4. Question : Quelle différence y a-t-il entre partager une information et se livrer à des commérages ?
Sri Chinmoy : Les commérages ne font que satisfaire notre vital. Ils nourrissent le non-divin, les forces destructives qui sont en nous. Et une fois qu’ils ont détruit le monde qui nous entoure —et malheureusement, nous n’en sommes conscients qu’une fois le mal fait— c’est nous qu’ils détruisent. Les commérages anéantissent nos qualités intérieures. Et en aucun cas ils n’illuminent quiconque. Au contraire, ils tentent d’éclipser le cœur d’autrui, tout comme notre propre cœur d’aspiration.En revanche, lorsqu’on partage une nouvelle, il se produit une expansion de notre conscience dans un sens divin. Si nous partageons une nouvelle, nous ne le faisons pas avec fierté, avec le sentiment d’être « les premiers à l’avoir appris ». Dans un partage, il y a une extension de notre connaissance. Quelle que soit la nouvelle, qu’elle soit bonne ou mauvaise, triste ou divine, la partager nous donne aussitôt un sentiment d’expansion. S’il s’agit d’une triste nouvelle, cela nous aidera à nous sentir plus fort ; lorsque nous apprenons une mauvaise nouvelle, nous nous sentons en quelque sorte mis en garde et prémunis. Et si nous partageons une bonne nouvelle, il nous semble que c’est quelque chose que nous avons accompli nous-même. C’est comme une première pierre sur laquelle nous allons bâtir un édifice.
Les racontars et commérages, par contre, n’ont rien d’une expansion de la conscience. Ils sont l’offrande, consciente ou non, d’un message de destruction. Si je vous raconte des potins, cela veut dire que je vous dis du mal de quelqu’un. Je vous confie des nouvelles destructrices, qui sont comme une arme que vous pourrez utiliser à votre tour pour anéantir la personne en question. Que les commérages soient graves ou qu’ils semblent sans conséquence, il y a toujours derrière eux une destruction. Vous ne pouvez pas tuer quelqu’un qui se tient devant vous. Mais je vous assure que lorsque vous vous livrez à des racontars à son sujet, vous le tuez dans les monde intérieurs. Lorsque vous écoutez ou que vous répandez des racontars sur une personne. Vous l’assassinez intérieurement. Et comme si le mal que vous avez commis ne vous suffisait pas, vous demandez à un autre de frapper la personne à son tour afin que sa destruction soit totale. Non content de l’avoir détruite, vous dites à votre ami : « Détruis-la encore plus, de sorte qu’elle ne puisse plus exister sur cette terre. » Voilà ce que sont les commérages.
Dans le partage d’une nouvelle, il n’y a pas de motivation négative. Vous avez appris quelque chose et vous le partagez en toute innocence. Mais lorsque vous vous livrez aux commérages, vous devez savoir que vous ne faites qu’assassiner une personne dans les monde intérieurs. Et non seulement elle, mais aussi toute la divinité qui l’habite, cette divinité qui est le message véritable de l’unité inséparable. Dès que vous vous laissez aller à raconter des commérages, vous déchirez le ruban de l’unité universelle. Sur le plan extérieur, vous ferez en sorte que les autres ne s’en aperçoivent pas. Mais même si personne ne remarque rien, si votre culpabilité n’est pas dévoilée, dans les mondes intérieurs, vous êtes déjà pris au piège. Et là, vous ne pouvez pas vous échapper. Les racontars sont une déplorable tendance de notre nature humaine, que nous entretenons.