Question: Pourquoi devons-nous traverser des expériences comme la souffrance et la tristesse ?

Sri Chinmoy: Pourquoi vivons-nous l’expérience de la souffrance ? Dans ce monde, nous faisons tout le temps des erreurs, que ce soit consciemment ou inconsciemment. Lorsque nous les faisons consciemment, nous savons très bien ce que nous avons fait de mal. Mais malheureusement, nous ne réalisons pas tout ce que nous faisons de mal inconsciemment. Ces erreurs inconscientes se manifestent dans le monde physique, et leurs résultats s’imposent à nous sous forme de souffrances. Dans le cas de personnes ordinaires qui n’aspirent pas, la sincérité finit par apparaître après d’immenses souffrances, et leur âme les mène à la connaissance et à la sagesse. Ceux qui ont fait des erreurs répétées mais dont l’aspiration sincère les pousse à comprendre la raison de leurs souffrances seront éclairés par leur âme qui se manifeste et leur donne l’explication. Les personnes spirituelles s’efforcent de ne pas faire d’erreurs consciemment, mais elles n’échappent pas aux erreurs inconscientes. Celles-ci peuvent être évitées uniquement à travers l’aspiration, la prière et la méditation. La Grâce et la Compassion de Dieu protègent ceux qui aspirent.

Il y a une autre chose que nous devons savoir à propos de ce que nous appelons la souffrance. Nous pensons souvent à Dieu, nous prions Dieu et méditons sur Dieu, et puis nous voyons toutes sortes de problèmes nous arriver. Certains disciples m’ont dit : « J’étais très heureux avant d’entrer dans la vie spirituelle. Maintenant, j’ai davantage de problèmes qu’avant. » Mais si nous sommes vraiment sincères, nous admettrons que nous avions les mêmes difficultés avant d’entrer dans la spiritualité, mais nous n’en étions simplement pas conscients. La spiritualité est la voie de l’éveil et de la conscience. Auparavant, il nous arrivait beaucoup de choses, mais nous étions comme un solide rempart, et nous n’en étions pas conscients. Mais à présent, nous sommes des aspirants, et nous sommes affectés chaque fois qu’une bonne pensée ou une mauvaise pensée nous vient à l’esprit. Nous sommes contents s’il s’agit d’une pensée divine, et nous sommes frustrés et déçus s’il s’agit d’une mauvaise pensée. C’est le résultat de notre éveil spirituel. Si nous sommes sincères, nous nous rendrons compte que nous avons toujours eu les mêmes difficultés et les mêmes souffrances, simplement nous n’en étions pas conscients.

Par ailleurs, nous devons savoir que lorsque nous entrons dans la vie spirituelle, nous sommes attaqués par les forces hostiles. Avant, tant que nous vivions dans l’ignorance et que nous étions esclaves de l’ignorance, celle-ci nous laissait dormir. Tant qu’elle nous avait sous son contrôle, tant que nous nous prélassions en elle, elle ne nous dérangeait pas. Mais dès que nous essayons de lui échapper, l’ignorance essaye de nous retenir. C’est pourquoi l’aspirant a parfois l’impression d’avoir des difficultés au début de son voyage spirituel qu’il n’avait pas auparavant, mais en progressant, ces difficultés disparaissent.

Dieu ne veut pas que les hommes souffrent. Il est le Père de l’Amour. Lorsque nous allons voir notre Père, nous n’avons pas besoin de nous couper un bras ou la gorge. Nous allons Le voir avec tout notre amour, parce qu’Il nous attend avec tout Son Amour. Si nous pensons devoir souffrir pour aller voir notre Père, c’est stupide. Dieu, notre Père, ne veut pas de notre souffrance.

Mais lorsque la souffrance arrive, nous devons nous dire qu’il y a une intention divine dans cette souffrance même. Si nous aspirons véritablement, la souffrance même nous donnera une véritable expérience qui nous fera ressentir que nous approchons de notre but. Nous ne devons jamais faire porter le blâme de notre souffrance à Dieu. C’est nous qui avons invité la souffrance à travers nos erreurs conscientes ou inconscientes. Lorsque la souffrance vient à nous, nous devons prier Dieu de nous libérer de cette souffrance. Sachons que la souffrance n’est pas notre but ; le but est la Félicité. Une fois que nous sommes entrés dans la souffrance et que nous l’avons dépassée, nous voyons qu’elle devient Félicité. Nous pouvons alors demeurer dans la Félicité qui se trouve dans la souffrance.