle nous pouvons non seulement voir la Vérité, mais également la posséder. Si nous pouvons nous soumettre dans un silence absolu, nous deviendrons nous-mêmes la réalité du réel, la vie du vivant, le centre du véritable Amour, de la véritable Paix et de la véritable Béatitude.

Un bel enfant attire notre attention. Nous l’aimons parce qu’il a conquis notre cœur, mais lui demandons-nous quoi que ce soit en retour ? Non ! Nous l’aimons parce qu’il est l’objet de notre amour, il est adorable. Nous pouvons et devrions aimer Dieu de la même manière, car Il est l’Être le plus aimable. L’amour spontané pour le Divin est la soumission, et cette soumission est le plus grand cadeau de la vie, car lorsque nous nous soumettons, le Divin nous donne instantanément infiniment plus que ce que nous aurions rêvé d’avoir ou que nous aurions demandé. La soumission est un miracle spirituel. Elle nous apprend à voir Dieu les yeux fermés, à Lui parler les lèvres fermées. La peur n’entre en nous que lorsque nous supprimons notre soumission de l’Absolu.

La soumission est un développement. C’est le développement de notre corps, de notre mental et de notre cœur en un soleil de Plénitude divine en nous. La soumission à ce soleil intérieur est le plus grand triomphe de la vie. Le loup de l’échec ne peut nous atteindre lorsque nous sommes dans ce soleil. Le prince du mal ne réussit pas à nous atteindre lorsque nous avons réalisé et fondé notre unité avec ce soleil qui procure indéfiniment la vie.

La soumission sait qu’il y a une Main qui nous guide et elle sait que cette Main est toujours présente. Elle peut frapper ou bénir l’aspirant, mais l’aspirant soumis a découvert la vérité que tout ce qui vient du Suprême est toujours riche de bien et de lumière.

Dans la vie, tout peut échouer, mais pas la soumission. La soumission ayant libre aspect à l’Omnipotence de Dieu, la voie de la soumission est la perfection parfaite de la protection.

La soumission a la force de rencontrer l’Absolu et de vivre et jouer avec Lui éternellement. Dieu peut parfois jouer à cache-cache avec les autres qualités divines de l’homme, mais jamais avec la soumission authentique de Ses dévots. La soumission intérieure transforme la vie en un progrès infini. Elle donne à la vie l’assurance fervente que la vie n’existe qu’en Dieu et en Dieu seul. La soumission est l’âme du corps du dévot. La soumission est l’accomplissement inégalé de la vie du dévot. La soumission le conduit à la Source. Lorsqu’il arrive à la Source, il devient le Plus-haut et révèle le Plus-profond.

L’individualité déteste la soumission. La soumission illumine l’individualité. L’individualité est la volonté propre. La volonté propre est l’amour-propre. La soumission est la Volonté de Dieu. La Volonté de Dieu est l’Amour de Dieu. La grâce de Dieu qui comble toute chose ne descend que lorsque la soumission inconditionnelle de l’homme s’élève.

Notre soumission est la chose la plus précieuse, que seul Dieu mérite. Nous pouvons offrir notre soumission à quelqu’un d’autre, mais uniquement si c’est pour réaliser Dieu. Si cette autre personne a atteint son But, elle peut nous aider dans notre chemin spirituel. Mais si toutefois nous ne nous offrons à quelqu’un que pour le satisfaire, nous faisons une erreur himalayenne. Ce que nous devons faire, c’est nous offrir sans réserves au Seigneur en lui.

Chacune de nos actions devrait être destinée à satisfaire Dieu et non pas à récolter des applaudissements. Nos actions sont trop secrètes et sacrées pour être étalées devant les autres. Elles ne sont destinées qu’à notre progrès, à notre accomplissement et à notre réalisation.

Il n’y a pas de limites à notre soumission. Plus nous nous soumettons, plus nous devons nous soumettre. Dieu nous en a donné la capacité, et Il exige que nous manifestions selon cette capacité. Il n’a jamais exigé de nous une manifestation au-delà de notre capacité, et Il ne l’exigera jamais.

La réalisation de l’homme, la réalisation de son Soi, sa réalisation de Dieu, l’Infini, repose sur sa soumission complète et absolue.

411

La soumission est la dévotion la plus pure qui voit à travers l’œil de l’intuition. La soumission est liberté, une liberté continue, parce qu’elle reste toujours avec Dieu, en Dieu et pour Dieu.

L’œil de la soumission ne voit pas le visage des forces hostiles. Il voit toujours le Visage de la Compassion, de la Protection et de la Divinité de Dieu. La vie de soumission sonne divinement juste. Elle est toujours pleine d’une inspiration durable, d’une aspiration révélatrice et d’une réalisation transcendante.

La soumission est la sagesse qui voit et devient la Vérité. La soumission ne souhaite rien d’autre que Dieu. Rien n’est aussi concret que la soumission, car elle connaît le secret suprême : s’offrir à Dieu intégralement, c’est posséder Dieu absolument.

412

La soumission s’accroche à Dieu avec toute la puissance de l’âme.
La soumission s’accroche à Dieu avec tout l’amour du cœur.
La soumission s’accroche à Dieu avec toute la volonté du mental.
La soumission s’accroche à Dieu avec toute l’énergie dynamique du vital.
La soumission s’accroche à Dieu avec toutes les émotions du corps, blanches comme neige.

Question: Pourquoi m’est-il si difficile de me soumettre à ma vie intérieure ?

Sri Chinmoy: Vous vous soumettez constamment à des choses terrestres, comme le bruit, les feux de circulation, le gouvernement. Vous pensez que vous serez complètement perdu si vous ne le faites pas, et qu’en le faisant, cela vous maintiendra au moins en vie sur terre. Vous pensez devoir être malin pour rester sur terre, devoir faire des compromis entre vos désirs et le monde qui vous entoure. Aussi vous sentez-vous obligé d’accepter tout ce que la terre vous offre, même si c’est une forme de torture.

Si vous voulez mener une vie d’aspiration, vous devez avoir le même sentiment à l’égard des choses spirituelles. Vous devez ressentir que sans prier ni méditer, vous serez entièrement perdu ; si vous ne pleurez pas, si vous ne vous soumettez pas à la divinité la plus élevée, votre existence tout entière n’aura aucune valeur. Vous devez ressentir que sans guidance intérieure, vous êtes entièrement désespéré, perdu. Et cette guidance intérieure n’arrive que lorsque vous êtes vraiment prêt à soumettre votre ignorance à la Lumière en vous.

Il y a des millions et des milliards de gens sur terre qui ne prient pas ni ne méditent, mais ils vivent tout de même, ne serait-ce qu’une vie animale. Mais si vous pensez qu’il ne suffit pas de survivre sur terre et si vous pensez que votre existence doit avoir un certain sens, un but, une réalisation, vous devez alors entrer dans la vie intérieure, dans la vie spirituelle. Si vous comprenez que seule la vie intérieure peut vous offrir la Paix, la Lumière et la Béatitude, vous vous soumettez naturellement à la vie intérieure.

Les aspirants essayeront donc d’aller au-delà des circonstances et des événements terrestres et de se soumettre à leur divinité intérieure. Il ne s’agit pas de la soumission de l’esclave à son maître ou d’une soumission désespérée. Ici, il s’agit de soumettre ses imperfections, ses limites, ses attachements et son ignorance à son Soi supérieur qui est inondé de Paix, de Lumière et de Béatitude.

Question: La soumission est-elle passive?

Sri Chinmoy: Il y a une grande différence entre la soumission qui résulte de la paresse ou de l’impuissance et la soumission dynamique, débordante d’aspiration. La paresse ou l’impuissance nous font dire : « Je me suis soumis, maintenant, je ne veux plus rien faire d’autre. » Cela ne suffit pas. Notre soumission doit être dynamique, et aspirer constamment pour devenir l’Infini ou se fondre dans l’Infini. Notre soumission doit se faire consciemment et spontanément. Lorsque nous nous soumettons consciemment et spontanément à la Vérité infinie, à la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies, nous devenons un canal parfait pour que ces qualités se manifestent en nous et à travers nous sur cette terre. En occident, la soumission est incomprise et considérée comme une subordination à quelque chose ou à quelqu’un, avec la perte, voire l’extinction de l’individualité. Mais alors comment être un parfait canal ? Cette idée de la soumission spirituelle n’est pas juste. Pour vraiment être un avec l’Ultime infini, l’Illimité, il faut y entrer. En entrant dans l’Ultime, on ne perd pas sa soi-disant petite individualité. Au contraire, on devient l’Infini, et cette unité totale nous conduit à devenir indivisible avec l’Infini.

Question: Pouvez-vous nous expliquer la différence entre la dépendance et la soumission ?

Sri Chinmoy: Dans la véritable soumission, nous sentons notre partie obscure se soumettre à notre partie la plus éclairée, autrement dit notre partie non éclairée se soumet à notre partie entièrement éclairée. Disons que mes pieds sont dans l’obscurité et ma tête dans la lumière, mes pieds se soumettent à ma tête, sachant parfaitement bien que les pieds, comme la tête, font partie du même corps. C’est cela, la soumission par l’unité. L’un entre dans la soumission à l’autre parce qu’il sait très bien que celui-ci lui appartient également.

Il faut savoir dans quelle forme de dépendance un aspirant se trouve. Certains aspirants sont malins ; ils dépendent du Maître spirituel ou d’une autorité supérieure, mais simplement par intérêt. Il y a une autre forme de dépendance ; celle d’un enfant. L’enfant innocent ressent que son père et sa mère feront tout pour lui. Il se sent impuissant, et il a la sincère conviction intérieure de ne rien pouvoir faire ou de ne pas pouvoir bouger sans l’aide de sa mère, aussi la lui réclame-t-il.

Être vraiment dépendant signifie se sentir désespéré sans la Grâce divine du Suprême. Cette forme de dépendance nous aide énormément. Certains de mes disciples ont l’impression d’être complètement perdus, comme des enfants dans un désert, s’ils me quittent ne serait-ce qu’un seul jour. Ceux qui ont ce genre de sentiment sincère font de véritables progrès. Ils sont dépendants, mais pas comme des mendiants. Ils dépendent de la lumière supérieure. Lorsqu’ils dépendent de moi, ils ont l’impression d’être dépendants de quelque chose de plus élevé qui leur appartient.

En ayant libre accès à ce niveau supérieur et avec le sentiment qu’il nous appartient, nous pouvons naturellement dépendre de ce niveau supérieur. En ce sens, la dépendance est une très bonne chose. Autrement, la plupart du temps, les gens mentent lorsqu’ils disent dépendre de la Volonté de Dieu ou de celle du Maître. Ils ne font que rechercher l’attention des autres disciples. Ils disent : « Oh, Guru a dit de faire ceci ? Alors je vais le faire. » Intérieurement, ils ont refusé deux cents fois de le faire. Ils peuvent le faire extérieurement, mais avec la plus grande réticence. Ce genre de dépendance n’est pas bonne du tout.

La véritable soumission est une dépendance absolument sincère, celle qui vous fait ressentir que vous ne pouvez pas respirer sans l’aide du Suprême. Lorsque vous inspirez, vous dépendez du souffle de votre vie. Si ce souffle disparaît, vous disparaissez aussi. De même, si vous pouvez vous sentir entièrement dépendant de la Volonté du Suprême, qui est bien plus importante que le souffle de votre vie, votre dépendance sera une véritable soumission.

JE NE BRANDIRAI QUE LA BANNIERE DE TA VICTOIRE

Je soumettrai mon « je » à Tes Pieds.
J’accepterai Ton « Je » dans mon rêve.
Je verrai les vagues de la Paix dans Tes Yeux.
Je T’attacherai à moi avec mon doux éveil.
Ô Beauté suprême, dans ma vie comme dans ma mort,
Je ne brandirai que la Bannière de Ta Victoire.

LA NECESSITE DE LA SOUMISSION

Un jour vient dans notre vie spirituelle, ou nous comprenons que nous ne sommes pas satisfaits de ce que nous possédons, que ce soit notre richesse matérielle ou notre richesse intérieure, ni de ce que nous sommes. Ce jour-là, nous sommes prêts pour la soumission. Comment se soumettre ? C’est très facile. Les moyens arrivent automatiquement avec le besoin de soumission. Lorsque nous avons désespérément besoin de soumission, lorsque nous sentons l’urgence intérieure de l’âme, et lorsque notre être tout entier veut se soumettre à la Volonté de Dieu, nous recevons automatiquement plus de capacité, d’assurance, de compassion et de lumière qu’il n’en faut d’en haut et de l’intérieur de nous-même. Lorsque nous nous soumettons, nous vidons toute notre impureté en Dieu et Il la remplace avec Sa Pureté et Sa Divinité.

La soumission à la Volonté de Dieu dépend entièrement de notre nécessité. Si nous trouvons notre vie dénuée de sens, et si nous croyons que nous ne serons, ni satisfaits, ni comblés sans soumettre notre existence terrestre à la Volonté de Dieu, la soumission sera possible pour nous.

Dieu ne peut jamais nous obliger à nous soumettre ; c’est à nous de ressentir la nécessité d’aimer Dieu et de nous dévouer à Dieu à chaque seconde. Nous commençons par l’amour. Même dans la vie ordinaire, lorsque nous aimons quelqu’un, nous lui dévouons avec plaisir notre vie et notre être tout entier. Dans la vie spirituelle également, si nous aimons vraiment Dieu, qui est toute Lumière et Sagesse infinie, nous devons nous dévouer à Lui. L’amour et la dévotion vont ainsi toujours ensemble.

Lorsque nous nous dévouons à Dieu, nous pouvons avoir l’ambition ou bien l’envie de trouver la Vérité d’une manière personnelle. Certains diront au Suprême ; « Je vais faire cela pour Toi ; je T’ai consacré ma vie entière, alors j’attends quelque chose en retour de Ta part. » Ceci est tout à fait naturel, mais d’un point de vue spirituel plus élevé, ce n’est pas bien. D’autres diront : « Je donnerai à Dieu tout ce que je possède et tout ce que je suis. Si Dieu ne m’aime pas ou ne veut pas de moi, c’est Son choix. Mon devoir est de Le servir avec ce que j’ai et ce que je suis : Son devoir est de me donner ou de ne pas me donner, de m’utiliser ou de ne pas m’utiliser. » Un véritable aspirant s’efforcera de satisfaire Dieu à la Manière de Dieu.

La soumission spirituelle est notre unité absolue avec notre partie la plus élevée, qui est le Suprême. Nous ne nous soumettons à personne d’autre qu’à nous-mêmes. Lorsque notre Maître est devant nous et qu’il s’incline, devant qui s’incline-t-il ? C’est devant le Suprême en nous. Et lorsque nous nous inclinons, les mains jointes, devant le Maître, nous nous inclinons devant le Suprême en lui. Son Plus Haut et notre Plus-Haut ne peuvent être différents ; ils sont les mêmes. Notre voie d’amour, de dévotion et de soumission conduira au même but que la voie de Jnana, la sagesse. Mais nous pensons que la voie de l’amour est plus facile. Le nom même de Dieu gagne notre cœur, non parce que Dieu a une puissance infinie, mais parce qu’Il est tout Amour. Dieu est le plus puissant sur terre, mais notre nature humaine est si faible que si nous nous concentrons sur Dieu comme Puissance infinie, nous ne pourrons pas nous approcher de Dieu. Si nous disons « Dieu » et que nous ressentons immédiatement qu’Il est tout Amour, Amour infini, nous avons raison ; Son Amour est Sa Force. Approcher Dieu à travers l’Amour est la voie la plus facile et la plus rapide.

Question: Comment peut-on se soumettre au Suprême ?

Sri Chinmoy: Lorsque vous étiez un enfant de trois ans, vous écoutiez toujours votre mère. Peut-être ne l’écoutez-vous plus autant ; mais enfant, votre mère vous demandait de faire ou de ne pas faire beaucoup de choses. Est-ce qu’en l’écoutant, vous faisiez quelque chose de mal ? Non. Votre mère vous demandait de ne pas toucher au feu, et vous l’écoutiez. Si vous aviez touché le feu, vous vous seriez brûlé la main. Vous avez échappé à la brûlure parce que vous étiez obéissant et que vous vous êtes soumis à la volonté de votre mère.

Dans la vie spirituelle, vous devez avoir le même genre de foi. Vous avez besoin de sentir que votre Maître spirituel, comme votre mère, ne va ni vous décevoir, ni vous tromper. Vous êtes encore un enfant, un bébé dans la vie spirituelle. Votre Maître spirituel ne va pas vous tromper ; votre Pilote intérieur ne va pas vous tromper. Non ! La soumission ne peut venir que lorsqu’on a foi en quelqu’un d’autre, lorsqu’on a davantage foi en cette personne qu’en soi-même.

Vous pouvez aussi redevenir un enfant en désapprenant. L’ignorance et l’obscurité vous ont appris beaucoup de choses que vous devez maintenant désapprendre. Un enfant ne sait pratiquement rien ; il sait aimer sa mère et son père, et c’est plus que tout pour un enfant. Tout le monde doit désapprendre ce que le mental nous a appris. Aussi, lorsque nous prions et que nous méditons, la première chose à faire est de se débarrasser des doutes, soupçons et autres qualités négatives. Si vous faites plaisir à vos parents lorsqu’ils vous demandent de faire quelque chose, lorsque vous leur demandez de l’argent ou toute autre aide matérielle, ils vous l’accorderont aussitôt. Ils vous le donneront parce qu’ils ont plus d’argent que vous, plus de capacité dans de nombreux domaines. Mais si vous ne les satisfaites pas, ils ne vous donneront rien.

