LE FINI ET L’INFINI

Dieu est à la fois fini et infini.

Il est l’espace.
Il est mesuré.
Il peut être mesuré
Il a besoin d’être mesuré.

Il est au-delà de l’espace.
Il est sans mesures.
Il est incommensurable.
Il est infini.

Dieu est la Conscience infinie, la Béatitude infinie ; et pourtant, Il peut également assumer une forme définie. Il est infini, Il est fini, et en même temps, Il transcende l’Infini et le fini. Il est la vie, Il est la mort ; et pourtant, Il est au-delà de la vie comme de la mort. Beaucoup de gens ne peuvent admettre que Dieu soit fini. Mais prenons l’une des qualités divines de Dieu, celle que l’on appelle l’omniprésence. Dès qu’il pense à l’omniprésence, notre esprit humain voit aussitôt l’immensité. Certes, Il est aussi vaste que le monde. Mais comme Il est en toute chose, Dieu est également dans le fini. Par ailleurs, Dieu est omnipotent. Où est l’omnipotence s’il ne peut pas devenir un tout petit enfant, un minuscule insecte, voire un atome ? Nous ne pouvons pratiquement rien faire avec notre simple volonté. Mais parce qu’Il est omnipotent, Dieu peut faire tout ce qu’Il veut comme Il veut : Il peut être vaste comme Il peut être infinitésimal. Dieu l’Infini est entré en nous, en ces corps finis qui vivent cinquante, soixante ou soixante-dix ans. La plus grande joie de l’Infini est de pouvoir également se rendre fini. Nous devons savoir, ressentir et comprendre cela afin de voir Dieu en Sa création. Sinon, nous pourrons penser que Dieu est au Ciel et que bien qu’étant Sa création, nous n’avons aucune relation avec Lui.

Selon notre entendement, le fini et l’Infini sont deux opposés. Mais selon Dieu, ils sont un. Le fini et l’Infini veulent toujours être ensemble. Le fini veut atteindre l’Absolu, le Plus-Haut, autrement dit l’Infini. L’Infini veut se manifester dans le fini et à travers lui. Le jeu est alors complet. Autrement, il n’est qu’unilatéral, sans véritable joie, sans accomplissement, sans réalisation. Le message de l’Infini se trouve dans le fini ; la révélation, puis la manifestation de l’Infini se trouvent dans le fini. Le fini est nécessaire parce que c’est à travers lui que l’Infini joue son rôle dans le rythme cosmique ici sur terre. En même temps, l’Infini est nécessaire parce que c’est dans l’Infini que le fini trouve un abri éternel où il trouve protection et perfection.

Dieu est tout, mais chacun doit trouver par lui-même ce que signifie Dieu pour lui. Dieu peut être la Lumière infinie, la Conscience infinie, la Puissance infinie, la Béatitude infinie, la Compassion et l’Énergie infinies. Il peut être personnel, avec une forme : mais il peut être impersonnel, sans forme. Parfois, nous sommes heureux de voir Dieu sous une forme ; parfois, nous sommes heureux lorsque nous Le voyons sans forme. Nous pouvons Le voir dans son aspect impersonnel comme une grande étendue de Lumière. Dans son aspect personnel, Il peut apparaître sous forme d’un être humain lumineux. Lorsqu’Il apparaît comme un être personnel, nous pouvons avoir toutes sortes de conversations intimes avec Lui, face à face. Même les Maîtres spirituels ne voient pas tous le Suprême de la même manière. Il apparaît différemment à chaque Maître.

Le Sans forme est nécessaire pour réaliser le Plus-Haut, l’Ultime, l’Infini ; et le formel est nécessaire pour révéler et manifester le Plus-Haut et la Profondeur de manière intime. Dans la conscience, ce qui est infini peut être vu dans un aspect informel, mais peut également prendre une forme. C’est pourquoi le cœur peut abriter l’Infini en lui. Lorsque vous entrez dans le physique subtil, tout est sans forme ; lorsque vous entrez dans le physique, tout a une forme.

Si l’on commence son cheminement en considérant Dieu comme un Dieu personnel avec une forme, on Le réalisera comme un Dieu personnel. Si l’on commence son Yoga en voyant un Dieu impersonnel, on réalisera l’aspect impersonnel de Dieu. Tout dépend de la manière dont l’aspirant veut approcher Dieu dans la progression de son aspiration. Celui qui pratique le Yoga en pensant à Dieu, la Conscience infinie, réalisera Dieu en tant que Conscience infinie. Un Maître spirituel peut commencer par réaliser un aspect de Dieu, mais une fois qu’il est pleinement réalisé, il voit Dieu dans tous Ses aspects.

