III — LE DOUTE

POURQUOI EST-IL PLUS FACILE DE NE PAS CROIRE QUE DE CROIRE ?

Pourquoi est-il plus facile de ne pas croire que de croire ? Parce que ne pas croire est une action descendante, tandis que croire est une action ascendante. Il est plus facile de descendre que de monter.

Il est plus facile de ne pas croire que de croire parce que ne pas croire est un acte de destruction tandis que croire est un acte de construction. Il est plus difficile de construire que de détruire.

Il est plus facile de ne pas croire que de croire parce que ne pas croire est un acte de notre mental égocentrique, tandis que croire est un acte d’offrande de notre cœur. La non-croyance commence son voyage dans le mental suspicieux et le finit dans le vital destructeur. La croyance commence son voyage dans l’âme qui illumine et continue d’avancer dans le vaste royaume du cœur aspirant.

Un non-croyant nous décrit, les yeux fermés, les autres et le monde, et ce que lui-même peut faire pour le monde entier s’il le veut. Un croyant, la porte de son cœur grand ouverte, nous décrit ce que Dieu a fait pour lui, ce que Dieu fait pour lui et ce que Dieu fera pour lui.

La non-croyance a sa propre perfection. La non-croyance trouve sa perfection dans le cyclone de la séparation. La croyance a sa propre perfection. La croyance trouve sa perfection dans la musique de l’unité universelle.

La non-croyance dit au monde : « Fais attention, fais attention, sinon je te dévorerai. »

La croyance dit au monde : « Entre, entre, je t’en prie ! Je t’attendais avec impatience.»

La non-croyance hait le monde. Pourquoi ? Parce qu’elle se dit que le monde n’est jamais un monde de non-croyance et qu’il ne pourra jamais être un monde pour la non-croyance. Un non-croyant pense toujours que ce monde ne lui appartient pas et qu’il ne peut jamais régner sur ce monde. C’est précisément pour cela qu’un non-croyant se permet de haïr le monde.

Un croyant aime le monde. Pourquoi ? Il croit que ce monde qui est nôtre est véritablement le Corps aspirant de Dieu, le Rêve lumineux de Dieu et la Réalité de Dieu qui nous comble. Dans la vie spirituelle, se plaire à ne pas croire nous éloigne tout simplement davantage de notre but ultime. Mais l’aspirant qui a une grande foi en sa vie spirituelle, en sa propre quête de la vérité ultime, raccourcit sans aucun doute cette distance. Enfin, lorsque son être intérieur déborde d’une foi sans limite, il comprend que ce n’est pas lui qui s’efforce d’atteindre le But, mais que c’est le But lui-même, le But de l’Au-delà, qui court vers lui.

Un jour ou l’autre, le non-croyant, complètement frustré et exaspéré, veut tuer le monde. Mais à sa grande surprise, il se voit déjà poignardé par l’ignorance sauvage du monde. Il veut tuer le monde avec son savoir arrogant, mais le monde l’a déjà tué avec son ignorance sauvage avant même qu’il n’ait pu le tuer.

Le croyant veut aimer le monde. À sa grande surprise, il s’aperçoit que son existence entière est au cœur même du monde. Le monde a déjà installé un trône dans les profondeurs les plus intimes de son cœur pour y asseoir le croyant.

Dans notre vie spirituelle, l’incroyance n’est rien de moins qu’un crime. Lorsque nous ne croyons pas, nous déversons un poison lent dans notre système. C’est nous qui tuons notre propre capacité et notre potentiel. C’est nous qui, consciemment et délibérément, nous prélassons dans les plaisirs de l’ignorance.

Pourquoi ne croyons-nous pas ? Nous ne croyons pas parce que nous avons peur de l’unité, peur de l’immensité. Nous pensons qu’aussitôt entrés dans l’immensité, nous perdons notre identité, nous perdons notre individualité, nous perdons notre propre existence. Mais nous oublions une vérité indéniable : notre entrée dans l’immensité n’est autre que l’expansion de notre conscience divinisée.

Pour une personne ordinaire, ou pour celui qui n’aspire pas, il est extrêmement difficile d’éviter l’incroyance. L’aspirant, le chercheur aspirant sait que quelque chose le pousse vers la Lumière, vers la Réalité, parce que sa vie est celle de l’éveil conscient. Celui qui n’aspire pas se sent retenu en arrière par quelque chose d’extérieur qui l’attire dans l’inconnu et dans l’asservissement.

Lorsque nous ne voulons pas croire en quelqu’un, nous ne voyons pas qu’un aimant intérieur en nous attire les mauvaises qualités de cette personne en nous. Qu’arrive-t-il lorsqu’une personne a accompli quelque chose, mais que nous ne voulons pas la croire ? Notre croyance ou notre incroyance ne changeront rien à cette personne, ni à son accomplissement. Mais cette personne possède également des imperfections, des limites et des impuretés, et notre incrédulité agit comme un aimant qui n’attire que ces imperfections. Si par contre nous offrons notre confiance, nous verrons un aimant attirer en nous les bonnes qualités, les qualités divines et pleines de lumière de l’autre.

Que nous croyions ou non en Dieu et en la Réalité, Dieu restera le même. Mais ce qui se passe, c’est que l’ignorance trouve là l’occasion de nous envelopper, nous, les incrédules, avec davantage de force et de manière plus catégorique. Lorsque nous croyons en Dieu, nous offrons la plus grande opportunité à la Compassion de Dieu pour agir avec puissance en nous et à travers nous.

Plus nous entrons profondément dans la vie spirituelle, plus nous prenons conscience des capacités respectives de l’incroyance et de la croyance. L’incroyance n’est autre que la destruction, tandis que la croyance n’est autre qu’une nouvelle création. Chaque fois que nous croyons en quelque chose, nous voyons le visage d’une nouvelle création au-dedans et en dehors de nous. Et lorsque nous faisons un pas de plus et que nous sommes inondés par notre foi intérieure, nous voyons alors au fond de nous-mêmes des hommes parfaits et des âmes libérées.