Lorsqu’un enfant court vers son père avec un centime qu’il vient de trouver dans la rue, il crie : « Regarde, papa, je viens de trouver un centime ! » Le père est tellement content que son fils ait couru vers lui avec ce centime qui est son seul bien, sa seule fortune. Spontanément, le père, ravi, donnera à l’enfant cinquante centimes ou un dollar.

Dans la vie spirituelle également, vous donnez votre centime d’aspiration, pendant votre prière ou votre méditation de quelques minutes tôt le matin. Aussitôt, le Maître spirituel invoque beaucoup de choses pour vous : de la Paix, de la Lumière, de la Béatitude, de la Joie et de la Félicité. Mais vous devez commencer par donner votre goutte d’aspiration pendant cinq minutes ou une demi-heure de méditation le matin.

Dieu ne vous devra jamais rien. Vous avez une petite capacité : vous méditez sur Dieu quelques minutes tous les jours. Dès qu’Il verra que vous êtes régulier dans votre méditation, que vous êtes sincère et honnête, et que vous avez accepté la vie spirituelle de tout votre cœur, Dieu déversera Sa Compassion infinie sur vous sous forme de Lumière, de Félicité et de Paix.

Alors donnez à Dieu ce que vous possédez : votre foi d’enfant et votre imploration intérieure. Si vous pouvez Lui donner votre imploration intérieure et avoir une foi implicite en Lui, la soumission régnera automatiquement et largement dans votre vie d’aspiration.

LA JOIE DANS LA SOUMISSION

Un aspirant entièrement soumis à la Volonté de Dieu reçoit beaucoup de joie. Il ressent beaucoup de joie dans le cœur et vit constamment dans la joie. Il ne saura pas l’expliquer ni lui donner de sens particulier. Tôt le matin, lorsqu’il se réveille, il éprouve un sentiment ou une sensation douce. S’il touche un mur, il reçoit de la joie ; s’il touche un miroir, il reçoit également de la joie. Sa propre joie entre dans tout ce qu’il voit. Par moments, il peut voir le mur plein de joie, ou un arbre plein de joie. Si un taxi passe près de lui, il verra une joie intense dans le conducteur, et même dans la voiture. Sa joie intérieure entre en toute personne et en toute chose, elle se répand partout.

Une soumission complète écarte tout échec. La soumission signifie la plus grande joie, la joie la plus profonde et la plus fervente, même dans ce que l’on pourrait appeler un échec. Le succès apporte la même joie. Lorsqu’on réussit quelque chose, on en tire immédiatement de la joie. De même, si notre vie intérieure et notre vie extérieure sont surchargées de lumière de soumission, nous tirons à chaque instant une joie absolue de la Source la plus élevée. Ce genre de joie intérieure spontanée nous fait comprendre qu’elle ne peut venir que de notre soumission complète à notre Pilote intérieur, le Maître, le Guru, Dieu.

Question: Je ne sais pas ce qui va m’arriver plus tard, et je m’inquiète beaucoup de mon destin. Est-ce bien ?

Sri Chinmoy: Non, nous ne devons pas nous inquiéter. Nous devons toujours avoir une foi implicite en Dieu, en notre Pilote intérieur ou en notre Maître spirituel. Nous devons nous dire que non seulement Dieu sait ce qui nous convient le mieux, mais Il fera également ce qui est le mieux pour nous. Nous nous inquiétons parce que nous ne savons pas ce qui va nous arriver demain, ou même dans la prochaine minute. Nous pensons que si nous ne faisons pas quelque chose pour nous, personne d’autre ne le fera. Mais si nous pouvons ressentir que quelqu’un pense à nous infiniment plus que nous ne pensons à nous-mêmes, et si nous pouvons consciemment Lui offrir notre responsabilité, en Lui disant : « Sois responsable. Père éternel, Mère éternelle, soyez responsables de ce que je fais, dis et deviens », notre passé, notre présent et notre futur deviennent Son problème. Tant que nous voulons être responsables de notre propre vie, nous sommes malheureux. Nous ne pouvons pas vivre convenablement ne serait-ce que deux minutes parmi les vingt-quatre heures dont nous disposons chaque jour. Lorsque nous pourrons nous dire que nous sommes les instruments conscients de Dieu et qu’Il est l’Acteur, nous ne nous inquiéterons plus de notre destinée, et nous n’en aurons plus peur. Parce que nous saurons et nous ressentirons qu’elle se trouve entre les mains pleines d’amour de Dieu, qui fait tout en nous, à travers nous et pour nous.

Offrons consciemment à Dieu notre existence même — tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes —. Ce que nous avons est l’aspiration de devenir l’image même de Dieu, la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies. Et ce que nous sommes en l’instant présent n’est que de l’ignorance, un océan d’ignorance. Dès que nous pourrons offrir nos larmes d’aspiration et notre océan d’ignorance à Dieu, notre problème sera résolu. Nous ne devons pas nous inquiéter de notre destinée, et nous n’avons pas besoin de nous en inquiéter. Grâce à notre soumission, nous devenons inséparables de la Volonté cosmique de Dieu.

La soumission est protection ; la soumission est illumination ; la soumission est perfection. Nous commençons notre voyage au tout début de notre vie. Nous soumettons notre existence à nos parents dont nous obtenons, en retour, la protection. Nous nous soumettons à leur volonté, à leurs conseils et suggestions, et nous sommes bien protégés. Enfants, nous connaissons une très grande joie dans notre vie quotidienne. Pourquoi ? Parce que nous soumettons notre volonté personnelle, notre propre pensée intérieure, à nos parents, et cela nous procure aussitôt de la joie et de plus, une protection. Il y a de la joie dans la protection, et de la protection dans la joie.

Plus tard, lorsque nous avançons le long du chemin de la spiritualité, nous essayons à chaque instant d’écouter les ordres de notre être intérieur. Plus nous écoutons notre être intérieur, plus grande est notre joie et plus élevée notre réalisation. Et puis, lorsque notre vie arrive à son terme, et que nous devons entrer dans un monde différent pour un court repos, là aussi, nous nous soumettons. À qui ? À notre Pilote intérieur, le Seigneur suprême. Nous soumettons notre souffle à notre Suprême à la fin de notre voyage. Et nous recevons à nouveau de la joie, une joie parfaite et absolue.

Question: Qu’est-ce qui est impliqué dans la soumission du vital et du corps physique ? Une fois que l’on s’est soumis de tout son cœur et de toute son âme, comment aider les autres membres récalcitrants de notre être à se soumettre ?

Sri Chinmoy: Une fois que l’on a soumis son cœur et son âme, si l’on veut soumettre les membres récalcitrants, à savoir le vital et le corps physique à Dieu, on peut faire deux choses : la première consiste à leur faire ressentir qu’ils ne sont pas aussi importants que le cœur et l’âme dans l’accomplissement de notre mission sur terre. La seconde est de les menacer de rester dans la région de l’âme et de ne pas s’occuper de leur bonheur limité, ni de leurs accomplissements et réalisations sur terre. Votre inspiration et votre aspiration, ainsi que la menace de votre retrait les obligera à prendre une décision. Très souvent, ces membres se préoccupent de leur joie illimitée, de leurs accomplissements et de leur réalisation et ils s’identifient consciemment et sincèrement avec le cœur et l’âme. Ensuite, ils deviennent partie intégrante de la soumission totale.

422

Lorsque l’aspirant affame impitoyablement son mental plein de questions et nourrit somptueusement sa soumission, Dieu dit : « L’heure a sonné. J’arrive. »

LE MESSAGE DE LA SOUMISSION

Tu m’as donné aujourd’hui le message de la soumission.
Je T’ai offert mon cœur-fleur.
Je ne demeurerai plus
Dans la nuit obscure emplie de larmes,
Dans la cellule-prison inconnue de l’illusion,
Dans la maison du fini.
Je sais que Tu m’appartiens,
Je l’ai toujours su, Ô Mère,
Ô Reine de l’Éternel.

Question: Notre voie est la voie de l’amour, de la dévotion et de la soumission. Y a-t-il de l’unité dans chacune de ces qualités, ou bien la véritable unité n’existe-t-elle que dans la soumission ?

Sri Chinmoy: Je vous donne une image : tenez-vous devant un arbre, de préférence la nuit, et regardez le feuillage de l’arbre, ses feuilles et ses branches. Essayez ensuite progressivement de ressentir que vous êtes l’arbre : vous êtes les branches, vous êtes les feuilles et vous êtes les racines. Cela représente l’arbre extérieur.

Ensuite, imaginez pendant deux minutes un arbre en vous. Cet arbre n’a que trois branches, dont les noms sont amour, dévotion et soumission. Vous vous asseyez sur la branche amour, là où vous et Dieu êtes absolument unis. Puis vous vous asseyez sur la branche dévotion. Là, vous devez ressentir non seulement que Dieu et vous êtes un, mais qu’il y a une immense sollicitude intime et un sentiment d’unité inséparable entre vous et Dieu. Dieu dévoue Sa Lumière infinie à votre réalisation et vous consacrez toute votre capacité, quelle qu’elle soit, à la réalisation de la Volonté de Dieu. Sur la branche de la dévotion, votre unité est développée et intensifiée.

Puis vient la branche de la soumission. Lorsque vous vous asseyez sur la branche de la soumission, vous devez ressentir que l’unité de la branche amour et l’intimité que vous avez ressentie sur la branche dévotion ne sont venues à vous que grâce à votre soumission implicite à la Volonté de Dieu. Vous aviez l’aspiration pour devenir un avec Dieu, mais ce n’est pas votre aspiration qui vous a uni à Dieu. Dans votre aspiration, vous possédiez la lumière d’une soumission. « Mon Dieu, j’aspire, mais je dois me soumettre à Toi et c’est à Toi de décider de combler mon aspiration ou de me laisser là où je suis. » Telle était votre prière.

Lorsque vous vous asseyez sur la branche de la soumission, vous devez ressentir que votre unité sur la branche amour et votre unité intime sur la branche dévotion n’ont pu naître que grâce à la soumission implicite et inconditionnelle que vous avez dans votre aspiration enflammée et ascendante.

L’AMOUR, LA DEVOTION ET LA SOUMISSION

L’amour est action. La dévotion est pratique. La soumission est expérience.

L’amour est réalisation. La dévotion est révélation. La soumission est manifestation.

L’amour est le sens de la vie. La dévotion est le secret de la vie. La soumission est le But de la vie.

Dans mon amour, je vois Dieu la Mère. Dans ma dévotion, je vois Dieu le Père. Dans ma soumission, je vois Dieu la Mère et Dieu le Père ensemble dans un seul corps. L’amour sans dévotion est absurde. La dévotion sans soumission est futile.

L’amour avec la dévotion était le début de mon voyage. La dévotion avec la soumission marque la fin de mon voyage.

J’aime le Suprême parce que je proviens de Lui. Je me dévoue au Suprême parce que je souhaite retourner à Lui. Je me soumets au Suprême parce qu’Il vit en moi et je vis en Lui.

426

L’amour est doux, la dévotion est plus douce, la soumission est la plus douce.

L’amour est doux. J’ai ressenti cette vérité dans l’amour spontané de ma Mère pour moi.

La dévotion est plus douce. J’ai découvert cette vérité dans la pure dévotion de ma Mère à l’égard de la perfection de ma vie.

La soumission est la plus douce. J’ai compris cette vérité dans la soumission de ma Mère à la réalisation de ma joie.

Par ailleurs, l’amour est puissant, la dévotion est plus puissante, la soumission est la plus puissante.

L’amour est puissant. Je ressens cette vérité lorsque je regarde le Visage de mon Père.

La dévotion est plus puissante. Je découvre cette vérité lorsque je m’assieds aux Pieds de mon Père.

La soumission est la plus puissante. Je comprends cette vérité lorsque je vis dans le souffle de la Volonté de mon Père.

La dévotion est l’intensité dans l’amour et la soumission est la réalisation de l’amour. Pourquoi aimons-nous ? Nous aimons parce que nous sommes tenaillés à chaque instant par la faim de réaliser le plus haut, de ressentir le plus profond, d’être consciemment un avec la Vérité, la Lumière, la Paix et la Béatitude universelles et d’être complètement réalisés.

427

La soumission à la Volonté de Dieu est la réalisation la plus élevée de notre puissance cachée.

I — DIEU ET LA GRACE DIVINE

LE FINI ET L’INFINI

Dieu est à la fois fini et infini.

Il est l’espace.
Il est mesuré.
Il peut être mesuré
Il a besoin d’être mesuré.

Il est au-delà de l’espace.
Il est sans mesures.
Il est incommensurable.
Il est infini.

Dieu est la Conscience infinie, la Béatitude infinie ; et pourtant, Il peut également assumer une forme définie. Il est infini, Il est fini, et en même temps, Il transcende l’Infini et le fini. Il est la vie, Il est la mort ; et pourtant, Il est au-delà de la vie comme de la mort. Beaucoup de gens ne peuvent admettre que Dieu soit fini. Mais prenons l’une des qualités divines de Dieu, celle que l’on appelle l’omniprésence. Dès qu’il pense à l’omniprésence, notre esprit humain voit aussitôt l’immensité. Certes, Il est aussi vaste que le monde. Mais comme Il est en toute chose, Dieu est également dans le fini. Par ailleurs, Dieu est omnipotent. Où est l’omnipotence s’il ne peut pas devenir un tout petit enfant, un minuscule insecte, voire un atome ? Nous ne pouvons pratiquement rien faire avec notre simple volonté. Mais parce qu’Il est omnipotent, Dieu peut faire tout ce qu’Il veut comme Il veut : Il peut être vaste comme Il peut être infinitésimal. Dieu l’Infini est entré en nous, en ces corps finis qui vivent cinquante, soixante ou soixante-dix ans. La plus grande joie de l’Infini est de pouvoir également se rendre fini. Nous devons savoir, ressentir et comprendre cela afin de voir Dieu en Sa création. Sinon, nous pourrons penser que Dieu est au Ciel et que bien qu’étant Sa création, nous n’avons aucune relation avec Lui.

Selon notre entendement, le fini et l’Infini sont deux opposés. Mais selon Dieu, ils sont un. Le fini et l’Infini veulent toujours être ensemble. Le fini veut atteindre l’Absolu, le Plus-Haut, autrement dit l’Infini. L’Infini veut se manifester dans le fini et à travers lui. Le jeu est alors complet. Autrement, il n’est qu’unilatéral, sans véritable joie, sans accomplissement, sans réalisation. Le message de l’Infini se trouve dans le fini ; la révélation, puis la manifestation de l’Infini se trouvent dans le fini. Le fini est nécessaire parce que c’est à travers lui que l’Infini joue son rôle dans le rythme cosmique ici sur terre. En même temps, l’Infini est nécessaire parce que c’est dans l’Infini que le fini trouve un abri éternel où il trouve protection et perfection.

Dieu est tout, mais chacun doit trouver par lui-même ce que signifie Dieu pour lui. Dieu peut être la Lumière infinie, la Conscience infinie, la Puissance infinie, la Béatitude infinie, la Compassion et l’Énergie infinies. Il peut être personnel, avec une forme : mais il peut être impersonnel, sans forme. Parfois, nous sommes heureux de voir Dieu sous une forme ; parfois, nous sommes heureux lorsque nous Le voyons sans forme. Nous pouvons Le voir dans son aspect impersonnel comme une grande étendue de Lumière. Dans son aspect personnel, Il peut apparaître sous forme d’un être humain lumineux. Lorsqu’Il apparaît comme un être personnel, nous pouvons avoir toutes sortes de conversations intimes avec Lui, face à face. Même les Maîtres spirituels ne voient pas tous le Suprême de la même manière. Il apparaît différemment à chaque Maître.

Le Sans forme est nécessaire pour réaliser le Plus-Haut, l’Ultime, l’Infini ; et le formel est nécessaire pour révéler et manifester le Plus-Haut et la Profondeur de manière intime. Dans la conscience, ce qui est infini peut être vu dans un aspect informel, mais peut également prendre une forme. C’est pourquoi le cœur peut abriter l’Infini en lui. Lorsque vous entrez dans le physique subtil, tout est sans forme ; lorsque vous entrez dans le physique, tout a une forme.

Si l’on commence son cheminement en considérant Dieu comme un Dieu personnel avec une forme, on Le réalisera comme un Dieu personnel. Si l’on commence son Yoga en voyant un Dieu impersonnel, on réalisera l’aspect impersonnel de Dieu. Tout dépend de la manière dont l’aspirant veut approcher Dieu dans la progression de son aspiration. Celui qui pratique le Yoga en pensant à Dieu, la Conscience infinie, réalisera Dieu en tant que Conscience infinie. Un Maître spirituel peut commencer par réaliser un aspect de Dieu, mais une fois qu’il est pleinement réalisé, il voit Dieu dans tous Ses aspects.