Si vous méditez pour accomplir quelque chose de façon très concrète et intime, il est préférable d’approcher le Suprême sous la forme de la Mère, la Mère divine. Mais si vous voulez expérimenter quelque chose d’abstrait comme la Lumière ou bien la Béatitude, vous approcherez Dieu comme une Conscience informelle.

Je vois Dieu comme un Être très lumineux qui dispense un Amour infini, une Sollicitude et une Compassion infinies à l’humanité. Mes disciples voient le Suprême comme un Dieu personnel, comme un être humain. Bien que le Suprême ait à la fois l’aspect personnel et l’aspect impersonnel, si vous l’approchez comme un Être personnel, et en particulier au début de votre recherche, votre cheminement sera plus sûr parce que l’aspect personnel est plus facile à aborder. Si vous voulez voir l’aspect impersonnel de Dieu, vous pourrez être confus ou bien avoir peur de l’immensité. Un être humain peut ne mesurer qu’un mètre quatre-vingt, à l’intérieur de lui, son âme possède une capacité infinie. Considérons l’âme comme le Dieu impersonnel et le corps comme le Dieu personnel. Au début, il est bien plus facile pour l’aspirant de s’identifier à son corps plutôt qu’à son âme. Si mon âme veut manifester sa beauté ou bien sa force à travers le physique, l’âme donnera à mon corps une beauté lumineuse ou une force solide. C’est ainsi que l’aspirant peut comprendre la forme comme une expression ou une manifestation de l’informel.

Lorsque le débutant médite tôt le matin, il devrait méditer sur les Pieds du Suprême personnel. Il ressentira alors la Compassion et la Sollicitude de Dieu en même temps que son propre amour dévoué. Il se dira : « Voilà quelqu’un de véritablement grand, d’infiniment plus grand que moi. C’est pourquoi je touche Ses Pieds avec autant de dévotion. » Il ressentira qu’il y a une raison à ce qu’il fait. En touchant les Pieds du Suprême, il essaye de devenir un avec le Suprême. Je ne peux pas toucher la tête d’une personne qui est très grande, mais je peux toucher ses pieds. Que je touche ses pieds ou sa tête, je peux toujours dire que je l’ai touché. Mais dès que je touche ses pieds, je ressens immédiatement un sentiment de pure joie et de dévotion.

Puis, une fois que j’ai touché les Pieds du Dieu personnel, je dois me concentrer sur le Cœur du Dieu personnel. Le fait de toucher Ses Pieds peut procurer un sentiment de dévotion, mais il faut se demander : « Est-ce que je considère qu’Il m’appartient, ou bien est-ce que je n’ai touché Ses Pieds que parce qu’Il est très grand ? » Nous pouvons toucher les pieds d’un très grand Maître spirituel, mais avec notre vénération, nous devons revendiquer cette personne comme quelqu’un qui nous appartient. Ce sentiment génère une force dynamique dans notre dévotion qui entre en action. Nous ne pouvons nous identifier complètement au Suprême et nous unir inséparablement à Lui qu’à partir du moment où nous considérons que le Suprême dans Sa forme humaine nous appartient et que nous Lui appartenons. Cette unité nous procure une joie infinie.

Lorsque vous ressentez que votre Maître spirituel vous appartient, vous avez envie de lui donner quelque chose de vous-même. Mais il doit y avoir un échange. Il vous donnera ce qu’il possède et vous lui donnerez ce que vous possédez. Comment cet échange se fait-il ? À travers la Lumière transmise par les yeux. Lorsque le Maître et le disciple se regardent, que font-ils ? Le Maître regarde le disciple avec une compassion fervente et le disciple regarde le Maître avec une adoration fervente. Le Maître, qui représente le Suprême personnel, est toute compassion, et l’aspirant est toute adoration. Ils s’échangent leurs offrandes et deviennent inséparablement unis.

L’œil est l’endroit de la vision et de la lumière. L’adoration est une forme de lumière, de même que la compassion. Entre les sourcils et légèrement au-dessus se trouve le troisième œil. C’est l’endroit par lequel nous donnons ce que nous possédons au Dieu personnel, et le Dieu personnel nous donne ce qu’Il a. Cette forme de méditation peut être pratiquée par tous les aspirants qui cherchent à aller au-delà de leur existence limitée.