93 Question : Qu’elles sont les limitations dont souffre le mental ?
Sri Chinmoy : La plus grande limitation réside dans le fait que le mental voit et ressent toute chose et tout être — y compris son propriétaire lui-même — d’une manière séparative. Le mental ne fait que séparer. Considérant une personne en tant qu’individu, le mental essaie de la voir de centaines de manières, sous des formes et des aspects différents. Il ne voit pas l’être humain dans son entier, des pieds à la tête. Il ne voit pas la personne comme une réalité intégrale unique. Tel un chirurgien, il passe son temps à disséquer et à découper. Il prend un malin plaisir à voir les choses d’une manière fragmentée, morcelée. Cette tendance séparative, qui fait constamment les délices du mental, constitue la plus déplorable de ses faiblesses.L’autre faiblesse majeure du mental est le doute. Il doute consciemment ou inconsciemment. Il lui semble que le doute le fortifie. Il a l’impression que sa capacité de douter lui confère l’autorité suprême. Mais cela est absurde. Ce n’est pas celui qui doute qui détient l’autorité suprême. C’est celui qui aime et qui atteint l’unité. On devient une autorité suprême en aimant et en devenant un avec autrui, et non pas en jugeant, ou en prononçant un verdict pour prouver sa suprématie. L’affirmation d’une suprématie, c’est la disparition de tout sentiment d’unité. Dans le sentiment d’unité, la réalité est vaste, infinie. Celui-ci absent, la réalité devient finie, infinitésimale. Alors la Réalité sans fin, ou transcendantale, n’a plus cours ; tout n’est plus que limitation. Ici, là, en-dedans, au-dehors, partout, on ne voit plus que limitation et asservissement.