Si vous méditez pour accomplir quelque chose de façon très concrète et intime, il est préférable d’approcher le Suprême sous la forme de la Mère, la Mère divine. Mais si vous voulez expérimenter quelque chose d’abstrait comme la Lumière ou bien la Béatitude, vous approcherez Dieu comme une Conscience informelle.

Je vois Dieu comme un Être très lumineux qui dispense un Amour infini, une Sollicitude et une Compassion infinies à l’humanité. Mes disciples voient le Suprême comme un Dieu personnel, comme un être humain. Bien que le Suprême ait à la fois l’aspect personnel et l’aspect impersonnel, si vous l’approchez comme un Être personnel, et en particulier au début de votre recherche, votre cheminement sera plus sûr parce que l’aspect personnel est plus facile à aborder. Si vous voulez voir l’aspect impersonnel de Dieu, vous pourrez être confus ou bien avoir peur de l’immensité. Un être humain peut ne mesurer qu’un mètre quatre-vingt, à l’intérieur de lui, son âme possède une capacité infinie. Considérons l’âme comme le Dieu impersonnel et le corps comme le Dieu personnel. Au début, il est bien plus facile pour l’aspirant de s’identifier à son corps plutôt qu’à son âme. Si mon âme veut manifester sa beauté ou bien sa force à travers le physique, l’âme donnera à mon corps une beauté lumineuse ou une force solide. C’est ainsi que l’aspirant peut comprendre la forme comme une expression ou une manifestation de l’informel.

Lorsque le débutant médite tôt le matin, il devrait méditer sur les Pieds du Suprême personnel. Il ressentira alors la Compassion et la Sollicitude de Dieu en même temps que son propre amour dévoué. Il se dira : « Voilà quelqu’un de véritablement grand, d’infiniment plus grand que moi. C’est pourquoi je touche Ses Pieds avec autant de dévotion. » Il ressentira qu’il y a une raison à ce qu’il fait. En touchant les Pieds du Suprême, il essaye de devenir un avec le Suprême. Je ne peux pas toucher la tête d’une personne qui est très grande, mais je peux toucher ses pieds. Que je touche ses pieds ou sa tête, je peux toujours dire que je l’ai touché. Mais dès que je touche ses pieds, je ressens immédiatement un sentiment de pure joie et de dévotion.

Puis, une fois que j’ai touché les Pieds du Dieu personnel, je dois me concentrer sur le Cœur du Dieu personnel. Le fait de toucher Ses Pieds peut procurer un sentiment de dévotion, mais il faut se demander : « Est-ce que je considère qu’Il m’appartient, ou bien est-ce que je n’ai touché Ses Pieds que parce qu’Il est très grand ? » Nous pouvons toucher les pieds d’un très grand Maître spirituel, mais avec notre vénération, nous devons revendiquer cette personne comme quelqu’un qui nous appartient. Ce sentiment génère une force dynamique dans notre dévotion qui entre en action. Nous ne pouvons nous identifier complètement au Suprême et nous unir inséparablement à Lui qu’à partir du moment où nous considérons que le Suprême dans Sa forme humaine nous appartient et que nous Lui appartenons. Cette unité nous procure une joie infinie.

Lorsque vous ressentez que votre Maître spirituel vous appartient, vous avez envie de lui donner quelque chose de vous-même. Mais il doit y avoir un échange. Il vous donnera ce qu’il possède et vous lui donnerez ce que vous possédez. Comment cet échange se fait-il ? À travers la Lumière transmise par les yeux. Lorsque le Maître et le disciple se regardent, que font-ils ? Le Maître regarde le disciple avec une compassion fervente et le disciple regarde le Maître avec une adoration fervente. Le Maître, qui représente le Suprême personnel, est toute compassion, et l’aspirant est toute adoration. Ils s’échangent leurs offrandes et deviennent inséparablement unis.

L’œil est l’endroit de la vision et de la lumière. L’adoration est une forme de lumière, de même que la compassion. Entre les sourcils et légèrement au-dessus se trouve le troisième œil. C’est l’endroit par lequel nous donnons ce que nous possédons au Dieu personnel, et le Dieu personnel nous donne ce qu’Il a. Cette forme de méditation peut être pratiquée par tous les aspirants qui cherchent à aller au-delà de leur existence limitée.

LE NOM DE DIEU

Il y a un Dieu, et on L’appelle de noms différents. Pour ma part, j’aime le nom « Suprême ». D’autres Maîtres ont utilisé des noms différents. Jésus Christ utilisait le nom « Père ». Il disait : « Moi et mon Père sommes un. » Son Père, votre Père et mon Père sont les mêmes, mais en l’appelant « Suprême » au lieu de « Dieu » ou « Père », je ressens plus de douceur.

Toutes les religions ont le même Dieu, mais elles s’adressent à Lui différemment. Un homme sera appelé « père » par son fils, « frère » par son frère, « oncle » par son neveu. De même peut-on s’adresser à Dieu de manières différentes selon son sentiment le plus doux, le plus affectueux.

Au lieu d’utiliser le nom « Dieu », j’utilise le nom « Suprême » la plupart du temps. Je demande à mes disciples d’en faire autant, parce que je pense que ce nom nous procure une relation plus intime avec Lui. Bien que Dieu et le Suprême soient un, il y a une distinction subtile entre les deux. Le Suprême le plus élevé est différent de celui que l’on appelle Dieu. Lorsque nous parlons de réalisation de Dieu, « Dieu » est ici synonyme du Suprême. Mais d’habitude, lorsque nous disons « Dieu », nous avons le sentiment qu’Il incarne une hauteur statique. Il est comme une montagne élevée mais plate. Lorsque nous utilisons le terme de « Dieu », nous pensons qu’Il a atteint Sa Hauteur et qu’Il s’est arrêté. Il n’a pas une conscience qui évolue constamment. Il est quelqu’un d’accompli, comme un produit fini. Mais lorsque nous disons « Suprême », nous parlons du Seigneur suprême qui non seulement a atteint la Hauteur absolue, mais qui ne cesse de la dépasser, d’aller au-delà et de transcender constamment Sa propre Hauteur la plus élevée. Il y a un mouvement ascendant constant.

L’HOMME ET DIEU

Le but de la vie est de devenir conscient de la Réalité suprême. Le but de la vie est d’être une expression consciente de l’être éternel.

Dieu n’est pas quelque chose que l’on trouve à l’extérieur de soi. Dieu est ce qui peut se développer de l’intérieur.

Dans la vie ordinaire, chaque être humain a des millions et des millions de questions à poser. Dans la vie spirituelle, un jour vient où l’aspirant se dit qu’il n’y a qu’une seule question qui mérite d’être posée : « Qui suis-je ? » La réponse est : « Je ne suis pas ce corps, je suis le Pilote Intérieur. »

Comment se fait-il que l’homme ne se connaisse pas, ce qui devrait être la plus simple de ses initiatives ? Il ne se connaît pas précisément parce qu’il s’identifie à son ego et non pas au soi réel. Qu’est-ce qui le pousse à s’identifier à son pseudo soi ? C’est l’ignorance. Et qu’est-ce qui lui dit que le soi réel n’est pas l’ego et ne peut jamais l’être ? C’est sa quête de son soi. Ce qu’il voit dans les profondeurs les plus intimes de son cœur est son soi réel, son Dieu. Cette vision doit un jour se transformer en devenir.

Quelle est la relation entre Dieu et l’homme ? Dieu possède un Souffle vivant, et ce Souffle vivant est l’homme. L’homme possède un But, et le nom de ce But est Dieu. La satisfaction, l’accomplissement et la réalisation de l’homme se trouvent en Dieu.

Dieu est la nécessité de l’homme. L’homme a besoin de Dieu pour sa réalisation transcendantale la plus élevée, et il la trouvera en Dieu. Dieu a besoin de l’homme pour Sa Manifestation absolue ici sur terre. Nous avons besoin de Dieu pour réaliser notre vérité la plus élevée ou bien notre existence la plus élevée. Dieu a besoin de nous pour Le manifester ici sur terre entièrement, divinement et suprêmement.

Dieu et l’homme sont éternellement un. Dieu est l’homme qui doit encore se réaliser dans Son Infinité, et l’homme est Dieu qui doit encore réaliser sa divinité. Comme Dieu, l’homme est infini ; comme l’homme, Dieu est fini. Il n’y a pas de gouffre béant entre l’homme et Dieu. L’homme est le Dieu de demain ; Dieu est l’homme d’hier.

Je dois grandir, et Dieu doit circuler. Je dois grandir en un être humain dans Sa Conscience la plus élevée et Dieu circule en moi et à travers moi avec Sa Compassion infinie.

Le Bateau-Rêve de Dieu est l’homme : l’homme, aspiration, l’homme, expérience, l’homme, réalisation, l’homme unité totale avec Dieu l’Omniscient et le Tout-Puissant, Dieu le Père qui aime toute chose.

La Bateau-Vie de l’homme est Dieu. L’existence même de l’homme est Dieu. L’homme réalise Dieu, l’homme incarne Dieu et l’homme finira par manifester Dieu sur terre.

Le Rêve de Dieu est l’homme. Dieu Se réalise en l’homme, avec l’homme, à travers l’homme et pour l’homme. Que signifie : l’homme est un rêve de Dieu ? Tout d’abord, nous devons savoir que le Rêve de Dieu est différent du rêve humain. Il y a une grande différence entre le rêve humain et le Rêve divin de Dieu. Le rêve de la terre est un fantasme mental. Le Rêve divin de Dieu est le précurseur de la Réalité. Chaque seconde de Rêve de Dieu est immédiatement transformée en réalité. Les rêves humains sont souvent des songes et des idées que l’on essaye parfois de réaliser. Très souvent, lorsque nous rêvons, nous sommes tristes parce que nos doux rêves ne se réalisent jamais. Parfois, nous sommes victimes de forces hostiles qui nous font rêver toutes sortes d’incidents horribles dans notre vie. Et puis d’autres fois, nous créons nos propres fantasmes pendant le jour qui ressortent la nuit sous forme de rêves.

Dieu, quant à Lui, n’a pas ce genre de rêves. Son Rêve ressemble plutôt au couvercle d’une boîte. Lorsque vous soulevez le couvercle, vous trouvez tout un monde, vous trouvez le but. Dans la Pièce de Théâtre de Dieu, le Rêve d’aujourd’hui est la Réalité de demain. Lorsque nous devenons un avec Dieu, nous voyons que tout ce qui se trouve dans le Rêve de Dieu incarne déjà la Réalité même. Autrement dit, lorsque le Divin rêve dans l’aspirant, la Réalité est sur le point de se manifester immédiatement dans sa vie.

LA PUISSANCE DE DIEU EST-ELLE LIMITEE ?

L’autre jour, un de mes jeunes amis m’a demandé pourquoi Dieu n’avait pas encore rendu le monde entier spirituel au bout de tant de milliers d’années. « La Puissance de Dieu est-elle limitée ? » me demanda-t-il. « A-t-Il choisi de ne pas rendre le monde spirituel ? » Je dois vous dire que la Puissance de Dieu est illimitée, mais ce sont nous qui ne voulons pas devenir spirituels. Autrement dit, la terre ne veut pas de la Lumière de Dieu.

Dieu est sage, infiniment plus sage que nous. Quelqu’un de moins puissant que Dieu peut obliger n’importe qui à faire une chose qu’il n’a pas envie de faire. Mais Dieu ne force personne à faire quelque chose. Il pense que s’Il utilise la force, nous ne pourrons pas trouver de Joie ultime. Vous pouvez obliger quelqu’un à manger, mais intérieurement, il vous détestera. Dieu se contente de dire : « Mon enfant, je te demande de manger pour ton bien, pour devenir fort et pouvoir lutter contre l’ignorance. » Dieu offre Sa Lumière, Sa nourriture intérieure, mais il ne force personne à l’accepter. C’est Sa politique.

Dieu voit le passé, le présent et le futur. Il sait que ce qu’Il doit faire, c’est nous offrir constamment Sa Sagesse et Sa Patience infinie. Les hommes n’ont pas de patience, et ils pensent qu’en frappant leurs enfants et en les forçant, ils font ce qu’il faut. Mais une fois grands, leurs enfants n’auront qu’une envie, c’est de frapper leurs parents en retour. Pour l’instant, ils sont innocents et impuissants. Un fils frappé par son père s’en souviendra. Il pourra quitter la maison et ne plus vouloir garder de relation avec ses parents. Ou bien, une fois adolescent, il jouera à œil pour œil, dent pour dent. Tu m’as frappé l’autre jour, aujourd’hui, je vais te frapper. C’est ce qui se passe lorsque les parents humains abusent de leur pouvoir.

Mais Dieu le Père n’agit pas de cette manière. Il ne fait que prodiguer une Compassion abondante, une Compassion infinie. En retour, Son enfant finira par Lui offrir sa gratitude infinie pour lui avoir montré Sa Lumière de Compassion infinie. L’enfant recevra cette Lumière et s’efforcera d’être digne de son Père. Lorsque la Compassion fonctionne, lorsque la Lumière fonctionne, alors la Sagesse fonctionne également. Si vous offrez de la sagesse à quelqu’un, dans dix ou vingt ans, lorsqu’il l’aura trouvée, cette personne voudra également vous offrir sa sagesse.

Dieu ne donne jamais rien à contretemps. Cela reviendrait à cueillir un fruit pas mûr d’un arbre en pensant qu’il sera délicieux. Si vous le mangez avant qu’il ne soit mûr, il sera très mauvais. Vous devez toujours attendre qu’il soit mûr. De même, si vous dites à quelqu’un qui dort à poings fermés qu’il doit se lever, il ne fera que vous repousser et vous serez malheureux. Il vous dira : « Qu’est-ce que tu fais ? Pour toi, c’est très bien de te lever, fais ce que tu veux. Pour moi, c’est l’heure de dormir. » Le sommeil est ce qui le rend heureux. À ce moment, vous êtes impuissant.

Regardez la puissance d’un juge d’une Cour suprême lorsqu’il est dans son bureau. Le même homme, chez lui avec sa femme et ses enfants, ne peut exercer la même puissance. Son propre fils ne l’écoutera pas. Il pourra lui demander de lui apporter un verre d’eau et il refusera. Et pourtant le juge de la Cour suprême et le père sont la même personne. Lorsqu’il est au tribunal, tout le monde l’écoute, mais quand il est chez lui, personne ne l’écoute.

Au Ciel, le Suprême est vraiment le Plus-Haut, et en même temps, Il Se transcende constamment. Le Suprême possède ce genre de puissance dans les mondes intérieurs. Mais lorsqu’Il veut agir ici sur terre avec Ses enfants, Il a une Patience infinie. Il s’identifie à leur ignorance. Il dit : « Très bien, si vous voulez me désobéir, si vous voulez jouer à ce genre de jeu stupide, je vais également jouer un peu avec vous. »

Vous pouvez vous demander comment Dieu manifeste Sa Puissance en l’homme. Il manifeste non seulement Sa Puissance, mais toutes Ses autres qualités à travers l’Amour. Dieu utilise la Force, mais Il préfère Se manifester à travers l’Amour, la Sollicitude et la Compassion.

LA GRACE ET LA COMPASSION

Nous nous tournons vers le Seigneur pour Sa Grâce : Il nous regarde pour notre sincérité.

Une faible prière fait descendre la Grâce toute-puissante de Dieu. Telle est la magnanimité de la Compassion de Dieu. Pour un cœur sincère, la Grâce de Dieu est plus rapide que la navette du tisserand. Pour un cœur non sincère, elle est plus lente que la paresse même.

Dieu peut paraître peu aimable pour ceux qui pensent, mais Il est toute Bonté pour ceux qui ressentent.

Bien que l’homme perde souvent sa foi en Dieu, Dieu ne perd jamais Sa Patience, parce qu’Il sait très bien que la Grâce est destinée à sauver l’humanité des tentacules de sa propre misère.

Nos larmes pour Dieu sont notre plus grande force pour faire descendre Sa Protection immense.

Si l’on veut être illuminé par un seul mot des lèvres de Dieu, ce mot est Compassion.

Bien que nous devions répondre de toutes nos actions conscientes ou inconscientes devant Dieu, Celui-ci étant le Père, ne trouve rien de mieux à faire que d’accepter nos erreurs incessantes avec Sa Compassion bienveillante.

Nous pouvons ne pas voir Dieu personnellement. Mais comprendre la relation entre Sa Grâce et Sa Puissance est aussi bien que Le voir.

Nous offrons notre impuissance soumise à Dieu d’en bas. Il déverse Ses bénédictions sur nous d’en-haut.

La Grâce de Dieu et la Justice de Dieu ont été des rivales depuis la naissance de la création. Mais cela va sans dire que Sa Justice ne parvient jamais à se maintenir au rythme de Sa Grâce.

Nous faisons des plaisanteries venimeuses à tout bout de champ et Dieu Se contente de sourire. Mais s’Il lui arrive de plaisanter —et inutile de dire qu’Il le fait à bon escient et avec la meilleure intention— nous fondons aussitôt en larmes amères ou bien nous nous mettons dans une colère noire.

