La soumission théorique et la soumission pratique[fn:EA6]

Aspiration, mon aspiration, tu me disais jadis que la vie animale était mauvaise, qu’elle n’était que destruction. Je t’ai crue ; aussi ai-je abandonné la vie animale. Puis tu m’as appris que la vie humaine était mauvaise, qu’elle n’était qu’esclavage. Je t’ai crue ; aussi ai-je abandonné la vie humaine. Enfin, tu m’as révélé qu’il existait quelque chose d’infiniment plus élevé que la vie divine elle-même : la vie d’union parfaite avec mon Bien-Aimé Suprême. Je t’ai crue ; aussi me suis-je uni à mon Bien-Aimé Suprême.

À présent, je ne fais plus qu’un avec mon Bien-Aimé Suprême et je resterai à jamais, inséparablement et inconditionnellement uni à Lui. Mais pourtant, tu m’affirmes que le seul fait de demeurer en mon Bien-Aimé Suprême et de Lui être indissociablement uni ne suffit pas encore. Je dois devenir un représentant authentique du Suprême. Je dois révéler et manifester ce que mon Bien-Aimé Suprême a et ce qu’Il est. Une union théorique n’a aucune valeur. Seule compte l’union pratique avec Lui. Elle signifie l’application joyeuse et permanente de Sa Volonté.

« Seigneur, que Ta Volonté soit faite » proclame ma soumission théorique. Mais il suffit que les vicissitudes de la vie terrestre m’atteignent pour que j’abandonne aussitôt ma soi-disant unité soumise avec mon Bien-Aimé Suprême. Je me maudis d’avoir tant souhaité m’unir à Lui. Telle est ma soumission théorique.

Ma soumission pratique, elle, est totalement différente. Grâce à elle, j’expérimente ce qu’Il expérimente Lui-même en moi et à travers moi : les échecs et les réussites de la vie, les joies et les chagrins de l’existence, la vie qui se retire et qui abandonne, la vie qui est en devenir et qui se transcende. J’accepte toute chose dans une unité joyeuse, dévouée, inconditionnelle et soumise. Ce n’est que si je parviens à établir mon union soumise avec mon Bien-Aimé Suprême sur le plan physique et sur le plan pratique que je puis devenir non seulement ce qu’Il a, mais aussi ce qu’Il est. Ce qu’Il est, je le suis éternellement et véritablement : l’âme d’Union de l’Éternité et le But d’Union de l’Infini.

[fn:EA6] Le 3 Juillet 1977 à 8h37 — Stade du Lycée de Jamaica, Jamaica, New York