Si nous pensons à la Justice de Dieu avant de penser à Sa Compassion, notre cœur se trompe. Sa Justice veut exposer pleinement l’homme, mais Sa Compassion veut jeter le voile sur les folies et les méfaits de l’homme.

L’univers n’est pas assez vaste pour enterrer la Grâce de Dieu, aussi ne disparaîtra-t-elle jamais.

Notre colère est notre ennemie. La patience est l’ennemie de la colère. La patience a également une ennemie, qu’on appelle l’ignorance. Pour être sûre, l’ignorance aveugle a également une ennemie, aussi incroyable que cela paraisse. Qui est-elle ? La Grâce de Dieu.

La Compassion de Dieu est ce qui descend sur tous, car elle est complètement hors d’atteinte de toute mesquinerie humaine.

La Grâce descendante de Dieu et la félicité ascendante de l’homme font partie intégrante de la conscience en évolution de la terre.

SI JE PEUX

Si je peux parfaire ma foi,
Votre Grâce descendra sûrement.
Plus je Vous donne,
Plus j’absorbe Votre Baume
Qui soigne les souffrances de mon cœur.
Sans Votre Amour suprême,
Je ne suis que néant,
Un rêve obscur et aride.

JE SUIS VOTRE SERVITEUR

Je suis Votre serviteur parmi tous les serviteurs,humble et faible,
Peu m’importe, en vérité, qui Vous êtes, Ô Seigneur !
J’invoque Votre Grâce, Votre sublime Grâce seule,
En vous seul, je trouve le lien de mon cœur.


Ô Vous, l’Inconnu, mon mental n’aspire pas à la gloire,
Ni à Votre Puissance infinie, ô Soleil de Connaissance.
Mon Seigneur, mon premier et dernier désir serein :
Faites de moi le fils immortel de Votre Vision dorée.

Question: Qu’est-ce qui est plus important : la Grâce de Dieu ou bien Sa Justice ?

Sri Chinmoy: Pour celui qui cherche à aimer Dieu, la Grâce de Dieu est plus importante. Pour celui qui cherche à être aimé de Dieu, Sa Justice est plus importante.

L’EFFORT PERSONNEL ET LA GRACE DE DIEU

Pour faire les progrès les plus rapides, il faut, d’une part, la Grâce de Dieu et d’autre part, un effort personnel. Certains aspirants disent : « Si nous accueillons la Grâce de Dieu, quelle est la nécessité de l’effort personnel ici sur terre ? » Ils se trompent parce que l’effort personnel ne fait jamais obstacle à la Grâce descendante de Dieu. L’effort personnel accélère la descente de la Grâce de Dieu sur terre.

La soumission n’est pas quelque chose que l’on peut tout d’un coup offrir à Dieu. La soumission entière nécessite un effort personnel ; mais par ailleurs, la soumission entière peut jouer le rôle de l’effort personnel. Dieu peut nous donner tout ce qu’Il veut sans le moindre effort de notre part. Il dit : « Je vous demande de fournir ce petit effort personnel pour votre propre satisfaction. » Lorsque nous accomplissons ces efforts personnels, notre vie tout entière est inondée de fierté divine et nous nous exclamons : « Regardez ce que j’ai fait pour Dieu ! » Notre unité consciente avec Dieu nous incite à faire quelque chose pour Celui que nous chérissons tant, plutôt que pour notre ego.

Si nous réalisons sincèrement ces efforts personnels, nous satisfaisons Dieu assurément. Pourquoi ? Parce qu’Il peut proclamer : « Mon enfant, cet instrument que J’ai choisi, a fait tant de choses pour Moi. » Nos efforts personnels donnent un sens à notre existence sur terre et en même temps, ils rendent Dieu fier de nous. Mais tout en faisant des efforts, nous ne devons pas oublier la présence de la Grâce infinie en Dieu. Lorsque Sa Grâce descend, il n’y a plus d’efforts personnels. Il ne s’agit plus que d’une soumission dynamique de soi-même. Ce que nous appelons la véritable soumission, c’est lorsque nous offrons les résultats de notre aspiration et de notre sentiment d’urgence intérieure à Dieu. Si nous n’offrons pas ces résultats à Dieu, et que nous nous contentons de nous coucher à Ses Pieds comme un corps inerte, en attentant qu’Il travaille pour nous, en nous et à travers nous, ce n’est pas bien. Dieu ne veut pas d’un corps inerte, d’une âme morte. Il veut quelqu’un d’actif et de dynamique ; quelqu’un qui aspire et qui veut être stimulé afin de pouvoir réaliser quelque chose pour Dieu ; quelqu’un qui veut réaliser Dieu et manifester toutes les qualités divines, ici, sur terre.

D’un point de vue spirituel, la soumission divine vient de la force de volonté. Notre volonté implacable nous donne la capacité de nous soumettre inconditionnellement. Par ailleurs, notre soumission inconditionnelle à Dieu nous donne la capacité de développer la force de volonté. Cette force intérieure de volonté, qui n’est autre que la lumière de l’âme, et la soumission, qui est l’unité de notre cœur avec l’Absolu, vont toujours ensemble ; elles sont inséparables. Il ne peut y avoir aucune différence entre la force de volonté de l’âme et la soumission inconditionnelle de notre être tout entier à la Volonté du Suprême. Toutes deux ont la même force.

437

La Grâce de Dieu peut effacer le passé et elle le fait si et quand vous êtes prêt à faire face aux événements de votre vie actuelle.

438

L’effort personnel est nécessaire.
GLa Grâce de Dieu est indispensable.

L’HEURE SONNA

L’heure sonna.
Je n’étais pas prêt.
Dieu descendit,
Sourit
Et repartit.

L’heure sonna à nouveau.
Je n’étais pas prêt.
Dieu monta,
Poussa
et hurla.


L’heure ne sonna pas.
J’étais prêt.
Dieu dormait.
J’ai pleuré.
L’ignorance chanta.
Satan dansa.

440

Une tentation n’est autre qu’une forme d’épreuve. Si nous réussissons ces épreuves, nous devenons un avec Dieu. Au début, Dieu se contente de regarder et d’observer. Si, d’une part, nous disons extérieurement que nous ne voulons pas rester avec l’ignorance, mais d’autre part, nous aimons secrètement nous prélasser dans les plaisirs terrestres, Dieu garde simplement le silence. En somme, nous ne voulons pas manger la nourriture de l’ignorance, mais en même temps, nous continuons à la manger. Nous agissons comme un chameau qui mange des épines et dont la bouche saigne. Il se dit qu’il ne mangera plus jamais ces épines, mais quelques instants plus tard, il recommence. De la même manière, certains d’entre nous disent ne pas vouloir rester avec l’ignorance, mais l’instant suivant, ils sont à nouveau les meilleurs amis de l’ignorance.

Mais lorsque Dieu voit que nous essayons sincèrement de passer notre examen, Il nous donne immédiatement la capacité. Lorsqu’il voit que nous ne voulons réellement plus fréquenter l’ignorance, que nous ne voulons plus rien avoir à faire avec elle, Il nous donne une puissance et une force intérieures infinies pour sortir de l’ignorance.

Dieu ne met jamais à l’épreuve ; Dieu ne tente jamais. Il nous donne simplement la force intérieure pour conquérir les tentations. La Compassion même de Dieu est notre plus grande puissance. Mais nous ne recevons Sa Puissance que lorsque nous sommes sincères. L’assistance de Dieu, comme la lumière du soleil, est pour tout le monde. Si l’on garde ses portes et ses fenêtres ouvertes, on reçoit la lumière de soleil dans la chambre. Mais si on les garde fermées, aucune lumière ne peut entrer. La Compassion divine de Dieu se déverse constamment sur nous, mais nous devons garder la porte de notre cœur ouverte pour pouvoir sortir de l’ignorance.

441

En entrant dans l’océan, la rivière perd aussitôt sa fonction de rivière.

Le mental suspicieux de l’aspirant vraiment sincère entre dans la Lumière du Maître et reçoit immédiatement non seulement la clarté mentale, mais également l’illumination.

TES PENSEES DIVINES SONT DANS MON CŒUR

Tes pensées divines sont dans mon cœur ;
Ton Cœur abrite mes douleurs et mes souffrances.
Ton Rêve se trouve dans ma vie ;
Dans Ta Vie, je suis une torture constante.
Je suis la plus infime goutte de Ta Compassion.
Ô Océan-Nectar de l’Infinité, viens, viens
Dans ma chambre obscure
Et attache-moi avec le Cordon de Ta Libération.

443

Although man frequently loses faith in God. God never loses His Patience. For He knows well that His Grace is destined to save mankind from the tentacles of its own misery.

II — Le Guru

444

Le Guru est à la fois le soupir des disciples qui n’aspirent pas et l’extase des disciples qui aspirent.

Un véritable Guru est l’éternel mendiant dévoué et consacré qui supplie l’Omnipotence et l’Omniprésence de Dieu de nourrir ses disciples inconsciemment affamés et consciemment aspirants, conformément aux besoins de leurs âmes.

Le Guru n’a qu’une seule arme bienveillante : le pardon. Le disciple possède trois épées nues ; ses limites, sa faiblesse et son ignorance. Cependant, le Guru gagne aisément le combat.

Un homme peut avoir des centaines de compagnons. Mais le chercheur spirituel n’en a qu’un seul : son Précepteur.

Le Guru est celui qui ferme la porte selon la Volonté de Dieu et l’ouvre aux larmes du disciple.

Le Guru et le disciple doivent s’examiner l’un et l’autre doucement, sérieusement et parfaitement avant de s’accepter mutuellement. Sinon, s’ils se trompent dans leur choix, le Guru devra danser avec l’échec et le disciple avec la perdition. Qui peut montrer sa véritable patrie à un disciple ? Le Guru. Quel est le nom de cette patrie ? La Conscience : la Conscience infinie, la Conscience qui s’étend sur tout.

Lorsque vous allez chez le docteur, vous devez lui parler en détail de la maladie dont vous souffrez, sinon il ne pourra pas vous aider correctement. De même devez-vous dévoiler toutes vos erreurs et mauvaises actions à votre Guru. Accepter simplement un Guru en continuant d’agir secrètement à sa guise ne sert à rien. Le Guru n’est pas le corps. Le Guru est la révélation et la manifestation d’une Puissance divine ici sur terre.

La meilleure façon pour un disciple de servir son Guru est d’écouter ses conseils. Le Guru est à la fois la source des accomplissements de son disciple et le serviteur le plus loyal de l’amour de son disciple.

Le Guru est la consolation du désespoir du disciple. Il est également la compensation des pertes éventuelles du disciple au cours de son voyage sans fin vers le But qui réalise toute chose.

L’amour du Guru pour son disciple est sa force. La soumission du disciple à son Guru est sa force.

L’aspect maternel du Guru est le sacrifice.

L’aspect paternel du Guru est la compassion.

Le véritable travail du Guru est de montrer au monde que ses actes sont en harmonie parfaite avec ses enseignements.

Question: Pensez-vous qu’un aspirant ait besoin d’un Guru vivant pour réaliser Dieu ?

Sri Chinmoy: Un Guru vivant n’est pas absolument indispensable pour réaliser Dieu. La première personne sur terre qui a réalisé Dieu n’a pas eu de Guru. Elle n’a eu que Dieu comme Guru. Avoir un maître accélère vos progrès spirituels. Le maître spirituel est semblable à un précepteur dans la vie spirituelle. Or il y a une grande différence entre un précepteur, qui est un professeur particulier, et un simple enseignant. Ce dernier regarde la copie de son élève et lui donne une note. Il l’examine et l’autorise ou non à passer dans la classe supérieure. Mais le précepteur encourage personnellement l’élève à domicile et l’inspire afin qu’il réussisse son examen. À chaque instant de votre vie, l’ignorance vous met à l’épreuve, mais votre professeur particulier vous enseigne comment passer aisément cette épreuve. Le devoir de l’instructeur spirituel est donc d’inspirer le chercheur et d’augmenter son aspiration afin qu’il réalise le plus Haut au plus vite.

Pour apprendre quoi que ce soit en ce monde, on a besoin d’un professeur pour débuter. Il est absurde de dire qu’un professeur est nécessaire pour apprendre les mathématiques, l’histoire ou toute autre chose dans la vie, mais pas pour la réalisation de Dieu. Nous avons autant besoin d’un Maître spirituel pour nous aider et nous guider dans notre vie intérieure, tout particulièrement au début, que de professeurs pour nous apporter une connaissance extérieure et illuminer notre être extérieur. Sinon, notre progrès risque d’être très lent et incertain. Vous pourrez avoir des expériences élevées, sans en connaître le sens véritable. Le doute risque d’entrer dans votre esprit et vous vous direz : « Comment moi, une personne ordinaire, peut-elle avoir une telle expérience ? » Ou bien vous parlerez de vos expériences à vos amis qui diront : « Ce ne sont que des hallucinations mentales ! » Mais si vous avez près de vous une personne qui connaît les réalités intérieures, elle vous confirmera que vos expériences sont authentiques. Le maître encourage le chercheur et l’inspire. Il lui donne les explications correctes de ces expériences. Lorsque le chercheur se trompe dans sa méditation, le maître a la capacité de le corriger.

Une âme entre dans un corps humain et l’être humain vit sa première année d’existence, puis sa seconde, et ainsi de suite. Pendant ce temps, les parents lui apprennent à parler, à manger, à s’habiller, à bien se comporter. L’enfant apprend tout de ses parents qui jouent leur rôle dans les années de formation. Le Maître spirituel en fait autant dans la vie spirituelle en apprenant à l’élève à prier, méditer, contempler. Puis, lorsque l’élève sait comment aller profondément en lui, il peut le faire tout seul.

Pourquoi va-t-on à l’université alors que l’on peut très bien apprendre chez soi ? Parce qu’on a le sentiment que l’on obtiendra une meilleure instruction de professeurs qui connaissent bien leur sujet. Très rares sont les véritables hommes de connaissance qui se sont passés de l’université. Certes, il y a des exceptions ; chaque règle admet des exceptions. Dieu est en chacun, et si un chercheur n’a pas besoin d’une aide humaine, il développera ses capacités tout seul. Mais pour celui qui a la sagesse de vouloir courir vers son but au lieu d’y aller à tâtons ou simplement en marchant, l’aide d’un Guru est considérable.

Imaginons que je me trouve aujourd’hui à Londres. Je sais que New York existe, et je souhaite y retourner. Que me faut-il pour cela ? Un avion et un pilote. Savoir qu’un avion est nécessaire ne suffit pas, car je ne peux rien faire sans un pilote. Pareillement, vous savez que Dieu existe. Vous voulez atteindre Dieu grâce à la méditation, mais quelqu’un doit vous y conduire. De même que le pilote de l’avion me conduit à New York, quelqu’un doit vous conduire vers la conscience de Dieu qui est en vous. Quelqu’un doit vous montrer comment entrer dans votre propre divinité grâce à la méditation.

Un maître spirituel vient à vous avec un bateau. Il vous dit : « Viens. Si tu veux aller vers le Rivage Doré, je peux t’y amener. De plus, une fois dans mon bateau, tu pourras chanter, danser et même dormir ; je te conduirai en toute sécurité vers le Rivage. » Libre à vous de répondre que vous n’avez besoin de personne, que vous voulez traverser seul l’océan de l’ignorance. Mais combien d’années, combien d’incarnations cela vous prendra-t-il ? Et puis, après avoir nagé un certain temps, ne risquez-vous pas de vous épuiser et de vous noyer ?

Lorsque quelqu’un devient le disciple véritable d’un Maître, il n’a plus l’impression que lui et son Guru sont deux êtres séparés, que son Maître est au sommet de l’arbre alors que lui se trouve au pied de l’arbre. Non ! Il perçoit le Guru comme sa réalité la plus haute. Il sent que lui et son Guru sont un, que le Guru est la partie la plus élevée et la plus développée de son propre être. C’est pourquoi le disciple véritable n’éprouve aucune difficulté à soumettre son existence inférieure à son existence supérieure. Il ne lui coûte pas d’être un disciple dévoué, car il sait que le plus haut et le plus bas lui appartiennent tous deux.

QUI EST LE PLUS IMPORTANT ? LE GURU OU DIEU ?

Un jour, un Maître spirituel surprit deux de ses disciples en pleine dispute. Ils en étaient presque venus aux mains. Le Maître s’approcha d’eux et leur demanda : « Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi vous disputez-vous et vous battez-vous ? »

Tous deux s’écrièrent en même temps : « Maître, Maître, aidez-nous ! Nous avons besoin de votre guidance. Nous avons besoin de votre lumière. »

Le Maître répondit : « Si vous parlez tous les deux en même temps, je ne peux pas vous faire justice. Alors que l’un d’entre vous me dise ce qui vous tracasse. »

L’un d’entre eux prit la parole : « Maître, la pomme de discorde, c’est vous, et rien d’autre.

— Comment ?

— Il dit que le Guru est plus important que Dieu. Je dis que c’est impossible. Dieu est plus important. Il dit que le Guru est plus important parce qu’il montre et trace la voie pour emmener le disciple à Dieu. Il dit également que bien que Dieu s’occupe de tout le monde, y compris du dormeur et de celui qui n’aspire pas, celui qui recherche la sollicitude et les bénédictions immédiates de Dieu, c’est à travers le Guru qu’il peut les recevoir, c’est pourquoi le Guru est le plus important.

Mais moi je dis que non. C’est Dieu qui a donné ce genre d’amour et de compassion au Guru. C’est Dieu qui a fait du Guru un instrument pour aider l’humanité. Alors pour moi, Dieu est plus important.

Il dit qu’il y a un But, mais s’il n’y a pas quelqu’un qui l’emmène vers ce But — ce quelqu’un étant son Guru —, Dieu restera toujours hors d’atteinte. Il dit que le But peut être là, mais qui m’emmènera au But ? Je ne peux pas y aller seul, je ne connais pas la route. Alors mon Guru est plus important, parce que ce n’est pas le But qui viendra à moi.

Je dis, non, le But est Dieu. Si ton Guru t’emmène à Dieu et que Dieu ne s’occupe pas de toi, à quoi sert le messager ? Le Guru peut emmener quelqu’un vers le But, mais si le But ne s’intéresse pas à cette personne, le voyage est vain. Un être humain peut conduire quelqu’un vers un Maître, mais si le Maître n’est pas satisfait de la personne qu’il a amenée, le cas est désespéré. Celui qui compte le plus n’est pas celui qui a emmené le disciple, mais celui qui est satisfait du disciple. Si Dieu est satisfait de quelqu’un, c’est plus que suffisant.

Il dit que lorsque le Guru accepte quelqu’un comme son disciple le plus cher, il prend sur ses épaules le karma du disciple. Lorsque le père sait que son fils a fait quelque chose de mal, et qu’il veut sauver son fils, il endosse lui-même la punition. C’est ce que le Guru fait. Mais Dieu est le Père universel et Il agit avec Sa Loi cosmique. Lorsque nous faisons quelque chose de mal, Dieu nous en fait subir les conséquences ; nous serons punis. C’est pourquoi il pense que le Guru est plus important, parce qu’il prend sur ses propres épaules la punition que le disciple mérite, tandis que Dieu suivra toujours Sa Loi cosmique.

Je dis non : Dieu ne nous punit pas. Dieu ne fait que nous donner une expérience. Qui punit qui ? C’est Sa propre expérience que Dieu vit en nous et à travers nous. Nous ne recevons pas la punition, mais c’est plutôt Dieu qui vit et souffre en nous et à travers nous.

De plus, Dieu existait avant que le Guru n’entre dans la manifestation, et Dieu continuera à être Dieu bien après que le Guru aura quitté le champ de la manifestation. Le Guru provient de Dieu et il retournera à Dieu, sa Source. Mais Dieu est infini et éternel, Il ne cessera jamais d’exister. Dieu est le Tout ; le Guru est Son incarnation temporaire.

Guru, j’ai la plus grande dévotion pour vous. Bien qu’il dise que vous êtes aussi important que Dieu et que je dise que Dieu est plus important, j’ai la plus grande foi en vous. Pouvez-vous s’il vous plaît nous illuminer ? »

Le Guru répondit : « Regarde, si tu penses que le Guru est le corps, le Guru n’est pas du tout important. Si tu penses que le Guru est l’âme, le Guru et Dieu sont également importants ; ils sont une seule et même entité. Mais si tu penses que le Guru est le Soi infini, le Soi transcendantal, tu dois penser que ce n’est ni le corps, ni l’âme du Guru, mais le Suprême en lui qui est le plus important. Le Suprême est le véritable Guru, le Guru de tout le monde. Si tu veux séparer le physique, l’âme et le Soi transcendantal en trois parties différentes, tu ne pourras jamais réaliser la Vérité la plus élevée. Pour réaliser la Vérité supérieure, tu devrais servir l’aspect physique du Maître, aimer l’âme du Maître et adorer le Soi transcendantal du Maître. Le plus important, c’est de voir la lumière infinie du Maître dans le corps, la conscience de son unité inséparable avec le Plus-Haut dans l’âme et la Libération éternelle dans le Soi. Ce n’est qu’à cette condition que le Maître et Dieu peuvent devenir un.

Dieu et le Guru sont tous deux également importants dans le Jeu éternel, dans le Drame divin. »

VOTRE VERITABLE MAITRE.

Celui qui vous inspire
Est votre véritable maître.

Celui qui vous aime
Est votre véritable maître.

Celui qui vous force
Est votre véritable maître.

Celui qui vous parfait
Est votre véritable maître.

Celui qui vous chérit
Est votre véritable maître.

Question: Lorsque vous méditez sur nous et que je vous regarde, je me dis que je devrais essayer d’être aussi humble, pur et réceptif que possible. Est-ce la bonne attitude, ou bien devrais-je simplement ne pas penser à cela et garder simplement mon esprit réceptif ?

Sri Chinmoy: Cela dépend de chacun. S’il s’agit d’un de mes élèves ou d’un de mes disciples, autrement dit de quelqu’un qui m’a consciemment donné la responsabilité de sa vie spirituelle, lorsqu’il est humble, poli et très dévoué, il reçoit le maximum de moi. S’il est arrogant, borné et hautain, il ne reçoit rien de moi.

Maintenant, vous venez au Centre de New York, vous pouvez donc vous considérer comme mon élève. Dans votre cas, lorsque vous offrez votre humilité, ne pensez pas que cette humilité touche ma personnalité humaine. Cette humilité entre dans le Suprême en moi, qui mérite tout de vous. Je ne suis pas le Guru de n’importe qui. Votre Guru, votre Maître, est Dieu. Votre Maître véritable se trouve en moi. Mon Maître, mon véritable Maître, se trouve en vous. C’est parce que je possède la lumière et la sagesse intérieures que je peux faire venir votre âme aspirante en avant lorsque vous m’approchez avec humilité et pureté. Si vous avez un sentiment dévoué à mon égard, vous pouvez plus facilement recevoir la paix intérieure, la lumière intérieure, la sagesse intérieure que je possède.

Pour un élève qui débute, il vaut toujours mieux entrer dans le cœur du maître consciemment et avec humilité. Cette humilité n’est pas une humiliation. Une personne humiliée est écrasée ; mais l’humilité est un sentiment d’unité totale. Vous avez le sentiment d’être absolument un avec moi parce que Dieu est le Seigneur de toute chose, la Cause de tout. Je ne suis pas supérieur à vous et vous n’êtes pas inférieur à moi. Avec l’humilité, vous pouvez établir votre unité avec moi dans la plus grande douceur. Essayez d’entrer en moi avec humilité, légèreté, douceur et avec un amour divin, et ressentez votre existence en moi. Une fois que vous êtes en moi, c’est mon problème, mon devoir, ma responsabilité de vous donner ce dont vous avez besoin par la Grâce du Suprême.

Certains viennent ici simplement pour trouver de la paix intérieure ou de la joie intérieure. Ils ne sont pas mes élèves, et ne m’ont pas confié la responsabilité de leurs vies, je n’ai pas non plus pris cette responsabilité. Dans leur cas, ce qu’ils devraient faire en me regardant est d’oublier tout et de rendre leur mental absolument calme, tranquille et vide, comme un récipient vide, et ils ne devraient rien laisser entrer dans leur mental pendant la méditation. S’ils gardent toutes leurs peurs, leurs soucis, leurs doutes et ainsi de suite dans le récipient de leur mental, celui-ci sera plein. Que pourrais-je alors faire ? Le récipient doit être vidé afin que je puisse le remplir de paix divine, d’amour divin, de joie et d’harmonie divines.

Une fois son réceptacle vide, des pensées divines peuvent entrer dans l’aspirant et s’y développer. Et lorsqu’il est plein à ras bord de pensées divines, il finit par ouvrir la porte à la Paix et à la Lumière divines.

C’est ce que devraient faire ceux qui ne sont pas mes disciples et qui ne viennent ici qu’une seule fois par semaine pour trouver un peu de paix et rien d’autre. Mais ceux qui veulent trouver la Paix infinie, la Lumière infinie et la Félicité infinie, ceux qui veulent vraiment réaliser le Plus-Haut sur terre, ceux-là doivent suivre une voie spirituelle. J’ai une voie spirituelle, comme d’autres Maîtres spirituels. Chaque Maître a sa voie et ultimement,toutes les voies conduisent au même but. Tous les chemins ont beau mener à Rome, il faut cependant en suivre un et un seul. Ceux qui méditent ici et qui ne sont pas mes élèves ressentiront un jour la nécessité de trouver un Maître spirituel. Je leur donne l’inspiration. Ensuite, lorsqu’ils seront inspirés, s’ils veulent aller jusqu’au bout du chemin, jusqu’au But ultime, ils essayeront de trouver leur propre maître. À ce moment, leur Maître spirituel leur dira ce qu’ils doivent faire et ne pas faire.

MERE, TU REPONDS A MON CHANT

Mère, tu réponds à mon chant ;
C’est pourquoi je chante.
Ton affection est infinie, Mère, je le sais.
Même lorsque mes bouderies me font T’oublier,
Ta Compassion et Ta Paix infinie
m’attirent à Toi.
Mère, Tu es mon océan ; je suis Ta goutte minuscule.
Les étoiles, la lune et le soleil
Sont des compagnons éternels
Dans Ton Jeu cosmique.

Ô YOGI DE LA PLUS HAUTE MAGNITUDE, MON TOUR EST VENU

Ô Yogi de la plus haute magnitude, mon tour est venu.
Accepte à présent la guirlande de ma soumission totale.
Je suis complètement perdu dans la forêt de mon cœur
Mais j’y vois le sourire de ton Étoile Polaire.
Viens, viens.
Sans toi la vina de mon cœur
N’offrira jamais sa musique, je le sais, je le sais.
C’est pourquoi je t’attire contre mon sein.
Ô Yogi de la plus haute magnitude, mon tour est venu.

LE FAISEUR DE MIRACLES

Sa vie est celle d’un faiseur de miracles.
Il commença avec lui-même.
Il s’aima,
Il s’attrapa,
Il s’enseigna.

Il a commencé à enseigner.
Personne ne passe par lui sans être transformé.
Sa vie est un mouvement constant
Vers le haut et vers l’intérieur.
Il n’a aucune doctrine.

Sa beauté céleste et Dieu
Vivent sous le même toit.
Son devoir terrestre et Dieu
Vivent dans la même chambre.

I — La réalisation

L'illumination

Dans ce monde, une seule chose mérite d’être possédée : l’illumination. Pour recevoir l’illumination, il faut être sincère et humble. Malheureusement, ici-bas, la sincérité est morte depuis longtemps, et l’humilité n’a pas encore vu le jour. Essayons de ranimer notre sincérité et, grâce à notre aspiration, d’accélérer la naissance de notre humilité. Alors seulement serons-nous capables de réaliser Dieu.

L’illumination n’est pas très loin de nous ; elle est proche, elle est juste au fond de nous. À chaque instant, notre progrès intérieur peut nous faire grandir consciemment dans l’illumination. Ce progrès intérieur naît d’un sacrifice constant. Sacrifice de quoi ? Sacrifice des mauvaises pensées négatives et d’une mauvaise compréhension de la Vérité. Le sacrifice et la renonciation vont ensemble. À quoi allons-nous renoncer ? Au corps physique, à la famille, aux amis, à nos proches, à notre pays, au monde ? Non ! Nous devons renoncer à notre propre ignorance, à nos mauvaises opinions sur Dieu et sur la Vérité. Nous devons également sacrifier à Dieu le résultat de chacune de nos actions. La vision divine n’est plus une prière lointaine dès le moment où nous offrons le résultat de toutes nos actions au Pilote Intérieur.

Dans notre vie de tous les jours, nous parlons souvent d’enchaînement et de liberté. Mais la réalisation dit que l’enchaînement et la liberté n’existent pas. Ce qui existe, c’est la conscience, la conscience à des niveaux différents, la conscience qui règne dans ses manifestations variées. Dans le domaine de la manifestation, la conscience se trouve à plusieurs échelons différents. Pourquoi prions-nous ? Nous prions parce que notre prière nous conduit d’un niveau inférieur d’illumination à un niveau supérieur. Nous prions parce que notre prière nous rapproche de quelque chose de pur, de beau, d’inspirant et de comblant. L’illumination la plus élevée est la réalisation de Dieu. Cette illumination doit se produire non seulement dans l’âme, mais également dans le cœur, le mental, le vital et le corps. La réalisation de Dieu est une unité consciente, complète et parfaite avec Dieu.

Nous voulons aimer le monde et le monde veut nous aimer. Nous voulons combler le monde et le monde veut nous combler, cependant, aucun lien ne nous relie au monde. Nous avons le sentiment que notre existence et celle du monde sont deux choses entièrement différentes. Nous pensons que le monde est séparé de nous. C’est là notre erreur déplorable. Quel est le bon lien qui nous relie au monde ? Dieu. En commençant par nous approcher de Dieu, puis par Le voir dans le monde, non seulement le monde supportera toutes nos erreurs, quel que soit leur nombre, mais en plus, il nous aimera en dépit de nos erreurs. De même, lorsque nous verrons les défauts, les faiblesses et les imperfections du monde, nous serons capables de lui pardonner, puis de l’inspirer, le dynamiser et l’illuminer, simplement parce que nous ressentirons l’existence de Dieu en lui.

Si nous ne voyons pas Dieu dans toutes nos activités, la frustration régnera dans notre vie quotidienne. Quelle que soit la sincérité avec laquelle le monde s’efforcera de nous satisfaire, la frustration s’imposera entre notre compréhension et celle du monde. La source de la frustration est l’ignorance. L’ignorance est la mère de la frustration dévastatrice, destructrice et suffocante. En allant plus profondément dans l’ignorance, tout ce que nous voyons est le jeu de l’inconscience. La frustration ne pourra être éliminée complètement de notre vie que lorsque nous entrerons dans la Source de toute existence. Lorsque nous entrons dans la Source de notre propre existence et dans l’existence du monde, nous nous approchons de la Réalité. Cette Réalité est notre Bonheur constant, et ce Bonheur est le Souffle de Dieu. Ce monde n’appartient ni à moi, ni à vous, ni à personne. Jamais ! Il appartient à Dieu, et à Dieu seul. Aussi devons-nous vraiment être raisonnables, et aborder le Possesseur, et non pas la possession. En soi, celle-ci n’est bonne à rien et ne peut rien faire d’elle-même. C’est le Possesseur qui peut faire ce qu’Il veut de Sa possession. Alors commençons par devenir un avec Dieu, et nous deviendrons automatiquement un avec les possessions de Dieu. Lorsque nous pourrons établir notre unité avec Dieu et Ses possessions, nous pourrons assurément et infailliblement ressentir que le monde nous appartient et que nous lui appartenons.

L’ignorance et l’illumination sont comme le jour et la nuit. Nous devons d’abord entrer dans l’illumination avant de l’amener dans la nuit de l’ignorance. Si nous essayons d’illuminer l’ignorance dans le sens inverse, c’est-à-dire en commençant par entrer en elle, sa transformation sera difficile, lente et incertaine. Entrer dans le domaine de l’ignorance, c’est prendre un chemin négatif. En suivant le chemin de l’obscurité et en essayant de trouver la lumière dans l’obscurité, nous prenons un chemin négatif. La meilleure manière, la manière positive de trouver la lumière, c’est de suivre le chemin de la lumière, de davantage de lumière, d’une lumière abondante, de la Lumière infinie. Si nous suivons le chemin de la lumière, l’illumination descendra assurément sur nous.

Levons les yeux vers le ciel et faisons descendre la Lumière d’en haut. Dès que nous regardons vers le ciel, la Grâce de Dieu descend. La nature même de la Grâce de Dieu est de descendre sur chaque individu sur terre. Lorsque nous voulons monter vers Dieu avec l’ignorance, cela revient à escalader une montagne avec une lourde charge sur nos épaules. C’est naturellement difficile. Au lieu de cela, nous pouvons rester au pied de la montagne et implorer la Grâce de Dieu qui est prête et impatiente de descendre sur nous depuis le Plus-Haut. Inutile de dire qu’il est infiniment plus facile pour Dieu de descendre dans notre ignorance que pour nous d’emporter notre ignorance vers Dieu.

L’illumination est la prise de conscience de l’âme. C’est la vision consciente de la Réalité sur le point de se manifester. L’illumination est la possibilité transformée en “applicabilité“. Ici sur terre, un magicien ordinaire utilise sa baguette magique pour transformer une chose en une autre. Lorsque Dieu utilise l’illumination dans le monde, la conscience finie de la terre pénètre aussitôt l’Infini et devient l’Infini.

L’illumination est la première réalisation par l’homme de la Force toute puissante de Dieu, de Sa Compassion infinie, de Sa Lumière infinie et de Sa Perfection parfaite. C’est notre illumination qui nous fait ressentir ce qu’est Dieu réellement. Avant l’illumination, Dieu est théorique ; après l’illumination, Dieu devient pratique. L’illumination est donc le pouvoir magique divin qui nous fait voir la Réalité qui, auparavant, n’était qu’imagination. Lorsque l’illumination point dans un être humain, Dieu n’est plus simplement une promesse, il devient un accomplissement réel.

L’illumination se fait dans le mental et dans le cœur. Lorsque le mental est illuminé, nous devenons le Choix de Dieu. Lorsque le cœur est illuminé, nous devenons la Voix de Dieu. Ici, dans le monde physique, le mental a considérablement évolué. C’est grâce à l’évolution de son mental intellectuel que l’homme est devenu supérieur aux animaux, parce que le niveau du mental est plus élevé que celui du physique ou du vital. L’homme a cultivé la capacité du mental, mais il n’a pas cultivé celle du cœur. Lorsque nous cultiverons notre cœur, nous verrons que sa capacité est infiniment supérieure à ce que nous imaginions. Lorsque nous pourrons cultiver dans notre cœur le sentiment unique qui nous dit que nous procédons de la Vision la plus élevée de Dieu et que nous sommes destinés à la Manifestation parfaite de Dieu, nous recevrons l’illumination.

Question: Devons-nous éliminer tous les buts matérialistes pour réaliser Dieu ?

Sri Chinmoy: Ce qui compte le plus, c’est la manière dont nous utilisons la matière. La matière, en tant que telle, n’a rien fait de mal à Dieu ; elle n’est pas anti-divine. C’est nous qui utilisons mal la matière. Nous devons entrer dans la vie matérielle avec la lumière de notre âme. Nous pouvons utiliser un couteau pour frapper quelqu’un ou bien pour couper un fruit et le partager avec d’autres. Avec le feu, nous pouvons faire la cuisine, et nous pouvons également nous brûler ou bien mettre le feu à la maison de quelqu’un. Nous devons penser que la matière et l’esprit vont ensemble. La matière doit être l’expression consciente de notre esprit. Si vous dites que la matière est tout, et qu’il n’y a pas d’esprit, ni de vie supérieure, ni de réalité intérieure, je vous dirai que vous vous trompez. Il y a une réalité intérieure, il y a une Vérité infinie qui veut s’exprimer dans la matière et à travers elle. La matière est endormie et doit être stimulée. La vie matérielle doit être guidée et façonnée par l’esprit.

Mais nous devons commencer par comprendre l’utilité de la vie matérielle. Si nous entendons par vie matérielle le plaisir du vital inférieur et la satisfaction de désirs ordinaires, il est inutile d’essayer de concilier en même temps une vie spirituelle. Mais si la vie matérielle signifie la vie d’expansion — l’expansion du cœur, l’expansion de l’amour —, alors la matière et l’esprit peuvent facilement aller de pair. Dans cette vie matérielle, nous devons voir la Paix, la Lumière et la Béatitude. Ce que nous voyons pour l’instant dans le mental, c’est la jalousie, la peur, le doute et toutes sortes de qualités non divines. Mais dans ce mental, nous pouvons et nous devons ressentir l’harmonie, la paix, l’amour et d’autres qualités divines. Si ce sont ces qualités que nous recherchons dans le monde matériel, celui-ci peut parfaitement aller ensemble avec la vie spirituelle.

La véritable vie matérielle ne consiste pas simplement à manger, dormir et respirer. La vie matérielle est une vie importante qui doit finir par devenir une vie de consécration. Pour l’instant, dans le monde physique, nous essayons de posséder les personnes et les choses. Mais la vie matérielle n’aura de sens que lorsque nous cesserons d’essayer de posséder et que nous commencerons à consacrer. Ce n’est que lorsque nous nous consacrons au Suprême, au But sans pareil de la réalisation de Dieu, que notre vie se révèle à nous comme le message de la Vérité, le message de l’Infini, de l’Éternité et de l’Immortalité.

Question: Lorsque je vois toutes les lacunes et les mauvaises qualités en moi comme en mes compagnons disciples, je me dis que l’illumination est encore bien lointaine.

Sri Chinmoy: Une personne vraiment illuminée ne voit plus les autres comme des êtres imparfaits ou bons à rien. Dès qu’on est illuminé, on ressent sa véritable unité avec les autres et on voit les prétendues imperfections des autres comme une expérience que Dieu vit en eux et à travers eux.

Comme vous êtes mon disciple, j’aimerais vous dire que vous voyez davantage d’imperfections, de limites et d’obscurité en vous que tout ce que je pourrais imaginer. Vous me semblez parfaitement naturel et normal ; vous êtes l’enfant de Dieu et vous avez toutes les chances et les capacités de réaliser, manifester et satisfaire le divin ici sur terre. L’illumination est une chose que vous avez eue, mais que vous avez oubliée pour l’instant ; elle n’est pas une chose entièrement nouvelle.

Celui qui s’intéresse à l’illumination doit ressentir que sa lumière grandit de plus en plus jusqu’à une lumière abondante. Un aspirant qui pense être profondément immergé dans l’océan de l’ignorance ne sortira jamais de l’ignorance, car il n’y a pas de fin à l’océan de l’ignorance. Mais en ressentant qu’il grandit d’une goutte de lumière à la Lumière la plus élevée qui couvre toute chose, l’illumination lui paraîtra immédiatement plus facile et plus spontanée.

Question: Peut-on en fait ressentir la réalisation venir en nous ou bien apparaît-elle spontanément et de façon inattendue ?

Sri Chinmoy: La véritable réalisation ne peut apparaître de manière inattendue. Nous arrivons progressivement, petit à petit, au seuil de la réalisation. Là, nous saurons que nous serons à quelques jours, ou quelques mois, ou quelques années du but. La réalisation est l’unité consciente et complète avec Dieu. Comment une personne ayant une unité consciente limitée avec Dieu pourrait-elle atteindre d’un seul coup cette unité consciente illimitée avec Dieu ? Certes, Dieu peut tout faire, et Il pourrait accorder la réalisation sans rien demander à l’aspirant. Mais si Dieu donnait la réalisation sans demander la moindre méditation et la moindre pratique de vie spirituelle, tout le monde l’attendrait sans rien faire.

Certains aspirants atteignent la réalisation au bout de quatre ou cinq années de méditation, tandis que d’autres, qui méditent depuis trente, quarante ou cinquante ans sont encore loin de la réalisation. Mais sachez que celui qui a réalisé Dieu au bout de seulement quatre ou cinq ans n’en est sûrement pas à sa première incarnation d’aspirant. Il a commencé son voyage conscient bien avant que vous n’ayez même commencé à penser à Dieu. Il achève son voyage vers la réalisation de Dieu alors que peut-être vous ne faites que le commencer. Par ailleurs, ce n’est pas le nombre d’incarnations de méditation, en plus du nombre d’années de méditation dans cette incarnation qui nous rend forcément dignes de Dieu. C’est la Grâce de Dieu qui a agi dans nos incarnations passées et c’est encore la Grâce de Dieu qui nous aide à Le réaliser dans cette incarnation également.

Vous pouvez attendre la réalisation de votre méditation constante toute votre vie, mais uniquement à l’Heure choisie de Dieu. Vous pouvez la vouloir immédiatement, mais Dieu sait que si vous Le réalisiez maintenant, cela ferait plus de mal que de bien à l’humanité. Dieu a donc Sa propre Heure pour votre réalisation, et lorsqu’elle approchera, vous en serez conscient.

Question: Que signifie la réalisation ?

Sri Chinmoy: La Réalisation de Dieu, ou siddhi, signifie la découverte de soi au sens le plus élevé. On réalise consciemment son unité avec Dieu. Tant que l’aspirant est encore dans l’ignorance, il considère Dieu comme une personne distincte de lui avec des pouvoirs infinis, et il se considère comme la personne la plus faible qui soit sur terre. Mais dès qu’il réalise Dieu, il se rend compte que lui et Dieu sont absolument un, autant dans la vie intérieure que dans la vie extérieure. La réalisation de Dieu signifie l’identification avec son Soi le plus élevé. Lorsqu’on peut s’identifier avec son Soi le plus élevé et rester à jamais dans cette conscience, lorsqu’on peut révéler et manifester ce Soi à volonté, on est dans la réalisation de Dieu.

Jusqu’à présent, vous avez étudié des livres sur Dieu, et on vous a dit que Dieu était en chacun de nous. Mais vous n’avez pas réalisé Dieu dans votre vie consciente. Pour vous, tout cela n’est encore qu’une spéculation mentale. Mais une personne qui a réalisé Dieu sait consciemment qui est Dieu, à quoi Il ressemble et ce qu’Il veut. Une fois qu’elle a atteint la réalisation du Soi, elle reste dans la conscience de Dieu et parle à Dieu face à face. Elle voit Dieu à la fois dans le fini et dans l’infini ; elle voit Dieu à la fois personnifié et non personnifié. Et dans son cas, il ne s’agit pas d’hallucination mentale ou d’imagination, c’est une réalité directe. Cette réalité est plus authentique que le fait de vous voir ici, juste devant moi. Lorsqu’on parle à quelqu’un, il y a toujours un voile d’ignorance ; obscurité, imperfection, malentendu. Mais entre Dieu et l’être intérieur de celui qui L’a réalisé, il ne peut y avoir d’ignorance, ni de voile. À ce moment-là, il peut parler à Dieu plus clairement, avec bien plus de conviction et plus ouvertement qu’à un être humain.

Un être humain ordinaire pense que la Paix infinie, la Lumière infinie, la Béatitude infinie et le Pouvoir infini ne sont que les fruits de son imagination. Il est victime du doute, de la peur et des forces négatives qu’il considère tout à fait normales et naturelles. Il ne peut rien aimer de manière pure, pas même lui-même. Il est dans le fini, dans la dispute et la bataille, et il n’y a pas la moindre Paix, ou Lumière, ou Béatitude en lui. Mais celui qui pratique la méditation descend au fond de lui-même et voit qu’il existe une véritable Paix, une véritable Lumière et une véritable Béatitude. Il reçoit une immense force intérieure et il voit que le doute et la peur peuvent vraiment être défiés et conquis. Lorsque nous atteignons la réalisation de Dieu, notre existence intérieure est inondée de Paix, de Tranquillité, d’Équanimité et de Lumière.

Question: Certaines voies spirituelles parlent du But en termes d’éveil, d’autres en termes de Réalisation de Dieu. Quelle est la différence entre éveil et réalisation de Dieu ?

Sri Chinmoy: Parfois, lorsque nous parlons d’éveil, nous voulons dire que nous avons été dans l’obscurité dans un domaine particulier pendant des années, et qu’à présent, nous avons une sagesse intérieure, ou bien ce domaine particulier de notre conscience est éclairé. Mais cela n’est qu’une étincelle de l’Éveil infini, et nous ne pouvons pas appeler cette étincelle la réalisation de Dieu.

Le plein Éveil, l’Éveil complet et illuminant toute chose est la Réalisation de Dieu. Mais parfois, lorsqu’un aspirant se trouve dans sa méditation la plus élevée, il reçoit une forme d’illumination ou d’éveil intérieur et son être entier, son existence entière sont illuminés pendant une heure ou deux. Mais au bout de ce temps, il retourne à son état précédent ; il redevient victime de désirs et de qualités non divines. L’éveil a eu lieu, mais il ne s’agit pas de l’Éveil Transcendantal qu’ont expérimenté le Bouddha ou d’autres Maîtres spirituels. Cet Éveil qui comble et illumine tout est équivalent à la Réalisation de Dieu. La Réalisation de Dieu signifie un Éveil constant et éternel, un Éveil Transcendantal. Dans la réalisation, l’illumination infinie prend place automatiquement dans l’existence extérieure comme dans l’existence intérieure.

L’Éveil dont on parle ici, en occident, ainsi qu’au Japon, n’est qu’un jaillissement temporaire de lumière dans la conscience qui aspire. Au bout d’un temps assez court, il pâlit et devient insignifiant, parce qu’il n’a pas de réalité permanente. La réalité durable ne peut être obtenue qu’avec l’Illumination Transcendantale, qui est la Réalisation de Dieu.

Question: Une fois qu’elle a réalisé Dieu, une personne agit-elle encore comme une personne ordinaire?

Sri Chinmoy: Lorsqu’on utilise le terme de réalisation, les gens sont souvent déroutés. Ils pensent qu’une personne réalisée est entièrement différente d’une personne ordinaire, et qu’elle se comporte de manière très inhabituelle. Mais une personne réalisée n’a pas besoin de se comporter, ni ne devrait se comporter de manière inhabituelle. Qu’a-t-elle réalisé ? La Vérité ultime en Dieu. Et qui est Dieu ? Dieu est quelqu’un ou quelque chose d’absolument normal.

Lorsque quelqu’un réalise le Plus-Haut, cela veut dire qu’il possède la Paix, la Lumière et la Béatitude intérieures en quantité infinie. Cela ne signifie pas que son aspect extérieur ou que ses traits extérieurs sont différents, parce que la Paix, la Lumière et la Béatitude sont à l’intérieur de sa conscience intérieure. Un Maître qui atteint la réalisation ne va pas se retrouver avec deux grandes cornes et une longue queue ou toute autre forme anormale. Non, il est normal. Même après avoir réalisé le Plus-Haut, un Maître spirituel mange, dort, parle et respire comme tout le monde.

C’est à l’intérieur de l’humain que le divin existe. Nous n’avons pas besoin de vivre dans des grottes de l’Himalaya pour prouver notre divinité intérieure ; nous pouvons l’exprimer dans notre vie quotidienne normale. La spiritualité est quelque chose d’absolument normal, mais malheureusement, nous en sommes venus à penser qu’elle est anormale parce que nous voyons très peu de personnes spirituelles dans ce monde d’ignorance. Mais ce sentiment est une erreur déplorable. La véritable spiritualité est l’acceptation de la vie. Nous devons commencer par accepter la vie telle qu’elle est, puis essayer de la diviniser et de transformer le visage du monde avec notre aspiration et notre réalisation. Les personnes non spirituelles pensent fréquemment qu’une personne réalisée doit accomplir des miracles à tout moment si elle est vraiment réalisée. Mais les miracles et la réalisation de Dieu n’ont pas forcément besoin d’aller ensemble. Lorsque vous regardez un Maître spirituel, ce que vous voyez, c’est de la Paix, de la Lumière, de la Béatitude et une Force divine. Entrez en lui, et vous ressentirez certainement tout cela. Mais si vous attendez autre chose d’une âme réalisée, si vous allez voir un Maître spirituel en pensant qu’il va satisfaire vos innombrables désirs et faire de vous un millionnaire, vous vous trompez complètement. Si telle est la Volonté du Suprême, le Maître peut facilement rendre quelqu’un millionnaire en un clin d’œil. Il peut faire descendre la prospérité matérielle en grande quantité, mais ça n’est pas en général la Volonté du Suprême. La Volonté du Suprême a trait à la prospérité intérieure, et non à l’abondance extérieure.

Question: Est-ce que chaque personne qui a réalisé Dieu est devenue un Maître spirituel ?

Sri Chinmoy: Il y a des centaines d’élèves ici qui obtiennent leur doctorat d’université. Certains entrent ensuite dans un bureau ou une entreprise, et d’autres commencent à enseigner. De même, certaines personnes qui ont réalisé Dieu enseignent à d’autres comment réaliser Dieu, et d’autres non. Ceux qui n’enseignent pas dans le monde sont tout de même réalisés, c’est indéniable. Mais il leur a fallu de nombreuses incarnations pour traverser les barrières de l’ignorance, et elles sont maintenant vraiment fatiguées. Il n’est pas facile de réaliser Dieu, et elles ont le sentiment d’avoir agi comme de véritables héros divins sur le champ de bataille de la vie. Elles ont lutté contre la peur, le doute, les anxiétés, les soucis, les imperfections, les limites et l’attachement et conquis toutes ces forces. Maintenant, elles pensent avoir tout à fait le droit de se retirer du champ de bataille pour prendre du repos. Ces âmes demandent à Dieu si elles peuvent se retirer, et si Dieu dit qu’elles n’ont plus besoin de prendre consciemment part au Jeu Cosmique, et qu’elles peuvent se contenter d’observer, elles se retirent. Si elles ont la permission de Dieu, elles peuvent naturellement rester passives.

Mais les âmes qui ne prennent pas part à la manifestation de Dieu font également quelque chose de très grand. Elles peuvent ne pas prendre part activement au Jeu du monde, elles peuvent ne pas aller d’un endroit à l’autre pour enseigner ou ouvrir des centres spirituels et accepter des élèves, mais dans leur méditation, elles essayent d’offrir l’illumination intérieurement en offrant leur précieuse bonne volonté consciente à l’humanité. Combien de personnes offrent leur bonne volonté à l’humanité ? Les personnes ordinaires se disputent, se battent et font consciemment ou inconsciemment beaucoup de choses non divines contre la Volonté de Dieu. Mais dans le cas de ces âmes réalisées, elles n’entrent pas dans une forme de conflit avec la Volonté de Dieu. Leur volonté est devenue une avec la Volonté de Dieu.

On ne peut pas dire que celui qui travaille extérieurement pour l’humanité est plus grand que celui qui aide intérieurement. Ce qui compte le plus est d’écouter la Volonté de Dieu. Nous ne pouvons pas dire que celui qui pleure pour l’humanité et essaye d’aider est plus grand que celui qui se retire. Seul celui qui écoute la Volonté de Dieu est grand. Si Dieu dit à une âme illuminée : « Je n’ai pas besoin que tu ailles d’un endroit à l’autre ; donne simplement ta lumière intérieurement », cette personne est grande parce qu’elle offre intérieurement sa lumière. Et si Dieu dit à une autre âme : « Je voudrais que tu sortes dans le monde et que tu offres ce que tu as à l’humanité », alors ce Maître est grand parce qu’il aide l’humanité. Tout dépend de ce que Dieu demande à une âme donnée.

Question: Vous avez dit un jour que lorsqu’un aspirant atteignait la réalisation la plus élevée, la manifestation spirituelle suivait automatiquement. Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par cette manifestation ?

Sri Chinmoy: Lorsqu’une personne a atteint la réalisation, si elle reste dans le monde, la manifestation de sa réalisation commence aussitôt. Lorsque vous vous trouvez devant une âme libérée, pleinement réalisée, que se passe-t-il ? Vous voyez immédiatement une immense différence entre vous-même et cette personne. La première chose que vous voyez en elle est la paix ; vous voyez une paix infinie dans ses yeux. De son corps, vous aurez le sentiment qu’émane une grande pureté, une pureté que vous n’avez jamais ressentie auparavant dans votre vie ou dans la vie de quiconque. Comment se fait-il que la pureté, la lumière et la puissance divine émanent de cette personne et pas d’une autre ? C’est tout simplement parce qu’elle est pleinement réalisée. Elle peut rester silencieuse, mais vous recevez de la paix, de la lumière et de la béatitude de sa présence même. La réalisation montre automatiquement sa propre capacité, qui est manifestation. La réalisation intérieure du Maître se manifeste à travers sa forme extérieure, qui est le corps.

Il y a une autre forme de manifestation, que nous trouvons davantage sur le plan physique : c’est la manifestation de la divinité sur terre. Cette manifestation a lieu lorsqu’un Maître spirituel essaye délibérément d’éveiller ceux qui sont spirituellement affamés. Il y a beaucoup de gens sur terre qui sont spirituellement affamés et qui n’ont pas de Maître ni de voie spirituelle. Le Maître essaye de les inspirer, d’allumer la flamme de l’aspiration consciente en eux et de les conduire à une voie spirituelle.

Lorsqu’un Maître spirituel, avec l’aide de ses disciples les plus chers, essaye de manifester la divinité sur terre, il peut parfois être incompris. Certains peuvent penser qu’il essaye de convertir tout le monde. Mais le propos d’un Maître n’est pas le même que celui d’un missionnaire. Les missionnaires chrétiens ont parcouru le monde entier en proclamant qu’il n’y avait qu’un seul sauveur, le Christ. Mais si le Christ était le seul sauveur, qu’en est-il de Bouddha ? Et Sri Krishna ? Et Sri Ramakrishna et tous les autres grands Maîtres ? Chaque Maître spirituel authentique est un sauveur, inutile de le préciser, mais dire qu’il est le seul sauveur, la seule voie, est stupide. Si je disais que ma voie est la seule voie, et que si vous ne m’acceptez pas vous irez en enfer, je serais la personne la plus stupide sur terre. Dans notre voie, nous n’essayons pas de convertir, nous essayons d’inspirer. Beaucoup d’entre vous ici ne sont pas mes disciples et ne le deviendront pas. Mais je suis très heureux que vous soyez venus, et je vous suis très reconnaissant d’être venus. J’ai la capacité, par la Grâce de Dieu, de vous inspirer. Vous pouvez prendre mon inspiration et ensuite aller dans la voie que vous voulez ou dont vous avez besoin. Mais j’ai joué mon rôle en vous inspirant.

Un Maître spirituel n’essaye jamais, jamais, de convertir ; il ne fait qu’offrir sa réalisation sous forme d’inspiration aux âmes qui aspirent. C’est pourquoi le Maître doit se comporter comme un être humain normal. S’il ne se comporte pas comme un homme normal, s’il ne mange pas, ne se repose pas et ne parle pas de manière humaine, les gens diront : « Oh, vous nous avez tellement dépassés, il nous est tout simplement impossible de devenir comme vous. » Mais le Maître spirituel dit : « Non, je fais tout exactement comme vous. Si je peux manger la même nourriture que vous, être avec vous comme vous êtes avec les autres, sans pour autant perdre ma conscience la plus élevée, pourquoi ne pourriez-vous pas, vous aussi, entrer dans le Plus-Haut ? » C’est comme cela que le Maître inspire ses élèves.

Mais l’inspiration ne suffit pas. Après l’inspiration vient l’aspiration. Il y a une grande différence, une différence immense, entre l’inspiration et l’aspiration. L’aspiration est élevée, très élevée. Le Maître spirituel devient un avec ses élèves, dont il a déjà aidé l’aspiration, et ils vont ensemble inspirer le monde spirituellement affamé. De cette manière, la réalisation est transformée en manifestation.

Lorsqu’il y a réalisation, vous verrez la manifestation dans cette réalisation. La manifestation est la forme extérieure de la réalisation, et celui qui est vraiment spirituel sentira immédiatement la manifestation dans la réalisation même. Pour les personnes ordinaires, pour l’humanité, cela prend du temps. Si j’ai réalisé quelque chose et que je l’ai manifestée dans le monde extérieur, le cœur de l’humanité le ressent, mais le mental physique peut prendre un peu plus de temps pour percevoir et comprendre la manifestation. Dans le monde de la manifestation, le Maître a affaire à des personnes ignorantes, sans aspiration, et émotionnellement attachées, qui ne voient pas toute la lumière du Maître. Mais un grand aspirant voit la réalisation et ne peut pas séparer la réalisation de la manifestation.

Question: Y a-t-il une différence entre la libération et la réalisation ?

Sri Chinmoy: Une grande différence. La libération est de loin inférieure à la réalisation. On peut atteindre la libération en une incarnation, et la réalisation dans une autre incarnation. Ou bien on peut se libérer et se réaliser dans la même incarnation. Mais il est cependant impossible d’atteindre la réalisation sans passer par l’illumination.

Un grand Maître spirituel, s’il a de la chance, pourra faire descendre avec lui quelques âmes libérées pour l’aider dans sa manifestation. Sri Ramakrishna, par exemple, a fait descendre sur terre Vivekananda et Brahmananda. Certaines de ces âmes libérées qui sont entrées sur la scène terrestre en même temps que de grands Maîtres ne s’intéressent pas à la réalisation. Elles ne sont venues que pour aider. D’autres, commme Vivekananda, recherchent également la réalisation. Un être libéré l’est de l’ignorance, des imperfections et des faiblesses terrestres, des aspects non divins du monde. Un être libéré peut inspirer les autres par sa seule présence. Les inspirer à être purs, simples, bons et aimants. Une pureté et une sérénité immenses émanent de lui. On veut le toucher, lui parler, contempler son visage. Il est plus qu’un saint. Ni les obscurités, ni les impuretés du monde ne pénètrent en lui. Il veille d’ailleurs constamment à ce qu’elles n’y parviennent pas. Il n’est évidemment plus question pour lui de retourner aux plaisirs de l’ignorance. Cela dit, une âme réalisée est bien plus élevée. Elle fait consciemment partie intégrante de Dieu.

Un être libéré sait qu’il existe une pièce spéciale, où se trouve son autel de méditation. Il sait aussi qu’il existe une cuisine, où voisinent saletés et impuretés. Les êtres ordinaires, quant à eux, n’ont ni pièce de méditation, ni autel. Constamment prisonniers de leur cuisine, ils ne peuvent évidemment pas entrer dans la pièce où vit la déité. L’âme libérée, elle, peut séjourner dans la pièce abritant l’autel. Cependant, elle craint de pénétrer dans la cuisine, de peur d’être agressée par les puissances non divines et de redevenir leur victime, comme au temps où elle n’était pas encore libérée.

Mais les êtres réalisés sont extrêmement puissants. Ils savent qui ils sont et d’où ils viennent. À l’aide de leur conscience universelle et transcendantale, ils pénètrent dans l’ignorance de l’humanité — la conscience terrestre, en réalité —, et l’illuminent grâce au flambeau de leur lumière. Ils agissent ainsi par infinie compassion, et non parce qu’ils sont encore victimes de la tentation ou d’autres forces malignes. C’est volontairement qu’ils entrent dans l’ignorance, afin de transformer radicalement l’humanité. Mais seules les âmes réalisées d’un type supérieur parviennent à relever cet audacieux défi.

Une âme libérée est semblable à un enfant, beau et pur. Mais combien de temps peut-on rester un enfant ? La capacité d’un enfant ne permet pas d’aller bien loin, encore moins d’atteindre le stade ultime. Mais l’être réalisé est une personne adulte qui offre une aspiration, une lumière et une sagesse sans égales. L’âme libérée peut vous inspirer à emprunter le bon chemin. Mais l’âme réalisée ne se contentera pas de vous y inciter, elle vous conduira jusqu’à votre destination.

Un être réalisé n’est pas seulement le guide, ou le chemin. Il est le But. Il commence par affirmer ne pas être le guide, et n’être là que pour inspirer l’aspirant. Puis il avoue à celui-ci qu’il est le guide, mais en aucun cas le chemin. Peu à peu, il lui dévoile pourtant qu’il est aussi le chemin. Enfin, il lui révèle sa compassion infinie et lui montre qu’il est non seulement le guide et le chemin, mais aussi le But, le But même de l’aspirant.

Un être réalisé peut toucher le pied de l’arbre de la réalisation, ou bien grimper jusqu’à ses branches les plus élevées et en rapporter les fruits qu’il partagera avec l’humanité qui l’attend au pied de l’arbre. C’est cela, la réalisation. Et même celui qui ne fait que toucher l’arbre de la réalisation et qui se contente de s’asseoir à son pied sans y grimper ni en rapporter de fruits est infiniment supérieur à l’âme libérée.

Et pourtant, atteindre la libération est loin d’être une tâche aisée. Il est excessivement difficile de se libérer de l’ignorance. Sur les milliards d’êtres humains que compte actuellement notre planète, dix, vingt, cent au plus y sont parvenus. Quant au nombre d’âmes réalisées, Dieu seul le sait ! En fait, réaliser l’Absolu le plus élevé et Le faire sien, et ressentir constamment sa réalisation n’est pas une chose que l’on accomplit, c’est quelque chose que l’on est éternellement — c’est cela, la réalisation

462

En général, une âme libérée ne s’intéresse pas à la manifestation de Dieu sur terre. Il pense qu’une fois libéré, son rôle dans le Drame cosmique est terminé. Une âme réalisée pleure pour la manifestation de Dieu. Il pense qu’une fois réalisé, son rôle dans le Drame cosmique a véritablement commencé.

Une âme libérée est libérée des chaînes de l’ignorance et en même temps, elle se méfie beaucoup de l’ignorance sauvage. L’âme réalisée a découvert sa propre divinité intérieure inondée de la Vision de Dieu qui voit toute chose et de la Réalité qui réalise toute chose.

En général, une âme libérée utilise Dieu selon sa propre capacité. Une âme réalisée n’utilise Dieu que lorsqu’elle est sollicitée par Dieu Lui-même.

L’humain et l’irréel en nous prennent fin dans la libération. Le divin et le réel en nous commencent dans la réalisation.

CACHE-CACHE

Chaque minute m’inspire
À essayer.
Chaque heure me perfectionne
Et m’élève.
Chaque jour m’illumine
Et me fait atteindre.

Dans ma tentative,
J’ai appris ce que je pouvais être.
Dans mon ascension,
J’ai appris qui j’étais éternellement.
À mon arrivée,
Dieu et moi cesserons de jouer à notre ancien jeu
De Cache-Cache.

II — Manifestation et perfection

464

Qu’entend-on par perfection spirituelle ? C’est la capacité constante de vivre en Dieu et de Le révéler dans chacun de ses mouvements.

LA PERFECTION SPIRITUELLE

Pour parfaire notre vie humaine, la plus grande nécessité est de loin le bonheur de notre âme. Lorsque nous vivons dans le monde physique, les innombrables nuages de désirs sont naturels, nécessaires et inévitables. Lorsque nous vivons dans le monde de l’âme, les flammes qui ne cessent de s’élever de notre aspiration sont naturelles, nécessaires et inévitables.

Lorsque nous vivons dans l’âme, nous cultivons spontanément Dieu. Sa Paix, Sa Béatitude et sa Puissance deviennent nôtres, absolument nôtres, et nous grandissons dans la perfection spirituelle. Cette perfection est à la fois notre héritage divin dans un corps humain et notre droit de naissance céleste sur le sol terrestre.

L’humain en nous doit vivre sous les ailes protectrices de l’âme. Le divin en nous doit voler dans l’Au-delà avec les ailes de l’âme. L’humain en nous doit un jour avoir besoin de transformations. Le divin en nous doit un jour avoir besoin de manifestation.

La perfection est ce dont j’ai hérité de Dieu dans ma vie intérieure. La transformation est ce dont j’ai hérité de Dieu dans ma vie extérieure.

Qu’est-ce que la perfection ? La perfection est la réalisation. La perfection est la manifestation. La perfection dans les mondes intérieurs signifie réalisation. La perfection dans les mondes extérieurs signifie manifestation. Un aspirant est une fusion d’individualité et de personnalité. Lorsqu’un aspirant mène son individualité dévouée jusqu’à la vision la plus élevée de la Réalité et offre sa personnalité pleine d’amour à l’Au-delà absolu, il réalise la perfection dans le monde de l’Éternité de l’Infini.

Certains disent que la perfection n’existe ni au Ciel, ni sur terre. Je ne suis pas de leur avis. La perfection existe au Ciel et sur la terre. Les larmes de la terre sont la perfection. Le sourire du Ciel est la perfection. Les larmes ferventes de la terre et le sourire radieux du Ciel doivent aller ensemble, car ce n’est qu’à cette condition que la satisfaction poindra sur le Visage de Dieu.

Lorsque la terre pleure, nous ne devons pas penser pour autant qu’elle est inférieure au Ciel, et lorsque le Ciel sourit, nous ne devons pas pour autant penser qu’il est supérieur à la terre. Non, ce n’est pas ainsi. C’est Dieu, l’homme qui grandit, qui pleure en la terre et à travers elle pour réaliser tout ce qu’il peut devenir. Et c’est encore Dieu, l’homme accompli, qui sourit dans le Ciel et à travers lui lorsqu’il comprend ce qu’il est déjà.

La perfection complète et totale n’apparaîtra que lorsque nous ressentirons que notre perfection n’en est pas une tant que le reste de l’humanité est encore imparfait. Si nous nous appelons les enfants de Dieu, les autres sont également les enfants de Dieu. Ils peuvent se trouver à quelques kilomètres de nous, ou bien dormir à poings fermés. Mais ils doivent atteindre le But pour que la Perfection parfaite puisse naître sur terre. Nous devons essayer de conquérir nos peurs, nos doutes, notre jalousie et d’autres forces négatives. Lorsque nous allons au plus profond de nous-mêmes, nous constatons qu’une fois accompli ce que nous voulons accomplir pour notre propre bien, seul notre soi limité est satisfait. Notre soi plus grand, qui est l’humanité tout entière, est encore loin, très loin de la perfection. C’est pourquoi nous devons vaincre la peur, le doute, l’anxiété, les soucis et autres forces non divines de l’humanité.

Dans notre voie, nous pensons que la perfection doit être complète et intégrale. Nous savons que nous avons des imperfections dans notre nature, et en même temps, une perfection limitée. Si les imperfections règnent encore largement en nous, nous devons les braver et les transformer en perfections. À travers notre prière, notre méditation, notre concentration et notre contemplation conscientes, l’imperfection du passé peut être perfectionnée, et l’obscurité d’hier peut être transformée en Lumière.

Question: Qu’est-ce qui nous empêche d’atteindre la perfection ?

Sri Chinmoy: Qu’est-ce qui nous empêche d’atteindre la perfection ? C’est notre indulgence vis-à-vis de nous-mêmes. Dans notre indulgence, nous pensons qu’il y a quelque chose d’absolument nécessaire dans notre vie, à savoir le plaisir. Tant que nous implorons le plaisir et que nous voulons rester dans le plaisir, voire devenir le plaisir même, la perfection est très lointaine.

Mais lorsque nous implorons la Joie, le Bonheur et la Béatitude divins, nous entrons dans l’océan de la perfection. En implorant constamment, nous apprenons à nager dans l’océan de la perfection.

Lorsque nous pleurons intérieurement pour la Félicité, nous plongeons dans l’océan de la perfection. C’est la première étape. Mais lorsque ces larmes intérieures deviennent constantes, nous nageons dans l’océan de la perfection. Lorsque le But que nous poursuivons est la Joie et la Félicité, la perfection grandit automatiquement en nous, et nous devenons lentement et sûrement l’océan de la perfection. Mais ce qui nous empêche d’atteindre la perfection pour l’instant, c’est notre attachement pour la vie de plaisir et notre indulgence pour la vie de plaisir.

Question: Dieu était-Il parfait avant de créer l’univers ?

Sri Chinmoy : Oui, Dieu était parfait. Mais de même qu’il n’y a pas de fin à notre propre perfection, il n’y a pas de fin à la Perfection de Dieu. Nous utilisons le terme d’Au-Delà en perpétuelle transcendance. Dieu se transcende de façon permanente. La Perfection de Dieu signifie le message de Sa propre transcendance de Soi. Lorsque vous ne saviez pas jouer du piano, votre but, qui était votre conception de la perfection, était simplement de jouer les notes convenables, et vous étiez extrêmement heureux lorsque vous y arriviez. Au bout de quelques années, votre perfection consistait à savoir quelques morceaux correctement. Et plus tard, de grandes œuvres, et ainsi de suite. Dieu également avait en vue la création, et vous voyez aujourd’hui comment Son évolution progresse lentement et sûrement vers le Plus-Haut.

La perfection est ainsi. Lorsque vous atteignez quelque chose d’excellent, vous pensez que c’est la perfection. Et puis vous voyez que ce que vous avez atteint peut être développé ou amélioré, et vous allez au-delà. Le message du progrès est la perfection. La perfection est un progrès constant dans la Lumière de Dieu.

Dieu était assurément parfait avant la création du monde, mais maintenant, Il a ajouté le message de la manifestation à Sa Perfection. Certes, le sens de la perfection de Dieu évolue, et Il transcende de loin Son niveau précédent, Ses accomplissements précédents et Sa Vision précédente. Il était parfait, mais Il veut maintenant être parfait d’une autre manière, d’une manière plus élevée et plus convaincante.

Question: L’âme a-t-elle toujours été parfaite ?

Sri Chinmoy: Oui. L’âme a toujours été parfaite. Cela dit, voyons d’abord quel est son niveau actuel et combien elle peut encore s’élever. Son niveau actuel est idéal pour elle aujourd’hui. Mais demain elle peut envisager une élévation plus grande. L’oiseau de l’âme est perché sur une branche, qu’il croit être la branche ultime. Mais il suffit qu’il lève les yeux pour apercevoir une branche plus haute et pour y sauter. Et il procédera de même chaque fois qu’il tournera son regard vers le haut. L’endroit où se trouve l’âme est parfait pour le moment. Mais dès que sa vision s’élargit, l’âme doit monter plus haut. Son ascension est sans fin.

Toutefois, dès qu’il s’agit de la manifestation, l’âme sait combien elle a révélé ou concrétisé la Lumière de Dieu lors d’incarnations passées, et combien elle pourra le faire lors d’incarnations futures. Un peu lors d’une incarnation passée, un peu plus lors de cette incarnation-ci, et peut-être beaucoup plus lors de son incarnation future. Ainsi, de même que haut, plus haut, et le plus haut désignent la perfection de l’âme en matière d’élévation, les termes beaucoup, davantage et le plus expriment cette même perfection dans le domaine de la manifestation.

Question: La Réalité de Dieu sera-t-elle jamais découverte sur cette terre ?

Sri Chinmoy: Dieu a deux noms : l’un est Rêve, l’autre Réalité. Avec Son Rêve, Il entre dans le monde de Son accomplissement, que l’on appelle manifestation constante de la réalité. La Réalité la plus haute est la transformation de la nature humaine, qui pour l’instant, est à moitié animale et à moitié divine. La Réalité la plus haute peut être manifestée ici sur terre, mais cela prendra de nombreux siècles, et peut-être encore plus longtemps. Cela ne veut pas dire que nous devons rester en silence et inactifs, loin de là ! Chaque jour, nous devons essayer de naviguer dans le Bateau-Rêve de Dieu et voir où le Bateau nous emmène. Si nous sommes assis consciemment et constamment dans le Bateau-Rêve de Dieu, lentement, sûrement et infailliblement, ce Bateau-Rêve nous emportera jusqu’au Rivage-Réalité de Dieu. Ce Rivage de Réalité n’est pas quelque part au Ciel ; il est ici, dans notre vie quotidienne, dans nos pensées, dans nos actions, dans notre existence même sur terre.

Tous les mondes sont réels. Mais ce monde, cette planète, est plus important que les autres planètes parce que Dieu a décrété que la réalisation ne pourrait avoir lieu et n’aurait lieu que sur cette planète. Qu’est-ce que la réalisation ? C’est l’unité consciente avec Dieu l’Infini. Ce n’est que dans ce monde qu’un aspirant peut consciemment devenir un avec Dieu l’Infini.

Ici sur terre, nous pouvons atteindre l’unité constante avec la Lumière infinie et avec la Vérité infinie, parce que la Réalité est plus vive, plus manifeste, ici. Ne pensons pas au Ciel ou à l’enfer. Notre compréhension humaine du Ciel et de l’enfer ne fait que nous induire en erreur. Les autres mondes existent ; nous pouvons nous y rendre pendant notre sommeil, ou pendant la méditation. Mais si nous voulons vraiment nous unir entièrement à Dieu, cette terre est le seul endroit où nous pouvons voir le Réel en nous, en l’humanité et en Dieu Lui-même.

LA TRANSFORMATION ET LA PERFECTION DE LA NATURE PHYSIQUE

Ce ne sont ni l’effort individuel ni l’abnégation individuelle qui peuvent nous apporter la transformation de notre conscience. Cette transformation n’est possible que grâce à la descente d’une Lumière supérieure.

Penser à la transformation physique sans avoir déjà un début de réalisation, c’est mettre la charrue avant les bœufs.

La soumission lève les yeux au ciel avec les mains jointes. La transformation baisse les yeux, les paumes des mains tournées vers la conscience terrestre.

La transformation de la nature humaine en sa totalité progresse inévitablement à la vitesse d’une tortue.

La descente de la Vérité dans la nature inférieure comme l’ascension de la nature inférieure dans la Vérité supérieure sont capables de résoudre le problème des problèmes, l’illumination de la conscience humaine. Elles sont toutes deux également efficaces et ont la même vitesse.

PAR-DESSUS TOUT

L’homme par-dessus tout :
Telle est la hauteur
De ma compréhension animale

L’amour par-dessus tout :
Telle est la hauteur
De ma compréhension humaine.

L’unité par-dessus tout :
Telle est la hauteur
De ma compréhension divine.

La manifestation de Dieu par-dessus tout :
Telle est la hauteur
De ma Perfection absolue.

DEUX CHOSES DIFFERENTES

L’amour est une chose,
La possession en est une autre.

La possession est une chose,
Le bonheur en est une autre.

Le bonheur est une chose,
L’accomplissement en est une autre.

L’accomplissement est une chose,
La perfection en est une autre.

Question: Dieu aurait pu créer un homme parfait. Quelle raison avait-Il de nous faire passer par tous les problèmes que nous devons traverser pour atteindre la perfection ?

Sri Chinmoy: Dieu aurait pu commencer Sa création avec la perfection. Mais heureusement ou malheureusement, ce n’était pas Son intention. Dieu voulait un passage de l’ignorance à la Connaissance, de la faiblesse à la Plénitude, de la mort à l’Immortalité.

Dans le monde extérieur, nous voyons les limites, l’imperfection, le doute, la peur et la mort. Mais dans les mondes intérieurs, nous voyons la Lumière, la Paix, la Béatitude et la Perfection. Lorsque nous vivons dans la conscience de Dieu, il n’y a pas d’imperfection ; tout est Perfection. Lorsque nous nous identifions à la Conscience de Dieu, nous constatons qu’il n’y a aucune imperfection, parce que Dieu est la Perfection parfaite. Mais si nous ne vivons pas dans la Conscience divine, nous serons naturellement sous le joug de l’imperfection dans les mondes extérieurs.

Dieu est un Joueur divin. Il joue Son Jeu divin et Il connaît la fin ultime. À chaque instant, Il Se révèle en nous et à travers nous, bien que nous voyions, ou plutôt nous créions un gouffre immense entre nous et Dieu. Dans le monde physique, les troubles, les frustrations et le désespoir que nous vivons ne sont rien d’autre que des expériences le long de notre chemin vers le But ultime. Mais en fin de compte, qui traverse toutes ces expériences ? C’est Dieu et Dieu seul. Tout ce qui se passe est en fait l’auto-révélation de Dieu dans Sa création manifestée. Un chercheur du Suprême qui vit dans le Suprême et est uni à la Conscience du Suprême, voit et ressent que sa vie, intérieure comme extérieure, est une projection de la Perfection de Dieu qui se transcende à jamais pour devenir la Perfection absolue.

Question: Nos efforts vers la perfection arriveront-ils jamais à terme ?

Sri Chinmoy: Jamais, car Dieu Lui-même ne souhaite pas mettre fin à Son Jeu cosmique. Ce qui nous semble aujourd’hui être la perfection ultime ne sera demain que le point de départ d’un nouveau voyage. Cela est dû au fait que notre conscience est en évolution. Lorsqu’elle passe à un niveau supérieur, notre conception de la perfection en fait autant.

Prenons la perfection comme un aboutissement. Lorsque nous sommes au jardin d’enfants, notre aboutissement en perfection peut être très bon pour ce niveau. Mais du jardin d’enfants, nous allons à l’école primaire, puis secondaire, puis au collège et à l’université. Lorsque nous obtenons notre maîtrise en perfection, notre accomplissement est bien supérieur à celui du jardin d’enfants. Et là aussi, nous pouvons nous dire que nous avons encore énormément à apprendre. Nous étudierons davantage et développerons notre conscience davantage.

L’enfant qui se dit que la maîtrise sera toujours hors d’atteinte se trompe. L’échelle spirituelle a de nombreux barreaux. Sans commencer par le premier échelon, comment pouvons-nous grimper jusqu’à l’échelon supérieur ?

LE BUT-PERFECTION

La perfection est la réalisation qui accomplit l’aspirant et sa manifestation accomplie. Tout est apparu sur terre en dehors de la perfection, la parfaite Perfection.

La perfection est l’arbre.
La parfaite Perfection est le fruit.

Les spéculations de l’homme sur la perfection sont son ignorance. La concentration de l’homme sur la perfection est sa connaissance. La méditation de l’homme sur la perfection est sa sagesse. La contemplation de l’homme de la perfection est son œil intérieur qui illumine et transforme le monde.

Le Message de Dieu est Perfection.
Le message de l’homme est tentation.

Le Message de Dieu est Perfection.
Le message de l’homme est frustration.

Le Message de Dieu est Perfection
Le message de l’homme est destruction.

Le But-Perfection et l’âme-liberté vont ensemble. Celui qui atteint l’état de l’âme-liberté a conquis sa vie extérieure et immortalisé sa vie intérieure. Il est l’instrument choisi de Dieu. Il est le canal direct de Dieu. Il est le représentant de Dieu ici sur terre. Pleurez et essayez.

Lorsque nous pleurons pour voir la Lumière et lorsque nous essayons de parfaire notre nature extérieure, notre perfection n’est plus hors de portée. La perfection nous appartient.

Exercez et contrôlez.

Lorsque nous exerçons le divin en nous et contrôlons l’animal en nous, la perfection point en nous. La fleur de la perfection éclôt.

Voir et être.

Lorsque nous essayons de voir la vérité avec l’Œil de Dieu, et non pas avec nos propres yeux, et lorsque nous essayons consciemment de devenir les instruments soumis de Dieu, la perfection ne tarde pas à apparaître. Le Tout doré de la perfection appelle nos cœurs aspirants.

Lorsque nous utilisons le mot « Ciel », nous pensons que le Ciel est toute Lumière, toute Félicité et toute Perfection. Mais où se trouve ce Ciel ? Il est profondément enfoui en nous, dans les profondeurs les plus intimes de notre cœur. Le Ciel élevé, le Ciel plus élevé et le Ciel le plus élevé sont tous en nous.

Lorsque nous offrons nos pensées ferventes à nos frères et sœurs, nous vivons au Ciel élevé. Lorsque nous offrons les résultats de nos actions ferventes à l’humanité, nous vivons dans le Ciel plus élevé.

Enfin, lorsque nous offrons notre existence fervente à l’humanité tout entière, sans réserve et inconditionnellement, nous vivons au Ciel le plus élevé.

Nous devons commencer notre voyage avec l’inspiration. Chaque jour, nous devons ressentir profondément en nous la nécessité de l’inspiration dans toutes nos activités. Sans elle, rien ne peut être accompli. Puis il nous faut avancer d’un pas et sentir l’absolue nécessité de l’aspiration. Nous devons alors aspirer à atteindre les Rives de l’Au-Delà, de l’Au-Delà en perpétuelle transcendance. C’est ce que nous attendons de l’aspiration, la flamme qui s’élève de notre profondeur.

Mais l’aspiration elle-même ne suffit pas. Nous devons méditer. L’aspiration a besoin de méditation. Lorsque nous méditons, nous devons ressentir que nous entrons dans l’Infini, dans l’Éternité et dans l’Immortalité. Ceux-ci ne sont pas de vagues concepts, ce sont nos véritables possessions. Un jour, nous entrerons dans nos possessions divines : l’Infini, l’Éternité et l’Immortalité. C’est notre droit de naissance.

Lorsque nous aurons progressé dans notre méditation, lorsqu’elle commencera à nous offrir ses fruits, nous pénétrerons dans le royaume de la réalisation. Nous réalisons la Vérité supérieure dans ce corps, ici sur terre. Point n’est besoin de s’isoler dans une grotte au pied de l’Himalaya ou de s’installer au sommet d’une montagne neigeuse pour réaliser Dieu. Non, c’est ici sur terre, en ce corps humain, que doit être réalisée la Vérité ultime.

Pourtant, la réalisation ne suffit pas encore. Après l’avoir atteinte, il faut la révéler. Celui qui ne dévoile pas sa réalisation agit en avare, gardant pour lui son trésor. Cela n’est pas juste. Nous devons offrir notre réalisation à l’humanité sous une forme révélée.

Cela dit, même la révélation ne met pas un terme à nos efforts. Si nous ne manifestons pas ce que nous avons réalisé en ce monde, si notre Mère la Terre ne recueille pas effectivement le fruit de notre réalisation, nous ne pourrons jamais être véritablement comblés. C’est sur cette terre que doit être manifestée notre réalisation. Lorsque la manifestation s’accomplira, la perfection ne pourra pas faire autrement qu’apparaître. La Perfection absolue n’est autre que la manifestation absolue de la Volonté transcendantale de Dieu ici sur terre.

Nous sommes tous des chercheurs de la Vérité infinie. Notre devoir est de nous élever haut, plus haut, au plus haut. Tout être humain est venu au monde avec le message de la perfection. Tout être humain sur terre devra réaliser Dieu. Nul être humain sur terre restera inaccompli. Nul être humain sur terre restera imparfait.

La réalisation, l’accomplissement et la perfection : tels sont les trois frères et sœurs. La réalisation est la plus jeune, l’accomplissement est le cadet et la Perfection absolue est l’aînée de la famille. Ces trois frères et sœurs doivent aller ensemble et marcher le long de la route de l’aspiration. Ils doivent nager dans l’océan de la méditation. Ils doivent voler dans le ciel de la contemplation.

La réalisation de Dieu, la révélation de Dieu et la manifestation de Dieu ne pourront prendre place que lorsque l’homme ressentira qu’il doit se transcender. Ce but d’aujourd’hui n’est pas le But ultime. Le but d’aujourd’hui doit être transcendé demain. Si nous nous transcendons à chaque instant, nous trouverons profondément en nous le message de la perfection et nous le manifesterons.

CEUX QU’ILS CONNAISSENT

La docilité du serviteur
Connaît le maître.

L’unité de l’amant
Connaît le bien-aimé.
Le malheur de l’épouse
Connaît l’époux.

L’aspiration du disciple
Connaît le Guru.

La perfection de l’homme
Connaît Dieu.

TOUS DISPARAISSENT

L’obscurité disparaît
Lorsque l’aube apparaît.

La haine disparaît
Lorsque l’amour apparaît.

L’ego disparaît
Lorsque l’unité apparaît.

L’ignorance disparaît
Lorsque la perfection apparaît.

Question: Si toute la création et l’interaction entre l’homme et son environnement ne sont autres que la manifestation de Dieu, c’est que l’univers tout entier est véritablement divin. Alors qu’en est-il de la question du mal ?

Sri Chinmoy: Là nous faisons erreur. Dieu est en tout. Si l’univers est la manifestation de Dieu, il n’est pas encore la Perfection de Dieu. En ce qui concerne l’humanité, Dieu avance vers Sa perfection à travers le processus de l’évolution. La perfection n’est pas encore née. L’harmonie n’est pas encore parfaite ; rien n’est encore parfait. Dieu agit. Il bouge, Il fait tout, mais la perfection, la perfection divine n’est pas encore apparue. La perfection divine est la transformation progressive de notre être entier, de notre conscience entière. La transformation, la perfection et l’Immortalité vont ensemble. Dieu se révèle en et à travers Sa manifestation. Il est descendu dans la matière ; l’esprit est descendu dans la matière. Maintenant, avec l’aspiration, l’Esprit doit retourner dans sa sphère la plus élevée. Une fois qu’il sera dans sa sphère la plus élevée et qu’il fera descendre la Lumière, la Paix et la Béatitude infinies dans le monde physique, la transformation pourra se faire, la perfection naîtra dans l’humanité et dans l’univers.

DE GLOIRE EN GLOIRE

Mon corps éveillé
Marche de gloire en gloire.

Mon vital transformé
Avance de gloire en gloire.

Mon mental illuminé
Court de gloire en gloire.

Mon cœur libéré
Vole de gloire en gloire.

Mon âme réalisée
Danse de gloire en gloire.